i need you (kash)

{the night we met}
crédit/ tumblr ♫ w/kasey

vendredi 20 avril (0000-00-09-21-15-03);
Le cœur arraché, l'esprit mâché, le corps papier ; elle s'est pris les pieds et a heurté le sol comme si un camion venait de la percuter. Ô enfant de lumière, ternie par les verres de bières, les membres vernis de morsures qu'elle aurait voulues sincères. Endormie, étalée sur le bitume, Shade ne réagit qu'au ballon qui entre en collision avec son crâne explosé par la boisson. Un râle, la chevelure qui gratte, la journaliste soulève son menton vers le garçon-objet qui attire son attention. Elle croit voir mais ne veut y croire, remet cette illusion sur les excès d'hier soir. Et pourtant se dessine devant ses prunelles sombres une machine de la taille d'un enfant, un tas de ferraille sur pattes semblable à ce qu'elle pouvait croiser à la lisière des rues malfamées, ou dans son salon devant la télé, lorsqu'elle vivait encore sous le soleil de Sigan ; sa chaleur étouffante, ses rayons brûlants, l'atmosphère qui menaçait de la bouffer à chaque été. Ses sourcils se froncent alors qu'elle se relève, à l'aide de ses mains écorchées par le béton. Elle sent sa joue droite la chauffer, attirer ses doigts sur la plaie d'un rouge immaculée. Et elle comprend que dans sa chute, elle n'a su lutter contre la gravité et s'est blessée de tous les côtés. Les jambes tremblantes, la gamine parvient à se tenir contre une poubelle qui déborde de déchets ; mais ce n'est pas ce qui retient son attention quand, l'esprit figé dans les nuages de la tempête de la veille, elle réussit à distinguer la place où elle a logé. Le sol se détache de ses semelles, sa vue se brouille de la vision irrationnelle. Les secondes passent et elle ne semble vouloir y croire ; jusqu'à ce que, dans un mouvement de panique, elle relève la manche de son pull et que la réalité la percute. Son compteur n'est plus figé, le temps redevient la même maladie d'antan. L'affolement coupe sa respiration, lui offre un souffle irrégulier tout en lui faisant perdre l'équilibre. Son corps, sa tension, ((les restes de son cœur éclaté)) chutent. Elle est de retour, et ne saurait faire demi-tour.

***

lundi 23 avril (0000-00-04-15-03-48);
Elle court et court l'étoile devenue comète ; elle secoue les corps, ébranle la capitale au nom de sa survie empoisonnée. La respiration haletante, Shade saute par dessus une barrière pour se glisser dans une clairière sèche, à la verdure imaginaire. Les souvenirs d'une enfance passée dans les trous par terre, à attendre qu'on la cherche pour attraper la jambe de Reyn et le tirer en arrière avec elle. Rire dans ses oreilles à en perdre haleine, lui faire bouffer la terre, avant que Micah ne les stoppe dans leur guerre en sifflant des sermons digne d'une vieille parolière. Elle a les souvenirs qui bercent ses nuits, les visages de ses frères en guise de rêves enfouis. Si sa gorge se serre d'un amour sincère, elle balaye d'un revers de main les larmes, sort de son sac le fruit volé pour éviter à avoir à payer ; à perdre le temps derrière lequel elle s'est remise à marcher, à courir, à dévaler. Ses dents s'enfoncent dans la pomme et elle se délecte du jus réconfortant. Un soupir non pas heureux, mais rassuré, transperce l'air. Le ventre qui se tordait, affamé, trouve de quoi satisfaire sa crise pourtant encore inassouvie. Et dans la noirceur de son présent, elle repense aux derniers jours de son avant. Les dernières heures, dernières prières qui n'ont pas réussi à l'y faire voir plus clair. Tu ne m'aimes pas. Poings serrés, elle jette le déchet vert de l'autre côté de la passerelle avant de plonger ses doigts dans l'eau glacé ; il ne l'aime pas, ne l'a jamais aimé, ne l'aimera jamais. Et le cœur s'effrite, s'envenime d'une haine fine mais maladive. Le goût de ses lèvres encore sur les siennes, elle crie à l'homme au douceur-torsion auquel la gamine n'a su démentir ces battements révélateurs de leur futur malheur. Son prénom résonne dans sa tête en même temps qu'elle lève les yeux au ciel ; et pendant un instant, un court instant, elle se voit allongée sur le toit de l'immeuble aux murs noircis de poussière, le rire candide et l'esprit libre. Jusqu'à ce qu'il pose ses doigts valides sur sa carotide, prémices de baisers sucrés à l'odeur du péché. Et elle peut sentir sa paume se refermer autour de son bras bionique, rencontrer sa pulpe façonnée dans une tendresse enchanteresse. Peu importe ô combien il le hait, elle l'aura aimé à chaque caresse déposée. Amour qui n'aurait dû naître mais qui, à l'heure actuelle, écrase sa cage thoracique. Je ne t'aime pas. Pas comme ça.

