(#1) ninala + for the night is dark but full of wonders

Certains s’amusent à dire qu’il est impossible de discerner la nuit du jour, à Néodam - et parfois, il est vrai qu’ils ont un peu raison. Il a fait noir toute la journée, aujourd’hui. Henry, son chauffeur, a même eu un peu de mal à la conduire jusqu’aux bureaux du journal pour lequel elle travaille - alors qu’il n’est pas si loin. Si ça n’avait tenu qu’à elle, elle y serait allée en skate… Mais elle réserve ça à Ash, son alter ego, le cheshire cat des Wonderlanders. Quand elle est Nina Rhodes, elle se doit de se laisser conduire partout, comme la petite princesse qu’elle est censée être. Heureusement, son vieux chauffeur est toujours de bonne compagnie, alors il rend la corvée un peu moins désagréable. Et puis ça lui permet de faire quelques selfies sur le chemin.
Les heures sont passées lentement, beaucoup trop lentement. Nina a essayé de pondre ses articles, assise devant l’écran de son ordinateur, mais son esprit n’a cessé de s’éparpiller. rendant la tâche très difficile. Tout lui semblait plus intéressant qu’écrire sur la nouvelle collection de bijoux néons de Drew Anderonokis, même le plafond de la rédaction, peint en rose pailleté. Terriblement cliché pour un magazine féminin - mais aussi plutôt surprenant avec une équipe aussi à la pointe de la mode. Nina se demande bien qui a choisi cette couleur… Elle ne veut pas être médisante, mais elle est quasi-sûre que c’est un homme.
« Tu nous quittes ? » Jane, la rédactrice en chef, hausse les sourcils en la voyant ranger ses affaires et se laisser des post-its qu’elle colle sur les rebords de son ordi. « Mmmh, oui, désolée. Devoir familial. » L’argument marche toujours, même si Nina est persuadée que Jane n’est pas aussi dupe qu’elle laisse le croire. Elle est bien la seule à sembler douter un peu, d’ailleurs - les autres ont tous des étoiles dans les yeux dés qu’elle mentionne qu’elle rentre chez elle pour retrouver sa famille. On lui laisserait faire tout et n’importe quoi rien que parce qu’elle est une Rhodes. « Ton article sera prêt pour jeudi ? » Nina hausse les sourcils et lui lance un air offusqué. « Oseriez-vous douter de moi, Miss Hohenheim? » La blonde, perchée sur ses talons, lève les yeux au ciel. « File, gamine. » Nina lui tire la langue, et pose son manteau sur son avant-bras en se dirigeant vers l’ascenseur. Mais au lieu de descendre, elle monte jusqu’au dernier étage de l’immeuble - le bazar de la rédaction, qui prend la poussière depuis plusieurs années. Là, dans une pièce aléatoire, elle a planqué un certain nombre d’affaires, derrière deux grosses commodes, et des fringues que personne ne porte plus. Comme d’habitude, elle se débarrasse de ses talons, de son maquillage, de sa veste de blazer à vingt mille stellars. En une quinzaine de minutes, Nina devient Ash. Perruque, beanie, masque qui couvre sa bouche et son nez, tenue noire qui se fond dans le paysage de Néodam… La panoplie est réfléchie, parfaite. Elle va même jusqu’à porter des lentilles - qui ne laisseraient pas à ceux qui l’apercevraient le droit de voir les changements de couleur de ses iris. Son secret, elle le garde depuis longtemps maintenant - et chaque jour est un nouveau combat pour qu’il reste intact.

Comme si c’était possible, la nuit a couvert la ville d’une obscurité encore plus dense, ce soir. Le mauvais temps a tendance à rendre le fog plus désagréable, mais Nina ne se laisse pas arrêter pour autant. Elle a quitté Uptown depuis plusieurs heures déjà, d’abord à la poursuite du directeur d’une entreprise pharmaceutique basée dans les Millenium Towers. Les Wonderlanders convoitent deux tableaux qu’il a acheté récemment, et en bonne informatrice, elle note avec attention ses allées et venues avant qu’ils tentent quoi que ce soit pour les récupérer. Son espionnage intense l’a menée jusqu’à Downtown, et c’est là-bas qu’elle décide de cesser la filature, après qu’il soit entré dans une maison close clandestine. Nina ne peut défaire la grimace sur son visage en quittant les lieux, et il lui faut avoir mis plusieurs blocs entre elle et l’endroit pour que le drôle de malaise dans son ventre s’estompe.
Concentre-toi. se murmure-t-elle à elle-même alors qu’elle saute d’un immeuble à un autre. Deuxième mission de la soirée. Elle doit récupérer quelque chose pour William. Se rendre jusqu’à l’adresse indiqué n’a rien de compliqué - Nina s’amuse presque avec les gouttières, les rebords des immeubles, comme si ses yeux étaient bioniques. Plus d’une fois, elle a pensé à se faire poser des implants pour faciliter sa vie de nuit… Mais elle a eu peur que sa soulmate en souffre. Elle a lu des choses sur les modifications des marques, et ça ne lui a pas beaucoup plu. Rien ne prouve que les changements de couleur de ses yeux sont les manifestations de son lien… Mais il n’y a rien d’autre, pour l’instant. Alors elle préfère prévenir que guérir.
Elle arrive en face du bâtiment dans lequel elle doit s’infiltrer - une vieille planque des Heathens à moitié abandonnée - alors que sa montre indique trois heures du matin. La rue est quasi-déserte, et visiblement, l’endroit aussi. Nina commence même à se demander si l’objet est bien là. Elle saute pour s’installer sur le toit du bâtiment, mais au moment où elle s’apprête à descendre jusqu’à l’une des fenêtres, une silhouette féminine passe la porte. L’objet dans sa main attire tout de suite le regard de Nina. Le vinyle. Elle reconnaît le visage de l’artiste, que lui a montré le chef des Wonderlanders, grâce au néon qui se reflète sur l’objet quand la femme avance. « Merde. » Il va falloir qu’elle se batte, alors ? William lui a dit d’être prudente et d’abandonner s’il y avait danger… Mais elle n’a pas envie de revenir bredouille. La femme, en bas, relève la tête. Nina pose une main sur sa bouche - la fille a du l’entendre. Cachée dans l’ombre, la Wonderlander ne peut s’empêcher de jeter un oeil à son visage - elle est trop habituée à capter la moindre pièce d’information.
Mais bordel. Cette fille… Cette fille, elle l’a jamais vue.
Cette fille, Nina a l’impression qu’elle sort tout droit d’un rêve.
Elle est tellement fascinée qu’elle ne remarque même pas qu’elle glisse.
« Fuck. » Mais c’est trop tard pour se raccrocher à quoi que ce soit. Nina a beau essayer de trouver une prise, son corps glisse et son ventre s’égratigne contre le rebord du toit. Elle ne pourra pas éviter la chute.
Bien sûr, elle tombe sur la fille, les faisant s’étaler par terre toutes les deux.

