au tour d'un baiser (adriel)

Parker a arrêté de chercher des passages vers Sigan depuis la dernière fois qu’elle a vu Adriel. Parce que son rêve d’y retourner, ça s’était couplé avec son rêve de jamais le quitter, son grand frère. Mais ils se sont vus, et il l’a embrassé. Et tout était très étrange. Parce que Parker s’est pas sentie mal qu’il l’embrasse, vraiment. Elle s’est juste dit que c’était à cause des coups qu’il avait reçu. Elle s’est sentie mal par rapport à Kihyun. Parce qu’elle l’aime toujours. L’aimait toujours à ce moment là. Qu’elle a eu l’impression de le tromper, de déshonorer sa mémoire. La mémoire de leur relation, aussi brève ait-elle été. Brève et forte, intense. Leur relation s’est arrêtée à un baiser. Il voulait rien faire de plus tant qu’il aurait pas officiellement quitté sa femme. Il voulait pas que la première fois de Parker se fasse en tant que maîtresse. Il voulait l’épouser, il lui avait dit. Enfin, pas vraiment, mais à mi-mots. Sa mort a pas changé ce que Parker ressent pour lui. Sa mort l’a fait souffrir plus que tout ce qu’elle avait pu traverser avant. Mais faut aussi dire que Parker a eu une vie plutôt facile. Les seuls moments durs qu’elle a vécu ont été son arrivé à Altéa (où finalement, elle a eu vite de l’aide), et la mort de Kihyun. C’est peu, pour une vie. La mort de Jean a été douloureuse aussi. Mais si peu, en comparaison du reste. Puis, elle la connaissait pas depuis si longtemps que ça. Puis elle avait le droit de se sentir blessée alors qu’à côté d’elle, à l’enterrement, Nephtys et tant de têtes rousses pleuraient à chaudes larmes. Elle a pas beaucoup souffert dans sa vie, Parker. Mais les rares fois où c’est arrivé, elle a pensé sa souffrance insurmontable. Et à chaque fois, Adriel a été là. Il a été là quand elle a débarqué sur Altéa, puis il a été celui à la sortir du lit, lorsque Kihyun est mort. Il a toujours été là. Et il lui a promis qu’il le serait toujours, en acceptant de venir vivre une semaine sur deux sur Sigan, avec elle. Ca lui a redonné vie, ce jour là. Puis il l’a embrassé. Et Parker a fui. Il l’a pas recontacté, elle non plus. Et il lui manque. Parker a besoin d’Adriel dans sa vie. Et lorsqu’il y est pas, comme ces dernières semaines, il lui manque quelque chose.
Parker a décidé d’aller le voir. Au mieux, c’était juste ses nerfs après les coups, au pire, il pourra toujours lui expliquer, hors choc du baiser, pourquoi il l’a embrassé. Parker a cette partie de son esprit, qu’espère qu’il lui dise que peut-être, il est amoureux. Mais elle est infime. Et infâme. Parce que Parker est sûre que c’est lié à Kihyun. Que le sentiment d’être aimé lui manque. Qu’elle serait prête à le remplacer par la première personne venue. Et Parker a pas envie que ce soit Adriel. Parce qu’elle veut pas qu’il serve de second best. Il a toujours été le first dans ses pensées. Amicales. Toujours. La seule personne qui ait pu être plus important pour elle, c’était Kihyun. Même ses parents le sont pas autant. Et ses parents sont plus qu’importants.
Elle s’avance insécure vers le magasin de fleurs, s’arrête plusieurs fois en chemin. Croise des gens qu’elle connaît, s’arrête pour discuter avec eux, le plus longtemps possible. Elle doit y aller, elle va y aller, mais sa détermination est pas vraiment pressée. Elle veut prendre le plus de temps possible. Elle finit par arriver à la porte, prend une énorme inspiration, pose sa main sur la poignet, et lève les yeux avant d’ouvrir la porte. Elle avait plaqué un sourire sur son visage. Un sourire tout nouveau. Elle est heureuse de voir Adriel, mais appréhende la confrontation. C’est un sourire heureux, mais un peu forcé, parce que gêné. Elle veut surtout pas qu’il voit qu’elle est gênée. Et elle pourrait se dire qu’ils vont pas en reparler, passer à autre chose. Sauf qu’elle veut savoir. Un partie, infime, d’elle, veut apprendre que c’était pas juste les nerfs. L’autre, immense, veut confirmer que c’était juste ça, les nerfs. Mais lorsqu’elle voit le corps d’Adriel, son sourire s’efface, et son visage se décompose. Ses yeux restent fixés pendant une petite minute sur les deux corps entrelacés, face à elle. Adriel a jamais été tactile. Et lorsque Parker lui fait des câlins, il a tendance à rougir et a s’éloigner rapidement. Cette fille, il la laisse l’étreindre, et semble pas vraiment se débattre. Et Parker est jalouse. Elle a aucun mal à se l’admettre, même. Elle est jalouse. Qu’une autre fille soit aussi proche de son Adriel, qu’elle, l’est.
Elle pèse le pour et le contre, de juste tourner les talons et s’en aller. Mais l’infime partie de son esprit s’imagine des scénarios, d’Adriel, et de cette fille. Et elle refuse de donner à ses scénarios n’importe quelle chance de se réaliser. Alors ni une ni deux, elle entre dans la boutique. Elle s’approche d’eux, et pose son visage à quelques centimètres de celui de la fille. Elle est belle, en plus. La fille s’éloigne, un sourire mesquin aux lèvres. Parker aime pas cette fille. Et pourtant, Parker aime tout le monde. Peut-être qu’elle est très gentille, mais la proximité qu’elle a, avec Adriel, la dérange. Elle attend patiemment que le fille sorte de la boutique, l’entendant lancer un “Bonne chance”, dirigé vers Adriel. Puis un “Amusez vous bien” adressé directement à Parker. Et elle se retourne vers son ami, finalement.

