devil may cry (nahan)

“Pas mon visage! Pasmonvisage- putain,” crochet au visage suivi par un coup de tête qui le propulse contre le mur de l’allée, les anfractuosités du mur lui rentrant dans l’épaule. Algie traversant tout son corps, momentanément déconcentré mais assez pour qu’il perde quelques secondes à cligner des yeux au lieu de se relever. Too late, saisi par le col, il crache au visage de Clyde, bien râblé, faisant probablement le double de son poids mais traduit en muscles. Clyde, c’est un habitué du Reservoir Dogs, constitué à 80% de sel quand il perd une course mais le pourcentage de sel double une fois qu’on tourne autour de sa copine. Et dans le cas de Nashoba, il l’a non seulement provoqué dans une course mais également passé sa soirée avec Wendy, boucles brunes et longues cascadant dans son dos, pas d’artifices exubérants pour accentuer ses courbes. Le genre de filles qu’on retrouve sur un campus, pas au bras d’un Clyde. Avec un vocabulaire fin et percutant, une passion pour la littérature qui a laissé Nashoba incapable de trouver le nom de son auteur favori tellement il était captivé par sa diatribe littéraire ; Wendy, c’est une amie à en devenir à moins qu’elle retourne dans les bras de Clyde. Ça vaut le coup de se faire démonter la tête. Dommage parce que demain il pourra pas aller au tournage. “T’as toujours une haleine aussi horrible ? Ça m’étonne pas- pas que Wendy passe du temps avec d’autres gens, elle doit probablement fuir la merde que t’as dans l’gosier.” Un nouveau coup de tête qui fait basculer la sienne en arrière, sa vision virant au noir pendant quelques secondes ; la douleur fulgurante dans le nez (probablement cassé), Clyde place de nouveaux coups au visage qui laisseront des marques pour quelques jours.

Puis finalement, il retombe le long du mur, entend les pas s’éloigner en même temps qu’il compte les battements saccadés de son cœur. Il tente d’ouvrir correctement les yeux, son regard tombant sur l’allée presque vide mais la tuméfaction de son visage rend difficile tous les moindres gestes ou tentatives de paroles. Il voit la silhouette de Clyde, tente d’ouvrir la bouche pour cracher de nouvelles insultes mais la referme aussitôt ; c’est rare qu’il la ferme, c’est encore plus rare qu’il regrette ses actions, ses paroles ou son besoin constant de querelles. Mais y’a de quoi avoir des regrets, on l’a roué de coups avant d’le lâcher dans une allée et il se sent tellement comme une merde faiblarde qu’il a envie de s’enterrer dans un trou. Blasé plus qu’agacé, il tire sur les rotules douloureuses de son corps pour leur ordonner de se lever et de sortir de ce cloaque infâme qui lui donne juste envie de dégueuler ses tripes. un pas puis un autre, il atteint la rue principale, arpente les panneaux pour s’orienter correctement et envisage ses options. Rentrer chez lui, c’est mort. Les agents de sécurité ne vont pas le reconnaître et il n’a pas non plus ses papiers ou son portable sur lui ; joie. Xia et Boa sont trop loin pour qu’il se traîne chez elles. Neven et Nio, un peu problématique puisqu’il y aura une leçon à la clé et c’est tellement tellement pas ce dont il a besoin right now. La fatigue se dilue dans tous ses membres, à mesure qu’il avance, teintant ses pensées de grisaille. Le visage de Yohan apparaît comme une évidence derrière ses paupières alourdies par les coups, affectueux (annoying) et altruiste (really annoying) garçon de son enfance qui lui a plus souvent causé un roulement des yeux qu’autre chose. Etrange garçon portant le soleil en sourire se dressant sur une aquarelle de teintes chaudes et aux contours adoucis. Il ravale douleurs et derniers regrets, atteignant l’immeuble de Yohan et se jetant presque sur l'escalier tant ses genoux ont du mal à le porter.

Il avait juste oublié-
Les marches.

