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Jaz espère que c’était aussi satisfaisant pour Sami que ça l’était pour elle, même si elle a du mal à en douter quand il la tient toujours dans ses bras et frotte son nez à son cou, laisse sa langue jouer avec les quelques points douloureux qu’il lui a laissé. Pour elle c’était amazing, elle n’exagère pas, c’était parfait et intense, et elle a encore le cœur qui se débat tellement contre sa cage thoracique qu’il semble vouloir sortir de sa poitrine. Elle fronce un peu les sourcils quand Sami se redresse en se détachant un peu de l’emprise de ses bras, rouvre les yeux pour l’observer un peu confuse et craintive, mais pas trop, parce que si c’est un capharnaüm dans sa poitrine actuellement elle est aussi enveloppée dans beaucoup de calme et de félicité. Il lui embrasse le bout du nez qu’elle fronce par mécanisme et tout doute disparaît d’elle pour une fois, elle ne peut que sourire, un vrai beau sourire qui atteint ses yeux. “ Me too! ” Il a l’air très heureux Sami et il n’y a rien de plus beau que ça, le bonheur de son soulmate qu’elle a, pour partie au moins, provoqué et il n’y a rien de plus agréable que ses lèvres qui reviennent caresser les siennes avec douceur comme pour apaiser la passion de leur étreinte. Rapidement toutefois ils perdent un peu le contrôle du baiser, s’y perdent tout simplement, ils se sont tellement voulus, enfin Jaz en tous cas l’a tellement voulu Sami, elle pensait à lui tout le temps de bien des manières mais comme ça aussi, surtout le soir avant de se mettre au lit, quand elle espérait de tout son cœur le retrouver dans leur royaume. Elle finit par le repousser sans lâcher ses lèvres, juste pour pouvoir lui rouler dessus en riant un peu, ravie comme elle ne se souvient pas l’avoir jamais été avant. “ You have no idea how many times I've imagined this, ” elle rosit de plaisir, il n’y a pas de surprise à avoir, pas vraiment, ils ressentent la même chose l’un pour l’autre, il faut croire, ils se sont rêvés même éveillés et elle est heureuse de savoir qu’elle n’a pas été la seule à s’imaginer les ébats impossibles dans le monde des rêves. Elle frissonne légèrement quand il effleure du bout des doigts les points violets sur son cou, qu’elle devine sans les voir, elle les sent très bien, mais ce n’est pas désagréable. Elle se demande s’ils veulent dire quelque chose de particulier, si c’est une manière pour Sami de marquer son territoire — ça ne la dérangerait pas. “ You moaning my name while cumming for me... all around me... I love you, ” un frisson plus violent dévale sur son échine et ses joues se colorent d’un rouge plus vibrant et un peu embarrassé, c’est vrai qu’elle a été vocale, elle s’est bien fait entendre, a bien montré que ce que Sami faisait en elle, lui plaisait beaucoup. Il doit avoir l’habitude de ça ceci dit, vu le nombre de filles qui sont passées par ses draps. Mais c’est elle qu’il a imaginé, comme ça, dans ces positions, depuis quelques semaines ose-t-elle espérer, elle et elle seule. Et c’est elle et elle seule qu’il attire finalement à lui pour l’embrasser avec fièvre.

Ils se sont tellement voulus, ils ne peuvent pas se laisser tranquilles, se laisser respirer, laisser leurs poitrines se calmer quelques instants, ils se découvrent longuement, elle les coins de peau qui le font se tendre, lui ceux qui la font invariablement frissonner, ils s’aiment jusqu’à n’en plus pouvoir, gémissent et rient dans les bras de l’autre, laissent leurs corps faire connaissance comme leurs âmes ont pu le faire dans leurs rêves. Ils s’épuisent littéralement et Jaz s’endort aussitôt que Sami retrouve ses bras après être sorti du lit pour arranger la couche de Tesfaye, en le serrant fort contre elle et enfouissant son nez dans sa nuque pour baigner dans son odeur, un grand sourire sur les lèvres quand le noir la happe.

