fire walk with me (xiao)

“Hi Xia baby, let’s raise a penguin together.” Le silence qui suit sa phrase en guise d’salut sonne comme un problème de réseau, il se prépare à la réitérer, le sourire stupide contre le combiné. “What the actual fuck- t’as fait quoi encore, attends-” Ça lui prend à peine deux secondes avant qu’elle ne reprenne le portable et se mette à grogner de frustration ; s’il déduit correctement, elle vient juste de voir le numéro qui s’est affiché sur son écran. “P’tain d’Ilang, qu’est-ce que t’as encore fait pour m’appeler du commissariat ? – Longue histoire. J’suis pas complètement fautif, okay ? I need you to come bail me out. Please.”

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(quelques heures plus tôt) — Le scintillement des verres en cristal irrite ses cornées couvertes de lentilles grises mais il enterre sa mauvaise humeur avec une nouvelle taffe de skam, joint pendu entre ses lèvres et musique tonitruante torturant ses tympans. Y’a un silence de mort autour de la petite table, l’atmosphère ayant perdu ses étincelles quand Nashoba a sans faire exprès renversé son verre d’alcool sur une tête connue et pas très fréquentable. Et maintenant, ladite tête connue le dévisage, arborant toute la panoplie de l’armoire à glace vnr qui n’attend qu’un travers pour réduire Nashoba en bouilli. C’est marrant – le type est peut-être un peu trop sanguin pour se mettre en colère pour si peu. The thing is, Nao n’a aucune conscience du danger dans lequel il vient d’se fourrer avec juste un putain de verre renversé, d’où sa propre position teintée d’hostilité et son refus de reculer.

Il arrache son joint de ses lèvres, souffle sa fumée au visage du type et creuse sa tombe avec une voix ennuyée : “You know, acting like a dick won't make yours any bigger.” Oh, quelle surprise, son espérance de vie vient de baisser de dix points ; il aurait dû contacter son notaire pour lui signaler qu’il souhaite être enterré avec sa playstation. “What the fuck did you just say- – I said you’re a dick, you deaf or what ? I’d gladly unplug your life support to charge my phone.” Le problème avec Nashoba c’est que, 1. il n’a aucune conscience du danger, 2. il n’a aucun contrôle sur les mots, 3. son pantalon est beaucoup trop moulant pour qu’il réussisse à courir comme il faut. At least, il a de bons réflexes : quand l’armoire à glace lui envoie son poing dans la gueule, Ilang réagit vite et s’abaisse, le poing percutant un type qui passait juste derrière Nao. Oopsy. Les coups qui suivent sont un peu plus délicats à esquiver, il s’en prend un au visage, rend les coups du mieux qu’il peut mais soudainement ils ne sont pas juste deux mais toute la table s’y met et d’autres gens qui s’y ajoutent. Son joint perdu, à jamais écrasé sous les bottines rageuses, perdu dans ce vacarme de tempête gutturale. Il sait franchement pas qui sont ses adversaires ou ses alliés ; in fact, personne dans ce cloaque putride de luxure ne fait partie de ses proches. Ca vire en quelques secondes au lynchage général, femmes et hommes, serveurs et clients, pieds et mains, objets inanimés et putain d’humains complètement tarés et bourrés –