Les putains de marches de ce putain d’immeuble de la putain de torture. Pas d'ascenseur. Really, comme c’est surprenant. À ce stade, c’est mécanique, il est plus absent, totalement spectateur de sa carcasse en friche qui subit les marches de l'escalier maudit avant d’atteindre la chambre tant attendue - or not, peut-être qu’il s’est trompé de porte, honnêtement vu la chance qu’il a c’est même pas étonnant. Il a à peine le temps de sonner qu’il s’effondre sur le sol, ses jambes ne supportant plus du tout son poids. Dramaqueen agonisante à terre, SOS. “J’déteste- ton appartement, trop d’marches, putain.” Articule Nashoba tant bien que mal quand la porte s’ouvre et qu’un Yohan habituellement joyeux devient l’incarnation parfaite de l’emoji choqué. Cool.

Un, deux, trois... Yohan a de la musique dans les oreilles, mais il ne s’arrête pas de compter pour autant, le rythme des basses incapable de le déconcentrer assez pour lui faire perdre le fil. Cinquante-neuf, soixante. Et il repart. Un, deux, trois. Ses yeux sont fixés sur l’écran de son téléphone qu’il a posé dans un coin en guise d’horloge. Cinquante-six, sept, huit, neuf. Soixante. Il se félicite une énième fois d’avoir été assez précis pour recommencer à Un quand le numéro des minutes change. Yohan a déjà compté quarante-neuf minutes comme ça, en ne faisant aucune faute de rythme, ça ne devrait plus le satisfaire autant. Mais il recommence, encore et encore. Il aimerait dire que c’est par désir de se discipliner, ou que c’est un challenge personnel débile.
Quand il est rentré ce soir, il était épuisé. Il a avalé un truc sans saveur en vitesse, et est allé se coucher, en se disant que s’il prenait les devants, son organisme n’aurait pas le temps de changer d’avis. Il a éteint toutes les lumières, s’est étalé dans son lit beaucoup trop grand pour lui (dont il finit toujours par n’utiliser qu’un côté) et s’est réjoui de la perspective d’une bonne nuit de sommeil. Tss. Ça fait maintenant une heure qu’il compte, se voulant sourd et aveugle face aux nombreux indices annonciateurs d’une nouvelle nuit blanche. Quand ce n’est pas son corps qui fait des siennes, c’est son esprit. Quand ce n’est pas son esprit, c’est son corps. Ils ont longtemps été ses plus précieux amis, et maintenant, c’est comme s’ils formaient une coalition pour lui rendre la vie impossible.
Alors qu’il s’apprête - sans trop réfléchir à l’absurdité de la chose - à partir pour une seconde heure à compter, il est interrompu par une violente douleur dans les côtes. Il lâche un cri étouffé et perd le fil de sa mélodie mathématique. Il met quelques longues secondes avant de reprendre une respiration normale, et que la sensation se dissipe. Comme s’il n’avait pas assez de toutes ses merdes, il faut en plus qu’il soit lié à des bagarreuses. Yohan commence vraiment à penser que quelqu’un se fout de sa gueule, au bureau de la gestion du destin. Il serre les dents en maudissant Malia, et finit par se lever, résigné. « arrête de t’énerver, tu me stresses. » Isaiah n’a même pas frappé, et Yohan lui lance une expression offusquée. « je suis pas énervé » L’aîné souffle entre ses dents et pose la tasse de camomille qu’il a ramené de lui-même sur le bureau. « bien sûr. c’est quoi cette fois? » Isaiah a pris ses aises, s’est allongé sur le lit et semble prêt pour une discussion à coeur ouvert. Yohan n’a aucune envie de discuter. « on partage des émotions mais on n’est pas obligés de partager nos pensées, aussi, tu sais. » Isaiah lâche un rire sincère, qui énerve encore un peu plus le sportif. « qu’on le veuille ou non tu partages les deux, alors bon, t’as pas vraiment bien placé pour dire ça. t’es incapable de garder des trucs pour toi… c’est toi le plus difficile de la bande, tu le sais? » Yohan lui tire la langue. Il sait qu’Isaiah a raison, et il aime pas ça. Les sept personnes liées à lui ressentent plus ses changements d’humeur que les combats violents de Malia et Milena, et il en a vraiment honte. Il est encore le petit fragile du groupe, comme toujours. Pathétique. « alors? » « lâche-moi, j’ai pas envie d’en parler. » Les paroles passent ses lèvres un peu trop vite, et il ne se rend compte de ce qu’il a dit que quand Isaiah ouvre de grands yeux surpris. « pardon. » « pas grave. » Il commence à être habitué. Yohan dit des choses qu’il aurait jamais dit avant, depuis quelques temps. C’est les nerfs, la fatigue générale. Isaiah le sait - il était là quand Joshua a expliqué comment les choses allaient évoluer. « je retourne dormir. bois ton thé, vade retro satanas, yohan maléfique. » Il dit tout ça sur le ton de la rigolade, mais Yohan s’en veut toujours quand même. « désolé. bonne nuit. »

