lol a**hole (aquila)

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Niki défile les messages sur son portable. Il les a reçu pendant la nuit dernière pour la plupart. Et d’autres, pendant la journée. De ses enfants, surtout. Et ça l’fait rire, Nikita. Elle l’aime, vraiment, pas sa mère, Lidiya. C’est chaud. Son fils lui demande d’être assez paternel pour accepter de venir les chercher à l’heure (oups) et qu’il a pas envie de supporter les colères de sa petite soeur. Son ex-femme lui demande, en gros la même chose (oups), pour la même raison. Nikita, ça l’fait rire. Y’en a, la plupart, de Candide. Ils le font moins rire, ces messages. “T’es où ?” “Avec qui ?” Il est lourd sérieux. Il peut pas le laisser vivre un peu ? Il regarde sa montre. Quitte à être en retard pour aller chercher ses enfants, autant l’assumer. Il se mouille pas à l’appeler, son ex femme, lui laisse juste un texto : “Ce soir, tu gardes les gosses, moi j’vais me promener. J’ai besoin de voir du vert.” Du tout. Et elle le saura autant que lui quand elle verra son message. Et elle rouspètera. Et elle aura la lourde tâche d’annoncer ça aux deux monstres qui l’attendent chez elle. Bon plan de pas appeler. Meilleure idée du siècle probablement. A coup sûr qu’elle lui aura demandé d’annoncer lui même la nouvelle à Lidiya, et ah, ah, ah, non. Il a pas envie de s’endormir ce soir avec le souvenir du cri suraigu de sa fille qui lui fait une crise d’ado mal lunée. Parce qu’elle l’est, mal lunée, c’est sûr. Elle l’est à chaque fois qu’elle passe plus d’une heure en compagnie de sa mère.

Il répond aux messages de Candide, quand même. Parce qu’il peut pas s’en empêcher. Parce qu’il aime pas le savoir jaloux. Parce qu’il comprend sa jalousie, au vue de leur passé, mais qu’il la déteste pour exactement les mêmes raisons. Il l’a trompé une fois, bon, deux, peut-être. Il lui a promis qu’il recommencerait plus. Lui a justifié que c’était à cause de leur dispute, que jamais, même après des disputes, il recommencerait. Là, ils se sont pas disputés. Et puis, mince quoi, il a promis. Et il pense comme un gamin, et ça l’énerve. Alors au lieu d’écrire ce qu’il pensait envoyer au début à savoir un message doux dans le style : “T’inquiète mon coeur, je rentre bientôt, je t’aime.” Il tape un furieux “Lâche moi.”
So much pour calmer les ardeurs jalouses d’un petit ami pas confiant, du tout. Mais là, il y pense pas. Là, il se dirige, dans sa caisse à une des intersections. Peut-être qu’il retrouvera ses potes qu’il s’est fait dans les autres mondes. Peut-être qu’il en découvrira de nouveaux. Et que ce soit l’un ou l’autre, ça lui va bien. Il a besoin de différence, de nouveauté, ce soir. Il en a marre de la monotonie qu’est sérieusement en train de s’installer en ce moment. Il a à peine le temps de Wristle, et encore moins le temps d’aller se balader dans les quartiers pauvres. C’est d’la faute du paternel qui l’oblige à rester à l’entreprise, à serrer des mains pleines de sueurs et à sourire même quand il a sérieusement juste, envie de pleurer.

Il se retrouve à Sherwood Pit, et ça lui va bien. Il a plus besoin de faire attention à la route pour guider où il va, l’habitude le fait pour lui. Et son habitude aurait pu le conduire partout. Mais ce soir, ce sera là. C’est bien, il pourra s’allonger, regarder les amoureux s’embrasser. Se moquer d’eux, comme un gamin de primaire. Parce que ce soir, Nikita, il a envie de briser la monotonie. Il a envie d’oublier que dans sa vie, il a des enfants, qu’il doit s’en occuper, et que le garçon qu’il aime est tout autant un enfant qu’eux. Il a besoin d’oublier que même sa putain de soulmate est une enfant. C’est peut-être pour ça, qu’il sent le besoin de se rabaisser à des bêtises de maternelle. Peut-être qu’à être entouré de gamins, il ressent l’armoire qu’est son âge sur ses épaules. Et qu’il a besoin de l’enlever pendant quelques secondes.
Même si, quand on y réfléchit vraiment bien, à par Lidiya, nombres sont les gamins qu’il fréquente plus matures que lui. Souvent.