Zazala aime bien Néphède. Enfin, c'est laid et gris et sale et pollué comme elle n'aurait jamais pu l'imaginer depuis le Lobster et les gens n'y sont pas très avenants, ils sont pressés et dangereux et presque toujours masqués. Mais Zazala aime bien l'idée de Néphède et Néodam. Elle aime bien avoir accès à un autre monde surtout et elle aime bien l'idée d'autres mondes. Du Lobster à la Terre c'est suffisamment d'aventures pour beaucoup, mais à ça, elle et son frère toute sa bande ont ajouté un portail et des allers-retours plus ou moins fréquents. Elle-même n'y va pas très souvent, pas autant que Patch en tous cas et jamais pour trop longtemps mais elle y va régulièrement pour récupérer quelques objets pour les curieux de la Terre et puis pour se balader aussi. C'est laid et gris et sale et elle pense que de tous les mondes qu'elle connaît désormais grâce à son cluster, elle aurait plutôt choisi d'avoir accès à Sigan et l'éclatante New Brasilia ou à Altéa ne serait-ce que pour voir de ses propres yeux les prouesses de la Small Science, mais quand même elle aime bien. Plus exactement elle s'y sent bien. Ses poumons sont moins d'accord généralement surtout quand ses visites s'allongent, mais il y a quelque chose dans l'atmosphère, dans l'air pollué, comme une note plus délicate, quelque chose de léger et d'indescriptible qui lui donne envie de revenir à chaque fois. Comme si y avait quelque chose pour elle ici.

Il y a la marque sur son bras aussi qui grossit toujours quand elle passe le portail, mais ça c'est autre chose.

Quand elle y va, Zazala choisit souvent le soir, déjà parce que sur Terre une fois la nuit tombée il n'y pas grand chose à faire la plupart du temps, la nouvelle société n'étant clairement pas assez développée pour songer à établir ne serait-ce qu'une boîte de nuit. Et puis aussi parce que, nuit ou jour, selon elle ça ne fait pas grande différence à Néodam, donc elle n'a jamais l'impression de rien perdre en arrivant après le coucher du soleil, sans compter que, de toute manière pour ses affaires ce n'est jamais en plein jour (si tant est que le concept existe même à Néodam) que ça se passe. Il est très tard quand elle entre dans le hangar planque d'un gang plutôt fameux d'après ce qu'elle a entendu dire, et elle a déjà passé une journée plutôt longue sur Terre, mais peu importe son sac est plein de babioles qui ne valent rien pour elle et beaucoup ici car venant d'un autre monde. De la même manière, elle dans les hangars comme ça elle fait ses courses, elle a rarement une liste prédéfinie en tête, fait du lèche vitrine et ramène ce qui lui semble intéressant ce pour quoi elle pense qu'ils trouveront un bon preneur à Nostra ou Gagarine. Elle est plutôt douée pour ça, pour savoir quoi ramener et puis à qui le refiler, elle se considère bonne commerçante et négociatrice et personne n'a encore su lui prouver le contraire (ni même osé la remettre en cause). La dernière fois, Patch a ramené un tourne-disque qu'il a installé dans sa tente, mais qu'elle sait qu'il compte sortir à chaque grande occasion pour l'ambiance de leur petit campement. Ça a un côté vintage qui l'aurait fait rire sur le Lobster (mais pour lequel les collectionneurs auraient payé de mille et des cents), mais sur Terre, un monde qui se reconstruit tellement lentement ça trouve plutôt bien ça place, reste plus qu'à étoffer la collection de disques. Il y en a deux dans le tas de reliques qu'on lui présente et ça doit avoir l'air (enfin elle croit) du moins intéressant des offres qu'on lui fait et elle masque plutôt bien l'étincelle dans ses yeux quand elle voit les couvertures et que l'idée de faire un cadeau aux troupes, au pack lui traverse l'esprit. Elle tâte le reste, pendant qu'ils regardent sa marchandise à elle, s'arrête sur une console de jeu, elle aimerait bien prendre un truc comme ça un jour, l'offrir à Patch pour leur anniversaire, mais alors faudrait un bon écran et puis de l'électricité aussi et y en a pas à foison sur Terre, surtout dans le coin de forêt où ils se sont établi. Finalement elle attrape les vinyles, le groupe sur l'un et la chanteuse sur l'autre lui sont totalement inconnus évidemment et elle n'observe les couvertures que pour faire bonne mesure avant de les retourner pour voir les titres proposés. Rien ne lui parle des masses alors elle choisit un peu au pif celui avec la jeune femme dessus, et ils en demandent trois des plus gros artefacts de la terre qu'elle a amené avec elle (qui ne valent en réalité pas grand chose), elle négocie un peu et finit par leur en donner deux en faisant mine d'être profondément agacée par le prix et se tire sans demander son reste, sac sur l'épaule et vinyle sous le bras.

Elle va se payer un verre, ou plutôt se faire payer un verre dans un bar et puis rentrer, elle a assez tardé comme ça comme lui indique la montre à son poignet. Elle a déjà une main dans sa poche pour récupérer le masque qu'elle n'a jamais, même après des dizaines de visites le réflexe de porter tout de suite — ses poumons de fumeuses lui donnant toujours au début la fausse impression que le fog ne l'atteint pas tant que ça —, s'éloignant vite du hangar, mais un bruit très léger l'arrête. Elle aurait cru à une voix venant de par-dessus sa tête sauf que bien sûr lever les yeux vers les étoiles à Néodam, surtout ce soir quand le fog est des plus épais, s'avère totalement inutile. Sourcils toujours arqués elle raffermit sa prise sur son butin et presse le pas pour quitter la ruelle avec le sentiment étrange (et probablement impossible) d'être observée, mais « Fuck. » elle relève la tête, s'arrête de nouveau ; mauvaise idée, un corps non identifié lui tombant dessus et la faisant s'écraser au sol avant qu'elle n'ait eu le temps d'émettre le moindre son cohérent. « Hmpf. » grogne-t-elle en repoussant aussitôt le poids qui la maintient au sol et qui s'avère un peu moins solide que prévu, un peu plus vivant aussi. « Thank fuck you're not heavy. » ses côtes, qu'elle peut déjà imaginer bleuies par le choc, ne sont pas exactement du même avis. C'est vrai qu'elle peut s'estimer relativement heureuse toutefois, on ne doit pas lui être tombée dessus de trop haut, sinon elle pense qu'elle aurait eu plus mal encore, suffisamment pour pas être capable de se relever. Là, elle peut au moins se mettre à genoux une fois que l'autre n'est plus étalée sur elle et tâter un peu son propre corps pour s'assurer que tout est en place, ses yeux venant ensuite rencontrer ceux de l'inconnu. « What the hell? » Son regard est à peu près tout ce qu'elle voit d'elle en réalité — elle devine que c'est une femme à la voix entendue avant la chute —, la forme féline de ses yeux et ses sourcils fournis mais très bien taillés, le reste de son visage avalé par un masque aux couleurs de la nuit. Rien de curieux, les visages masqués étant monnaie courante à Néodam, c'est même l'inverse qui surprend généralement. Le bonnet enfoncé sur son crâne, sa tenue complètement noire et le fait qu'elle soit littéralement tombée d'un toit lui font néanmoins penser qu'elle n'est pas exactement comme tout le monde à Néodam non plus. « Did someone push you or did you just think I'd make a marvelous mattress? » Il y a un peu d'humour dans sa voix un vague sourire qui se mêle à la grimace de douleur quand elle tend le bras pour récupérer le vinyle en espérant qu'il ne s'est pas brisé dans la chute. Manquerait plus qu'elle est fait le voyage et récupère des bleus pour rien. « It's awfully impolite to spy on people though so I'll assume you deserved it. » Elle en revanche elle n'a pas vraiment mérité d'amortir sa chute comme elle l'a fait. Zazala ose espérer que l'autre n'a pas vraiment été poussée du toit et qu'elle ne vient donc pas de marcher malencontreusement dans une histoire de gangs qui ne la regarde pas le moins du monde, mais elle en doute. Elle n'a entendu qu'une seule voix là-haut après tout.

