douce odeur de la déchéance humaine flottant dans les airs, le rapture se donne des apparences du berceau de l’enfer humain. et au loin, résonnent les coups sous les onyx avides de mal. râles rauques grondant dans les tréfonds des abysses contrastant avec les cris trop perçant, les hurlements se font stridents ; et le frisson parcourt violemment la carcasse de la princesse sauvage – douce adrénaline aux allures poison glissant dans les sillons de son être, réveille doucement la flamme intérieure du carnage. et au fond, elle regrette presque le spectacle donné aux habitués, sentiment néfaste d’une curiosité mal placée de voir les coups lancés, portés et reçus.
les paupières qui font voile sur la réalité, un soupire presque apaisé s’échappe de ses lippes rosées. bien-être trop présent. la cambrure dorsale apposée contre la paroi murale, un pied posé contre celui-ci ; elle attend. l’arrière du crâne qui se pose avec le sourire presque trop calme sur le visage. les écouteurs qu’elle fourre dans ses oreilles, douce mélodie adorée de la terre mère, elle se noie dans son propre monde – un monde de couleurs, loin du terne habituel de cet espace. à penser à un peu de tout, surtout à rien. des mots lancés, sans significations. à couvrir le bruit du mal.
et le doux appréhende la tempête du brasier – juste le temps de quelques secondes, juste le temps d’attendre. et le myocarde pompe, pompe, pompe tellement sous l’adrénaline qu’elle ressemble au calme avant la tempête. l’apparence si paisible comme un voile sur la fureur l’habitant. et bonnie, dans toute sa splendeur, elle affiche l’insolence qui lui est si reconnue – sa belle insolence mise à prix. les mains qui se lèvent, qui s’attardent dans sa chevelure détachée, à récupérer l’élastique autour de son poignet, y faire une tresse rapide – les pulpes rosées murmurant les paroles des mélodies enchanteresses. et dans un grognement, elle trouve presque le temps long. ouvrir les yeux sur la pièce vide, claquer le muscle rosâtre contre le palais, elle se détache du mur pour faire quelques pas. bonnie se fait lionne en cage, tourne en rond, les articulations qui craquent. à sentir l’excitation la prendre en otage. bonnie au regard étincelant, brûlant, à avoir quelques astres brillants.
et le sablier du temps reprend sa course ; ça ne dure qu’un temps. deux temps – juste le temps de quelques secondes avant que le feu se fasse mère de toutes choses. avant qu’il ne reprenne loi sur le corps de l’enfant. alors bonnie trop vivante de sa flamme. trop furieuse de vivre, mais se trouve trop vide sans sa compagnie à ses côtés – à tendre les bras, s’étirer le plus possible, lâcher quelques souffles courts. à lancer un regard vers la porte. traits poupons qui s’illuminent à l’apparition de cette silhouette tant aimée. la courbe de ses lèvres s’étirant vers ce ciel toujours terne à sa vision. elle s'approche de lui, les quelques pas dans sa plus belle démarche féline. hy, you’re here sourire trop beau, sourire trop vif, sourire trop grand sur le visage, les étoiles qui s'illuminent dans les obsidiennes.
dis-moi, clyde, t'es fier de moi, n'est-ce pas ?
bonnie qui se sent grandeur magnifique, à illuminer de tout recoins de son âme. bonnie qui se trouve presque belle face au combat, rayonner d’une confiance trop vite acquise. se savoir icarre, à être amoureuse du soleil malgré les avertissements -
clyde n’a pas fermé l’oeil de la nuit, arrêté dans sa quête de sommeil par des souvenirs lointains & une culpabilité tenace qui semble à tout prix vouloir refaire surface.
depuis son appartement, étalé sur son lit à la manière d’un cadavre tant il est inerte, il entend les déplacements intempestifs du reste du crew, ruche insupportable remplie d’abeilles sournoises - assurément éveillées & décidées à l’empêcher d’abandonner sa conscience à morphée. le son de stiles lui défonce les tympans, compressés dans son oreiller qu’il maintient fermement de ses phalanges blanchies par l’effort - d’abord directement, puis finalement par leur lien, incontrôlable, comme s’il se trouvait à sa place, tout proche des enceintes et des basses, et il se rend alors compte que ce qu’il fait ne sert à rien. aussi axl n’arrête pas de glousser, et il ressent de moitié le goût de l’alcool à travers les sens anesthésiés de slash, presque aussi amorphe que lui. il passe une main sur son visage, articule un “shut up” au monde entier, las & tired d’une journée qui n’en finit pas ; au travers des persiennes recouvertes de poussière tenace, son regard stagne sur la lumière dorée des réverbères d’oriel qui déchire le bleu de la nuit. puis, furtivement, celle des phares des bagnoles qui à peine aperçues, repartent aussitôt, semblables à des fusées dont le souvenir précis s’estompe déjà dans sa tête. il a fixé son plafond un court instant avant de sentir son assurance s’ébranler, le visage de mé surgissant tel un screamer au moindre clignement de paupières, à ranimer narquoisement des sensations qu’il s’efforce toujours de dissimuler.