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jeudi 26 avril (0000-00-00-00-05-26);
Piégée entre deux corps, elle se débat pour respirer. Gamines écervelées qui ne voient que par l'idée d'être aperçue par l'homme doré. Elle grince des dents l'Alestra, veut hurler pour qu'on la laisse passer ; entend le tic tac résonner comme un tambour sous sa chair. A quelques minutes de sa fin, elle se bat encore. Pour ce frère que l'on lui a arraché. Pour celui au cœur tacheté de nécroses cachées. Pour elle. L'impétueuse joue des coudes, arrive à se heurter à un des gardes de la célébrité. Ses talons décollés du sol, le regard à l'affut de toute apparence. Jusqu'à ce qu'il se manifeste, n'ose regarder trop longtemps les fans à la joie beaucoup trop exposée. Dans leur maladresse -et l'agitation, elles bousculent l'ancienne journaliste, l'assènent de coups réguliers alors que ses membres, devenus si frêles, sensibles comme du verre, peinent à résister. La manche relevée, elle dévoile à qui veut bien regarder son compteur bientôt terminé, tout en cherchant une faille dans la barrière humaine. Quand une vague de filles ne pouvant se contenir secoue la foule, occupe les gardes, lui permettant de passer sous leurs bras de justesse. Enfant rapide, furtive, elle manque pourtant de s'évanouir quand ses perles sombres rencontrent les siennes. Ils sont si similaires. Sa langue fourche, son âme se bloque à cette vision qui la démonte et on l'attrape à un mètre de lui, entoure ses épaules avec violence pour la rejeter dans la marée noire de monde. Mais elle se débat et finit par aboyer « KAS... KASEY ! » elle allait se tromper, prononcer ce prénom à la consonance désormais aussi tranchante qu'une lame affutée. Et alors qu'on l'emmène, l'éloigne de l'être recherché, l'espoir renaît dans les cendres de ce garçon dont elle ne connaît rien, pourtant déjà rencontré, à l'heure des au-revoirs de sa jeunesse avortée.

{the night we met}
crédit/ tumblr ♫ w/kasey

jeudi 26 avril (17h18);
« Allez Shahs, on rentre à la maison. » L'artiste pose un genou à terre, ouvre son sac à dos spécialement conçu pour y contenir le droid qui indocile, referme la fermeture grâce à ses bras robotique sortis de ses flancs. Ils réitèrent ce jeu là deux ou trois fois jusqu'à ce que Kaz perde patience. « Fais pas ta comédie, promis dans la voiture je te libère. Ça va être dangereux et je serai pas tranquille si t'accepte pas de te mettre là-dedans. » Le robot émet un petit son plaintif mais résigné, il va même jusqu'à s'enfermer de lui-même dans le sac, tout en continuant de gazouiller à l'intérieur signe qu'il compte se mettre en veille le temps du trajet. Le DJ préfère prendre ses précautions, la dernière fois qu'ils ont dû sortir d'un aéroport, le droid a failli y rester. Les bousculades, les coups de pied et sa panique lorsque dans la foule il l'a perdu... Tout était devenu hors de contrôle si bien qu'il avait fait une crise de panique, sensation insoutenable d'être submergé, noyé, avec à la place de l'eau, les poumons remplis d'angoisse. Depuis ce jour il s'est promis de ne plus jamais relégué au second plan sa sécurité.
Masque noir pour camoufler son apnée, écouteurs en guise de barrage numérique contre les cris et sac bien sanglé, il est prêt. Quelques gardes du corps ouvrent la marche, il avance tête baissée, concentré sur ses pas et la respiration sereine qu'il emprunte à Kassian.