Et Nao. Well, pour une fois qu’il bénit sa petite taille parce qu’il parvient à prendre la fuite en glissant par terre, passant entre les jambes de quelqu’un, laissant derrière lui une baston fuligineuse dont il n’est aucunement responsable. C’est pas sa faute s’ils sont plus chauds que la braise et qu’à la moindre remarque salée ils sortent les gros calibres. Mais quand on s’appelle Nashoba Ilang et qu’on porte le la malchance comme linceul, c’est qu’évidemment, il ne risque pas de s’en tirer indemne. À peine atteint-il la sortie du club que des hommes en uniforme et lampes torche l’aveuglent. Apparemment, dans cette zone les flics sont très réactifs quand on signale une bagarre ; ça l’fatigue, il est complètement innocent (innosint à vrai dire) mais voilà qu’on le coffre. “J’ai rien fait, alright- lâchez-moi-” – mais un coup maladroit (ou accidentel, il penche plus sur l’accidentel parce que come on, ces enfoirés sont pourris) contre sa blessure à l’arcade sourcilière lui rappelle qu’il n’a pas la dégaine du mec complètement innocent. Ils coffrent quelques autres personnes, les plus amochées, prennent les dépositions de certains et embarquent les perturbateurs au poste de police. Apparemment, ils auraient visionné les vidéos de surveillance pour y repérer Nashoba en fauteur de troubles, malgré ce qu’il a à en dire sur sa présumée innocence.

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Au moins, ils l’ont pas placé dans la même cellule que l’armoire à glace du club qui lui a bousillé le visage. Pas que Nashoba soit le genre à riposter again mais il n’aurait probablement pas retenu les insultes de fuser et la même situation se serait reproduite. On l’laisse dans son coin de la cellule, comptant les minutes qui deviennent des heures. Il n’sait pas quand Xia va venir, il espère juste qu’elle viendra parce qu’il n’a juste pas le cran d’appeler sa sœur (même si, franchement, elle serait efficace en faisant en sorte de faire disparaître son dossier ; le problème c’est que rien n’est gratuit avec Nio et qu’elle risque de lui faire un sermon de cinq heures). C’est pas une habitude de se retrouver là mais presque : son côté smart mouth lui attire plus de problèmes qu’autre chose, surtout jumelé à sa tendance à confronter tout sans une once de peur (inconsidération complète de sa propre personne, in fact, plus tu creuses et plus tu découvres à quel point il est pourri). “Ilang, debout. Tu t’casses.” Et juste comme ça, il saute de son banc, réarrange sa veste et ses cheveux et suit le flic après avoir fait un salut de son index et majeurs contre sa tempe à ses coéquipiers de cellule. La dernière paperasse signée, terminée et oubliée (qui va probablement refaire surface à sa prochaine connerie), il quitte la bâtisse et trotte jusqu’en bas des escaliers, Xia lui tournant le dos. “Hey beautiful.” Il se prépare mentalement à subir le courroux de sa meilleure amie mais pour le coup, il l’a mérité.

les paupières qui se font si lourdes. la vision qui s’assombrit alors que les poumons se gonflent d’air. un peu trop, jamais assez. respiration qu’elle coupe. la mâchoire qui se resserre et c’est sur ce please, que la conversation téléphonique se termine. et xia, elle grince des dents alors qu’elle verrouille son téléphone avant de le laisser s’échouer sur la table dans une bruit sourd. les coudes qui se posent violemment sur le rebord de table, elle glisse ses doigts le long de ses joues, jusqu’à ses tempes, avant de finir par agripper des morceaux de tignasse. « je vais le tuer. » qu’elle murmure avant de. craquer.
les pieds qui tapent rageusement le sol du bureau. tandis qu’elle s’ébouriffe les cheveux d’un air désespéré alors qu’elle bascule vers l’arrière, échouant sa cambrure dorsale contre le dossier. et xia, elle grogne, gémit. elle est sur le point d’hurler à l’univers, qu’elle est prête à arracher la tête de son meilleur ami.
mais c’est ce qu’il est. laissant son corps s’alourdir brutalement, elle ouvre les yeux sur le plafond de la pièce et un soupir fait vrombir ses pulpes carmin. « dès que je te choppe, c’est fini pour toi ilang. » qu’elle se jure xia. mais qu’est-ce qu’elle aimerait y croire. à ses paroles, à ses insultes.
parce que jamais, elle le fera. jamais elle pourra. xia, elle serait prête à donner sa vie pour cet imbécile – juste pour être sûre qu’il puisse être heureux jusqu’à la fin de sa vie. et xia, elle se lève. attrape téléphone portable, sac à main et quitte son lieu de travail pour aller repêcher le merlan frit.
quand bien même l’envie de le laisser quelques heures dormir dans une cellule lui ferait le plus grand mieux, mais le souhait de lui foutre une baffe derrière le crâne et un bon coup de pied au cul la fait avancer un peu plus vite.
glissant quelques mots à l’intention de ses parents, elle badge sa sortie et s’enfuit dans les rues d’arcadia. direction palo alto.