Jaz aime bien dormir comme ça, elle décide. Elle aime dormir comme ça sans rêve et sans problème et sans souvenir, elle aime pouvoir reposer son cerveau, mais surtout elle aime que les rêves ne soient pas nécessaires, parce qu’au réveil Il est là. L’émerveillement est encore bien réel, il va lui falloir du temps, elle pense, pour ne pas arrondir les yeux et sourire grand comme devant un miracle (yene tamrat lui a-t-elle soufflé la veille). Il est là et il dort, c’est la première fois qu’elle le voit les yeux fermés, abandonné au sommeil, la première fois qu’elle le voit si paisible et tranquille et elle décide qu’elle aime vraiment beaucoup ça, même si elle a du mal à ne pas gigoter contre lui, à ne pas frotter leurs nez qu’elle a découvert si proches au réveil l’un contre l’autre, à ne pas consteller son visage de baisers tendres. C’est difficile, mais elle tient bon et lui-même ne tarde pas à ouvrir les yeux sur elle, qui sourit toujours, même quand il grogne un peu (et qu’une part d’elle, jamais totalement sûre, jamais débarrassée même une seconde de ses démons, craint presque être pour lui une mauvaise surprise). Il l’embrasse et elle se rassure, même si c’est un peu trop rapide à son goût et qu’il vient lui-même faire ce qu’elle a du mal à se retenir de faire : recouvrir son visage de baisers. Elle rit un peu et se presse contre lui, c’est le meilleur réveil de tous les temps, tous ces baisers qu’ils s’offrent et ces petits caresses emplies de tendresses. C’est le meilleur réveil de tous les temps et ils traînent un peu, mais Sami finit par sortir du lit quand même et Jaz l’observe faire à manger assise contre les oreillers. Elle sait qu’il raffole des gaufres, mais c’est quelque chose de bien plus léger qu’il lui apporte et elle le soupçonne de faire un effort pour elle et elle ne dit rien, mais elle en pleurerait presque tant ça la touche alors qu’elle s’applique à manger pour lui faire plaisir, pour guérir comme elle a commencé à le faire à Sigan.

Sami lui donne son téléphone pour qu’elle puisse justement essayer de contacter sa patrie, il lui accorde bien plus de crédit qu’elle n’en mérite et elle-même devrait mieux se connaître et ne pas avoir tant d’espoir dans la poitrine quand elle essaye de se connecter à son compte instagram, mais elle n’a jamais été douée pour ça les mots de passe et les numéros de téléphone, elle est incapable d’accéder à quoi que ce soit. Elle est déçue et triste de ne pouvoir contacter personne, prévenir personne, même si elle n’a pas menti, elle n’est pas trop sûre qu’on pense à elle, pas trop sûre de manquer. Elle est déçue et triste, mais elle ne veut pas le montrer, elle ne veut pas que Sami pense qu’il n’est pas assez, ou qu’elle a menti en lui disant être heureuse d’être là avec lui, mais il doit voir sa moue quand même vu comme il vient l’embrasser aussitôt qu’il revient à l’étage. Elle fond dans les baisers qu’ils partagent dans sa chambre puis sous l’eau tiède de la douche, dans laquelle elle finit même par glousser, avant de caresser, inlassable, le corps de son âme-sœur. L’eau est froide quand ils sortent enfin de la douche, mais Jaz sourit quand il l’enveloppe dans une serviette et elle le serre dans ses bras avant de s’habiller. Elle se réconforte en se disant qu’elle a un peu de lui en elle, trouve du courage dans sa simple présence et ose lui demander de la conduire à la Maison. Elle a détesté ça la veille, elle haïra sûrement aujourd’hui, mais elle va y aller, elle va être forte et gagner de l’argent pour lui, pour eux, pour leur futur.