C’est qui, elle ?

Sa voix est plus froide qu’elle l’aurait souhaité. Ses lèvres sont boudeuses, et ses sourcils froncés. Elle ressemble à une enfant qui a vu son meilleur ami avec quelqu’un d’autre pendant toute la récré. La partie infime de son esprit tente de penser à une autre comparaison, mais l’immense écrase l’idée dans son oeuf. C’est juste ça. Une amie qui veut garder son ami juste pour elle. Ca se fait, entre amis. La jalousie.

Même si parfois elle est vraiment pénible, à la limite du supportable, la compagnie de Jillian lui fait quand même du bien. Lui redonne un peu le sourire au moins et parfois le son de son rire se répercute dans sa boutique. C'est déjà beaucoup dans son état. Et même si il le dit pas à voix haute, pour plusieurs raisons à commencer qu'il veut pas que les chevilles de son amie gonflent, il est reconnaissent de sa présence, de sa bonne humeur et de sa joie de vivre. Elle fait l'effet d'un rayon de soleil dans sa boutique, elle égaye ses journées tristes et mornes. Il tourne un peu en rond Adriel depuis quelques temps, il sait pas forcément quoi faire. Alors il fait des bouquets à la boutique et quand il rentre chez lui il arrange ses plantes comme il en a envie. Parfois il sort. Pour boire un café, manger quelque chose et faire des nouvelles rencontres. Mais tout seul c'est pas toujours amusant. Alors même si Jillian l'embête souvent, le met mal à l'aise parfois il est content qu'elle soit là. E quand elle est dans les parages il ne pense pas à Jesse. Comme il discute, rigole avec elle, il cesse pendant un temps de ressasser son acte. Le baiser, il cesse d'y penser. Quand Jillian disparaît ça recommence. Mais il profite quand même de ces quelques heures de répit. Pour souffler, pour ne plus se torturer ni l'esprit ni les pensées. Plus elle l'embête, plus il rigole. Il la serre dans ses bras, ça le gêne pas tant que ça avec Jillian. Sûrement parce qu'elle a la capacité de le gêner tout autrement, comme quand elle lui rappelle qu'il est puceau. C'est extrêmement gênant, alors un câlin avec elle ça passe tout seul.
Il ne se détache d'elle que lorsque la cloche sonne, qu'un client passe la porte. Non, une cliente, pas n'importe laquelle. Jesse. Il a l'impression que le souffle lui manque, que l'air se bloque dans sa poitrine. Il passe ses mains sur les épaules de Jillian pour la repousser lentement. Sans savoir vraiment pourquoi, elle est son amie il a le droit de la serrer dans ses bras. Mais c'est pas correct devant les clients. Des absurdités, il a peut-être juste peur de comment Jesse peut interpréter cette scène. Il veut pas qu'elle croit qu'il se tape tout le quartier, qu'il l'a embrassé elle pour mieux en prendre une autre dans ses bras et qu'il fait dieu sait quoi avec la jolie boulangère de l'autre côté de la rue. Non, il n'est pas comme ça Adriel. Il n'est pas un coureur de jupon. Il secoue la tête quand Jillian parle, évidemment elle ne peut pas s'en empêcher ce n'est pas étonnant. Puis quand elle disparaît c'est au tour de Jesse de parler, sur un ton peu habituel. Froid, peut-être. Est-ce qu'elle est jalouse ? Adriel n'est peut-être pas doué avec les sentiments mais ça ressemble quand même à de la jalousie, beaucoup. Il braque son regard vers elle, il a pas envie de sourire. D'ailleurs depuis que Jillian a quitté la boutique, il sourit plus. Une amie proche. il sait pas pourquoi il a rajouté proche. Peut-être parce qu'il en a marre, vraiment marre. D'être toujours relégué au second plan, qu'elle pense encore à l'autre. Et qu'elle est incapable de le voir lui. Autrement que comme un grand frère, sur le plan des sentiments amoureux il est transparent, inexistant. Alors peut-être qu'il cherche à la punir, à lui montrer ce que ça fait d'être jaloux, d'être le second choix. Jillian est une amie proche, il ne ment pas là-dessus. Mais il ne culpabilise pas d'en jouer pour piquer sa jolie rousse.
Il s’éloigne d'elle, passe derrière le comptoir pour marquer la distance. Commence à arranger un bouquet de fleurs sans vraiment se préoccuper de la présence de Jesse, il est toujours gêné, se sent toujours honteux pour le baiser. C'est la première fois qu'ils se revoient depuis, c'est étrange. Qu'est-ce que tu veux ?

