RELIA #1; this could get ugly

“T’es vraiment mauvaise. T’es au courant qu’il existe une émission dédiée aux gens comme toi ?” Pas le moins du monde offusquée par cette insulte à sa personnalité mirifique, elle relève un regard pétillant vers son acolyte, l’accompagnant d’un sourire taquin qui fait danser ses lèvres quand elle prend la parole et fait glisser l’excitation dans le ton de sa voix. “Mais oui!! J’sais, ça s’appelle Danse avec les stars et c’est fabuleux. Parce que j’suis fabuleuse.” Plissement des yeux de la part de Toni, celle-ci fixe Thalia de sa bitchy resting face habituelle, tout en se demandant pourquoi elle a abordé le sujet ; comme si ce n’était pas de notoriété publique que Thalia est imbue de sa personne. “Non j’parlais de Pig Brother, t’sais c’est l’émission qui te fait voter pour un joli et gentil cochon et que tu butes à la fin ? C’est toi.” Clairement, ceci est une insulte à sa modeste personne, la pire ignominie du siècle, qui est-elle pour oser la traiter de monstre tueur d’animaux alors qu’elle porte un manteau en fausse (détail super important) fourrure ? “Je vais changer d’amis, je crois que tu es un peu cassée.” Outrée, elle remet ses lunettes de soleil agrémentées de pierre sur son nez comme pour marquer son mécontentement, prête à commencer à filtrer Toni et l’évincer de sa vie pour ce poignard dans le dos. Mais… “On est pas amies, Thalia. J’suis ton dealer.” Ça a le don de remettre de l’ordre dans son état dramatique parce qu’elles savent toutes les deux ce que ça veut dire : t’as pas d’amis. Mais imperturbable et fière, Stilinski vide son verre d’un trait un peu brutal et amer. Sac en main et manteau resserré autour de ses épaules, elle remet le sachet de skam nouvellement acheté dans le fond de son sac et quitte la pièce réservée par Toni dans le club pour faire les transactions.

Fixe la fiche de contact de Dylan.
Hésite à lui écrire tu fais quoi et j’vais péter un câble.
Verrouille son téléphone et le repousse dans son sac, enterre encore plus profondément ses envies d’établir un contact sur un fond d’alerte (j'vais péter un câble). À la place, elle sort un miroir et un rouge à lèvres pour retoucher son rose même s’il est intact. Elle se sent mieux une fois que c’est fait, une fois qu’elle a vérifié que les paillettes étaient toujours bien en place sur ses paupières, que son highlight est tellement on point qu’elle pourrait aveugler les gens. Beauté pristine, rafistolée en surface, effilochée de l’intérieur.
Le point positif c’est que son stash de skam est particulièrement bien garni. Sa seule victoire de la journée, ainsi qu’un peu de contact humain dans ce club rempli de têtes connues qui oublient souvent son prénom. Ceux qui n’oublient pas, ce sont les dealers : elle est une cliente privilégiée après tout. Pour les autres, elle est juste a girl, la gamine en fausse fourrure rose, en talons, toujours extrêmement maquillée mais qui n’a rien de spécial. Qui n’a rien de l’image sensationnelle qu’elle montre au monde, carapace tissée en lin rose qui se fait grignoter par les vermines pullulant dans son être. Hairflip et claquement de talons, elle tourne le dos au club et à ce sentiment d’insuffisance que Toni a créée en elle ; et se dirige vers son pickup, toujours aussi cabossé, toujours aussi à l’agonie, toujours aussi laid.

À bord de sa princesse-mobile, la radio éteinte, les rues d’Altea avalées sous ses pneus, Thalia roule jusqu’à l’immeuble de son frère. Soulagement retrouvé de savoir qu’il y a quelqu’un dans sa famille dispatchée qui sait pour sa condition. Ça atténue le stress, le contrôle. Pickup garé, sac et manteau et lunettes on. Makeup sans aucune bavure et les ongles ne présentant aucune fissure. Elle termine d’inspecter son apparence, totalement obsédée, pas parce qu’elle se trouve parfaite mais parce qu’elle a beaucoup trop d’imperfections pour se laisser aller. C’est une quête constante vers la perfection ; une quête profonde pour masquer la laideur. Apparence en pastel en guise de cache-misère. Dans l’immeuble, elle n’ose pas appuyer sur l’interrupteur, beaucoup trop sale ; ew. Fait quelques pas à l’aveuglette. Se prend un instant pour retirer ses lunettes mais c’est l’instant de trop car elle ne voit pas où elle met les pieds. S’écroule complètement par terre en un cri aigu, les pieds pris dans un obstacle. Turns out, l’obstacle, c’est Slash. “Ew, tu pouvais pas mourir ailleurs ? Y’a des gens qui essayent de marcher ici.” Position étrange, elle se retrouve allongée sur lui, son visage positionné sur son torse. “J’vais dire à Kassian que tu as essayé de m’entraîner avec toi.” Drama queen mode activated. Léger rougissement sur ses joues qu’elle met sur le compte du blush de la teinte babyqueen dont elle raffole.