Sami ne peut pas rester et il s’en excuse beaucoup, mais elle comprend et elle le rassure, elle sait qu’il doit rester à la boutique et c’est vrai que ce sera plus dur sans ses bras pour la récupérer à la sortie de scène mais au moins ils travailleront tous les deux, accumuleront un peu plus de stellars d’ici la fin de la journée. Il semble mettre un point d’honneur à l’embrasser longtemps sur le siège passager une fois qu’il est garé devant le club et Jaz se laisse faire avec plaisir, espère le rassurer et en même temps trouver du courage dans la force des baisers qu’elle plaque sur ses lèvres. Et puis ils doivent se séparer et c’est difficile, elle se sent déjà plus faible, rien que quand la portière les sépare, mais elle se force à sourire et à lui faire un petit signe de main. Ça va aller. Elle va être seule aujourd’hui, mais pas esseulée, parce qu’elle l’a lui même quand il n’est pas là.

Cette fois-ci, Eva lui apprend à servir des verres, il n'y a pas beaucoup de clients quand elle arrive donc elle peut prendre son temps — et y'en a besoin vu comme Jaz est complètement novice. Elle lui donne des conseils aussi pas que sur la façon de mélanger les liqueurs, mais aussi sur la manière de les donner aux clients : “ You need to flirt a little. ” Jaz fait de son mieux le reste de la journée jusqu'au début de soirée quand vraiment le club se remplit comme elle l'a un peu vu la veille. Eva lui donne des conseils sur d’autres clients à mesure qu’ils s’approchent du comptoir ou entrent dans le bar, Jaz se contentant de faire des boissons assez simples, servir des bières surtout, rien qui ne nécessite de shaker pour l'instant, essuyant le comptoir chaque fois que quelqu’un — heureusement jamais elle, elle en serait mortifiée — renverse quelque chose, ne sortant jusqu'au déjeuner jamais de derrière le comptoir sauf pour aller aux toilettes. Y'a quelques mains qui manquent de passer sous sa jupe, mais la sécurité du club fait son boulot et elle n'a que besoin de jeter un œil à son bracelet électronique pour se rappeler pourquoi elle est là, pourquoi elle fait ça et c'est déjà bien mieux que d'aller de nouveau s'exposer sur scène. Pendant sa pause déjeuner qu'elle passe seule, à regarder, assise dans une des backrooms, le sandwich que lui a filé Eva, en manquant de s'endormir, celle-ci finit par venir la trouver pour lui demander si elle veut danser ou pas. Elle est gentille Eva, plus que les autres qu'elle a croisé jusque-là en tous cas, plus que Stella, et Jaz dit non, elle dansera le lendemain, un soir sur deux seulement vu que servir des verres peut rapporter presque autant que ses deux danses pourvu d'y passer la journée entière.  “ What did you do before coming here? ” enchaîne Eva alors que Jaz pensait qu'après sa première question elle allait la laisser tranquille. Elle est plutôt gentille Eva, mais Jaz ne croit pas qu'elle l'aime beaucoup. “ What do you mean? — Like what job? ” Who doesn’t know how to serve drinks?, ses yeux semblent vouloir dire. “ You know how to dance.” rajoute-t-elle, déclarative cette fois. “ I sang. ” Elle se mord aussitôt les lèvres ; autant dire qu’elle était complètement oisive, elle n’ose même pas mentionner le mannequinat. “ You come from money then.” Ça fait beaucoup de questions sans aucun doute et Jaz s’inquiète un peu, mais Eva n’a pas l’air suspicieuse, juste curieuse, sincèrement surprise. Dans son monde, à Sigan, on dit coming from time pas money, mais le sens est le même, elle imagine. Elle préfère ne pas répondre, ce n’était pas une question après tout, referme un peu les yeux en calant son dos sur le canapé.