Parker, son coeur se perd un peu quand elle voit le visage d’Adriel. Il souriait quand elle est entrée dans la boutique. Il souriait quand elle était dans ses bras, l’autre fille. Et lorsqu’elle est partie, Adriel a arrêté de sourire. Et il la regarde, il sourit pas. Son visage est complètement fermé. Et Parker aime pas ça, du tout. Il a jamais été comme ça avec elle. Il a jamais été comme ça tout court, pas vrai ? Adriel il est doux, gentil, souriant. Il est pas froid, méchant et fermé, comme ça. Et Parker a peur, soudainement. De plein de choses. Peur qu’il lui en veuille du baiser, peur qu’il lui en veuille de les avoir dérangé, peur qu’il lui en veuille d’être revenue. Peut-être qu’il aurait préféré qu’elle sorte de sa vie. Peut-être qu’elle aurait jamais dû revenir. Elle pourrait pas se pardonner, si il lui en veut. Elle pourrait pas se pardonner de lui avoir fait quelque chose de mal, de lui avoir fait du mal, en quelque sorte que ce soit. Elle pourrait pas se pardonner. Jamais. Parce que ça voudrait dire qu’elle perdrait Adriel, et que ce serait de sa faute. Et c’est pas possible. Elle peut pas vivre sans lui, non. Elle peut pas. Elle veut pas, non plus, d’ailleurs, vivre sans lui. Elle refuse de vivre sans Adriel dans sa vie. Elle refusait de partir sur Sigan retrouver ses parents sans lui. Alors si même sur Altéa il veut plus la voir, comment est-ce qu’elle va faire ? Elle refuse de perdre deux personnes sur ce monde. Trois, si elle compte Jean. Elle refuse, totalement, de perdre d’autres gens. Et elle veut surtout, surtout pas perdre Adriel. Jamais. Si il veut plus la voir, elle retournera sur Sigan, pour toujours. Parce qu’elle veut pas passer une seconde sur Altéa, si elle sait qu’elle pourra pas terminer sa journée dans les fleurs et avec Adriel.
Une amie proche, qu’il répond finalement, sortant qu’à peine Parker de ses pensées catastrophiques. Une amie proche, oui. Peut-être qu’il est amoureux d’elle, peut-être qu’elle aussi, est amoureuse de lui. Et Parker dans tout ça, elle est où hein ? Égoïstement, elle veut pas qu’Adriel tombe amoureux. Jamais. De personne. Les autres, elle a plutôt tendance à vouloir les aider à tomber amoureux, mais Adriel, non. Adriel, s’il tombe amoureux, il sera plus avec son amoureuse, et plus autant avec Parker. Et ça, elle veut pas. Jalouse et possessive, l’infime partie de son cerveau s’étend de quelques millimètres. Lorsqu’il s’éloigne d’elle et repart derrière le comptoir, le coeur de Parker se sert, un peu. Il s’éloigne. Il s’éloigne d’elle, et Parker déteste ça. Pourquoi il fait ça ? Il aime une fille alors maintenant Parker a plus aucune place dans sa vie, c’est ça ? Peut-être qu’elle devrait partir, peut-être que venir était pas une bonne idée. Peut-être qu’il a plus besoin d’elle dans sa vie, et qu’elle s’est faite remplacée par cette fille là. Elle devrait faire demi-tour et sortir de la boutique. Et elle ira pleurer dans les bras de Jo, ou de Yohan. Ou d’Evan. Ou de quiconque pourrait la réconforter. Probablement les trois. Elle aura besoin de beaucoup de réconfort si jamais Adriel veut plus d’elle dans sa vie. Elle était venue pour qu’ils parlent du baiser, pour qu’ils se mettent d’accord sur ce qui c’était passé. Pour qu’elle comprenne. Mais c’était peut-être pas une bonne idée.
Et il agit comme si elle était pas là, fait un bouquet, et Parker est au bord des larmes, parce qu’il l’a jamais traité comme ça et elle comprend juste pas. Alors quand il lui demande ce qu’elle veut, Parker baisse la tête, regarde le sol. Et commence à réfléchir à ce qu’elle pourrait lui répondre. Et Parker, c’est pas dans ses habitudes de réfléchir avant de répondre. Elle est plutôt du genre à faire du tac au tac. Mais elle veut surtout pas énerver Adriel. Et elle veut surtout pas qu’il la jette dehors. Il veut pas qu’il la sorte de sa vie, elle le supporterait pas. Elle trouve pas de phrases qui expliquent vraiment ce qu’elle fait là, alors à la place, elle laisse parler sa peur, et prend une grand inspiration pour calmer un peu son coeur qu’est sur le point de la faire mourir sur place.

T’es froid. Pourquoi ? Tu m’aimes plus ?

Elle l’aime toujours elle. Elle veut pas partir, elle veut pas être loin de lui. Et elle a si peur, si si peur de sa réponse. Elle hésite à lui dire d’oublier ça, et de reprendre son idée de faire demi tour et de s’en aller. Elle contrôle pas son pied qui bat la pulsation, et c’est frénétique. Elle passe la langue sur ses lèvres, elles sont pas si sèches que ça, pourtant. C’est une mauvaise habitude, ça. Elle a jamais su d’où ça venait.