Des corps l'oppressent, le tiennent captif en s'emparant de la manche de sa veste. Tétanisé, il se fait avaler, incapable de lutter contre le courant qui pourtant le fait pencher sur la gauche puis glisser, jusqu'à percer le barrage d'hommes-bouclier. Une main s'attaque à la sangle de son sac, pique d'adrénaline qui le pousse à combattre. Il se libère d'un coup d'épaule brusque, percute un garde qui l'aide à se stabiliser sur ses pieds. « KAS... KASEY ! » Sos familier qui suspend le temps, jusqu'à ce qu'il associe cette voix à celle de Shade qui lui fait faire demi-tour. Il se fige en voyant la frayeur installée sur ses traits, elle semble être là depuis une éternité, constante depuis le jour où ils se sont rencontrés. Elle montre son compteur, il est presque déjà trop tard. « ARRÊTEZ ! » Il s'élance jusqu'à elle, un bras lui coupe la respiration, bodygard qui s'escrime à rendre sa tâche plus ardue. Il se débat assez pour que l'homme lâche prise. Une course contre le temps se désamorce, il repousse sur son chemin mains et bras tendus, relevant la manche du sien avant de le brandir vers elle. Il adjure Chronos pour ses ailes, rien que pour une minute, une risible poignée de secondes pour lui sauver la vie. Leurs phalanges s'effleurent, s'accrochent, il l'attire fermement vers lui, attrape son bras à la naissance de son coude et accole leur compteur jusqu'à entendre le bruit significatif de la transaction. Pendant l'échange une connexion singulière se fait, ils se dévisagent, bustes foudroyés par leur respiration laborieuse. Graduellement un sourire apparaît sous le masque, se propage jusque dans ses yeux quand rien qu'à son toucher son soulagement à elle se répand dans son organisme à lui. L'échange est succinct car déjà on le presse d'en finir, les fans deviennent hystériques et l'effervescence commence à dépasser furieusement la sécurité. On l'arrache à elle, ses phalanges coulent comme de l'eau le long de son avant-bras, puis de sa paume et enfin de ses doigts. Pas le temps de plus, juste deux semaines d'existence offertes en guise d'adieu.

***

vendredi 27 avril (03h44);
Face à son reflet, Kasey tonne furieusement. « Tu savais que ta sœur était à Sigan ? Si j'avais pas étais là, elle aurait peut-être perdu la vie. Vous pensez à me communiquer les informations importantes de temps en temps ?! » Le bruit d'une alarme raisonne dans l'appartement. Shahs débarque dans la pièce de façon précipitée en projetant sur l'écran central, celui où se situe son visage numérique, la caméra donnant sur l'extérieur. « Je dois y'aller, quelqu'un essaie d'entrer par effraction chez moi. La discussion n'est cependant pas terminée Reyn. » Il laisse l'altéan seul dans le miroir de sa salle de bains, pressant le pas jusqu'à sa « Kazroom » aka son studio spécialement aménagé pour composer mais aussi l'endroit où il y'a tous les ordinateurs liés directement aux caméras de surveillance de l'appartement. « Shahs, tu peux me montrer l'entrée ? » Le droid transfère les images sur l'écran de son ordinateur, grâce à elles il peut distinguer une silhouette féminine, cachée sous une capuche. Pour l'avoir vu plusieurs fois à travers les rêves de Kassian, il reconnaît immédiatement Shade. Il éteint l'alarme et se lève jusqu'à la porte d'entrée où il utilise l'interphone pour communiquer avec elle. Grâce à la caméra sur le palier il peut la voir sursauter, ça lui arrache un sourire. « Je suis assez impressionné que t'aies réussi à passer la sécurité de l'immeuble. La prochaine fois passe un coup de fil et je t'ouvrirai. » La main qui appuie sur la poignée n'est plus la sienne, il se sent comme expulsé de son corps, son entité se réfugie ailleurs, dans celui de Reyn au cœur d'Altea.

{the night we met}
crédit/ tumblr ♫ w/kasey

jeudi 26 avril (17h18);
Les doigts du géant sur ses épaules, l'agitation de la foule dans son dos alors qu'on l'en rapproche, qu'on la pousse vers sa fin. Le temps file entre ses mains, l'espoir se meurt sur le chemin ; mais elle ne quitte l'élu des yeux, ne peut décrocher ses perles du visage du divin qui, soulevé par son cri désespéré, aperçoit la dernière minute, les dernières secondes qui défilent peut-être trop vite sur son avant-bras. Kasey parcourt la foule, se débat pour la rejoindre et l'encourage à faire de même, la motive à rassembler ses dernières forces pour qu'ils se rencontrent enfin. Le souffle court, Shade se heurte aux bras des fans, aux bras des armoires à glace, sans jamais quitter la célébrité du regard. Tout devient noir autour de son visage, les hurlements deviennent vent, et les coups moins éprouvants, anesthésiés par le toucher du garçon. Le simple contact de sa peau la réchauffe alors que sa main s'accroche à son coude avec force ; comme si elle était dans le vide et qu'il venait la sauver, comme s'il était la dernière chose à laquelle elle pouvait se remettre pour espérer survivre. Et c'est peut-être dans ce geste que réside toute la vérité. Le sablier allait laisser tomber son dernier grain, la montre allait exploser, avant que l'ange ne batte des ailes et la protège avec elles, l'enferme sous sa carapace de plumes argentées pour partager avec l'Alestra ses heures, ses semaines gagnées par son existence dorée. La gamine n'a le temps de le remercier, ou même de le regarder, qu'on les arrache à l'un et à l'autre, brise le contact salvateur pour l'embarquer dans une spirale hystérique. On la pousse, lui crie des calomnies écrasantes et sanglantes avant qu'elle ne tombe au sol. L'instinct de survie renaît et la gamine prend ses jambes à son cou, se redresse pour s'élancer hors de la foule et retrouver le calme des ruelles silencieuses après deux minutes à courir loin d'ici. En vie.