et évidemment, c’est avec un sourire sadique qu’elle demande au chauffeur de taxi - dans la plus grande politesse de l’attendre, elle et son ami. lui promettant qu’à son retour, ce sera son ami de débourser pour l’aller.
parce que xia – elle n’a pas le permis. refusé, refusé, de si nombreuses fois refusés. parce que d’après les moniteurs de l’auto-école, elle est un réel danger pour la société. ce qui n’est pas faux. alors c’est avec les jambes croisées telle une femme d’affaires, qu’elle regarde le paysage défilé.
et malheureusement pour elle. heureusement pour lui. la course n’est pas si longue que ça. puisque la voiture s’arrête finalement devant le commissariat – c’est en décédant qu’elle glisse quelques phrases charmantes avant de monter les marches.

les talons claquent. la démarche est féline et c’est le rictus plein de fierté (et de. je ne vais pas tarder à le découper en morceaux) qu’elle arbore. regards qui se tournent sur la silhouette, xia, elle n’en a que faire. elle n’est ici que pour une chose. une stupide chose – pas pour les regards déplacés.
passant une main dans ses cheveux relâchés, la jeune femme demande alors au premier flic venu où se trouve nao. c’est avec un regard pervers que le flic la conduit. et elle grogne xia, levant les yeux au plafond alors qu’elle le suit. les bras qui se croisent contre la poitrine alors qu’elle s’affaire à signer les papiers pour sa décharge – et c’est avec un regard méprisant qu’elle hoche doucement la tête. « je l’attendrais dehors. » qu’elle déclare. attrapant l’élastique à son poignet.
pas bon.
vraiment. pas. bon. pour toi, nao.
alors qu’elle quitte la salle. démarche assurée, presque dangereuse. elle s’attache les cheveux en une queue-de-cheval. les talons qui attirent les regards, elle sort enfin du commissariat en attendant devant les marches. et xia, elle inspire profondément.
et lentement, elle fait craquer son cou – tension qui s’accumule, prête à être relâcher. et c’est discrètement, qu’elle enlève ses escarpins. et elle attend.

pas longtemps. heureusement. et xia, elle arbore un sourire sadique alors qu’elle entend la voix de nao. et lentement, elle se tourne vers lui. affiche une mine qui se veut confiante. et elle laisse glisser quelques secondes. juste histoire de. avant de lâcher son sac à terre et de lever sa jambe afin de lui donner un coup de tibia dans la cuisse. quatre coups donnés à répétition, la jeune femme s’applique à les lui foutre sur le popotin avant de lui donner une tape derrière le crâne. « mais putain, quand est-ce que tu vas apprendre à grandir ? » qu’elle râle, alors qu’enfin, elle récupère sa respiration. « damn. si c’est ça, autant aménager une cellule rien que pour toi ! petit jacuzzi aussi ?? » c’est ironique – mais elle n’en reste pas moins sérieuse. se rechaussant de ses escarpins, récupérant son sac à main au sol. elle grogne une nouvelle fois avant de lui lancer un regard suspicieux. « alors c’est quoi cette fois ? hm. une invasion d’crapauds alors tu t’es sentis obligé de récupérer des choses sans payer ? ou alors. t’es victime d’un petit con qui s’croit trop grand ? » et elle croise les bras contre sa poitrine. « j’espère au moins qu’t’as gagné et que tu t’es pas cassé comme une merde. »