Depuis le premier jour il arrive pas à sortir la jolie rousse de ses pensées. Il a l'impression qu'elle hante ses journées autant que ses nuits, aussi bien ses rêves que ses cauchemars. Elle est toujours là, quelque part dans un coin de sa tête mais surtout dans son cœur. Il sait bien qu'il peut pas continuer de vivre de cet amour platonique, de cet amour douloureux. Parce qu'il a beau sourire, être toujours là pour elle ça commence vraiment à faire mal. De voir qu'elle l'a mit de côté délibérément pour un autre, qu'elle a aimé un autre homme plus que lui. Et qu'elle l'aime toujours, que son organe saignant lui est toujours fidèle au delà de la mort. Il peut pas continuer de vivre cette situation jusqu'à la fin de sa vie, il sait qu'il doit tirer un trait sur elle. Elle ne veut pas de lui, il l'a comprit avec le baiser qu'elle ne lui a pas rendu. Il aurait du le comprendre bien plus tôt. Elle ne l'a jamais aimé autrement que comme un grand frère. Que comme un meilleur ami. Et ça ne changera sans doute jamais. Mais il trouve méchant de vouloir la remplacer, l'oublier dans les bras d'une autre fille. Il trouve ça méchant pour l'autre fille, il peut pas faire ça à un être humain. Parce que cette fille ne doit pas souffrir peu importe qui elle est. Donc il doit apprendre à cesser d'aimer la jolie rousse avant de s'intéresser à une autre. C'est difficile. Il sait qu'il doit prendre ses distances, peut-être en se montrant un peu moins gentil. Ce qui est plus facile qu'il le pensait, finalement. Il nourrit une certaine rancune, sans s'en rendre compte. Il s'énerve quand il constate qu'elle aime toujours l'autre, il puise dans cette colère pour ériger un masque de froideur, une barrière entre eux. Depuis que Jillian est partie, il ne sourit plus. Il est renfrogné, s'occupe de ses fleurs sans se préoccuper de la jeune femme. Pourtant c'est pas l'envie qui lui manque de la serrer dans ses bras et de goûter à ses lèvres une nouvelle fois, il peut simplement pas s'y résoudre. Au fond il se dit qu'il mérite mieux que ça, mieux qu'être sans cesse relégué au second plan. Que si Jillian sait qu'il est amoureux de Jesse alors la rousse elle-même doit le savoir, elle doit l'avoir remarqué. Adriel est romantique, il est doux et gentil, il est attentionné alors il espère que d'autres filles s’intéresseront à lui pour lui donner l'amour qu'il mérite. Et il continuera d'aimer Jesse mais de la manière qu'elle le veut depuis toujours, comme une petite sœur. Et quand elle finira par retrouver l'amour à son tour, il sera heureux pour elle. Et tout ira enfin mieux. C'est simplement un mauvais moment à passer, d'être un peu méchant avec elle. Ses mots lui brisent le cœur, il se mord l'intérieur de la joue. L'ambiance est différente de d'habitude, elle est gênante. Un froid glacial plane au dessus de leur tête. Il peut pas la prendre dans ses bras pour la rassurer, il peut pas passer sa main dans ses cheveux pour lui montrer qu'il est là, que justement il l'aime. Beaucoup trop, beaucoup trop fort. Et qu'il doit se débarrasser de cet amour si il veut avancer dans la vie, qu'il est désolé mais que c'est un passage obligatoire. Il aimerait lui dire tout ça, mais il peut pas. Tout mon monde ne tourne pas autour de toi, Jesse. Je suis juste de mauvaise humeur. voilà ce qu'il lui dit à la place, ça lui donne envie de se frapper. Il ne se reconnaît même pas, il se demande même comment de tels propos peuvent sortir de sa propre bouche, il a l'impression d'être un spectateur étranger à la scène. Il relève le visage pour fixer la porte de la boutique, espérant presque voir son amie revenir pour le sauver de cette situation. Mais il sait très bien que Jillian ne repassera pas le pas de cette porte, pas maintenant en tout cas. T'es venue acheter un bouquet ?

Parker aime pas l’idée seule de perdre des amis sans aucune raison. Elle a l’impression que c’est plus facile de s’en faire quand elle est comme elle est, que si elle était comme Jamie ou Nephtys. Parce qu’elle sourit, et qu’elle est gentille, douce, et agréable. Que c’est simple de lui parler, et tout ça. Mais Parker, elle est aussi beaucoup plus sensible, et passe rapidement des rires aux larmes. Et pas juste d’un sourire à des yeux embués, non non. Des vrais grands éclats de rires aux vraies grandes crises de larmes. Et parfois, elle a l’impression que les gens, ça les dérange. Cette façon qu’elle a, si simple, de montrer ce qu’elle le ressent, à l’intensité qu’elle le ressent. Elle a cette impression que les gens essayent de cacher ça, ce qu’ils pensent, quand ou pourquoi. Alors que Parker, si elle avait un cerveau ouvert aux autres, et qu’ils pouvaient voir comment se déroulait son fil de pensée, ça la dérangerait pas. Parce qu’elle a jamais rien caché à personne. Et que selon elle, la vérité peut tout apporter. Sa vérité, en tout cas. Peut-être que la vérité de certaines personnes sont blessantes, trop pour qu’elles soient juste offertes sur un plateau sans les emballer dans du papier cadeau qui protègerait le destinataire. Alors que Parker, non. Pas besoin de ça, avec Parker. Parce qu’elle pense rarement de choses négatives. Elle pense rarement que telle ou telle personne est pas gentille. Et c’est probablement la chose la plus méchante ou difficile à entendre qu’elle pourrait penser d’une personne. A part de cette fille, qu’était là, dans les bras d’Adriel. Elle, même Parker aime pas ce qu’elle a pensé d’elle. Parker comprend toujours pas ce genre de pensés. Parce qu’après tout, elles lui sont rares. Et qu’en général, c’est pas en plein jour, face à des gens. C’est plutôt le soir, tard, lorsqu’elle est pas trop éveillée et qu’elle fait le bilan de sa journée. Elle pense ces trucs là quand elle est pas totalement consciente de ce qu’elle pense. Là, c’était différent.
Toujours est-il, que Parker veut pas perdre ses amis. Et elle veut surtout, surtout pas perdre Adriel. Parce qu’Adriel est spécial. Il est plus qu’un ami. Il est un frère. Et se détacher de sa famille, ça a été difficile, elle compte pas laisser un membre d’une famille qu’elle a réussi à reconstituer lui filer entre les doigts. Puis, Adriel a promis de l’accompagner sur Sigan, pas vrai ? Une semaine sur deux, c’est ce qu’il a dit. Parker veut pas le perdre avant d’avoir pu le faire respecter sa promesse. Avant d’avoir pu lui présenter ses amis. Elle veut lui présenter sa famille, déjà. Sa famille, surtout, d’ailleurs. Elle veut lui présenter tant de monde. Elle veut lui présenter Nikita, et elle veut lui présenter Lidiya, et Sibel. Elle veut lui présenter tous ses amis, pour qu’ils deviennent ses amis à lui aussi. Mais rien de tout ça ne sera possible, si elle le perd. Et il est méchant aujourd’hui, froid, différent. Et Parker a peur. Vraiment peur. Qu’il veuille plus la voir, ou lui parler. Peut-être qu’elle a fini par l’énerver, peut-être qu’il a fini par s’ennuyer d’elle. Parker a peur. Alors elle demande. Elle demande parce qu’elle a besoin d’être rassurée. Et ce, même si elle craint sa réponse. Et lorsque la réponse arrive, Parker comprend qu’elle a eu raison, de la craindre. Parce que la froideur et les mots, le sens de la phrase, tout ça, ça la fait sursauter. Parce qu’elle est pas habituée à cet Adriel là. Elle baisse les yeux au sol, les mots tournent en boucle dans son esprit. Puis, encore, s’il avait dit que tout le monde tournait pas autour d’elle, elle l’aurait peut-être mieux pris. Mais tout son monde. Elle veut pas être tout son monde. Juste une grande partie. Et c’est normal, de vouloir ça, pas vrai ? Adriel continue, et Parker relève les yeux cette fois. Un visage triste, des yeux battants des larmes qui sont évidentes, au coin de l’oeil. Elle a le visage boudeur, et les sourcils froncés. Elle est pas énervée. Juste un peu contrariée.