Il a bu le thé mais ça n’a rien changé, bien sûr. Inévitablement, plusieurs heures sont passées, et Yohan s’est calé par terre, enroulé dans sa couette, avec sa manette dans les mains. Il réfléchit pas trop, surtout pas à l’entraînement de demain, pendant lequel il va encore devoir faire illusion. Ça va bien se passer. Ça finit toujours par bien se passer. Chaque nouvelle journée lui semble être une montagne infranchissable, et pourtant, il est toujours là. Donc ça va bien se passer.
Il lui semble entendre du bruit dans l’escalier à travers son casque. Les sourcils froncés, il pose la manette par terre. Il déteste cette porte qui donne sur l’extérieur. Il la déteste. Ce serait sympa s’il avait un amant secret passionné qui venait le rejoindre le soir - mais c’est clairement pas le cas, alors ça le fait plus flipper qu’autre chose, quand il entend quelqu’un dans les marches. Et si c’était un mec pourri jusqu’à la moelle venu s’en prendre à Aedhan ou Isaiah ? Yohan, il sait même pas se battre… Seul son don pourrait le sauver. Il a déjà mille scénarios dans la tête quand la sonnette retentit, et il se prépare psychologiquement à devoir se défendre en ouvrant la porte.
Bien sûr, tous les scénarios sont balayés par le choc. « J’déteste- ton appartement, trop d’marches, putain. » Yohan ne sait même pas quoi répondre - son air horrifié suffit probablement, de toute manière. Il ne parle pas, se précipite vers Nashoba, étalé par terre, pour l’aider à se relever. Il fait bien attention à ne pas trop appuyer où que ce soit - habitude du Small Science Tournament - en embarquant le Ilang et en l’installant sur son lit, complètement paniqué. « bordel nashoba qu’est-ce qui s’est passé ?» Là, pour le coup, il est vraiment stressé. Il lâche son ami quelques secondes pour aller refermer derrière eux, de peur que quelqu’un soit sur les traces du Ilang. « tu t’es battu? » demande-t-il bêtement. Comme si la réponse n’était pas assez évidente. Yohan ouvre la porte de sa petite salle d’eau pour fouiller tous les tiroirs. Cotons. Il lui faut du coton, du désinfectant, et probablement de quoi calmer la douleur, aussi. Il évite soigneusement du regard la douzaine de boîtes de médicaments qu’il a en réserve pour ses mauvais jours (pour tous les jours), et n’en prend qu’une avant de revenir dans la chambre. Nash est beaucoup trop silencieux, Yohan se demande s’il n’a pas sombré dans l’inconscience, et il panique encore plus. Un grognement le rassure un peu. « thank god j’ai cru que t’étais mort. » Yohan assimile une partie de l’étendue des dégâts en parcourant le visage tuméfié et gonflé de Nashoba du regard. « t’aurais fait quoi, hein, si j’avais pas été là? tu aurais rendu l’âme sur mon escalier? » peste-t-il même s’il y a d’autres priorités. « t’as beaucoup marché? t’aurais dû m’appeler, je serais allé te chercher, bordel, t’as vu ton état? » Il se demande aussi pourquoi Nash a choisi de venir le voir lui plutôt que… tous les autres choix possibles. Mais c’est une question pour plus tard. « comment tu te sens? non. mauvaise question. tu as mal où? faut que tu m’aides si tu veux que je t’aide! t’étouffes pas dans ton sang s’il te plaît, j’veux pas vivre avec ça sur la conscience. » Il force Nashoba à se mettre un peu sur le côté mais il grogne encore plus de douleur. Il se rapproche de son visage et l’observe sous toutes les coutures. Il va falloir de la glace, aussi. « est-ce que tu vois encore quelque chose? » Ses paupières sont si gonflées, on dirait qu’il va exploser. « bordel nashoba ilang i swear! » siffle-t-il entre ses dents en passant les doigts sur l’une de ses pommettes. Il grimace comme si c’était lui qui avait mal.