Il arrive, regarde aux alentours, et son regard s’arrête sur une silhouette. Assise dos à lui. Et s’il se goure pas, et quelque part, il veut vraiment, vraiment pas se gourer, il reconnaît ces épaules, cette stature. Cette façon très classe, trop, classe, de s’asseoir. Il s’approche, doucement, pour pas se faire repérer. Et s’assoit, comme un sac juste à côté d’un Aquila qu’il a pas vu depuis cinq mois. Et lance, avec la banane d’une oreille à l’autre.

T’es un connard.

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Aquila, l’homme perdu. Homme simplement perdu dans ses mémoires, dans ses multiples recherches, dans les regards différents de ce monde. Ce monde ancré dans le passé, avec un fantastique qui est assez inexplicable. La culture si opposée qu’il s’en agace parfois. Une société entière créée dans un monde fantastique. L’histoire pour les enfants avec la touche adulte inégalitaire. Si on offre un pouvoir à ta naissance, tu resteras haut. Si tu es mal né, tu seras simplement le classique du classique dans l’antre du classique. Là où il considère que le monde n’a que peu de pitié envers ses propres humains, c’est par l’air. On inspire l’air très pur, trop pur en haut de la société, en son centre, son sein, un peu tout dans le central du centre – en somme, un tout concentré, une société tout aussi centralisée de la sienne. Un régime où les plus pauvres ont droit à un air qui les encrasse, un air qui assommerait le plus riche n’ayant jamais connu cela. Là est la similitude qu’il n’affirmerait qu’avec difficulté : dans les deux mondes qu’il connait à présent, et parmi ses recherches qui s’étendent, il y a toujours une inégalité. Dont on peut se plaindre, certes. Un haut, un bas et peu pour inverser les rôles. Les humains se construisent toujours, en somme, sur la maudite puissance de force qui les détruira tous. Aquila ne s’inquiétait que peu de cela, étudiait tranquillement l’esprit suprême de l’homme sans faire du droit humanitaire sur le temps que des jeunes gens ne pourront jamais avoir, sur le manque de liberté qu’ils possèdent eux aussi.
Mais, au vu du fait qu’ici n’est pas sa maison, il se permet de voir avec objectivité, de comprendre. Le génie s’enfonce dans la sociologique, ainsi dirait-il cela avec un rire certain. Comme s’il s’ennuyait tellement qu’il allait chercher dans tous les domaines dont il était capable. Il eut donc essayé, essayé avec effort de s’enfoncer dans la pauvreté, avec un air sale venant lui comprimer les poumons. Comme si on lui écrasait le fait qu’il était pauvre avec obligation. Pauvre, alors il respirerait mal. Il vivait avec souffrance en ce court temps et ne réussit d’ailleurs à aller aussi loin que sa volonté le souhaiterait. Aller dans les fonds quartiers des démons. Seul, ce n’était d’ailleurs point une si bonne idée. Seulement, l’homme avait comme instinct qu’une faille pourrait se trouver là où personne ne voudrait jamais remettre les pieds. Par ses recherches, il a comprit avec certitude que les failles pouvaient être partout.
Sa maison, partout.
Mais qu’il ne devait se tromper de monde, encore une fois. Parce qu’il évalue la connaissance de mondes par les rencontres qu’il eut fait à trois ou quatre. Ils se ressemblent tellement, malgré tout.
L'homme gêné de la dite pauvreté suivait alors les chemins empruntés, selon ses dits instincts. Avec l'envie de retrouver un lieu plus agréable pour lui, même s'il se fatiguait rapidement et fit le choix de s’asseoir là il trouverait lieu pour. Même si celui suivant les indications était très peu commun pour sa personne, à l'arrivée. Le panneau déjà gribouillé, les pas s'enchaînent où il fait lui-même tâche dans son costume. Comme s'il s'était encore perdu à un endroit qui n'était pas fait pour les penseurs dans son genre. Ainsi, il s'asseyait non loin du panneau, observait les foules sportives pour la plupart. Respirait.
L'air y était plus normal qu'à l'habitude, curieusement.
Il s’asseyait alors, sortait une pochette de son sac et des outils à l'écriture improvisée. Le stylo à l’œuvre sur la feuille d’altea. Le portable ignoré, malgré le message de sa sœur circulant encore, ou celui de son grand ami datant de quelques jours. Il s’en veut parfois, de ne rien leurs transmettre. Il aimerait leurs signaler qu’il est vivant, qu’il respire peut-être trop bien, mais se ravise à chaque secondes.
Si il ne peut jamais revenir, mieux vaut qu’il soit mort pour eux, Aquila. Au bout d’un si long temps de recherche, ce serait préférable. Il se redressait, laissait son regard divaguer après ses notes. Imaginer son monde à nouveau. Imaginer les siens, tout sourire, les siens sous une figure angélique, les siens heureux de vivre comme lui devrait l’être aussi.