Non. Je voulais parler du bisous de la dernière fois. Je voulais comprendre ce qui s’était passé. Mais t’as du me confondre avec elle, en fait.

C’est fort peu probable. Elle a les yeux bridés, l’autre, et elle est pas rousse. Puis elle est plus âgée que Parker, aussi. Mais ça semble logique, pourtant, dans son esprit. Adriel c’est son chevalier, bien sûr, mais Parker a tendance à oublier que c’est aussi le prince de quelqu’un. Et peut-être que c’est elle, sa princesse.
Et Parker, pour une raison qu’elle comprend pas encore tout à fait, elle aime pas trop trop cette idée.

L'amour, c'est de la merde. C'est un fait sur lequel il ne veut pas revenir et encore moins débattre. Il pense que l'amour, c'est de la merde. Et pourtant Adriel est un grand romantique, sans doute qu'il rêve - ou, en tout cas, rêvait - d'une vie amoureuse où tout se passe bien, d'un conte de fées où ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants. Il trouve que les histoires d'amour sont belles chez les autres, il aime croire qu'il peut avoir une belle histoire avec une fille (jesse). Sauf que c'est pas le cas. Dans sa vie, l'amour est inexistant. En tout cas il est platonique. Il aime la jolie rousse, elle ne l'aime pas. Alors en partant de ce constat il trouve que l'amour, c'est de la merde. C'est un sentiment qui le fait souffrir, qui l'angoisse et le chagrine. Qui peut le tenir éveillé pendant des heures durant la nuit parce qu'il se demande comme elle va, si elle a mangé à sa faim, où elle se trouve. Des questions anodines mais qui martèlent sans arrêt son cerveau parce qu'il est amoureux. Ce qui est encore plus abjecte que l'amour, par contre, c'est cette histoire de soulmate. Il a l'exemple type avec ses parents que ce n'est pas obligatoire. Il peut très bien tomber amoureux d'une autre fille, faire sa vie avec elle. Mais pour l'instant il souffre encore de la perte de l'autre, c'est pas lui qui souffre mais sa soulmate et il souffre par son biais, ça c'est vraiment de la merde. Il se demande bien comment il peut être dans une telle situation. C'est comme une sale vengeance du karma. Sauf que du plus loin qu'il s'en souvienne il s'est toujours très bien comporté, il est incapable de faire du mal aux autres. Alors il se dit que le karma peut aller se faire foutre, il mérite pas ce qu'il vit actuellement. En tout cas, méritait pas. Maintenant les choses peuvent se voir sous un angle bien différent.
Parce que là il se comporte mal.
Et c'est pas par gaité de cœur, il y voit simplement une opportunité. De faire croire à Jesse qu'elle n'est pas la seule et unique femme dans sa vie. Il se dit que peut-être, elle va comprendre. Parce qu'après tout lui a bien comprit que l'on s'attache plus facilement aux personnes fuyantes. Ou que l'on remarque qu'on tient à quelqu'un quand cette personne nous échappe. Il se demande si Jesse va comprendre qu'elle tient à lui si elle a cette sensation qu'il en pince pour une autre. Qu'il peut lui tourner le dos à tout moment. C'est pas sympa, du tout. D'en profiter, de jouer avec ça. Et il culpabilise peut-être un tout petit peu avant de se rappeler qu'elle ignore son amour depuis des années. Qu'elle s'est mise en couple juste sous son nez. Et qu'elle a a pleuré l'homme, qu'elle lui a transmit sa douleur. Même ça, elle le sait pas, le voit pas. Qu'en pleurant l'autre, elle l'a fait souffrir lui.
Il grimace quand elle lui parle du bisou. Il préfère oublier cet épisode, même si il se souvient de la sensation de ses lèvres contre les siennes il sait qu'il n'aurait pas du faire ça, que c'est pas normal. Il hausse les épaules. Ouais, j'avais pas les idées claires alors peut-être que je t'ai confondu avec elle, c'est possible. il sait que c'est pas vrai, mais pourquoi parlementer à ce sujet ? Il n'en a pas envie de toute façon, il veut simplement ne plus y penser parce qu'il se sent passablement honteux. Il soupire, se mord l'intérieur de la joue. Ecoute, je suis désolé de t'avoir embrassé d'accord ? C'est ... ça se reproduira pas, tu veux bien oublier ?