***

vendredi 27 avril (03h47);
Les traits enterrés sous sa capuche, Shade avance dans le couloir d'un pas léger et rapide, quoiqu'incertain. Et s'il la rejetait pour l'avoir déjà bien assez aidé. Machinalement, elle passe son doigt le long du chronomètre qu'il avait nourri de son propre temps avant de disparaître ; l'impétueuse pouvait encore sentir sa main contre son coude, sa force contre son bras. Et si elle ne s'était trompée, il se trouvait à quelques mètres de là, derrière ces murs qu'elle rêverait de transpercer pour n'avoir à frapper. Quand soudain, une alarme la surprend, agresse ses sens tout en faisant grandir la panique dans son regard. Elle n'a cependant pas le temps de rebrousser chemin que le bruit se coupe, la replonge dans le calme. C'est à présent son cœur qui tambourine dans ses oreilles, accapare son attention déjà distraite. Son corps se tourne vers la porte au loin, et sa gorge se serre à l'idée de revoir ce visage qu'elle tente d'oublier depuis une semaine. Sa voix agite l'air et elle pourrait rire, si seulement la fatigue n'était pas visible sur le haut de ses joues, si son ventre ne se tordait dans le vide et l'angoisse, si elle ne rêvait pas de s'effondrer dans les bras de quelqu'un qui pourrait la porter. Femme forte, indépendante, elle n'avait jusqu'alors pourtant jamais dû se battre avec ses propres pensées parce qu'elle avait toujours eu Reyn. Pour lui mettre tous les torts sur le dos, pour l'engueuler, le câliner, elle avait eu sa présence. Avant. La porte s'ouvre enfin et elle s'approche doucement vers ce sauveur impromptu. L'expression calme et les émotions cascades. Ses paroles la surprennent, mais ce n'est rien à côté à l'étreinte qu'il lui accorde. Un instant, elle voit Kassian marcher jusqu'à elle quand sa chaleur la frappe. Ce n'est pas Kassian. Et les mots qu'il lui adresse lui confirme que ce n'est pas Kasey. Reyn. Elle n'y croit pas l'enfant des étoiles, elle ne peut s'imaginer la réalité qui se produit devant ses iris charbonneuses. La panique du frère qu'il lui avait tant manqué fait naître au creux de ses lèvres un sourire ; sensation de bonheur qu'elle n'avait pas ressenti depuis des jours. Ses mains se lèvent doucement jusqu'aux joues du garçon et les larmes troublent sa vue avant de courir sur sa peau de soie. Les mots ne veulent s'exprimer, ils ne veulent crier à l'adoré la puissance de le retrouver ; mais les gestes eux, parlent à cœur ouvert. Ses doigts quittent ses joues pour venir entourer son corps de ses bras frêles. « Tais toi tête d'enclume. » une insulte pourtant prononcée avec douceur, d'une légèreté nouvelle, retrouvée. Shade presse son visage contre son torse, oublie presque que l'odeur ne lui ait pas familière tant la présence de son frère la complète. Après ce qui est peut-être des secondes ou des minutes, elle se détache de l'être aimé pour planter dans le regard-miroir de Kasey ses perles sombres, espérant atteindre Reyn « Je sais pas combien de temps j'ai avec toi, mais je ne suis pas partie à cause de toi, ni de qui que ce soit. Je n'arrive même pas à me souvenir de comment je me suis retrouvée là. J'ai cherché Reyn, j'ai tenté de me rappeler où je suis arrivée mais je n'ai fait que de marcher dans le vide. » la gorge se serre, les souvenirs la blessent. Elle voudrait oublier ces dernières journées à errer dans les rues de Sigan à la recherche de ce portail maudit, à se taper la tête contre un mur pour essayer de raviver ses souvenirs. Rien. Ses mains trouvent naturellement celles de son frère, dont elle tente de recoller les traits sur ceux de la célébrité « Trouve mes cahiers et brûle les Reyn. Je ne veux pas que le gouvernement les trouve en ta possession, c'est beaucoup trop dangereux. Reste auprès de Lua, de Bébé, même de Mads. On trouvera une solution, je te le promets. » et elle pose sur sa joue un baiser fait de tendresse colorée, désireuse de transmettre par cet intermédiaire ses émotions, sa joie trop prenante. Faites que ça soit bien réel, et non une comédie d'un enfant pervers dont elle ignore tout.