T’es un connard.

Connard. Il hochait alors la tête, pensée tournant encore à vide. Connard. Son inconscient devait avoir raison.

- Connard...

L’homme sursautait alors soudainement, au rappel de sa conscience propre. Personne ne le traitait de connard, ni même lui-même. Con, éventuellement, mais connard, non. Il en restait poli. La voix qu’il reconnaissait enfin entre mille, sa tête se tournant vers l'homme dans son stade de concentration extrême.
Le génie, prit de surprise, dont le sourcil se hausse. Les expressions ne sachant se peindre sur son visage. Aquila n'a que peu d'expression faciales, après tout.

- Connard ? Moi ?

Le fixant sous tous les angles. Il ne comprenait pas. Ne s’éveillait pas de son rêve. Après Parker, voir l’un des siens était toujours un choc. Mais, lui, surement pas. Celui assit tel un beau pâte à ses côtés. Il avait l'habitude d'être seul ou entouré de politesses, si bien qu'il ne put croire qu'il était bien là. Une situation si espérée qu’il ne parvenait à le prendre pour une réalité. Avant qu’il ne reprenne les airs semi-amusés, semi-taquins qu’il prenait à l’habitude avec son frère de cœur. Un trop de joie, dans l’incompréhension.

- Belle journée. Content de te revoir, Niki.

Avant de se reprendre, malgré tout.

- Qu’est-ce que tu fais là ? Comment t’es venu ici ? Comment t’as fait ?

Respiration prise dans le stylo qu’il posait sur la feuille à l’instant sous les interrogations.

- … Comment tu vas ?

Tout de même, Aquila.

- Pas connard, non. Mais tu peux le penser. Tu en as le droit.

Merci du détail, génie désabusé !

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Dans sa tête, il a déjà dessiné deux tableaux, avec d’un côté ceux à qui il dira qu’il a revu Aquila, de l’autre ceux à qui il le dira pas. Pour le moment, à part sa fille, Lidiya, personne est du côté des “dire”. Et il envisage très sérieusement de la retirer d’ailleurs. Trop peur qu’elle puisse le dire à Sibel. Et c’est pas qu’il est méchant, ou qu’il veut garder ce bonheur pour lui tout seul. Mais Sibel, il a peur que s’il lui en parle, elle se mette à aller à toutes les intersections, à y camper, y passer sa vie, pour espérer juste pouvoir entrevoir son frère de nouveau. Et Niki peut pas la laisser partir dans ce travers. Même Niki, il y campe pas, aux intersections. Et il a que ça à faire, pourtant. Sibel elle, elle a un job, elle a une passion, elle a une vie. Elle peut pas la gâcher aux intersections. Après tout, même si elle y allait, qu’elle y restait. Elle aurait une chance sur cinq de se retrouver à la bonne intersection. Et une chance sur plusieurs milliers qu’Aquila se trouve, comme par hasard là au bon moment.
Lui, il a juste eu de la chance, Niki. Et il est pas près à tout parier sur la chance de Sibel. Il lui en parlera, oui, probablement. Mais plus tard. Dans un, deux mois peut-être, plus tard. Plus tard.
Peut-être, d’ailleurs, qu’il le gardera pour lui pour l’instant. A son ex-femme oui, il lui en parlera. Parce qu’elle saura trouver du sens à tout ça, remettre la rencontre en perspective, et lui dire si le garder pour lui, c’est une bonne idée ou pas.
Oui. Peut-être qu’il fera ça.
Ou peut-être, qu’orgueilleux comme il est, il restera sur son premier avis. Et il le dira à personne. Gardera cette rencontre pour lui.
Il efface les deux colonnes de son esprit, et se reconcentre sur le moment présent. Avant de mettre la rencontre en perspective, avant de l’assimiler, de la contempler, Niki il veut pouvoir la vivre. A fond.

