two faces of the same coin ((madsin#1))

Pour l'heure, Sin n'est pas encore prête à accepter le concept d'une famille qui l'attend autre part ; une famille tout court, pour elle, où elle trouverait sa place. Elle n'attendait pas forcément ces gens, elle s'est habitué à leur absence à ce qu'ils n'existent que dans ses rêves. Ceux qu'elle n'ose pas avouer. Et même si c'est quelque chose qui continue de lui faire de la peine, elle s'est laissée porter par cette petite voix qui lui dit que personne ne l'attend nulle part, qu'il ne faut pas attendre des autres, que l'attente est longue et n'amène rien. Elle n'est pas cette fille qui tend son mouchoir au passage du train dans lequel se trouve son âme soeur, elle n'est pas cette romantique qui vieillit d'attendre. C'est mieux ainsi. Elle se déçoit rarement et quand c'est le cas, pas pour longtemps. L’autosuffisance est une liberté et, sans doute cherche t-elle d'avantage à être libre. La blonde n'est pas encore apte à laisser des gens entrer dans sa vie, changer ses vielles habitudes et ses manies. Elle est rodée à une vie en solitaire, avec tout ce que cela apporte. Son individualisme, son manque de compassion, ce détachement, le regard vide vers les clochards sur les trottoirs. L'indifférence face à quelque chose de cruel ; tant que ça ne touche pas sa petite vie tranquille. Il lui faut encore ronger quelques os, remuer ciel et terre et apprendre auprès de ses compagnons sur Terre, il lui faut encore quelques temps, des jours, des mois, peut-être des années. Son heure viendra comme elle vient à tout un chacun, mais ce n'est pas encore pour maintenant. Cela n'a pas d'importance, maintenant la graine est plantée. Il ne reste plus qu'à l'arroser de belles paroles et laisser les idées germer d'elles même, viendra alors un jour où elle fleurira d'elle même. Sinned peut être une rose aux beaux pétales si l'envie lui vient, elle peut garder ses épines, mais s'ouvrir aux autres pour dévoiler la beauté de son intérieur. Apprendre, alors, déjà, à s'aimer telle qu'elle devrait l'être, pas pour l'image monstrueuse qu'elle se fait de sa personne. Les mots de Max ne la touchent pas au coeur comme des flèches ou le tranchant d'une lame, ils glissent avec délicatesse, comme de l'eau sur des feuilles. Même si l'expression dans ses yeux est curieuse, les sourcils froncés et un brin de surprise, la blonde ne cille pas. Elle s'autorise même le luxe, de sourire discrètement, avec pudeur. Elle s'attendait à la haine, celle qu'elle avait dans son for intérieur. Elle voulait la voir se refléter. Max est plus fin et intelligent, il  lui offre une possibilité. Une échappatoire.
Tout ce dont elle rêve, c'est une porte de sortie. Fuir Altéa n'a engendré que plus de problèmes et de déchirements. Elle doit trouver son chemin ailleurs que dans une course contre le passé, mais en acceptant ce qu'elle a fait et en laissant l'avenir venir à elle. Cet avenir qu'elle aperçoit, pourrait enfin être paisible. Quand bien même son caractère ne laissera jamais la tranquillité s'installer, il aura au moins l'avantage de ne pas lui faire risquer sa vie. Elle réagir, plutôt, quand Max évoque Romir. Cette fois-ci, le surprise ne laisse plus aucun doute. Ses doigts referment leur prise sur la tasse et elle sent la morsure de la chaleur contre son épiderme. Elle retient la chute de la petite coupe de porcelaine. Souffle sur le thé exactement comme Max le lui a apprit, mais prend une trop grosse gorgée qui lui brûle la gorge. Elle tousse. Gênée. Elle sait de qui il parle. Romir lui en a parlé... Est-ce que Romir à déjà parlé de quelque chose d'autre ? Il a souvent évoqué le sujet de son frère disparu, qu'il s'en voulait de ne pas avoir été là pour lui, à se traiter de minable et évoquer une époque révolue qu'il a du fantasmer plus qu'autre chose. Qu'il avait fait une grosse bêtise - plus tard, elle avait su pour Olivier, sans jamais faire le lien. De toutes cette histoire, elle en a tiré la conclusion qu'Ajay était mort. Romir a perdu son père il y a peu, sa mère elle, depuis longtemps. Elle l'a cru orphelin, seul au monde, comme elle. Elle l'a plaint, lui a même laissé chialer sur son épaule les soirs de beuveries. Que ce frère soit toujours envie la vexe fortement. Si elle avait quelqu'un de sa famille de sang encore en vie, elle ferait tout pour s'assurer qu'il aille bien. A la place, Romir se contente de pleurer sur ses actes passés et se convaincre qu'il ne mérite aucun pardon. Non. Il ne pourra pas être pardonner. Mais le silence lui est encore plus assassin. Les secrets finissent par se savoir, c'est pour ça qu'elle n'en garde aucun. Cependant sa loyauté et le lien silencieux qui l'uni à elle ne lui permet pas de juger ses actes. Elle le protège. Après tout, elle l'a aimé un peu. Je croyais qu'il était mort, ce frère. Mais apparemment ça à l'air d'aller. Elle repose la tasse sur la table, avec cette délicatesse qui ne lui appartient pas et croise les bras. Mais ce que je sais, c'est que cette personne n'a jamais osé reparler à son frère. Et tu crois que pour lui, tu es sa famille ? Il a abandonné son sang pour je ne sais quelles raisons. Ne va pas trop te faire d'idées. Cette famille... ce n'est pas une famille. Entre eux déjà, ils ne sont pas capable de se parler ! Le ton est cinglant. Ce n'est pas lui qui a vu Romir se ronger les ongles jusqu'au sang, à se demander si son petit frère n'est pas mort sans lui, tout seule, dans une rue sombre et putride. Le silence, c'est le silence de la mort, c'est pire encore. Parce que le silence veut tout dire et en même temps, il ne parle pas. Elle leur reproche à tous les deux, sans connaître Ajay, cette négligence. Personnellement. Pour une fois, elle prône le dialogue. Dans certains cas, c'est ainsi que ça doit se faire. Le sentiment est partagé au fait. L'idée que tu existes me... dégouttait. Mais ça va. Je m'attendais à pire.