Elle entend la fille pousser un cri étouffé quand elles s’écrasent toutes les deux à terre. C’est un cauchemar. Nina n’a probablement jamais eu autant honte de sa vie - et pourtant sa vie étalée dans les médias lui a donné bien des chances d’avoir honte. Elle n’arrive pas à croire qu’elle a glissé. Elle glisse pas, Nina, jamais. C’est sa force, c’est ce qui fait qu’on l’envoie elle plutôt que les autres Cheshire Cat lors de missions en hauteur ou dans des endroits étroits ou difficiles d’accès. Des blessures, des chutes, elle en a connu gamine, quand on la poussait dans ses retranchements pendant les cours de gymnastique. Elle en a connu quand elle a commencé le parkour, bien sûr, aussi. On n’apprend pas sans quelques bleus. Mais ça fait des années - des années - que Nina avait oublié ce que ça faisait de tomber. Elle est tellement sous le choc, tellement décontenancée, qu’elle n’a même pas le réflexe de se relever immédiatement. Les bras de la fille qu’elle vient d’écraser la repoussent un peu brusquement, et Nina se demande si elle va se faire défoncer. Il va probablement falloir qu’elle se mette à courir, sans trop attendre. La fille sort d’une planque des Heathens, elle n’est donc probablement pas un enfant de coeur. « Thank fuck you're not heavy. » La voix est un peu cassée, et Nina se demande si c’est à cause de la chute, ou si c’est sa voix normale. Pourquoi pense-t-elle à une chose pareille dans une situation aussi critique ? Aucune idée. Elle aime juste bien les voix cassées chez les femmes.
Nina reprend un peu ses esprits et s’accroupit. Son ventre la lance - mais sinon, tout semble aller bien. Tant mieux, elle ne sait pas comment elle aurait expliqué un bras cassé à William. La fille a probablement amorti le choc - malheureusement pour elle. Nina ne sait pas si elle doit s’en réjouir ou non. Son premier instinct serait de s’assurer que l’autre personne n’est pas au bord de la mort… Mais elle se méfie. Elle s’est retrouvée dans des situations délicates plus d’une fois, et il suffit d’un interlocuteur avec un couteau ou un accès de colère pour que les choses tournent mal. Avec prudence, elle relève les yeux vers la brune, incertaine de ce qu’elle va y trouver, et prête à sauter sur ses jambes si la situation le demande. « What the hell? » Oui, c’est à peu près ce qu’elle est en train de penser, aussi. Qu’est-ce qui a bien pu lui laisser faire une faute pareille ? Nina a bien une petite idée - mais refuse d’accepter l’idée qu’elle se soit simplement laissée déconcentrer par un visage magnétique. Des beaux visages, elle en voit tous les jours, toutes les nuits. Son activité professionnelle est basée sur la beauté. Ce n’est pas son genre de fixer, ni de se laisser happer par de beaux traits. « Did someone push you or did you just think I'd make a marvelous mattress? » Nina observe l’embryon de sourire au coin des lèvres de la fille, et sa respiration lui fait un peu défaut. Elle toussote comme une débile - parfait pour crédibiliser sa tenue de ninja - et répond, un petit sourire aux coins des yeux : « If I say you actually make a marvelous mattress, will you kill me? » Elle ne sait même pas comment elle a réussi à prononcer cette phrase avec autant d’assurance étant donné la situation. Elle est presque déçue en voyant que la fille ne l’a probablement pas entendue, trop occupée à récupérer le vinyle qui a atterri un peu plus loin, en un seul morceau.
Le vinyle. C’est pour ça qu’elle est là.
Les yeux de Nina s’écarquillent un peu - elle avait complètement oublié la mission, le temps d’un instant. « It's awfully impolite to spy on people though so I'll assume you deserved it. » Nina hausse les sourcils. La fille ne semble pas particulièrement hostile, ni prête à l’agresser. Il y a peut-être moyen de négocier. Peut-être. « I did not. » lâche-t-elle. « Actually, it’s your fault. » Très bien, donc son cerveau parle sans filtre, sans même qu’elle ait validé la situation. Très bien. « You got out of this place looking like a queen and your beauty made me trip. » Elle n’a absolument aucune idée d’où lui vient cette confiance. On dirait que quelqu’un a pris le contrôle de son corps. Ou peut-être, tout simplement, que Nina - l’habituée de la séduction des publics - a repris ses droits pour laisser Ash dans un coin. « Not even kidding. » Elle étire un sourire sur ses lèvres, un sourire que l’autre fille n’aura pas la chance de voir, puisque sa bouche est toujours masquée.
« I’ve never seen you around. » finit-elle par dire, en plissant légèrement les yeux. « I would remember. » Assurément, elle s’en souviendrait. Déjà maintenant, alors que ça fait quelques secondes qu’elles sont l’une face à l’autre, Nina peut dire sans hésitation qu’elle n’oubliera pas le visage de si tôt. « Did you fall from heaven ? » Les notions d’enfer et paradis ne parlent pas à la majorité des gens - du moins pas dans le sens que Nina suggère. Les récits des religions se sont perdus depuis bien longtemps : elle les connaît seulement parce que les Rhodes les lui ont fait étudier quand elle était gamine, et sont encore aujourd’hui enfermés dans leurs croyances archaïques. Elle n’attend pas de son interlocutrice qu’elle saisisse l’ampleur de ce qu’elle vient de dire. Les anges, la pureté, tout ça. « Oh. I’m so rude, what the fuck. I’m really, really sorry. Are you okay? Broken bones, blood, scars? » Un minimum de politesse s’impose, quand même, maintenant qu’elle sait que la fille ne va pas lui sauter à la gorge (pour l’instant).