Il lui a manqué, Aquila. Beaucoup trop pour deux personnes censés être en froid.

Quand Aquila a disparu, y’a cinq mois, il était encore persuadé que c’était à cause de Nikita, tout ça. La disparition d’la gamine, sa présumée descente en enfer. Quand il a disparu, Aquila, Nikita l’a traité de tous les noms. Il a jamais pu s’expliquer avec lui, parce qu’il a jamais voulu l’écouter, Aquila. Et en disparaissant, il lui enlevait les dernières chances qu’il avait de lui dire tout ce qu’il avait sur le coeur. De lui expliquer que ce qu’ils faisaient, lui et cette fille, c’était bien. Que c’était pour le bien de tous. Qu’il l’avait forcé à rien, et qu’elle le suivait toujours avec des yeux énormes de gamine fascinée. Il aurait voulu lui expliquer tout ça. Lui dire que lui aussi, la disparition de la gamine, ça lui coûtait. Parce qu’avec elle, il avait perdu sa relève. Mais il avait pas eu l’temps.
De lui dire tout ça.

Maintenant, il le peut.
Il attend, l’observe, le temps qu’Aquila le regarde, le reconnaisse, comprenne ce qu’il se passe. Et c’est plus long qu’il pensait que ce sera.
Il en profite pour regarder son allure, c’est bizarre. C’est plus l’Aquila qu’il connaissait. Qu’importe le monde dans lequel il est tombé, c’est sûr qu’il s’est paumé. Il a un carnet dans les mains, il note probablement tout ce qu’il voit, tout ce qu’il entend, comprend. Il fait des recherches, lui aussi. Pour rentrer chez lui, probablement. Chez eux.
Et cette idée lui plaît plus que de raison, à Niki.

Il rigole en l’entendant passer d’une émotion à une autre, comprendre ce qu’il se passe doucement. Il rigole quand finalement, il l’entend essayer de se défendre, assez piteusement. Peut-être qu’il a vraiment retrouvé la gamine, s’il accepte de se faire traiter de connard aussi facilement. Ce serait dingue, que par une étrange farce du destin, ils se soient tous les deux retrouvés dans le même monde.
De ce que Nikita a découvert, il en existe quatre, dont Sigan. Ils avaient une chance sur trois.

Doucement l’intello, avec tes questions. Les petites gens ont pas le cerveau qui travaille aussi vite que le tien. Pardon, les gens normaux, n’ont pas le cerveau qui travaille aussi vite que le tien. On est dans une intersection Aquila. C’est du hasard, qu’on soit là tous les deux, en même temps. Belle surprise, tu trouves pas ?

Il sourit. C’est naturel, de s’retrouver là, à parler avec lui, comme s’ils venaient juste de s’quitter, qu’ils se retrouvaient après une journée de taf. Il aime ça, Nikita.

J’vais bien. La famille va bien. En fait, Lidiya pense que t’es mort. Mais elle le vit plutôt bien, j’suis étonné. Peut-être qu’elle t’a jamais aimé tant que ça finalement.

Et il rigole, déconne, ironise. Parce que, de qui il se moque. Lidiya, il l’avait jamais vu aussi triste que l’jour où elle a arrêté d’espérer le retour de son parrain.