(haine, incompréhension, rancune, culpabilité.)
pourtant il n’a plus envie de craquer, pas ce soir, enchainé à une réalité qu’il aurait préférée quitter un instant. alors machinalement, fouettant le sol de ses toutes nouvelles nikes 3000 - enfilés comme des sandales à deux stellars - qui lui ont coûté un bras mais peu importe, il a eu l’impression d’être un homme riche au moment de les acheter - il s’est relevé et a rejoint reyn, distillant ses pensées dans de l’alcool.
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( 280518 )
à l’extérieur du chaos mads saisit déjà les acclamations & les cris de mécontentement qui surplombent les coups et les hurlements stridents, alors que l’endroit est sensé être le mieux insonorisé possible. clyde n’appréhende pas exactement ce qu’il va trouver en poussant la porte du rapture - du sang, indéniablement, qui colore le ring de fortune dessiné par les spectateurs si attentionnés, probablement quelques cocards, puis des os explosés dont les reliefs se devinent à travers l’épiderme violacée - parce que paradoxalement, ça lui offre une certaine constante qui l’apaise. avides d’hématomes qui s’étalent sur la peau des morts-vivants, c’est à se demander qui est le plus fou ; celui qui regarde ou celui qui frotte ses phalanges.
clyde ne sait pas.
le coeur bat vite & l’adrénaline noie ses questionnements - comme à son habitude, il déforme légèrement ses traits (mâchoire davantage carré, peau un peu plus mate comme si elle avait été dorée au soleil, & sa blondeur disparaît au profit d’un noir de jais) pour compliquer sa reconnaissance, la possibilité d’une descente surprise qui plane au dessus de leur tête à la manière de corbeaux affamés, au plumage aussi noir que du charbon.
il fait quelques pas en jouant des coudes, se fraie un passage à travers la foule et un instant, ses yeux scrutent les deux élus du fight actuel, la curiosité qui l’emporte sur tout le reste - les coups pleuvent sans retenue, martèlent les côtes jusqu’à les sentir plier, les regards traduisent l’envie de gagner plus qu’autre chose, quitte à destroy entièrement l’adversaire qui est constamment renvoyé vers la zone de danger au moindre risque de sortie. là-dessus y’a plus de place pour de la pitié. mads sait, connaît le désir de remporter le combat peu importe les moyens employés, les coups bas enchainés, alternance entre ruse, force, & un peu de lâcheté finalement, qui n’est plus à prouver. on y abandonne le peu de conscience que l’on peut avoir, c’est juste un vainqueur & un perdant - mais en vérité, les deux en ressortent un peu plus morts qu’à leur entrée.
une nouvelle fois, clyde chasse ces pensées.
enfin, il l’aperçoit - la silhouette élancée à la façon d’une lionne, seulement vêtue d’une brassière qui laisse entrevoir quelques ecchymoses des affrontements passés, la crinière relevée déjà prête à recommencer. de calme elle n’en a que l’apparence, mads sait que ça bombarde son myocarde de fureur, d’excitation, et d’autres choses qui doivent embrouiller son esprit mal agencé de base (mais qui en possède un sain, ici ?), volcan prêt à entrer en éruption d’une minute à l’autre. clyde lui lance son éternel demi-sourire, qui se pointe au moindre croisement de regards entre les deux, et finit par s’appuyer contre le mur à côté d’elle - “bon’. tu passes sur le grill today ?” humour brûlant, il sait que c’est le cas, rien qu’en la voyant prête à bondir sur la première personne qui osera la frôler. - “tu connais ton partenaire de danse ? oh, please, dis-moi que tu repasses sur le joker, j’ai besoin de me refaire les poches.” imperceptiblement, l’étirement de ses lèvres perd de son éclat et les tracas qui ont provoqué son insomnie deviennent souvenirs étriqués, se dissipant dans l’odeur de sueur et d’hémoglobine, les yeux switchant entre le perdant qu’on traîne quelque part et son acolyte.