Comme la fois où elle s'est rendu compte que Romir était sa foutue âme soeur. Au moins, elle le connaît. Elle sait qu'il ne tentera pas de faire d'elle l'épouse de ses enfants.

ils sont différents. ils sont semblables. deux faces d'une même pièce. truquée peut-être, la pièce, car ils ne suivent pas les règles d'un monde, des mondes, ni l'un ni l'autre. max ne pourrait dire ce qu'ils sont réellement. mais ils sont. ils existent, en face l'un de l'autre, et la chose est un fait qu'ils ne peuvent ignorer. la réalité est là, face à eux. max l'accepte alors, comme il accepte un millier de fait sans sourciller, car il n'a pas de temps à perdre avec des hésitations et que des débats ne changeront pas ce que le monde est, en réalité. il y a des choses qui sont et qui ne changeront pas. c'est une chose qu'il a accepté. comme il accepte les gens. comme il a accepté ajay facilement, quelques minutes à peine après s'être promis de le tuer. comme il a accepté son lien avec sasha après s'être persuadé qu'il le détestait si fort, simplement car il est ce qu'il est et que le coeur s'emballe qu'importe les mensonges qu'il puisse se mettre dans la tête. comme il accepte sinned, à cet instant, malgré l'arme qu'elle porte, les sentiments haineux et les regards glaciaux qu'ils se lancent. il ne se pose pas plus de questions qu'il le faut. il accepte les faits pour ce qu'ils sont, des faits. sur ses lippes, une grimace légère face à ce qu'elle dit, sur ajay. il tait la vérité et ne lui dit pas des choses qu'elle ne devrait pas savoir. si elle suppose que ajay va bien, qu'elle le suppose. il ne lui dira pas ce qu'elle devrait pas savoir. de toute manière, les vérités sur son paternel lui viennent lui souvent de gali que de l'homme lui-même. ou alors, des observations. ajay ne va pas bien ; il est en voie d'aller mieux, mais il porte encore un monde qui se fout de lui sur ses épaules et ne sait pas comment se défaire de ce fardeau. il avance un peu plus vite, décourbe lentement l'échine et dépose quelques miettes sur la route au fil du temps, mais il n'a pas les mains libres. pas encore. il porte trop de remords pour avoir les doigts libérés comme le coeur. max se demande comment il fait pour être autant empoisonné par des choses qui ne sont plus. il n'a pas porté la tristesse d'olivier dans son coeur trop longtemps, dans son cas. le deuil a été fait rapidement, et aucune larme n'a pleuré. il se garde de le dire ; il suppose que le king croit qu'il a pleuré pour le père perdu, ce jour là. en vérité, il a pleuré pour la tristesse d'un autre. pour la découverte d'un père, également, mais pas celui que le king suppose. tais toi. écoute tes propres mots et écoute les. suis les ; tu ne sais pas les raisons. ne te fais pas trop d'idées. c'est leur problème, et non les nôtres. s'ils sont stupides, c'est bien car ils sont frères. il suppose sans le dire que peut-être, ils avaient besoin d'eux pour ne plus être stupides. ou du moins, l'être un peu moins. mais chaque chose en son temps. max n'est pas thérapeute. il n'est pas là pour règler les problèmes familiales des autres. sinned encore moins ; ils sont certainement les moins biens placés pour s'occuper de cela. il prend le temps de la dévisager pourtant, sérieusement, et balancer quelques mots sur le même ton cinglant qu'elle, mais emplit de vérité. non, je crois pas. j'en suis certain. personne ne sait être une famille avant d'apprendre. j'apprends à être un fils. il apprend à être un père. il doit apprendre à être un frère. les lippes se tordent, lorsqu'elle lui renvoie des mots. parfait. max l'étudie un instant avant de retourner vers sa tasse et de prendre une nouvelle gorgée. un moment passe.
peut-être que lui-aussi apprendra à être un frère.