Les tintements saccadés contre ses tempes étiolent sa concentration et son énergie déjà bien basse, abattu de fatigue, battu de coups. Humiliation amère qui vrille jusque dans ses veines, la honte de sa propre stupidité lui donne envie de s’arracher la peau. C’est plus fort que lui, les mots- la provoc’. Comme une seconde peau, comme un lourd fardeau : tout masquer derrière un sourire en coin et les mots insolents, tout encaisser avec le même sourire même quand on lui roule dessus. Des fois, ça passe. Il se relève, pas trop endommagé et retourne à sa petite vie. Mais d’autres fois, comme celle-ci, il a juste envie de blackout du monde ; sourire cynique également envolé, les nerfs à vif. Mais Yohan- il est différent, pas un connard qui voudra quelque chose en retour pour l’aider. Non, Yohan est sincère dans son inquiétude, dans ses gestes, dans ses mots. C’était pas son premier choix mais c’est pas un choix qu’il regrette ; en fait, Nashoba regrette surtout d’être un ami merdique pour le Pearson. Un jour, il lui rendra la pareille. “bordel nashoba qu’est-ce qui s’est passé ?” Il l’ignore en s’enfonçant encore plus dans le confort de son matelas, les membres engourdis et l’élançant millimètre par millimètre. Des bruits se font entendre, il l’imagine vadrouiller à droite et à gauche pour dénicher une trousse de soin alors que tout son corps lui crie de fermer les yeux, de bloquer tous les sons et de s’endormir.

Puis un autre bruit et il s’oblige à ouvrir un oeil, tombant sur Yohan les bras chargés, le visage toujours aussi tiré par la panique. “T’es lent”, qu’il grogne en se passant la langue sur les lèvres, mauvaise habitude qu’il a prise quand il se sent nerveux. Mauvaise idée par contre, la coupure à sa lèvre se fait sentir et il enfonce encore plus sa tête dans l’oreiller pour ne pas geindre. “thank god j’ai cru que t’étais mort.” Ah, un rire jaune lui échappe, ses yeux grands ouverts (du mieux qu’il peut ouvrir, surtout). “Not yet.” Du bout des doigts, il tente de fermer les yeux de Yohan, même si tout ce qu’il arrive à faire c’est de lui passer une main affaiblie sur son visage. “‘Me regarde pas, j’suis moche.” Une part de lui a envie de hurler que c’est pas juste maintenant qu’il est cheum mais que c’est plus profond que ça, du fond de son coeur, du fond de ses entrailles ; pourri. Complètement pourri. Tout le temps. Mais il parvient à vaincre cette part de lui en tentant d’afficher son plus beau sourire cassé, l’arrogance dans chacune de ses plaies. “t’aurais fait quoi, hein, si j’avais pas été là? tu aurais rendu l’âme sur mon escalier? t’as beaucoup marché? t’aurais dû m’appeler, je serais allé te chercher, bordel, t’as vu ton état?” Et il capte que ses derniers mots ont probablement été incompris, perçus comme un grognement et de frustration, il se concentre, puisant dans ses dernières ressources pour être le plus compréhensible. “Pas de portable.” Et honnêtement, il n’sait même pas où il l’a laissé.

“comment tu te sens? non. mauvaise question. tu as mal où? faut que tu m’aides si tu veux que je t’aide! t’étouffes pas dans ton sang s’il te plaît, j’veux pas vivre avec ça sur la conscience.” Les mots lui viennent comme une foudre, entremêlés et accentuant encore plus les tintements de ses tempes. “Là, dit-il en accompagnant sa réponse d’un signe de la main vague au niveau de son torse lorsqu’il tente de se mettre sur le côté, ici, son visage, et puis là, et cette fois, il attrape la main de Yohan pour la mettre sur son coeur, j’veux ton amour.” Son rire est plus un étouffement qu’autre chose, pourtant il sourit malgré la tuméfaction de son visage. “I’m just messin’ with you.”