Zazala n’est plus aussi agacée qu’elle devrait l’être de s’être faite tomber dessus aussi violemment, ce qui relève en soi d’un petit miracle. Même si elle a accusé son agresseuse (apparemment involontaire) d’espionnage, celle-ci a l’air plutôt maladroite pour une espionne et puis elle semble avoir un peu trop d’humour aussi. « I did not. Actually, it’s your fault. » Et puis surtout, elle ne fait aucun sens. Peut-être qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans sa tête, ça ne serait pas très étonnant de quelqu’un qui traîne sur les toits pour espionner des gens (à peu près) sans histoire. Zazala hausse les sourcils comme pour la mettre au défi d’élaborer et de lui dire en quoi elle, qui faisait tranquillement son petit bout de chemin sur la terre ferme sans embêter personne (pour une fois), est responsable de la chute de cette inconnue. Pas besoin d’insister ceci dit pour que celle-ci poursuive très calmement : « You got out of this place looking like a queen and your beauty made me trip. » Elle croit évidemment d'abord à une blague, mais l’autre fille a l’air tout à fait sérieuse, et c’est un peu plus fort que Zazala, un petit sourire fend ses lèvres ; ce genre de compliment est toujours bon à prendre. Elle se méfie un peu, quand même, l'autre doit juste chercher à l’amadouer même si elle a du mal à imaginer pourquoi ou pour quoi, tout comme elle a du mal à imaginer pourquoi elle aurait pu être en train de l’espionner depuis les toits. Ce n’est pas que Zazala ne se croit pas intéressante, bien entendu, mais peut-être pas au point d’être suivie non plus. À moins que l’autre en ait après son portail vers la Terre. « Not even kidding. » Elle a un masque qui lui cache la moitié du visage, mais Zazala pourrait jurer qu’elle sourit derrière, ça lui donnerait presque envie d'en faire de même.

« I’ve never seen you around. » poursuit-elle en plissant légèrement les yeux. Zazala pourrait bien lui rendre sa remarque, mais elle ne pourrait pas en être certaine dans le fond vu qu’elle ne voit pas grand chose de ses traits. Ça lui plaît et l’agace à la fois, parce que ça l’intrigue et rend l'autre plus intéressante à ses yeux et en même temps ça lui donne l'impression d'être en position de faiblesse. « I would remember. » Elle pourrait presque croire qu’elle est en train de se faire draguer, si les circonstances ne la mettaient pas au moins un peu en garde. Elle a largement de quoi se méfier, même si l’autre a l’air relativement inoffensive. Les apparences sont souvent trompeuses, Zazala le sait bien. Surtout à Néphède. « Did you fall from heaven ? » Ou peut-être qu’elle se fait vraiment draguer en fait. C’est un peu curieux et amusant et Zazala n’est pas rebutée malgré leur rencontre peu conventionnelle, parce qu’après tout ça ne rend l’autre fille que plus intrigante, même si elle aimerait mieux voir son visage et se faire une idée de si elle lui plaît comme ça, elle aussi. « Corny. » La pick-up line la fait un peu rire, elle se demande s’ils draguaient comme ça les gens avant, sur Terre avant l’apocalypse et le Lobster, quand ils croyaient encore en masse au Paradis et à l’Enfer. C’est un peu nul — et puis Zazala est loin d’être un Ange si c’est bien ce que l’autre sous entend —, mais original, ceci dit, est-elle bien forcée d'admettre.

« Oh. I’m so rude, what the fuck. I’m really, really sorry. Are you okay? Broken bones, blood, scars? » Zazala rit un peu plus franchement, cette fille fait vraiment tout à l’envers, mais c’est plutôt drôle et charmant, elle aime bien. Elle tâte un peu plus le vinyle pour vérifier qu’il n’est pas amoché avant d’hausser les épaules. Elle a sûrement quelques bleus, rien de trop grave ceci dit, de toute manière elle n'est plus à quelques cicatrices près. « Nah I’m good. » Ou du moins, autant que faire ce peut quand on a servi d’amortisseur à une femme tombée d’un toit, mais comme elle n’a rien de cassé et que l’autre la fait rire, elle ne se plaint pas trop. Et puis le vinyle est intact. « You? » Elle hausse un sourcil en lui rendant sa question avec un léger sourire en coin. Pour être honnête, la politesse voudrait surtout qu’elles échangent leurs prénoms, mais Zazala a comme l’impression que si elle le lui demandait l’autre ne le lui donnerait pas, ou alors elle lui en donnerait un faux. Elle n’est définitivement pas comme les autres. « You sure you didn’t hit your head by any chance? » Parce que c’est peut-être ce qu’il faut pour lui avoir fait autant de gringue — non que Zazala ne s’en plaigne vraiment. « You almost cost me my vinyl, I would have been very upset. » Il ne lui a pas coûté aussi cher qu’il aurait pu, qu’il aurait dû, mais tout de même, elle aurait très peu apprécié rentrer bredouille sur Terre. Ça ne la dérangerait pas trop toutefois de rentrer avec un autre token de son escapade à Néphède, le numéro de la mystérieuse cascadeuse par exemple. Après lui être tombée dessus, le moins qu'elle puisse faire c'est lui offrir un verre. « Do you have a name or is that a well-kept secret like your smile? »

« Corny. » Nina pince les lèvres derrière son masque et baisse légèrement les yeux. Si l’obscurité des rues de Néodam laissait moins de mystère, la brune verrait sûrement le rose qui s’est invité sur ses joues. Elle a encore du mal à croire qu’elle a eu autant de culot. Mais est-ce qu’elle le regrette ? Pas une seconde. Ses pick-up lines pourries auraient pu envenimer la situation ; au lieu de ça, l’atmosphère semble s’être vraiment détendue. Et puis peut-elle vraiment regretter, alors que les petites ridules au coin des yeux de l’inconnue donnent encore plus de charme à ce beau visage qui l’a fait trébucher ? Nina ne sait pas très bien ce qui lui passe par la tête. Elle est du genre flirty, mais toujours parce que c’est la meilleure stratégie pour se mettre des gens dans la poche ou pour échapper à des situations qui pourraient mal se terminer. Ça fait longtemps qu’elle n’a pas sorti son côté charmeur… Juste comme ça. Il lui fallait toujours une bonne raison, souvent professionnelle. C’est bizarre et en même temps… Ça fait du bien.

La jeune Rhodes retrouve ses manières un peu tard, mais mieux vaut tard que jamais, pour s’assurer que son matelas vivant n’a rien de cassé. La jolie brune fait un petit check-up, et Nina se rappelle une nouvelle fois de pourquoi elle est là quand elle s’assure que le vinyle est en bon état. Sa mission ne cesse de sortir de ses pensées ; William ne serait vraiment pas fier d’elle. « Nah I’m good. » Nina sourit légèrement, oubliant qu’un masque empêche la fille en face d’elle d’avoir accès à ses réactions. « You? » Elle hausse les épaules, ignorant les picotements sur son ventre, qui trahissent la présence d’une grosse éraflure qu’elle va devoir bien désinfecter plus tard. « I’m fine. » Franchement, elle sait qu’elle a eu de la chance. Sans la fille, et si la chute avait été de quelques mètres plus haut, les choses auraient probablement été bien différentes. « You sure you didn’t hit your head by any chance? » Nina sourit de plus belle et lève des yeux pleins de malice au ciel. Elle pourrait se poser la même question, à vrai dire, vu tout ce qu’elle a osé sortir depuis qu’elles se sont relevées.