Son cri outré ne semble pas perturber Alestra, malgré les décibels aigus qui résonnent dans le couloir embrumé, lorsqu’il se relève sans même faire attention à elle. Il ose lui infliger un tel affront alors qu’elle a été assez gentille et adroite pour ne pas placer son genou, huh, dans un endroit incongru de l’anatomie de Reyn (au moins elle y a pensé, elle et sa bonté d’âme connue de toutes et tous). Et le pire c’est que, non seulement il ne l’aide même pas à se relever, mais en plus l’utilise comme une béquille personnelle. Elle plante ses griffes roses et pailletées sur son bras, il est tellement sous l’effet de tout ce qu’il a ingéré dernièrement qu’il ne semble pas remarquer. Good. Les griffes de son autre main se plantent à leur tour dans son bras jusqu’à ce qu’elle le repousse une fois dans l’appartement, corps délicat qui n’a pas besoin de s’écrouler sous le poids d’un autre thank you very much. Moue bougonne et regard scrutateur, elle épie le moindre recoin du regard, pas satisfaite de la propreté ou du rangement mais pas non plus complètement insurmontable pour qu’elle ne daigne même pas poser son derrière sur le canapé. C’est cute. In a fucked up way. Elle tourne le visage vers Reyn pour lui dire quelque chose mais- “Oh, hey, how about- AH !” se retrouve à devoir fermer ses yeux pour ne pas le voir nu, ew. Teinte rosie aux joues et aux oreilles, il se peut qu’elle lorgne sur lui, entre ses doigts mais l’entend filer sous la douche pour oser enlever ses mains de son visage. “Have you no decency?”

Choquée et un peu out of place, elle sort son téléphone pour se prendre en selfie, utilise sa bouille surprise pour quelques (centaines de) clichés qu’elle bombarde sur sa story ; l’angle se focalise plus sur le décolleté offert par sa robe que son expression complètement fausse, satisfaction qu’elle trouve dans l’approbation du public même si la plupart des commentaires sont uniquement focalisés sur son physique. Poupée superficielle qui s’occupe du mieux qu’elle peut jusqu’à ce que son divertissement personnel (hashtag Reyn le crapaud) sorte de la douche- “MOTHERFUCKER !” qu’il beugle en passant devant elle en serviette. Ugh. Elle pensait trouver un peu de répit en venant ici mais visiblement c’est mouvementé partout. Sur instagram, elle poste i’m bored, help xx, fait un tour dans ses contacts pour bombarder de smileys ses fake amis, tout en se cherchant une occupation pour la soirée puisque Reyn ne semble pas vouloir lui accorder un peu d’attention. Sad life. Le bougre revient dans l’appartement, se rattrape de nouveau à Thalia qui esquive avec un hairflip, refusant de mettre en péril ses magnifiques escarpins. “Fuck me, you’re still here ?! - Don’t be silly, you like m-” mais elle n’a jamais le temps de finir sa phrase qu’il lui met un stick entre ses lèvres. Ew, l’audace, son rouge à lèvres est foutu maintenant. Mais l’odeur familière de la skam grésille ses entrailles d’anticipation, organisme retrouvant la seule chose qui fait sens dans sa vie. Elle le regarde allumer le stick et ses pupilles couvertes de lentilles grises tombent sur un tatouage ornant le bras d’Alestra, nombres étranges miroir à ceux qu’elle a déjà vu en rêve. Clignement des yeux et tout est rendu flou, les restes d’un something égarés dans le précipice d’une mémoire altérée. À l’aide d’un faux sourire, elle chasse la confusion de son regard et le hourvari de son cœur. Il s’éloigne et dans son champ de vision, elle voit même la serviette tomber mais ne s’insurge pas de l’indécence de Reyn ; elle n’ose surtout pas relever la tête dans sa direction, ne jamais compter sur personne d’autre que soi-même pour préserver sa vertu.

L’ennui est vite chassé par les nombreuses applications de mode et de réseaux sociaux pullulant dans son téléphone mais elle finit par s’intéresser plus à l’appartement qu’à l’écran lui permettant de fake une vie. Du pied, elle écarte un vêtement ou deux, plisse du nez quand elle tombe sur la poussière s’entassant sur les étagères. N’ose pas mettre ses doigts dans le sachet de biscuits ouvert sur la commode, par peur de choper la mort. Reyn finit par sortir de sa douche, après une éternité ; Thalia darde sur lui un regard curieux en prenant le risque qu’il soit nu. Turns out, il s’est habillé. (est-ce qu’elle est déçue ? maybe). Son manteau lui tombe complètement sur les bras, à force d’avoir valdingué dans l’appartement sans but précis. Mais maintenant que le divertissement humain est de nouveau à sa disposition, elle plaque un sourire aux lèvres et enlève le stick de skam qu’elle savoure depuis tout ce temps. Une bière en main, elle fait claquer ses talons jusqu’au canapé où s’est assis Reyn et lui tend l’offrande de manipulation pour le mettre de bonne humeur. “I’m bored, entertain me.” Assise à côté de lui (what’s personal space), elle tire une taffe de skam et se rappelle ce qu’elle voulait lui demander en premier lieu, un peu la raison principale à sa venue ici. Autre que l’ennui, en fait. “Actually, there’s something wrong with my car but you can fix it right ?” Son pickup, sa vie. Même en si mauvais état, il a une valeur sentimentale qui prend Thalia aux tripes quand sa famille la menace de s’en débarrasser. Le bolide tombe plus souvent malade mais ses pansements temporaires n’aident en rien, il va falloir penser à de vraies réparations pour l’aider à vivre quelques années de plus.