seule, dans son coin, elle se coupe du rapture ; ignore la réalité dégradante que dégage cet endroit qu’elle affectionne tant. gamine qui rumine les pensées brumeuses l’habitant. elle ne tient pas en place, sent les muscles se contractés sous les cent pas effectués. ressentant l’adrénaline poison bouillonné en ses marbrures. elle se sent bombe à retardement, bonnie – inquiétante de par son calme affiché, imprévisible, mal réglée – puissance pas accordée avec la boîte. bombe qu’on met de côté pour se concentrer sur le plus impressionnant. parce que trop fille, trop belle, trop princesse pourtant prête à exploser à n’importe quel moment, tant la pression est trop grande dans cette silhouette trop frêle. amat de colère pouvant faire ravage & carnage dès lors qu’elle explose. ressenti accumulé par les journées passées à être jugée, regarder – sans jamais trouver une place légitime dans le bordel de cette société aux allures dépravées. et bonnie, ce n’est qu’entre ces murs malfamés, qu’elle a le courage de faire exploser la rage en elle sans avoir peur d’être arrêtée. satisfaction morbide que de voir les tâches grises s’accumuler sur les peaux déjà trop abîmées des rages d’autrui.
inspiration profonde, brûlant les poumons, elle relève son visage pour porter son attention sur la porte. coin des pulpes qui se soulèvent par instinct lorsqu’elle voit dans son champ de vision, l’être attendu. et pas une seconde, elle n’a pensé qu’il ne viendrait pas. quelques pas effectués en sa direction alors qu’elle retire les écouteurs pour rencontrer son monde – l’ouïe qui se fait agresser par les cris stridents des gagnants et les plaintes profondes des perdants. et bientôt, ce sera pour elle tout ça.
silhouette qui s’appuie contre le mur, le sourire moqueur se dessine sur ses pulpes abîmées. « que lorsque c’est toi qui m’chauffe honey, tu l’sais bien » et le rire s’échappe alors que son regard se détache de quelques secondes, à regarder vers la porte. les sens aux aguets, le corps sur le qui-vive, gamine qui attend qu’on vienne la chercher. et c’est la boule de nerf qui vibre en son sein – trop impatiente de monter sur scène.
mais c’est comme un voile d’inquiétude qui recouvre ses obsidiennes pleines de feu, alors qu’elle se tourne de nouveau vers lui. à déglutir rapidement, il ne semble pas au courant. les sourcils qui se froncent alors qu’elle baisse le regard vers ses mains bandées. « il peut plus m’voir, l’égo trop touché tout ça, j’crois même qu’il a pas réussis à se remettre de la branlée que je lui ai donnée. » trop de fierté en elle, elle gonfle la poitrine, remontant le menton à la façon d’un coq trop fier. mais le spectacle ne dure que quelques secondes. « t’auras plus gros, j’pense, sur ce coup-là. ». et elle ne dit rien de plus – à appréhender la réaction de cet homme si il venait à apprendre qui est réellement son adversaire ; à entendre déjà résonner les tu n’es pas prête pour lui. pourtant, si elle l’affronte aujourd’hui, c’est que quelque part, elle l’est. et elle hausse les épaules, presque nonchalante ; consciente que ce combat n’est pas un 50/50 – mais plus un 90-10 ; pourtant, l’impétueuse ne se démonte pas. trop désireuse de fermer quelques bouches vipères au passage.
elle change de sujet bonnie, souhaite, le temps de quelques secondes, rester dans son ombre. « t’as une sale gueule, t’as pas dormis cette nuit ? légère inquiétude teintant sa voix, elle l’efface à coup de diva, portant sa main sur la poitrine, elle affiche un air faussement choqué. tu m’trompes c’est ça ?! ô désespoir, il a trouvé mieux que moi. » avant d’éclater de rire – trop d’éclats dans la mélodie alors qu’elle entend son prénom résonné.
bonnie qui se redresse, palpitant affolé dans la cage thoracique qu’elle a l’impression qu’il est au bord de l’implosion, c’est à elle. sourire crispé sur le visage, elle se tourne de nouveau vers clyde. « bon. it’s my turn. » et le soupir se fait lourd alors qu’elle s’avance de quelques pas. avant de s’arrêter, se tourner vers lui. affiche un air sournois, se rapproche de lui afin de lui voler un baiser. « j’y ai l’droit ok. » et elle fronce le bout de son nez, agite ses sourcils de façon ridicule avant de reprendre son sérieux, de la lâcher la bombe. « c’est pas le joker clyde a prendre une inspiration, avoir les mots qui brûlent la bouche. c’est le corbeau ; souhaite moi bonne chance » ; clin d’œil lancé, elle s’échappe rapidement de la pièce.
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