« You almost cost me my vinyl, I would have been very upset. » Le vinyle. Le vinyle. Il était encore sorti de son esprit. Merde. Nina n’a aucune envie de briser le charme, mais elle est quasi-sûre que déposséder la brune de l’objet qu’elle a sous le bras ferait éclater leur petite bulle. Il faut qu’elle pense à quelque chose, et vite. « Do you have a name or is that a well-kept secret like your smile? » Le masque. Lui aussi, elle l’a oublié. Décidément, mais où est passée sa capacité de réflexion qui est pourtant son allié le plus précieux ? Nina ne tergiverse pas longtemps avant d’enlever son masque, même si peser davantage les pour et les contre aurait peut-être été une bonne idée. De toute manière, elle est grimée ce soir, et même si elle semble se révéler à l’inconnue, celle-ci ne verra qu’Ash, le cheshire cat des Wonderlanders, et pas la véritable Nina Rhodes. Elle ne risque pas grand-chose, right ? Elle fourre le morceau de tissu dans la poche de son jean noir, et se rapproche un peu de la brune, avant de tendre une main aux ongles parfaitement vernis, de la même couleur que sa perruque rouge. « You can call me Ash. I can’t disclose my real name for… security reasons. » dit-elle, toujours avec son sourire en coin. « What should I call you ? » Elle ne demande même pas un vrai nom - après tout, elle ne peut elle-même pas dire la vérité. Un pseudo lui suffira, elle veut juste pouvoir mettre un semblant d’identité sur ce sourire.

Son regard trouve une nouvelle fois le vinyle. Shit. Elle s’humidifie les lèvres, pensive, et décide de jouer la sincérité. « So… I hate to interrupt… Whatever this is but… » Elle regarde la brune, un peu navrée. « I was supposed to bring this vinyl to my boss tonight. He really wants it… But something tells me that you’re not just gonna hand it to me. » Nouveau sourire. Là, c’est le moment où Nina est censée proposer un prix pour le lui racheter, ou lui dire qu’elle va le lui prendre, quelle que soit la manière. « Do you… by any chance… Have something I could bring back to him instead ? Something that would fascinate him enough to make him forget that I didn’t get what he wanted ? » Si les Wonderlanders étaient là, ils lui frapperaient l’arrière de la tête avec un what the fuck are you doing? plein de jugement. Mais ils ne sont pas là. Et personne ne saura qu’elle a trouvé le fameux vinyle, pas vrai ? Elle peut toujours dire qu’elle n’est jamais tombée dessus. Nina est tentée de lui demander son numéro aussi… Mais pourrait-elle vraiment flirter sérieusement avec quelqu’un, sous cette identité ? Ça lui semble un peu compliqué - impossible même, après réflexion.
L’ange tombé du ciel va inévitablement lui filer entre les doigts.

À la grande surprise de Zazala la fille enlève son masque sans grande hésitation. Si elle avait su qu'il suffisait de demander elle l'aurait probablement fait plutôt, surtout pour apercevoir son éclatant sourire, ce qui qui attire le plus l'attention dans tout ce visage enfin découvert. La fille se rapproche un peu, Zazala ne bougeant pas d'un poil, défendant son territoire en un sens, prise de court de nouveau quand l'autre lui tend la main. Elle remarque les ongles parfaitement bien manucurés, le vernis appliqué avec soin, dont le rouge brille un peu à la lumière de la lune. Ses mains sont belles, un peu trop, pour un rat des rues, à moins qu'elle ne soit particulièrement coquette. « You can call me Ash. I can’t disclose my real name for… security reasons. » Il est un peu tard pour les présentations, mais Zazala accepte la main tendue malgré tout, l'attrapant de sa paume qui n'est pas accrochée au vinyle. Après qu'elle se soit démasquée elle aurait pu croire que l'inconnue lui ferait part de son nom — ou prétendrait au moins que c'était le cas — mais elle n'est pas trop déçue non plus, un peu de mystère ne jamais de mal. « What should I call you ? » Zazala pondère la chose, note bien les mots choisis : Ash n'a pas l'air de lui en demander plus qu'elle-même n'a bien voulu en donner. Un pseudonyme fera bien l'affaire. Zazala n'en a pas vraiment cependant. À Néodam elle n'est personne, ça lui est parfaitement égal qu'on connaisse son nom, elle n'y est rien de plus qu'un fantôme qui va-et-vient à sa guise. Qu'on attrapera jamais même si on se mettait à ses trousses. Mais Zazala a envie de jouer, elle a envie d'attiser la curiosité d'Ash comme celle-ci a su le faire avec elle. Elle réfléchit, pense d'abord à donner le surnom qu'on lui donnait sur le terrain à l'époque et puis: « Patch » offre-t-elle très simplement, un rire incompréhensible agitant un peu la risette sur ses lèvres. Voilà bien des années qu'elle ne s'est pas faite passer pour son frère.

Leurs doigts retombent, Ash s’humidifie les lèvres, attirant automatiquement l'attention de Zazala sur ces dernières. Peut-être en était-ce le but. « So… I hate to interrupt… Whatever this is but… » Zazala ne peut prétendre savoir ce qu'il se passe, mais elle devine qu'il est temps de repasser aux choses sérieuses. Peut-être va-t-elle enfin lui dire pourquoi elle lui est tombée dessus. « I was supposed to bring this vinyl to my boss tonight. He really wants it… But something tells me that you’re not just gonna hand it to me. » Ash sourit et Zazala le lui rend bien, une jolie risette s'étalant lentement sur ses lèvres. Ainsi le vinyle a de la valeur, intéressant quand on sait qu'elle l'a choisi au pif et vendu pour quelques pauvres tokens venus de la terre. Sa pokerface ne laisse rien savoir de la surprise que représente cette révélation, elle se contente très simplement de hocher la tête pour confirmer la supposition de la jeune femme : non, elle ne va pas se contenter de le lui donner. À dire vrai, elle ignore quel prix Ash pourrait lui proposer qui serait suffisant à la faire se débarrasser du vinyle. Instinctivement ses doigts se resserrent sur la pochette, des fois qu'Ash essaierait de l'avoir de cette façon. « Do you… by any chance… Have something I could bring back to him instead ? Something that would fascinate him enough to make him forget that I didn’t get what he wanted ? » Un coin de ses lèvres se soulève plus que l'autre dans un sourire asymétrique, amusé, presque intrigué. Ash est décidément pleine de surprise, la chose la plus intéressante qu'il lui soit arrivée depuis un moment. Très distrayante. Peut-être qu'une fois les affaires réglées, elles pourront aller trinquer. Zazala a pas mal de choses dans son sac, des trinkets principalement, petits objets qui n'ont de valeur que le fait qu'ils soient impossibles à trouver dans ce monde. Ça pourrait intéresser le boss d'Ash. Potentiellement. « Depends, what does he like? » fait-elle sur un ton très détaché, faisant déjà l'inventaire de tout ce qu'elle a ramené avec elle. « And how much are you willing to pay for it? » ajoute-t-elle rapidement avec un sourire presque carnassier. Zazala aime bien Ash, elle la trouve intéressante, suffisamment pour ne pas avoir plus hurlé après s'être faite pratiquement agressée par une silhouette tombée du ciel, suffisamment pour ne pas causer une rixte, et pour ne pas avoir déjà tourné les talons aussi. Mais si elle a bien compris son interlocutrice, celle-ci lui propose de lui donner quelque chose, n'importe quoi d'intéressant, en échange du vinyle si ardemment désiré par son boss. Une offre alléchante si l'on oublie un léger détail : Zazala ne lui doit rien et le vinyle elle l'a obtenu fair and square. Ce n'est pas une faveur qu'Ash lui fait en la laissant le garder. Zazala ne sait pas qui elle est, ni ce dont elle est capable, c'est vrai, mais elle pense aussi avoir toutes ses chances qui un combat devait s'en suivre. Et elle n'a tout simplement aucune intention de payer le vinyle deux fois. « I do have quite a lot of stuff the guys in there » d'un mouvement du pouce elle désigne le hangar qu'elle a quitté il y a quelques minutes « found rather…fascinating » elle hausse une épaule, refermant un peu sa prise sur le vinyle en le soulevant un peu pour le montrer à Ash. « But as you can see, they didn't get 'em for free. »