“ Are you with him? — What? ” Cette fois elle l’a vraiment réveillée, d’un sommeil néanmoins léger — sinon lui parler ne suffirait pas à l’en arracher — et Jaz est un peu perdue pendant quelques instants. “ Slim, you’re with him? ” Eva a l’air de trouver le concept plus que surprenant comme si elle était en train de formuler une absurdité, n’en revenant pas d’être en train de poser une question pareille. Yes a envie de répondre Jaz, parce qu’elle pense que c’est vrai, parce qu'ils se sont dit que c'était le cas qu'ils étaient soulmate-girlfriend et soulmate-boyfriend même sur deux mondes différents. Mais elle ne sait pas si Sami veut que ça se sache en revanche, elle ne croit pas. Là encore, elle ne répond pas, mais c’est bien plus facile, parce que deux danseuses, viennent prendre leur pause et les interrompent de toute façon. Le reste de l’après-midi on envoie Jaz servir quelques tables et elle essaye juste de faire son travail correctement, mais ça reste bizarre d’avoir à flirter, même juste un peu avec ces inconnus dont aucun ne l’attire. Personne ne l’attirera plus jamais réalise-t-elle toutefois avec un petit sourire, puisqu’elle a trouvé son soulmate et qu’ils sont amoureux. Certains clients lui ont glissé un ou deux stellars en plus parfois et avant de transférer ses gains sur le bracelet que lui a donné Sami elle voit qu'elle a gagné 53 stellars, mais trente pourcent de cette somme doit rester sur le bracelet appartenant aux Sharks. Le reste, elle peut l'emporter avec elle quand Eva vient la trouver : “ Hey get dressed I’m driving you home. ” Jaz ne masque pas sa confusion, même si une part d’elle est un peu soulagée pour être honnête — elle ne se souvient pas du chemin qu’elle n’a jamais fait à pied — un peu déçue toutefois parce qu’elle pense que ça veut dire que Sami ne peut pas venir lui-même et qu’il a du le lui demander ou peut-être que c'est juste qu'Eva qui se doute qu'elle ne vient pas d'ici et qui la prend en pitié. “ Thanks. ” murmure-t-elle quand elle est prête, suivant Eva à travers la salle principale, la tête baissée, jusqu’à s’installer sur le siège passager de sa voiture. Elle est bien moins belle que celle de Sami, mais peu importe, au moins elle n’a pas à marcher dans cette ville encore inconnue. Elle regrette un peu toutefois, une fois qu’Eva démarre, se rendant compte que c’est la première fois depuis son accident qu’elle monte dans une voiture qui n’est pas celle de Sami ou d'un chauffeur grassement payé pour conduire le plus lentement possible. Elle s’accroche instinctivement à son siège malgré le fait qu’Eva conduise à une vitesse normale et même plutôt prudemment — plus qu'elle-même ne l'a jamais fait quand elle conduisait encore. “ Hope I still remember where he lives… ” fait-elle à l’adresse de Jaz avec ce qui pourrait presque passer pour un sourire complice. “ Not that I’ve ever been inside his apartment mind you but I’ve been to the workshop. ” Jaz fronce un peu les sourcils, mais ne fait pas de commentaire. Elle ne comprend pas qu’Eva ne soit jamais montée jusqu’à chez lui, puisque apparemment elle a déjà profité de ses talents au lit, mais elle mourrait avant de poser la moindre question à ce sujet. La barmaid exagérait sûrement un peu l’ampleur de son ignorance vu comme elle n’a aucun mal finalement à s’arrêter devant le bon bâtiment. “ You might want to buy clothes that are more fitting…I recommend Vera’s by the docks, it’s affordable but trendy ” Jaz hoche la tête, elle en a bien besoin, elle n'a qu'une paire de sous-vêtements outre ceux qui lui sont fournis pour ses danses.  “ Also…makeup, good try at hiding those hickeys but when you get on stage next time you won't have a shirt to cover them. ” Sa voix est très calme, professionnelle, alors que les joues de Jaz s'empourprent violemment. Elle a fait de son mieux avec ses cheveux et le col de sa tenue de serveuse, comptant sur la lumière tamisée du club pour masquer les traces laissées par Sami. “ Errr ok thanks. ”  Jaz a déjà une main sur la poignée, mais “ I’ve never seen Slim like this. ” muse Eva, l’arrêtant dans son geste, même si Jaz ignore si s’adresse à elle ou si elle se contente de penser à voix haute. Elle semble sur le point d'ajouter quelque chose, en tournant son joli visage vers elle, mais elle se rétracte finalement. “ See you tomorrow. ” Elle referme la portière derrière elle et lui adresse un petit signe de la main avant de se détourner.

