Invité
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Whatever it takes
19:40:29..28..27.. Le regard piégé sur l'avant-bras, sur le compte-à-rebours qui annonce une sentence inéluctable. Malgré tous ses efforts, malgré toutes ces heures et toutes ces nuits passées à gagner un peu de temps, un sursis futile mais ô combien indispensable, elle sait qu'arrivera un jour où plus rien de tout ça n'aura la moindre utilité, où rien de tout ça ne parviendra à la sauver de la mort. Et quand l'effet de l'Arkham commence à descendre, quand le coup de fatigue vient la heurter de pleine face, elle se prend souvent à se demander si crever ne vaut-il mieux pas que vivre cette vie de misère, à essayer par tous les moyens de survivre un jour de plus. Si abandonner ne vaudrait pas mieux que de se battre, encore et encore, contre un système qui ne veut pas d'elle, qui s'acharne à lui refuser une vie digne, une vie humaine. Traitée comme un animal par les puissants, abandonnée aux portes du désert, laissée là tel un barrage entre leur luxueuse cité et la violence de la nature, forcée de les regarder parader dans leurs vêtements chics, avec leur technologie de pointe, leur luxe imposant ; sa mort ne marquerait sans doute personne, il n'y aurait pas d'âme pour venir la pleurer. Pas même Adrian, pas même Mikhaïl. Personne.
Quelques heures de sommeil, juste assez pour être reposée. Elle ne peut pas se permettre de trop dormir, de gâcher ce précieux temps qui ne lui sert à rien d'autre qu'en gagner un peu plus. Une vie dévouée au travail, au gain, à ces petites accroches qui lui permettent de respirer encore un peu. 15:15:25..24..23.. Le même rituel tous les matins, quand elle se lève ; ce regard qui vient vérifier combien de temps il lui reste à vivre. Et toujours cette même sensation qu'il s'agit de ses dernières heures, qu'elle ne parviendra pas à en gagner assez pour survivre un jour de plus. Sensation horrible, qui lui dévore le ventre et brûle son palpitant de l'intérieur, alors que ses options pour lutter contre ça sont minimes, si ce n'est inexistantes. La Black Wave n'est pas prête pour renverser le système, elle non plus. Et son entrée dans le monde d'en haut, de l'élite, semble s'éloigner encore un peu plus alors qu'Adrian ne lui donne toujours pas la chance qu'elle attend de plus en plus avec impatience. Quelques enregistrements en studio ne suffisent pas pour lui donner cette opportunité, pour se faire connaître de tous. Elle a besoin de quelque chose de plus concret, de plus utile. De la scène, c'est tout ce qu'elle demande ; une chance de montrer à tous, et non uniquement à lui, ce qu'elle est capable de faire, ce dont elle est prête pour atteindre ses rêves et ce statut de star qui la protégerait du besoin, tant que le système existe.
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Le doigt vient écraser avec plus de force que prévue le bouton d'appel, quelques secondes s'écoulent avant qu'une voix ne s'élève du haut parleur. Présentation rapide, raison de la visite, et la porte s'ouvre alors pour laisser la blonde-rosée entrer dans le studio d'enregistrement appartenant à Adrian. Elle veut lui parler, lui demander pourquoi les choses n'avancent pas, pourquoi il ne tient pas les promesses faites ce jour-là. Ce ne serait pas le premier à briser sa parole, à refuser à Mara un accès à la richesse pourtant promis, à lui tourner le dos alors qu'elle semblait enfin apercevoir le bout du tunnel. Tout ça, Mika l'a fait avant lui. Ce ne serait qu'une autre fois, qu'un deuxième coup planté dans son dos, qu'un autre qui alimenterait sa haine de New Brasilia et de tous ces vautours qui y rodent.
Elle est placée dans une large pièce s'apparentant à une salle d'attente, où il lui est demandé d'attendre. Sous prétexte qu'il est occupé, qu'il est en salle d'enregistrement avec un chanteur. Alors elle tourne en rond, fait les cents pas, voit le temps défiler sur son bras sans qu'elle ne puisse rien faire. Elle ne peut pas attendre comme ça, elle ne peut pas se permettre ces minutes inutilement, et ça ils ne peuvent pas le comprendre, eux qui ont des années voire des siècles d'espérance de vie. Ils ne peuvent pas comprendre ce que c'est, quelques minutes, pour quelqu'un qui n'a qu'une dizaine d'heures à vivre. « Inutile, je connais le chemin. », dit-elle en quittant la salle d'attente, et alors que la secrétaire s'apprêtait à se lever pour l'empêcher de s'enfoncer dans le bâtiment. Elle veut juste parler avec Adrian, pas se farcir une pouffiasse pendant des heures. Et alors que seul le silence règne dans les couloirs, elle finit par apercevoir la porte de l'une des chambres d'enregistrement, avec cette lumière rouge juste au dessus. On air, elle s'en tamponne, elle a pas le luxe pour ça. Alors elle entre, sous le regard plein d'incompréhension de l'artiste en herbe. Et sans un regard pour ce dernier, elle se dirige vers le micro, se penche vers lui. « Adrian, faut qu'on parle. Et ça peut pas attendre. » qu'elle lui dit, tout en penchant le bras vers la baie vitrée juste devant elle, pour lui montrer le peu d'heures qu'il lui reste.
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