« Patch » Nina hausse les sourcils, mais accepte ce nom sans froncer les sourcils. Au fond, elle est un peu déçue : elle s’attendait à quelque chose de plus… mélodieux. Quelque chose qui aurait fait justice à la beauté devant ses yeux. Au lieu de ça… Patch. Oui. Bon. Elle peut s’y habituer, mais ça lui rappelle surtout le surnom de l’un de ses vieux oncles croulants. Pas grave, c’est peut-être l’occasion de redorer l’image de ce prénom dans son esprit. Nina est sûre à cent pour cent que la brune en est capable.
C’est peut-être ce retour à la réalité qui l’aide à reprendre le cours des affaires plus sérieuses qui l’ont menée jusqu’aux tréfonds de Downtown. Mais bien qu’elle essaie de reconcentrer son attention sur sa mission, Patch ne rend pas les choses faciles, avec son sourire plein de charme. « Depends, what does he like? » Nina la regarde farfouiller dans son sac, qui émet des bruits familiers et étrangers : des objets qui s’entrechoquent. On dirait qu’elle détient la cave d’Ali Baba sur son épaule. Nina a bien envie de jeter un coup d’oeil à l’intérieur, plus par curiosité que par intérêt. Est-ce qu’elle y trouverait des éléments qui l’aideraient à mieux percer à jour la semi-inconnue qui lui fait face ? Probablement. C’est peut-être là d’ailleurs sa seule motivation pour jouer les curieuses. « And how much are you willing to pay for it? » Patch ne perd donc pas le nord. Nina sourit, malicieuse. Elle aura essayé, au moins. Elle n’est pas un white rabbit ni une march hare, et n’est donc pas la meilleure en négociation : son rôle, c’est choper des informations (et parfois des objets), espionner, et ramener tout au boss sans avoir une seule égratignure - pas étonnant que Patch ne soit pas tombée dans le panneau. Nina se promet de travailler son côté entourloupeuse quand elle est sous son identité secrète. Étrangement, elle est meilleure en magouilles et mensonges quand elle est sous sa véritable identité. « I do have quite a lot of stuff the guys in there » Elle parle des Heathens, bien sûr. Mais les Wonderlanders ne sont pas les Heathens. Et surtout, Will est loin de vouloir les mêmes choses que ses rivaux. « found rather…fascinating » Patch lui remet le vinyle sous les yeux. « But as you can see, they didn't get 'em for free. » Nina hausse les épaules. « Fair enough. »
Elle n’a pas grand-chose sur elle : elle s’embarrasse rarement d’objets, qu’ils soient de valeur ou non, quand elle est en mission. La dague planquée contre sa cheville n’a pas suffisamment de valeur pour qu’elle puisse la proposer à l’échange. Et puis, soudain, elle se rappelle de ce qu’elle a autour du cou. « I think I have the perfect way to pay you. Something unique, something… really special. » Elle se rend compte que ses propos peuvent prendre un double sens, et ça la fait légèrement rire. Elle tend une main devant elle, en signe de défense. « That’s an object. Although paying you in nature has briefly crossed my mind, I have to admit. » Petit sourire mutin, encore. « It has great value, but my gang’s not interested in that kind of stuff - they’re quite picky, I have to say - so they won’t take it. The Heathens, however... » Mensonge. Les Wonderlanders ont beaucoup de domaines d’expertise, et l’objet qu’elle propose d’échanger aurait beaucoup de valeur aux yeux des white rabbits du gang. Jusqu’à maintenant, Nina l’a gardé pour elle… Elle ne sait même pas pourquoi. Pour faire plaisir aux Rhodes, peut-être ? Mais ce soir, elle se sent toute disposée à s’en défaire, sans trop savoir pourquoi. Elle n’a pas menti, par contre, en sous-entendant que les Heathens seraient prêts à payer cher pour cet objet. « I need something as unique as him. If it has to do with music, whiskey fashion or fairytales, it’s even better. » Elle connaît Will sur le bout des doigts, et sait que si Patch lui propose l’objet idéal, elle saura le reconnaître tout de suite. « What do you have to offer? »

Il y a un temps de battement avant qu’Ash ne réponde, quelques instants de réflexion qui ont poussé Zazala à refermer un peu son emprise sur son vinyle, au cas où. Techniquement, elle n’a pas besoin de ça en particulier, ça lui a plu quand elle l’a vu mais elle n’était pas venue à Néphède ou même jusqu’à ce hangar pour ce disque en particulier, ni aucun disque d’ailleurs. Elle pourrait l’offrir à l’inconnue, surtout si celle-ci paye généreusement, mais une fois qu’elle a décidé de quelque chose, jeté son dévolu sur un objet, elle a bien du mal à se laisser convaincre de s’en débarrasser. Et puis, si Ash le voulait à ce point, c’est qu’il doit valoir plus qu’elle ne l’a payé. Donc autant le garder, se débarrasser d'une babiole néphédienne à la place. « I think I have the perfect way to pay you. Something unique, something… really special. » Répond elle finalement, Zazala arquant les sourcils devant l’ambiguité de la proposition. Elle se demande si c’est une maladresse, ou bien intentionnel — elle ne croit pas imaginer le fait qu’Ash lui fait du gringue depuis le début. Ceci dit, celle-ci rigole et lève une main comme pour calmer le jeu, comme si elle venait de se rendre compte du sens possible de ses mots. Maladresse donc. Zazala en serait presque déçue. « That’s an object. Although paying you in nature has briefly crossed my mind, I have to admit. » Elle sourit un peu et la lobsterrienne l’imite comme si l’idée de la dérangeait pas tant que ça, peut-être parce que c’est le cas. Elle ne la connaît pas (encore), mais ça peut toujours s’arranger. Elle préfère toutefois dissocier les affaires et le plaisir, conclure la transaction d’abord avec un vrai paiement et puis rediscuter de ce qui est apparemment passé par l’esprit d'Ash. « It has great value, but my gang’s not interested in that kind of stuff - they’re quite picky, I have to say - so they won’t take it. The Heathens, however... » Une petite moue fend les lèvres de Zazala, si ça n’intéresse pas le gang d’Ash, c’est que ça n’a peut-être pas tant de valeur — mercantile, du moins elle espère puisque c'est tout ce qui l'intéresse, elle — qu'Ash le prétend. Zazala n’a jamais vu personne après tout, et encore moins un gang cracher sur de l’argent. Elle ne dit rien ceci dit, laisse Ash finir sa proposition, toujours sans lui décrire l’objet : « I need something as unique as him. If it has to do with music, whiskey fashion or fairytales, it’s even better. » Son boss doit être un type étrange, Zazala se dit qu’elle aimerait bien le rencontrer. Un chef de gang qui aime les contes de fées, ça a quelque chose de plutôt cocasse, c'est ridicule et intéressant à la fois. Elle demandera à Patch s’il en a entendu parler.

