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 Orques et Agrumes (Nina)

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Alceis Dolbert
Alceis Dolbert
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MessageSujet: Orques et Agrumes (Nina)   Orques et Agrumes (Nina) EmptyLun 18 Fév - 13:45

Orques et Agrumes
Nina Rhodes & Alceis Dolbert

Le vaisseau concilien Gloire de Sigan n’était pas exactement une beauté. On aurait dit, en le regardant, qu’un enfant avait pris un gros tas de pâte à modeler, en avait fait un rectangle plus ou moins parfait et avait ensuite hérissé son affaire de crayons pour figurer des antennes, le tout dans un grisâtre seulement rompu par les flammes des propulseurs neutroniques et les inscriptions de routine. Bref, ce vaisseau était laid pour qui s’attacherait aux apparences, mais pour qui connaissait ses spécificités techniques et s’intéressait à la beauté intérieure de cette noble créature de l’espace en revanche... Deux batteries de faisceaux calorifiques, seize projecteurs de boulets spatiaux pouvant délivrer une puissance cinétique phénoménale sur un point donné, deux lanceurs d’engin nucléaires et un propulseur Tantale, le dernier né des laboratoires conciliens, capable de faire se mouvoir le Gloire de Sigan sept fois plus vite que les vaisseaux de même tonnage employés par les Envahisseurs lors de leur assaut sur Sigan.

Si le Gloire de Sigan n’avait reçu la dénomination que de « corvette » ce n’était pas en raison d’un manque de capacité mais parce que dans les rêves d’une partie du Conseil, des militaristes ou même simplement de ceux qui estimaient qu’une puissance militaire spatiale devait être acquise fût-ce à des fins uniquement dissuasives et défensives, il y aurait des vaisseaux plus gros et plus redoutables encore, des destroyers, des cuirassés... L’industrie spatiale des Quatre Mondes était naissante mais pouvait compter sur l’implication d’une humanité qui de toute façon avait toujours eu une fascination atavique pour les étoiles.

Alceis Dolbert ne voyait qu’un point bleu sur une carte d’état major, mais il avait en tête toutes ces réflexions. Et si le point bleu clignotant, qui figurait la Gloire de Sigan, lui inspirait une vive sympathie, les trois points oranges à ses côtés, eux, faisaient plisser son front de méfiance et d’inquiétude. Trois vaisseaux de transport, très peu armés et... aliens. On avait pas encore réussi à trouver une bonne approximation du nom de ces détestables créatures en langage humain mais leur couleur orangée et leur peau épaisse leur avait valu un surnom « Agrumes ». La communication était difficile, en grande partie parce qu’ils utilisaient un langage basé sur les ultrasons et les fréquences basses. Mais le Conseil, à force de patience, avait finalement compris l’essentiel. La petite flottille avait été interceptée à la lisière du système Néphede et stoppée fermement. Depuis la corvette Gloire de Sigan ainsi que quelques escorteurs, notamment la corvette légère Soleil de Terra, montaient la garde, leurs armes prêtes à vaporiser les visiteurs.

On avait cependant fini par comprendre que ces misérables aliens mi insectoïdes mi reptiliens avaient l’outrecuidance de demander l’asile. Leur – seul – monde était en train, soi-disant, d’être envahi par d’autres aliens hostiles, qui figuraient dans les rapports sous le nom d’Orques, en référence au prédateur marin – devenu un quasi mythe – de l’Ancienne Terre, qui, soi-disant encore, étaient en train d’exterminer les Agrumes. Et donc, désespérés, les pauvres petites créatures auraient franchi les limites de l’espace humain pour venir toquer à la porte.

Et depuis le Conseil, ce Conseil inutile, lent, qu’on n’avait même pas eu la sagesse élémentaire de constituer en nombre impair pour éviter les égalités, oui ce Conseil tergiversait. Dolbert incarnait l’opposition la plus virulente à l’accueil des réfugiés aliens et entraînait derrière lui trois autres conseillers dont Sinja Malkouril, l’autre conseillère de Sigan qui était par ailleurs largement acquise à ses vues. De l’autre côté quatre conseillers désireux d’accueillir les agrumes. Ils étaient, évidemment, menés par l’inénarrable Robual Jondors. Si Dolbert incarnait au sein du Conseil la ligne militariste et dominatrice, Jondors était l’inverse, doux, pacifiste, modéré, humaniste, xénophile, c’était la synthétique moelle des idées les plus naïves qu’on pouvait trouver chez les Corbeaux. Il arrivait fréquemment que les débats du Conseil finissent par un affrontement entre les deux hommes. Alceis de son côté n’avait jamais haï quelqu’un autant que cette vieille carne, qui, par ses politiques d’ouvertures extrêmes et son aveuglement faisait courir un péril infini à l’humanité.

Soupir. Il se renfonça dans le fauteuil de son bureau, au sommet de la Tour du Conseil de Sigan. Il jeta un coup d’œil machinal à la pièce. Belles boiseries, tapis de soie et de laine figurant des scènes héroïques de la Guerre de Défense Siganaise, des meubles en vrai bois de merisier et de chêne... La pièce respirait le pouvoir et l’élégance raffinée de son exercice. Et puis, il était chez lui. Il était arrivé à faire en sorte que les négociations avec l’autre partie aient lieu chez lui. Un avantage certain, s’il en était. De même que cette délégation de pouvoir. Il sourit en y repensant. Les trois autres conseillers alignés sur ses vues, après des semaines de débat interminable, lui avaient donné le pouvoir de les représenter sur cette question lors d’une discussion finale avec l’autre groupe. Ce genre de délégations de pouvoir il comptait bien s’en voir remettre toujours plus. On commençait par déléguer et pu...

« - Monsieur le Conseiller, fit une voix surgie de l’intercom, la Conseillère est arrivée, selon vos instructions je la fais monter sans attendre. »

Il sursauta dans son fauteuil. La conseillère ? Pas le conseiller ? Ils n’avaient pas envoyé Jondors ? Par qui avaient-ils choisi de remplacer ce diplomate rusé et expérimenté ? C’était vite vu puisque la seule autre femme de leur groupe... Il lâcha un juron.

Alors que Dolbert se composait un visage impassible et souriant, on introduisit Nina Rhodes dans son bureau. Machinalement il la pria de s’asseoir, fit les salutations d’usage. En son for intérieur il était tout feu tout flammes. Cette question des réfugiés était d’une importance politique considérable et on lui envoyait une enfant aussi douée pour les affaires d’état qu’un castor borgne pour achever les négociations. Insulte ? Volonté de blocage ?

« - C’est la première fois que nous avons l’occasion de nous entretenir de la sorte et même si la question qui nous occupe est sensible je me réjouis de cette occasion de connaître plus avant ma plus jeune collègue, fit-il en souriant d’un air madré, j’espère que vous avez fait bon voyage ? »

On fit apporter aux Conseillers quelques boissons chaudes et froides et Dolbert opta pour un grand café fumant aux arômes prometteuses. Il sentait que la caféine allait devoir l’irriguer et le soutenir dans cette discussion qui s’annonçait des plus usantes.
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