Quand elle arrive à l'atelier les joues toujours rouges Sami l'accueille en la prenant tout de suite dans ses bras comme s'il avait compris son besoin et en l'embrassant passionnément jusqu'à la faire sourire un peu. Il est plutôt excité en lui montrant un collier acheté pour le chien — leur chien, elle a un chien, elle n'en revient pas — et une laisse qu'il lui dit avoir fait lui-même et Jaz accepte d'aller avec lui promener Tesfaye avec le nouvel équipement, un petit sourire fier de lui sous les deux masques qu'elle porte. Elle est fatiguée et gênée et ses poumons souffrent sous le fog, mais elle serre les doigts de Sami dans les siens et ne se plaint pas, rit même un peu de délice après avoir très timidement accepté de tenir la laisse quelques minutes. Dans sa joie elle oublie de faire très attention à retenir la toux qui se forme dans sa gorge et elle finit par laisser échapper une petite quinte malgré elle et Sami préfère alors prendre le chemin du retour, Jaz s'empêchant physiquement de tousser plus quitte à devenir toute rouge sous son masque.

Il ferme l'atelier et ils vont tous les deux avec Tesfaye à l'étage Jaz s'installant sur le canapé pour pianoter de nouveau sur le téléphone de Sami. Elle n'essaye même pas de se connecter à ses propres comptes, utilisant plutôt le sien pour, la boule au ventre, voir ce qu'il se passe sur Sigan. Ou plus exactement voir ce qu'on dit d'elle. Si on dit quoi que ce soit. Elle va d'abord sur le profil de Lupe, mais celle-ci ne poste pas beaucoup et la dernière photo date de la soirée d'anniversaire juste, un selfie d'elle deux et une moue tire le coin des lèvres de Jaz vers le bas. Idem pour Kia et Alex, elles n'ont rien posté depuis la fête. Depuis la dernière fois qu'elles se sont vues. Elle retient malgré elle son souffle en tapant les lettres qui composent le handle de Noora.

Elle se fait accueillir par une photo. Elle est très belle Noora et elle poste beaucoup de photo d'elle, beaucoup de selfies — c'est marrant que ce soit à Jaz qu'on ait décidé d'attribuer le surnom de vain princess, mais ceci dit elle aussi en poste beaucoup (obligée) et puis elle est mannequin, carrière superficielle au possible. C'est pas un selfie ceci dit, elle est dans une jolie robe de soirée, mais pas celle qu'elle portait à leur anniversaire. Une autre. C'est même pas une photo en fait, réalise-t-elle quand elle clique dessus c'est une vidéo. #HotboardMusicAwards commence la description, Yasmeen avait oublié jusqu'à leur existence. Elle a pris le téléphone de Sami pour voir ce qu'il se passait à Sigan sans elle et elle voit très bien, ce qui se passe dans sa famille : la vie continue exactement comme avant. Exactement comme pour Javed. Elle a les yeux qui piquent un peu mais ne s'en rend même pas compte, scrollant plutôt pour voir les commentaires, elle pourrait taper son nom dans la barre de recherche, voir si on a créé un hashtag, voir si on parle d'elle, mais pas besoin, son nom et son handle sont déjà là dans le million de commentaires sous la vidéo qu'a posté Noora. not a single word about @jazvane's disappearance. like, gurl, it's been 2 days, how can you be so heartless? i kinda hate you more than i've ever hated anyone in my life Alors on dit qu'elle a disparu. Plus exactement les gens savent qu'elle a disparu, fuite d'info maladroite, déduction de fans malgré des tentatives de son équipe pour masquer la chose, ou sa mère a-t-elle directement vendu le scoop ? Jaz a du mal à respirer et elle voit un peu flou mais elle persévère. Il y en a d'autres qui s'insurgent de l'indifférence de Noora, mais pas Jaz, elle n'est pas surprise. i'm so happy, yet so sad. i've been on the verge of tears the whole ceremony wishing for a miracle... nova can you pls say smthg about it ? pls. i love you so much but i need to know that you care. you may be rivals but she's still your blood right ? Ils ne savent rien, ils ne comprennent rien à leur famille. Leur sang est plus mêlé que le public ne peut se l'imaginer, elles sont cousines, non, elle sont sœurs, elles sont jumelles, et Jaz a disparu. Ça suffit à inquiéter certains fans qu'elle voit la défendre sur le post de Noora mais pas à arrêter ni même ralentir le moins du monde le rythme infernal de la vie des Vane. C'est pas assez pour qu'on ne vienne pas chercher des récompenses, ou que Noora ne danse pas sur la vidéo suivante sur un son de Kamikaz, coup de pub qui crève les yeux, là voilà la priorité de la famille avant même la sécurité de ses membres.  go cry on @jazvane's fake grave or something, we don't care. i'm sure she's just sulking somewhere lmao. hiding to get attention, ew Elle s'étouffe sur son propre souffle, sur un sanglot coincé dans sa gorge, inconsciente que ses pleurs sont désormais audibles. i'm a nova stan just like you but your comment is plain wrong and awful. there's a broken family out there waiting to hear from their loved one, pls don't be so careless Mais non iamrod604 a tord. C'est ça le pire. La famille est pas brisée, la famille s'en fout.