« What do you have to offer? » Zazala fait mine de réfléchir un peu, elle n’a pas montré d’intérêt particulier pendant qu’Ash présentait son idée ou décrivait ce qu’elle recherche, première règle dans les affaires après tout : savoir conserver sa poker-face (sauf éventuellement pour montrer son mécontentement réel ou prétendu). Tout ce qu’elle a dans son sac est unique parce que ça vient d’un autre monde, cette case-là, elle peut la cocher d’office. Elle n’a pas d’alcool sur elle, ni de vêtements et puis la mode terrienne est trop différente de celle de Néphède de toute façon. Musique et conte de fées en revanche… Elle n’a pas besoin de réfléchir trop longtemps, elle part toujours du camp avec un inventaire mental très précis de ce qu’elle emporte. Et elle n’a pas tendance à l’oublier, même après avoir été perturbée comme elle a su l’être par la curiosité ambulante qu’est Ash. Elle prend son temps malgré tout avant d’offrir un petit sourire à l’inconnue. « I might have something that fits the criteria… » Plus d’un critère, trois en même temps. Elle pense que ça va plaire à Ash quand elle le verra. C’est à dire une fois qu’elle aura vu ce que celle-ci propose en échange. « I’ll show you mine, if you show me yours… » son sourire s’approfondit légèrement, devient presque malicieux, le sous-entendu dans ses mots tout à fait volontaire. Elle se demande si Ash serait de nature à en rougir. Sans attendre, Zazala plonge la main dans son sac et y fouille jusqu’à ce que ses doigts, à l’aveugle, trouvent ce qu’elle cherche, sans toutefois qu’elle ne sorte l’objet de son sac — elle plaisante, mais elle est aussi sérieuse, elle ne le sortira que quand Ash lui aura montré son moyen de paiement. Mais ses doigts se referment sur la babiole, une réplique des boîtes à musique qui se trouvaient sur Terre avant le Chaos — il y en avait des originales, des vraies sur le Lobster, gardées par certains des premiers lobsterriens, mais celles-là valent très chères puisque rares et avaient été placées sous vitre à l’époque, probablement brisées pendant le Crash. Ce n’est qu’une réplique, mais ancienne malgré tout, et très bien faite, avec une jolie mélodie (elle aussi piquée à l’original de la Terre avant Chaos) qui s’en échappe — apparemment instrumentale d’une chanson Disney — la boîte elle-même est joliment décorée de la la princesse assortie à la musique. Oui, ça sera vraiment parfait pour ce qu’Ash recherche, elle doute qu'il y en ait des pareilles ici. « I gotta warn you though: it is really rather special and I hope your price is high enough for it… » Elle peut en trouver d’autres, ils en ont d’autres sur le camp, la même et puis des différentes avec d’autres histoires de Disney ou bien même des chansons qui n’ont rien à voir — des vielles mélodies par des compositeurs que les gens à l’époque considéraient "classiques" et dont on n’apprend aujourd’hui même plus les noms. Mais quand même, Zazala n’est rien si elle n’est pas douée en affaires et elle ne vend jamais rien sans réel profit, même pour un sourire aussi joli que celui de Ash.

« I might have something that fits the criteria… » Nina hausse les sourcils. Après avoir évoqué les préférences de Will, elle s’attendait plutôt à ce que Patch souligne la difficulté de trouver des objets de valeur qui cochent une ou plusieurs de ces cases. « I’ll show you mine, if you show me yours… » Bien sûr. Nina expire d’un petit rire amusé, son sourire s’étire à l’instar de celui de Patch. Elle se demande où ce jeu des doubles-sens va les mener. L’idée que la réponse la plus probable soit nulle part l’attriste un peu. Ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu un échange aussi… électrisant. Patch commence à fouiller dans son sac, alors Nina lève les bras et décroche doucement le collier qu’elle porte autour du cou. C’est probablement une mauvaise décision. Elle ne devrait pas se séparer de ça. Ses parents le remarqueront à l’instant où elle passera la porte de l’appartement immense des Rhodes. Ce collier, elle l’a depuis qu’elle est gamine, et on la force à le porter à chaque apparition publique - histoire de montrer que la famille profite de ces reliques que tout le monde rêve de toucher au moins une fois dans sa vie sur Néphède. Il faut rappeler l’importance de la famille. Il faut rappeler que sans les Rhodes, Néphède ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui.

C’est une mauvaise décision, et c’est une décision irraisonnée. Elle aurait pu vendre ce truc depuis des années, mais elle l’a jamais fait. Elle s’est toujours raccrochée à l’objet - dans une relation d’amour-haine étrange. Alors pourquoi maintenant ? Elle essaie de ne pas trop réfléchir, parce que réfléchir pourrait lui faire changer d’avis. « I gotta warn you though: it is really rather special and I hope your price is high enough for it… » Nina lève les yeux, la paume refermée autour du pendentif. Who do you think I am? Wonderlanders are not swindlers. dit-elle en soupirant. We have a code of honor, not like these... Ses yeux glissent vers la porte qui mène au point de rendez-vous des Heathens, mais reviennent vite vers Patch. Parce qu’elle a besoin de montrer à la brune la valeur de son objet, elle se rapproche de quelques pas, doucement, et la nouvelle proximité lui permet de mieux apprécier les traits de la jeune femme. Toujours doucement, avec prudence, elle lève le bras, et révèle le pendentif à la voleuse du Bowie. Ce collier date d’avant l’apocalypse. Or et diamant. Ces deux matières sont ultra-rares, aujourd’hui, puisqu’on n’a jamais réussi à en trouver sur Néphède autrement que sur les bijoux que portaient les rescapés de l’apocalypse. Dans les provinces, on a bien réussi à trouver de nouveaux matériaux, de nouvelles pierres, mais rien qui ne soit aussi délicat que le diamant. Il a été fait à la main par l’un des plus grands joailliers de l’époque. Elle se rapproche un peu, parle un peu plus bas, jouant sur le ton de la confidence. Il est unique. Elle lâche Patch du regard pour reposer les yeux sur le collier. Il appartenait à l’une des familles les plus éminentes de Néodam, jusqu’à ce que je réussisse à le soutirer à sa propriétaire. ment-elle avec un sourire en coin. Des gens tueraient pour un tel bijou. Elle ne dit pas ça par hasard - des collectionneurs obsessionnels ont déjà envoyé des commandos pour voler des reliques, à Néodam, et plus d’un a essayé d’entrer dans la forteresse des Rhodes - en vain. Elle a menti, quand elle a dit que le bijou n'intéressait pas les Wonderlanders. Normally I don’t make that kind of offer. But I feel like this would be in good hands with you. Nina est à peu près sûre que la chose que Patch lui proposera ne vaudra pas un dixième de ce que vaut ce collier. Mais elle s’en fiche un peu, elle se sent prête à se débarrasser de cette collier - cette chaîne tenue par la famille qui dicte sa vie. Avec un sourire, elle passe ses mains de chaque côté du cou de Patch et passe le collier autour de son cou. It looks really good on you, maybe you should just keep it instead of selling it… Elle observe, et quand elle se rend compte qu’elle fixe un peu trop la peau de la jeune femme, elle fait un pas en arrière et reprend le collier dans sa main. I showed you mine. Now show me yours. Elle penche légèrement la tête sur le côté.