Elle ressent pas pour Adriel ce qu’elle ressentait pour Kihyun. Oh non, ça c’est sûr. Loin de là, même. C’est le même degré d’amour, mais dans des directions opposées. Ou, non, pas opposées, mais loins. Ce qu’elle ressent pour Kihyun, c’est de l’amour. Celui des contes de fées, celui d’ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Adriel, c’est. C’est pas ça. C’est autre chose. Adriel, c’est de l’amour qui ressemble à de l’accoutumance. Elle veut pas vivre sans lui, jamais. Parfois, elle se dit qu’elle serait probablement encore plus triste de sa mort à lui, qu’elle l’a été de celle de Kihyun. Mais pas parce qu’elle amoureuse de lui. Juste parce qu’elle a besoin de lui. Elle a besoin de sa présence à ses côtés, pour se sentir bien, pour se sentir heureuse. Ou pour se sentir vivante, parfois, juste. Dans les moments les plus durs de sa vie, et ce, même lorsque Kihyun était encore vivant, c’était Adriel qu’elle allait voir. Pas Kihyun. Elle a besoin de sa présence. Elle a besoin qu’il soit près d’elle pour qu’elle puisse être totalement bien, totalement à l’aise. C’est pour ça, que l’idée même de retourner sur Sigan sans lui, c’était impossible à concevoir. C’est pour ça qu’elle lui a proposé de l’accompagner. C’est pour ça qu’ils se sont décidés pour qu’ils fassent une semaine sur chaque mondes, ensemble. Même si parfois, Parker se dit que c’est pas une super idée. Elle continue à penser que Adriel a pas sa place sur Sigan. Qu’il s’y sentira enfermé, ou malade. Y’a pas de fleurs sur Sigan, pas des vraies, en tout cas. Et y’a rien de naturel. Et Adriel aime ce qui est naturel. Parker a cette peur qu’après qu’il ait découvert son monde, il veuille plus jamais y remettre les pieds. Et c’est déjà une peur qui lui bouffe le moral. Mais qu’en plus, il la traite comme il le fait aujourd’hui. Parker sait pas comment réagir, sait pas quoi dire, sait pas quoi répondre. Sait pas quoi faire. Parce que, avant aujourd’hui, Adriel a toujours été adorable avec elle. Il a toujours été super gentil, et doux, et attentionné, et que c’est cet Adriel là qu’elle connaît et qu’elle aime. Là, le Adriel qu’elle a face à lui, c’est un étranger. Il est froid, et il pense pas à elle, ni à comment elle peut ressentir les choses. Et c’est étrange, c’est pas comme ça que c’est censé se passer. Parker, elle est habituée à un certain comportement, de la part d’Adriel, et c’est pas ce comportement là, du tout. Parker a pas envie de pleurer. Même si ça lui fait de la peine. Parce qu’elle comprend pas. Et qu’avant de se laisser partir dans ses émotions, elle aimerait comprendre. Elle aimerait comprendre pourquoi il agit comme ça, aussi froidement, avec elle.
Alors elle pose des questions, elle essaye de comprendre. Elle boude. Et révèle la raison de sa présence dans le magasin, aujourd’hui. Elle sait pas vraiment la réponse qu’elle attendait, en venant ici. Elle espérait qu’il lui dise que c’était une erreur ? Ou elle espérait qu’il lui dise que c’en était pas une ? Elle sait pas, elle est contrariée de voir qu’elle semble vouloir un peu des deux. Et c’est pas normal. Parker a plutôt tendance à être sûre de ce qu’elle veut, tout le temps. Là, là, c’est différent. Là, elle semble être perdue dans des désirs et des demandes irréalisables, étranges. Mais sa réponse la blesse, fort. Très, très fort. Bien plus qu’elle pensait que ça le ferait. C’est pas tant le problème qu’elle ait été confondue avec quelqu’un. Mais plus le fait que le baiser lui était pas destiné, et c’est bizarre. Parce qu’elle comprend pas pourquoi ça la dérange. Elle passe sa langue sur ses lèvres encore humides du dernier passage, et baisse la tête. Pas honteuse. Juste triste. Presque abattue. Puis il reprend, il se remet à parler, et c’est plus doux. Et là, Parker reconnaît son Adriel. Mais ce qu’il dit lui fait pas plus plaisir que ça. Et ça devrait la faire sauter de joie. Elle devrait sauter sur l’occasion pour dire que “bien sûr, elle veut bien tout oublier, et ils seront ce qu’ils ont toujours été”. Mais elle peut pas. Elle y arrive pas. Et elle veut même pas se forcer à essayer. Alors elle relève les yeux vers lui, et ils sont brillants. Et si on cherche bien, y’a des larmes, quelque part.

J’ai pas envie d’oublier. Et j’ai pas envie que tu m’aies confondu avec quelqu’un d’autre. Et j’ai pas envie que tu recommences pas. Je crois. C’est bizarre Adriel. Je sais pas ce que j’ai. J’ai deux parties de mon cerveau qui se battent quand j’y pense. Je sais plus quoi penser.

Elle baisse les yeux, elle baisse la tête, regarde ses pieds. Les fait bouger pour se mettre sur l’arrête de ses pieds, et les fait redescendre. Et recommence plusieurs fois. Parce qu’elle se sent comme une petite souris face à un piège. Et qu’elle a aucune espère d’idée de comment elle va réagir face à tout ça. Face à ses sentiments qu’elle comprend pas. Mais Adriel l’a toujours aidé, tout le temps. Et elle a confiance en lui, il réussira à lui faire voir plus clair.

