(jesse) cette mélodie me hante.

C'est la merde. Il ne trouve pas d'autres mots plus forts, plus vrais pour exprimer la situation dans laquelle il vient de se mettre. Dans laquelle il vient de les mettre d'ailleurs. Il peut pas s'empêcher d'avoir cette envie folle de se frapper la tête, se retient parce qu'on lui a déjà suffisamment frappé ladite tête. Il ne comprend juste plus rien à ce qui se passe, dans sa tête mais aussi dans l'atmosphère. Il sent, il voit que quelque chose à changé pourtant. Qu'il y a ce désagréable parfum de gêne dans l'air mais il peut rien y faire. C'est lui qui a crée cette situation et il sait pas comment en sortir. Il se déteste. Finalement il se dit qu'il était mieux dans cetle ruelle sale. Sous les coups, dans son sang. Au moins là-bas il faisait pas de conneries, entre les griffes de ses assaillants. Il a envie d'y revenir, d'ailleurs. Pour oublier ce qu'il vient de faire, il déteste ça. Cette envie d'embrasser les lèvres de Jesse, c'est pas normal. Sauf qu'il refuse de lui parler, d'avouer ses sentiments. C'est que des conneries cette histoire de soulmate sa mère a raison. Il peut pas accepter cette condition d'esclave parce qu'il a l'impression d'être un esclave. Attaché à cet amour platonique, incapable de regarder une autre femme. Et peut-être que sans le savoir la dernière fois elle a trouvé la bonne solution. Peut-être qu'il doit partir, quitter ce monde pour en découvrir un nouveau. Pas le même que la jolie rousse, un autre. Peut-être qu'en cherchant - en trouvant - les bonnes personnes peut-être qu'il pourra trouver un nouvel endroit où vivre. Où se reconstruire, fonder une famille peut-être. Tout plutôt qu'attendre en vain l'amour d'une femme trop jeune pour lui, trop amoureuse de son petit ami décédé. Et tant pis pour les fleurs. Il sait que ça sera dur au début mais il finira par s'y faire. Et il découvrira un nouveau métier, qui lui plaira encore plus peut-être. Il se fera des nouveaux amis, trouvera bien une nouvelle famille parce qu'il est quand même facile à vivre. Ses amis seront sa nouvelle famille à défaut et il pourra toujours voyager pour rendre visite à ses parents. Et ses parents comprendront parce que de toute manière ils n'auront pas le choix. C'est peut-être son salut, cette solution. Encore plus maintenant qu'il s'est mit dans la merde, tout seul comme un grand.

Il secoue la tête pour se sortir de ses pensées.
Faut qu'il se reprenne en main, l'idiot. Il peut pas tout quitter, dire adieu à tout et disparaître juste parce qu'il s'est prit un râteau. Enfin un truc qui ressemble à un râteau en réalité, c'est débile de réagir de cette manière. Dans la vie plein de gens se prennent des râteau ou éprouvent un amour à sens unique, ils plaquent pas tout à cause de ça. Et puis c'est une chance de renouveau qu'elle vient de lui offrir. Elle n'a pas répondu à son baiser. Elle pense qu'il s'est fait mal, c'est la raison pour laquelle il l'a embrassé. Donc ça veut dire qu'elle a pas envie de l'embrasser. Et si elle n'a pas envie de l'embrasser c'est parce qu'elle ne l'aime pas, pas comme un petit ami en tout cas. Elle le voit seulement comme un grand frère.
Maintenant qu'il sait ça, il peut passer à autre chose. C'est pas aussi simple que ça mais au moins il a une raison, elle veut pas de lui. Plus besoin de tirer des plans sur la comète, de se faire des films : il doit passer à autre chose. Et l'éviter pendant un moment parce qu'il a quand même honte. Il est tellement perdu dans ses pensées, dans ses réflexions qu'il se rend pas compte des mouvements de la jeune femme. Seulement quand elle heurte un meuble et se retrouve sur le sol. Il grimace, se lève avec précipitation. Trop de précipitation et s'agenouille devant elle, le visage grave et les traits inquiets.

« Est-ce que ça va ? Tu as mal quelque part ? »

Si elle a vraiment mal alors il faudra aller à l'hôpital. Génial, peut-être qu'ils pourront prendre une chambre pour deux et terminer la conversation entre blessés.

Parker a jamais cru aux rêves éveillés, ni à leurs homologues négatifs. Mais là, là, elle a envie de se dire que ça existe peut-être, finalement. Parce que c’est la seule solution qui lui semble logique. Tout ça, ça n’a pas pu arriver aujourd’hui, pas en une fois, pas là. Adriel est trop gentil pour finir dans des bagarres. Et il l’a toujours protégé de tout, il a toujours eu un rôle de grand frère, il a pas pu l’embrasser. Puis il sait que Kihyun est encore dans son esprit, il aurait pas fait ça. Et voilà qu’elle se retrouve par terre, le dos en compote. Elle comprend pas comment des évènements comme ça peuvent se produire les uns après les autres. Tous les événements négatifs dans une même journée. C’est beaucoup trop à supporter. Elle sourit, pourtant. Parce que c’est pas grave, en soi. Elle a mal, mais elle est pas non plus en train de souffrir le martyr. Elle a probablement rien de cassé, rien même de foulé, ni de tordu. C’est probablement juste le choc. Et peut-être qu’elle aura un beau bleu. Lorsque Adriel se lève rapidement et s’approche d’elle, alors que la proximité devrait la déranger, ça la fait sourire. Parce que c’est comme ça, qu’elle le connaît Adriel. A accourir dès qu’elle a un soucis. A s’inquiéter tout aussi vite. Alors quand il lui demande si elle va bien, si elle a mal quelque part, elle fait la courageuse et secoue la tête.

Ça va. Je vais bien.

Elle prend appuie sur l’épaule d’Adriel pour se relever. Elle a pas envie d’aller à l’hôpital pour ça. Elle est sûre que c’est rien de grave. Elle se redresse complètement et, sorti de nul part, prend Adriel dans ses bras. Et c’est si égoïste de sa part. Elle se rend pas vraiment compte de l’importance qu’ont ses gestes. Mais Parker est simple. Elle a juste envie de le sentir près d’elle, comme avant. Elle se recule un peu, prenant soin de bien regarder où elle met les pieds, cette fois ci.

Pikachu, j’vais y aller.

Elle pose sa main sur sa joue et se retourne, comme une princesse. Sort de la boutique en sautillant. La douleur d’après coup est déjà passée. Elle reviendra sûrement en pleine force ce soir, quand le bleu commencera vraiment à apparaître. Mais pour le moment, elle a pas mal. Et elle veut s’éloigner de la boutique. Parce qu’elle a pas envie que ce souvenir négatif gâche tout ceux positifs qu’elle a eu, dans cet endroit. Et que pour ça, faut pas qu’elle se souvienne que ça s’est passé ici.
Tout ça, c’était une erreur. Un cauchemar. Et ça se reproduira pas.
Pas vrai ?