Il grogne de nouveau quand Yohan s’approche trop près de ses blessures, pour inspecter les dégâts. Le pire que Yohan pourrait lui dire c’est… qu ça lui prendra plusieurs jours pour guérir. Sauf que les tournages n’attendent pas, à moins qu’il trouve un producteur qui a besoin d’un mec tabassé dans son film, pourquoi pas. Ils sont nombreux dans le business à avoir des kinks étranges. “est-ce que tu vois encore quelque chose? bordel nashoba ilang i swear! - stop yelling.” Tentative de jet d’oreiller raté, il arrive à peine à le saisir alors le balancer sur Yohan, c’est encore pire. “Fais un truc, j’sais pas, de la magie. T’as quelque chose à boire ?” Et c’est pas de l’eau qu’il demande mais quelque chose de plus corsé et corrosif qui lui fera oublier la douleur qui traverse ses membres.

j’veux ton amour Yohan ne rentre même pas dans son jeu. Dans d’autres circonstances, il n’aurait pas hésité pourtant : il aurait joué jusqu’à mettre Nao mal à l’aise comme il sait si bien le faire... Mais ce soir, non. Pas ce soir, alors que son ami vient de débarquer complètement… cassé chez lui. Il n’a d’ailleurs toujours pas de réponse à sa première question, et ne sait pas trop par quel angle prendre la chose. Pour l’instant, tout ce que Yohan arrive à additionner, c’est que Nao s’est retrouvé dans une baston et que son ou ses adversaires étaient assez balèzes pour lui infliger des coups qui vont laisser des traces pendant un moment. Est-ce que c’est Nao qui a ouvert les hostilités ? Est-ce qu’il s’est juste trouvé au mauvais endroit au mauvais moment ? Tout est possible, et dans tous les cas, Yohan est un peu énervé, au fond. stop yelling. Il n’essaie même pas d’éviter l’oreiller que son ami lui lance : la visée est tellement pourrie qu’il n’a pas besoin de bouger d’un poil. Ça lui donne une idée sur l’état de la vision et de la douleur dans la tête de Nao. « I’m not yelling. » se défend-t-il, en baissant quand même la voix, pour éviter de faire empirer les choses, mais aussi pour éviter que ses colocs se réveillent. Il n’ose même pas imaginer la tête d’Aedhan s’il voit Nao ici, dans cet état. Yohan n’a pas envie d’avoir à faire face à ça. Syd serait une aide bienvenue, mais le sportif se doute que voir débarquer quelqu’un d’autre dans la chambre est la dernière chose dont Nao ait envie.

« Fais un truc, j’sais pas, de la magie. T’as quelque chose à boire ? » Yohan le regarde, incrédule, avant de lâcher un rire exaspéré. « J’ai exactement ce qu’il te faut. » Il lui prend la main, et la frappe comme on le ferait à un gamin en bas âge. « Ça s’appelle “je reste chez moi tranquille, et j’arrête de me foutre dans toutes les merdes possibles et imaginables” » Yohan souffle entre ses dents et se passe une main sur le visage. « Combien j’ai de doigts ? » dit-il en relevant sa main et en montrant quatre doigts à Nao, qui plisse les yeux. S’il répond à côté de la plaque, ce sera vraiment inquiétant. C’est pas la première fois que Nao est dans cet état, mais Yohan ne peut pas s’empêcher de paniquer : et s’il avait une commotion ? S’il y avait une hémorragie quelque part qui est en train de le tuer à petit feu ? « Enlève tes fringues, j’veux voir l’étendue des dégâts. » dit-il finalement en se relevant du lit et en posant ses mains sur ses hanches. « Je t’aide si tu veux. » Il concentre les molécules d’air pour former comme un cocon qui vient soulever son ami du lit, et le force à se remettre sur ses pieds. Yohan passe une main autour de sa taille pour l’aider à rester debout. « Allez, ta veste, déjà. » Alors qu’il essaie de faire glisser la veste de Nao sur ses épaules, il se retrouve de nouveau nez à nez avec son visage tuméfié. « Putain, chaud. » C’est certainement pas ce que Nashoba veut entendre, mais tant pis, Yohan peut pas vraiment garder son choc pour lui. Il sent son sang bouillir à l’idée qu’un connard se soit amusé à cogner sans retenue. « Parle-moi, t’endors pas. Enlève ton t-shirt. » Il se demande bien comment Nao compte expliquer ses blessures à ses proches et à ceux qui bossent avec lui. Yohan s’en veut de ne pas être tout le temps avec lui : Nao en aurait bien besoin, d’avoir toujours quelqu’un pour le surveiller, l’empêcher de faire des trucs stupides, et lui rappeler qu’il a pas besoin de faire tout ça.