Soudainement il se rend compte que la présence de Jillian lui manque. Il sait pas vraiment pour quelle raison, ou au contraire il sait très bien pourquoi. Parce qu'il a pas envie d'être seul avec la jeune femme, parce qu'il regrette son geste autant qu'il lui en veut à elle. Il aime pas nourrir de la rancune, peu importe pour qui d'ailleurs. Mais là c'est envers Jesse. Et ça rend la chose encore plus insupportable à ses yeux. Et ça l'énerve encore un peu plus, mais surtout contre lui-même. Mais toujours un peu contre elle quand même. Comment elle fait pour ne pas voir l'évidence, pour ne pas comprendre ce qu'il est pour elle. Qu'il est plus qu'un grand-frère. Vraiment, cette situation l'épuise. Il a l'impression de tourner en rond, de ne pas trouver la solution miracle. Il peut pas lui dire, il peut pas lui avouer qu'ils sont soulmate. Parce que sans doute qu'elle le prendrait pour un fou, qu'elle dirait qu'il est tombé sur la tête et ça la fera juste beaucoup rire. Non, il peut pas. Encore moins maintenant qu'il s'est mit dans la tête que même le baiser n'a rien changé, que même ce geste ne lui a pas fait comprendre l'ampleur de leur lien. C'était pas une bonne idée de tomber amoureux d'elle. Mais c'était pas de sa faute, il le sait. Se demande si il serait tomber amoureux d'elle si elle n'était pas sa soulmate, peut-être ou peut-être pas. Peut-être à force de la côtoyer, en apprenant à la connaître avec son caractère doux et joyeux. Sûrement. Mais pas d'emblée. Pas en la regardant, pas comme un coup de foudre. Il se mord la lèvre inférieure, se détourne quelques secondes. Il veut pas être seul dans la même pièce qu'elle, plus depuis la connerie. Il se renferme sur lui même, il fuit et c'est peut-être la solution la plus lâche au monde mais c'est sa solution. Il prétend pas être un homme courageux, si une fille espère un chevalier sur son cheval blanc alors elle ne doit pas s'arrêter au pas de sa boutique. Elle n'y trouvera qu'un petit énergumène à la voix grave, au tempérament aussi sensible que les fleurs qu'il vend. C'est sûrement pas un type comme lui qu'il faut à la jolie rousse, il est complètement différent de Kihyun. C'est sûrement pour ça qu'elle s'intéresse pas à lui, qu'elle peut pas le voir autrement que comme un grand frère. Il est comme le meilleur ami gay, sans être gay.
Mais cette fois ses propos font écho quelque part dans sa tête. Il relève le visage vers elle, se pince les lèvres. Il a l'impression de tomber, que ses muscles se relâchent tous. Parce qu'il est perdu dans un tourbillon d'émotions différentes, peut-être de l'incrédulité mélangé à une joie intense, trop intense. Mais c'est le doute qui vient balayer ce duo, la peur qui s'en mêle parce qu'il se dit qu'il comprend tout de travers. Ce qu'elle a dit ne veut pas dire ce qu'il a comprit. Elle ne veut pas qu'il l'embrasse à nouveau, il ne doit pas se faire d'idée. Et pourtant elle l'a dit. Elle a pas envie qu'il recommence pas. Et ça veut bien dire ce que ça veut dire, mais il veut pas, il peut pas y croire. Non, tu sais très bien quoi en penser. il peut lui donner la solution lui, parce qu'il est persuadé qu'elle n'éprouve rien pour lui, rien comme lui éprouve pour elle en tout cas. Il incline légèrement la tête sur le côté, braque son regard sur elle pour détailler les traits de son délicat visage. C'est juste bizarre pour toi que je m'intéresse à une autre fille parce que t'as peur que je te remplace, que je passe moins de temps avec toi et plus avec elle. mais ça n'arrivera pas parce que Jillian est simplement une amie, rien de plus. Mais c'est ça, c'est forcément ça. Elle a peur que son grand frère lui échappe, la jolie rousse. Elle veut pas qu'il l'embrasse à nouveau, elle veut juste pas qu'il lui échappe. Elle veut pas oublier parce qu'il a dit que c'était destiné à une autre fille, elle a peur d'être le second choix maintenant. Mais t'en fais pas, je serai toujours là si tu as besoin de moi.

Parker a juste pas envie de le perdre. Et de ça, elle en est sûre. Mais y’a tellement de choses qu’elle comprend pas, à côté. Elle comprend pas ses réactions, elle comprend pas sa façon d’être. Elle comprend toujours pas pourquoi il l’a embrassé ce jour là, et tout pointe sur le fait que ça ait pas été juste accidentel. Parce que, Adriel venait de se faire frapper, mais il allait bien. Il avait pas l’air d’avoir perdu la tête. Alors peut-être qu’elle l’a confondu avec cette fille qui vient de sortir de la boutique. Mais encore, elles se ressemblent pas du tout. Mais alors, du tout, du tout. Et Parker sait pas ce qu’il reste comme possibilité. A part qu’il l’ait fait parce qu’il le voulait, mais c’est pas possible. Pas vrai ? Adriel, c’est son ami, c’est son frère. C’est impensable qu’il veuille l’embrasser. Alors forcément, Parker bloque, bug, sur ça. Et ses sentiments à elle l’aident pas à se trouver rassurer de la tournure des évènements ou de leur relation. Elle veut pas le perdre. Elle veut pas que leur relation se termine comme ça, juste parce qu’un jour, sans qu’elle sache pourquoi, il s’est mis à la détester et à lui parler méchamment. Les questions qu’elle lui pose sont légitimes selon elle. Enfin. Légitimes. Parker a jamais eu honte de ses sentiments, ou peur de les exprimer. Pas à Adriel, jamais. A d’autres, peut-être, parfois. Surtout quand ils concernaient Kihyun, parce qu’il avait une famille, et qu’elle était celle qui allait la détruire. Qui a finit par la détruire, d’ailleurs. Mais à Adriel, elle a jamais eu honte, de lui parler. Ni de Kihyun, ni de sa culpabilité à détruire sa famille, mais de son intention de le faire quand même. Parce qu’ils étaient soulmates, et que les soulmates, ils ont été choisi par le destin pour faire des paires parfaites. Et là, c’est pareil. La situation est différente, mais c’est la même sensation. Elle peut lui parler sans avoir peur. Elle peut tout lui dire, même les doutes qu’elle a envers lui, et ses sentiments. Parce que Adriel est toujours parfait et a toujours les bons mots pour lui montrer le chemin.
Alors elle demande. Elle demande. Et lorsqu’il lui répond, elle écoute ses paroles avec le plus d’attention possible. Pour tout bien entendre, rien laisser à côté, et surtout bien comprendre. Elle sait qu’il peut l’aider à y voir plus clair. Et elle sait qu’Adriel ferait tout pour l’aider. Parce que, parce que c’est comme ça, ça a toujours été comme ça. D’après lui, elle sait quoi y penser. Alors Parker réfléchit. Elle a pas envie qu’il se soit trompé. Elle veut pas qu’il recommence pas. C’est pas clair, pourquoi elle pense ça. Elle sait pas quoi penser, il a tort. Et c’est étrange. Mais Parker fait pas attention trop longtemps, et attend qu’il continue de parler. Parce qu’elle a confiance en lui, elle se repose sur lui, il va continuer et lui donner la solution miracle, c’est sûr. Et effectivement, il continue. Et ce qu’il dit fait tant de sens, dans son esprit. Parker pensait pas être le genre de fille à être possessive, mais après tout, peut-être que c’est le cas. Peut-être qu’elle l’est, possessive. Surtout d’Adriel. C’est vrai que lorsqu’elle y pense, elle aime pas vraiment l’idée qu’il apprécie quelqu’un d’autre comme il l’apprécie elle.
Elle fait la moue, pour réfléchir un peu plus. Elle se pensait pas comme ça. Elle est bubbly, et heureuse, et sociable, et gentille. Elle pensait pas un jour être jalouse. Même la femme de Kihyun, elle a jamais été réellement jalouse d’elle. Mais c’est différent, elle avait aucune chance, elle. Elle avait pas ce lien de soulmate si particulier qui les liait ensemble. Puis Adriel termine, et Parker sourit. Et c’est un sourire radieux. Parce qu’elle a retrouvé son Adriel. C’est comme ça, qu’elle le connaît. Disponible, et heureux de l’aider lorsqu’il le peut. Alors Parker s’approche de lui, et saute à son cou, pose sa tête contre son torse, et le sert fort.