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Niki.
Cela sonnait comme un véritable mirage. Niki. Toujours celui étant capable d’aller partout, dans la merde comme dans les rires cristallins de l’autrefois. Nki avec les bêtises qu’il enseignait à beaucoup. Niki qu’il connaissait depuis ses premières années, de cet enfant plus explosif, plus franc que lui déjà à l’époque. Contrairement aux enfants classiques, Aquila n’était point un menteur mais déjà bien joueur des mots. Comme si le fonctionnement humain était quelque chose qu’il respectait et analysait déjà à 8 ans. C’était fou, non ? L’enfant capable de dire les causes d’un pleur ou d’un rire, au-delà de l’analyse des nuages qui éclatent et formeraient la pluie. Au-delà d’une petite fille acclamant l’existence de fée ou autre créature fantastique pour pimenter son existence de minuscule être de la société, où le temps n’était pas encore compté.
On croirait qu’à cette époque, Aquila comptait déjà son temps, alors qu’il en possédait déjà bien assez à l’avance. Il crachait déjà sur son enfance avec dédain alors que tant d’enfants souhaiteraient sa place. Non, il pensait déjà à sa petite sœur au matin, se couchait avec un ouvrage pour son condition d’enfant doué au soir et fixait ses proches d’âge avec une incompréhension certaine. D’où l’apparition de cet ami ancien, pour une raison qu’il a oublié depuis longtemps. S’il était bien plus vieux, il ne la vut comme un grand frères que pendant les années premières : chacun donnait l’un à l’autre part la suite, chacun faisait ses conneries avec l’autre. Aquila était un petit con, lui aussi. Avec Niki, oui.
Ils étaient des frères, le frère qu’il n’avait point, simplement. Il pensait à lui autrefois, certains soirs, même à Altea. Le revoir lui aussi après avoir constaté que de ne pas le savoir proche l’agaçait de trop. S’en était même trop ! Un véritable membre de sa famille, Niki. Même après avoir changé de morale pour devenir le philosophe donneur de leçons qu’il fit parfois –malgré ses dires que l’homme ne peut juger un autre homme avec objectivité réelle – il restait avec ce proche, dont les agissements n’étaient pas toujours partagés. Peut-être ne savait-il pas tout, Aquila.
Mais il l’avait accusé, laissant le doute à beaucoup. Dans son aveuglement, il l’avait enterré au mieux et insulté d’une manière peu acceptable. Tentant de se relever de son état cadavérique par la haine, par le besoin d’accuser quelqu’un. Niki. La cible que son inconscient souhaitait. Coupable de la disparition et mort de Parker, sans qu’il ne puisse ne dire un argument allant contre lui. Le bouc émissaire par sa situation.
Pour la première fois, il s’était comporté en simple humain idiot, Aquila.
Le sourire s’étirait tout de même à la pensée de l’autrefois : son cher ami allant répondre à son tour, devant l’étonnement du savant encore constant. C’était bien lui, au-delà de ses rêves, fidèle à lui-même dans l’ironie qu’il plane. Il riait tranquillement, Aquila. Riait dans les pertes d’esprits qu’il a dut faire subir, prit l’air semi grave à l’écoute de Lidiya. Il s’en voulait, de n’avoir donné de nouvelles. Mais, c’était mieux comme ça.
Il s’en rassurait ainsi, le bigre.

- Belle, ça je ne sais pas. T'en es vraiment sur ? Et pour ta gouverne, je sais que ta gosse m’aime bien trop pour ça. Mais j’aimerai tout de même que tu ne lui dises pas, que tu m’as vu. Ce serait préférable.

L’ironie à son comble alors que son sourire étirait sa peau trop fatiguée ; un peu de vieillesse, Aquila ? Il tiquait à l’annonce de l’intersection, observant alors le lieu de fond en comble. L’esprit d'analyse en interrogation.

- Une intersection peut ressembler à cela, donc ? Je ne savais que l’une d’elles était comme ça. C’est curieux. Mais tu es à Sigan, alors. Pas moi. Plus du tout, à Sigan. J’essaye de revenir, mais c’est très complexe.

Il rangeait ses affaires commençant à s’envoler avec les vents : le carnet logeant de peu dans le sac de cuir de l’homme en costume. Le sérieux se dessinant de nouveau, alors qu’il montrait son compteur.

- J’ai l’impression d’être mort, quand les secondes ne défilent pas. Comme quoi, j’suis plus là, hein. J’ai joué à l’aventure, j’ai été dans une faille pour des recherches. Sans me douter qu’elles étaient à sens unique. Donc, je suis à Altea. C’est un monde… Surprenant. Tu vois, chez nous ? Aucun rapport. On ne peut pas dire opposé, on ne peut pas comparer. Aucun-rapport.

Il sortait son portable rapidement, étendant les messages récents sous le regard de son interlocuteur. Dont celui de sa sœur datant d’une heure ou deux, le regret au ton alors qu’il continuait ses dires, Aquila.

- Sibel m’envoie beaucoup de messages. Je les reçois.

J’aimerai répondre mais je suis triste de devoir t’avouer cela ;

- Mais je me dis que si je n’arrive pas à revenir, mieux vaut qu’on ne m’attende pas.