Elle tremble littéralement quand Sami s'approche d'elle, incapable de le voir à travers les torrents qui s'échappent de ses yeux. Elle sent ses bras autour d'elle toutefois et ça lui suffit à lui rendre aussitôt son étreinte en le serrant avec force comme pour l'inciter à en faire autant, à l'avaler toute entière. “ What's wrong, baby? ” un douloureux sanglot lui secoue l'échine quand elle entend sa voix paniquée et tremblante, à cause d'elle, mais le pire c'est quand il se détache et prend son visage dans ses mains. Elle est exposée à sa vue et elle sait pas à quoi elle ressemble, mais elle peut deviner ses joues rouges et ses yeux gonflés et ses lèvres qui tremblotent et laissent parfois échapper un ou deux hoquets. Elle renifle, mais ça n'aide rien, elle ne peut pas parler et elle n'a même pas envie de parler, pas pour lui répéter ce qu'elle a lu. Un bref instant elle pense simplement à lui mettre le téléphone dans les mains, mais Sami ne sait pas lire et elle, elle ne sait pas comment activer le logiciel de lecture automatique alors elle ne dit rien, pleure juste en secouant la tête pour essayer de lui faire comprendre que ce n'est pas grave. C'est jamais grave quand elle pleure, c'est juste elle qui est trop émotive et trop attachée et qui veut être aimée alors qu'elle ne peut pas l'être. Elle essaye de commencer à parler, même si elle ne sait pas pour quoi dire et que de toute façon les syllabes entrecoupées qui lui échappent n'ont aucun sens, elle préfère enfouir de force son visage contre le cou de Sami, en espérant qu'il la laisse faire, ne la repousse pas, passe ses bras forts autour d'elle et ne la lâche jamais. C'est ce qu'il fait, c'est ce qui lui permet de se calmer un peu, même en inondant son pull au passage et en reniflant bruyamment. Elle est immonde et dégoûtante et même sa famille ne l'aime pas. “ S-s-some p-people s-say I-I'm g-g-one j-j-just f-for a-t-tention. ” People are mean, lui a dit Sami la veille. Mais ça ne l'étonne pas ça Jaz parce que le pire c'est que venant de sa famille, des Vane, des attention-whores par excellence, ça ne serait pas impossible, pas surprenant. Mais cette fois c'est juste pas vrai. “ A-and s-so-m-e p-people a-are s-sca-red I-I'm d-d-ead b-but m-my s-s-sister she d-doesn't c-c-care. ” Elle sanglote de nouveau trop pour pouvoir poursuivre, enfonce un peu plus son visage dans le cou de Sami. “ M-my f-family d-doesn't c-care t-they're j-just p-partying. ” Elle a vu qu'elle a reçu un Prix d'honneur grâce aux commentaires — et le fait que certains pensent que c'est juste pour ça, juste parce qu'elle est pas là et qu'on sait pas où elle —  et le pire c'est qu'elle peut presque s'imaginer (ou en tous cas elle ne trouve pas l'image absurde) sa mère contente. Parce qu'on parle d'elle. Et que c'est tout ce qui compte. Tout ce qui a jamais compté pour les Vane.