Merci Adriel. Je savais que je pouvais compter sur toi. T’es vraiment le meilleur.

Et là, ici, à son cou, sa tête posée sur son torse, elle se sent bien. A sa place.

Il se mord la lèvre inférieure, passe sa main moite derrière sa nuque. Essaie de se persuader que c'est plus simple de mentir, que c'est même la solution peut-être. Il déteste ça pourtant, c'est pas vraiment lui et il n'a peut-être même jamais menti de sa vie. Ou en cas de force majeur. Mais ces derniers temps il a comme l'impression de ne plus bien distinguer le bien du mal. Il fait des trucs qu'il n'aurait jamais fait auparavant, comme se faire tabasser dans une ruelle sombre. C'est sûrement parce qu'il en a marre, qu'il veut oublier ses sentiments, oublier de l'aimer, oublier d'aimer tout court. Peut-être que si il change il passera enfin à autre chose, il en sait rien. Mais là ça ne pose pas de problème de mentir, c'est pas vraiment un mensonge de toute façon. Il transforme un peu la vérité et surtout il joue sur un malentendu. Elle pense qu'il est en couple ou peut-être en train de flirter et il le nie pas. Mais il n'approuve pas non plus, il laisse simplement l'information flotter, une information mystérieuse. Et puis ça l'aidera peut-être dans son processus, il a envie de passer à autre chose parce que dix ans c'est beaucoup trop long. Qu'il se fait une raison, elle ne va pas tomber amoureuse de lui en un claquement de doigt. Et peut-être même qu'elle commence à tomber amoureuse de quelqu'un d'autre, qui sait. Simplement lui, il en a marre. D'être seul peut-être un peu, de pas avoir quelqu'un à aimer avec réciprocité, avoir quelqu'un à embrasser. Il a trente ans et ne connaît rien à l'amour, ses lèvres se sont tout au plus posées sur celles d'une fille de passage mais rien de plus, il ne sait même pas à quoi le corps féminin ressemble quand il est dépourvu de vêtements. Et il trouve ça plutôt triste. Il voit bien le regard de ses parents parfois, quand ils demandent si il a trouvé une petite amie, quand il va leur faire des petits enfants et tout le blabla d'une famille normale. Il peut pas apporter de réponse, on commence à se demander si il n'aime pas les hommes, tout simplement. D'ailleurs parfois il ne le nie même pas, il se dit que c'est plus simple de penser ça. Parce que aimer la même personne depuis des années sans que ce soit réciproque c'est triste, c'est pitoyable et il a pas envie d'être plus pitoyable qu'il ne l'est déjà.
Au fond il se cherche simplement des excuses parce que tout lui semble plus simple qu'avouer ses sentiments. Alors il parle, essaie de la réconforter parce que c'est dans ça qu'il excelle le plus de toute manière. Il est là simplement pour lui apporter son soutien, pour la rassurer. Et comme d'habitude, ça marche. Alors elle se jette dans ses bras, colle sa tête contre son torse sauf que lui ne bouge pas, il grimace. Retrousse son nez, garde ses bras le long de son corps. D'habitude il lève la main pour caresser cette douce chevelure mais pas là, cette fois il reste immobile plusieurs secondes et ne vient établir un contact que pour poser ses mains sur les épaules de la jeune femme et la repousser un peu. Il baisse son visage vers elle, Adriel. La regarde, un mélange de tendresse et de dureté au fond de son regard, un paradoxe parce que ses pensées ne sont pas claires, qu'il est amoureux d'elle autant que présentement il a envie de la rejeter voire de la détester de ne pas comprendre ce qu'il ressent. Il incline légèrement la tête sur le côté, fait une petite moue triste.
— Je crois que je vais devoir réserver ce genre de câlins à une autre personne dorénavant, je suis désolé.