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Nikita, il a déjà entendu des gens de haute société, quand il ironisait, lui dire des trucs dans le style de : “L'ironie est d'une laideur morale repoussante, elle est une forme de lâcheté qui se donne pour subtile.” Comme pour lui apprendre un truc. Comme pour le faire descendre de quelques étages dans ce qu’ils identifient comme de l’amour propre. Mais ils lui apprennent rien, à Nikita. Il s’est jamais considéré courageux. Et encore moins subtil. Nikita, il a pas tous les défauts du monde, mais réunit probablement certains des pires qui existent. La malice, la luxure, la gourmandise, le sarcasme, l’ironie. La moquerie. Et finalement bien loin du courage, bien qu’on pourrait imaginer le contraire, l’amour du risque. Parce que ce qu’est rassurant, quand on prend des risques, c’est qu’on sait, qu’on peut mourir. Le courage, c’est de vivre sans y penser, à la mort. En sachant qu’elle peut nous tomber dessus, comme ça, sans qu’on l’y attende. Les moins courageux, comme Nikita, ils aiment pas cette idée. Ils la cherchent, la mort, jouent avec. Parce qu’au moins, comme ça, ils sauront que quand elle arrivera, ils seront préparés. Après tout, ils l’auront provoqué. C’est dangereux, stupide.
Et vite, ça apporte ce sentiment, quand on y réchappe, deux, trois, dix, cent, mille, dix milles fois comme c’est son cas, à Nikita. D’être invincible. Pas du courage, encore. De la connerie, juste. Et ces gens qui aiment tant le rabaisser, Nikita. Essayer, de le rabaisser. Ceux qui le traitent de lâche, de riche aux allures de pauvres, barbarique. Il les emmerde. Parce qu’il le sait, tout ça. Et que lui, il s’accepte comme ça. Que ses proches l’acceptent comme ça.

Et que s’il utilise tant l’ironie et le sarcasme, c’est pour échapper à la connerie continuelle des gens du beau monde qui pensent que le monde est à leur pied parce qu’ils sont supérieur. Alors que si on leur donnait la possibilité, aux autres. Aucun des grands ne tiendraient deux minutes dans une anarchie de l’égalité parfaite.
Aucun.

Revoir Aquila, ça lui redonne des forces, ça lui fait du bien, ça lui enlève un poids des épaules, une épine du coeur. Aquila, il a toujours compris son ironie, ses phrases à demi-mots. Son sarcasme. Son dégoût. Aquila, il le comprend quand Nikita dit le contraire que ce qu’il pense. Il le voit. Et Aquila, malgré ses erreurs passée, Nikita il en a besoin, dans sa vie. Parce que depuis ses 13 ans, Aquila en fait partie intégralement, de sa vie. Et que cinq mois sans lui, c’était l’agonie.

Il l’écoute parler, demander à ce qu’il ne dise rien. Il l’avait prévu, de rien dire. Il est pas certain de réussir à supporter la peine, la tristesse, la douleur dans les yeux de Lidiya longtemps, maintenant qu’il est sûr. Mais il tiendra. Parce qu’il veut pas qu’elles gâchent leur vie à le chercher, sans avoir aucune possibilité de le trouver. Il peut pas leur faire vivre ça, pas à elle. Elles ont de belles vies devant elles.
Il continue de l’écouter, lui parler des intersections. Aquila les connait moins que lui. C’est triste. Cette idée qu’il se fait, si parfaite de sa naissance. Dans un hosto, avec de gentilles sages femmes. Alors qu’il est né dans le wagon pourri d’une raille abandonnée. Peut-être, un jour, Nikita lui dira. Et après il s’enfuira, se cacher, pour revenir quelques semaines plus tard. Quand Aquila lui en voudra moins, d’avoir gardé ce secret aussi longtemps. Mais plus tard.
Plus tard.
Quand Aquila sera revenu. Qu’il pourra y aller avec lui, aux Trails.

Et Aquila termine de parler, Niki, perdu dans ses pensées, a un peu près compris ce qu’il lui disait, mais qu’à moitié. Il entend qu’il veut pas qu’elle sache, ni Sibel, ni Lidiya, ça, il l’entend. Il le comprend. Mais.

Un connard égoïste, donc. Et beh, le nouveau monde t’a foutu un sacré coup d’pelle à la conscience on dirait.

Et il garde son visage sérieux.
Trop, sérieux, pour Nikita.
Parce que Nikita est pas connu pour son sérieux quand ça concerne autre chose que ses combats, ses enfants et sa justice. Parce que la marque de fabrique de le l'ironie, du sarcasme, chez Nikita, c’est ce sérieux.
Ce sérieux qui l’est trop pour quelqu'un comme lui. Quelqu’un de si peu courageux, de si peu subtil.

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