Ash ne semble pas trop déroutée par le discours de Zazala, elle doit sincèement penser que ce qu’elle a à lui proposer à une très grande valeur. Tant mieux. Who do you think I am? Wonderlanders are not swindlers. La lobsteriene tente de garder sa surprise et sa curiosité pour elle. Une Wonderlander donc. L’info est nouvelle et pas des moindres, Zazala a entendu parler d’eux bien entendu, à travers Patch surtout, puisqu’elle-même n’avait pas encore eu la joie d’en rencontrer. Elle les connaît de nom et sait qu’ils sont plutôt bien établis à Néodam, curieux donc que l’objet qu’elle lui propose ne les intéresse pas. We have a code of honor, not like these... Les Heathens. La rivalité inter-gang l’amuse puisqu’elle n’a pas à s’en inquiéter. C'est plutôt distrayant, de son point de vue à elle. Ash quant à elle, ne reste pas longtemps distraite par son mépris pour l’association rivale, reposant le regard sur la terrienne et s’approchant un peu, beaucoup. Lentement, prudemment devine Zazala, elle lève un bras et dévoile le pendentif à son cou, jusque-là masqué sous ses vêtements. Un éclat traverse rapidement les yeux de Zazala. Ce collier date d’avant l’apocalypse. Or et diamant. Elle aurait presque pu le deviner, la qualité du pendentif est évidente. Il n’en reste pas moins que l’entendre la surprend presque. Si c’est vrai, alors ce collier a une valeur monstre ; les Wonderlanders sont-ils si riches qu’ils n’en ont pas besoin dans leur collection ? Ça semble improbable. Patch le lui aurait dit s'ils étaient si bien lotis. Cet imbécile aurait justement déjà cherché à les délester d'un peu de leur fortune. Zazala pense qu’il doit y avoir un piège, ce bijou a déjà dû être volé une fois (au moins) et peut-être que quiconque essaierait de le revendre à Néodam se ferait automatiquement repérer. Par chance, elle serait en mesure de s’en délester en dehors de la ville, sur Terre par exemple. Là-bas aussi, ces matériaux se font rares, il n’y avait sur le Lobster que ceux des bijoux des rescapés, et sur Terre les survivants ont eu d’autres chats à fouetter que d'aller se perdre dans des mines abandonnées depuis deux millénaires. Zazala savait déjà bien entendu que les Néphédiens se considéraient aussi les descendants des Terriens avant le Chaos, mais ça lui fait toujours un peu étrange de l’entendre — quand les gens mentionnent l'apocalypse justement. Ça lui fait bizarre de se dire que tous ces mondes, ces quatre mondes qu'elle connaît grâce à son cluster viennent finalement du même.

Il a été fait à la main par l’un des plus grands joailliers de l’époque. Ash se rapproche encore, s’exprime plus bas, sur le ton de la confidence, comme pour l’amadouer ce dont le visage encore fermé de Zazala semble indiquer qu’elle a besoin. Il est unique. Il appartenait à l’une des familles les plus éminentes de Néodam, jusqu’à ce que je réussisse à le soutirer à sa propriétaire. Un petit sourire en coin d’Ash lui fait penser que cette histoire doit être intéressante, ou bidon, au choix. Peu importe, Zazala apprécie l’information honnête (mais masquée) que la possession de ce collier doit attirer des ennuis. Des gens tueraient pour un tel bijou. Elle hausse les sourcils pour accueillir l’avertissement. Pas sûr que si elle habitait à Néodam de manière permanente ça serait un super argument de vente pour elle. Par chance elle a où le cacher, bien loin d’ici.  Normally I don’t make that kind of offer. But I feel like this would be in good hands with you. Zazala réprime un petit rire, laisse apparaître à la place une fine risette amusée. Elles ne se connaissent pas et son feeling, si tant est qu’il soit réel, est certainement erroné. Mais loin d’elle l’idée de refuser un compliment, bien entendu. Sans prévenir, mais sans brusquerie non plus, Ash passe ses mains de chaque côté de son comme pour lui faire essayer le bijou, Zazala totalement figée sur place, attendant que le moment passe, prête à se défendre au besoin. It looks really good on you, maybe you should just keep it instead of selling it… Ash observe un moment le résultat, même après avoir émit sa critique, et Zazala a comme le sentiment que ce n’est pas que le diamant qu’elle regarde. Non que ça la dérange beaucoup. Elle note, sans trop savoir pourquoi, que celle-ci est parvenue à ne pas l'effleurer du bout de ses doigts. Finalement Ash recule d’un pas, sans oublier de reprendre son collier.  Il serait dommage qu’elle se le fasse voler si facilement. I showed you mine. Now show me yours. Zazala s’autorise un autre sourire, un peu plus franc, sortant enfin la boîte à musique de son sac, sans pour le moment défaire la ferme étreinte de ses doigts. Elle non plus, elle ne voudrait se la faire voler si facilement. « Funnily enough, my thing also pre-dates the Apocalypse.» Pas vraiment. Mais elle a été faite probablement un siècle tout au plus, plus tard, sur le Lobster et comme elle ne va pas s’amuser à expliquer le Lobster à Ash… Autant mentir et prétendre que ça vaut encore plus que ça n’en a l’air. « Music and fairytales, you said?» fait-elle mine d’hésiter avant de lentement desserrer ses doigts autour de la petite boîte. « Handmade. » précise-t-elle, en laissant Ash l’observer de plus près, sans la lâcher totalement pour autant. « I believe the song is from an old Disney movie… The Little Mermaid…. » Et les décoration de l’objet sont assorties évidemment, minuscules poissons et étoiles de mer décorant sobrement l’extérieur doré, l’intérieur refermant une jolie sirène miniature aux cheveux rouges. Elle l’ouvre justement sous les yeux de sa potentielle cliente, faisant tourner la petite manivelle, une ou deux fois pour laisser un embryon de la mélodie s’échapper. « Do we have a deal? » Elle la referme sans prévenir, mais non sans douceur, pour ne pas l’abîmer. L’article d’Ash vaut objectivement plus que le sien, mais si le boss des Wonderlanders est aussi spécial qu’elle l’a annoncé, alors il lui semble que l’affaire est, effectivement réglée. La potentielle valeur sentimentale de la boîte à musique est conséquente et, pour elle personnellement, elle ne vaut rien de spécial.