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 (#1) kali + what about us

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Eliott Rietveld
Eliott Rietveld
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MessageSujet: (#1) kali + what about us   (#1) kali + what about us EmptyJeu 21 Déc - 22:58

(#1) kali + what about us Tumblr_nyldju5Pbm1u64asdo8_r1_400novembre 2017 Eliott n’a pas de but ce soir. Juste celui de trouver un endroit pas trop craignos pour passer la nuit sans être réveillé toutes les cinq minutes par un bruit qu’il juge suspect. Il songe à se caler entre deux ou trois grosse poubelles pour qu’on ne puisse pas le voir et qu’il arrive enfin à grapiller plusieurs heures de sommeil sans interruption. Tu cherches en même temps lui souffle sa conscience. Il commence à faire froid sur Altea et il n’a toujours pas trouvé de solution à son petit problème de logement. Il a passé une nuit chez Yohan et Aedhan, une autre à squatter dans la chambre de Nao, mais comme d’habitude, il s’est enfui dès l’aube. Et là… il ne trouve rien et n’ose pas demander. Ça éveillerait les soupçons et c’est la dernière chose dont il a besoin. Si on commence à se demander ce qu’il se passe, on va finir par découvrir son addiction et on va probablement vouloir lui enlever ça. Et il ne veut pas. Le souvenir de Blue est la seule chose qui lui permet de tenir désormais. Maintenant qu’il s’est isolé de tout le monde comme le dernier des abrutis. Volontairement. Pour les préserver (ou se préserver ?).

Eliott avance. Il est plus de minuit et il sent la fatigue faire frissonner tout son corps. Chien est à ses côtés, il trottine tranquillement, renifle une poubelle de temps en temps et jette des coups d’œil à l’humain qu’il a trouvé quelques nuits plus tôt. Il l’aime bien ce petit humain. Il a une grosse voix qui peut impressionner, mais il ne pèse pas bien lourd et il offre la moitié de ses sandwichs à chaque fois. Ça lui a suffi et depuis, il le suit partout. Ils dorment dehors tous les deux de temps en temps (beaucoup) et ils se tiennent chaud mutuellement. Chien veut en prendre soin de son humain, maintenant qu'il l’a trouvé. Eliott le regarde faire avec un petit sourire au coin des lèvres. Parfois, il se dit qu’il s’est trompé de don. Il aurait voulu pouvoir se transformer en animal, sa vie dehors aurait été beaucoup plus facile comme ça.

Eliott s’aventure finalement dans une ruelle qu’il ne connaît pas vraiment et pourtant il a passé des nuits entières à marcher dans Oriel en évitant tant bien que mal les bagarres. Il en connaît beaucoup mais pas toutes encore. Elle est mal éclairée et une sale odeur s’en échappe, mais s’ils peuvent trouver un endroit sûr pour dormir ce soir, ça rassurerait le jeune homme. Chien n’a pas l’air plus perturbé que ça et c’est ce qui conforte Eliott dans l’idée de s’y aventurer. Il avance prudemment, il n’entend pas un seul bruit, pas une respiration. Rien. Mais c’est une voix bourrue qui le cueille à mi-chemin. « T’as rien à fiche ici. Cass’toi ! » Eliott sursaute un peu et porte une main à son cœur. « Pas de panique, je cherche juste un endroit pour dormir. » Tente-t-il de se justifier, son autre main tendue en avant en direction de la voix. « C’est d’jà pris, la ruelle. Cass’toi jt’ai dit. » Elle est un peu plus proche, mais il ne distingue pas son propriétaire. Il a beau plissé les yeux, il ne voit rien. « J’prends pas trop de place. Vous pourriez faire un effort. » Il entend des ricanements. « T’as cru qu’on faisait dans la charité ? » Question purement rhétorique, mais Eliott ne peut pas s’empêcher de répondre. « On sait jamais, paraît que ça aide. » Le premier coup vient de la droite et l’atteint en plein dans le ventre. Ça lui coupe le souffle et il se plie en deux. Chien jappe de douleur lorsqu’un gars lui jette une pierre qu’il a trouvée sur sa tête et ça rend Eliott fout de rage. « Il t’a rien fait, tu l’touches pas. » Un coup de poing s’abat sur sa pommette et il voit des étoiles. Il se sent chuter et se rattrape les mains en avant. Sa peau râpe sur le sol et il lâche un grognement de mécontentement. « Dégagez de cette ruelle. Ton cabot et toi. On veut pas d’vous. » Ça agace Eliott. Ça l’agace parce qu’il n’y a pas marqué de nom sur cette ruelle. Ce n’est pas inscrit que ça appartient à ce groupe qui crèche ici. Il demande juste un bout de ruelle sécurisé pour dormir et même ça, il n’y a pas droit. Eliott serre les poings et se redresse en colère. On s’en est pris à Chien en prime. Il ne sait pas ce qui le met le plus en rogne. Ses yeux ont fini par s’habituer à l’obscurité et il arrive à distinguer les formes des homeless présents dans la ruelle.

L’un d’eux essaye encore de lui en mettre une et cette fois, Eliott envoie son pied à la rencontre d’un genou ou d’un tibia. Il entend l’autre étouffer un hurlement de douleur. Il est tard, autant ne pas éveiller le voisinage. Manquerait plus que les flics débarquent. « Tu vas l’payer sale petit con. » L’entend-il jurer entre ses dents. Eliott lâche un petit ricanement. « Vas-y. » Il sent un coup de poing l’atteindre dans le dos. Il manque encore une fois de trébucher, mais il se fait réceptionner par quelqu’un qui lui envoie son genou dans l’estomac. Eliott libère tout son souffle et a l’impression qu’il va étouffer. Il tombe en arrière et se tient le ventre. Chien se met alors à grogner. Des paires de pieds l’entourent et il sait qu’il est probablement foutu. Tant pis. Il n’a pas dit son dernier mot. S’ils pensent qu’il va se laisser faire sans rien dire, ils se trompent. Eliott est prêt à en découdre avec n’importe lequel de ces gus. Il lance un regard à Chien qui est prêt, lui aussi, à mordre n’importe quel mollet qui va se présenter à lui.

Un pied vient s’écraser au niveau de ses côtes. Eliott encaisse. Chien attaque et ça devient vite le bordel. Eliott arrive à se mettre sur ses genoux, il ne sait pas trop comment. L’adrénaline sûrement. Il distribue des coups de poings et de tête comme il peut en atteignant… ce qu’il peut. On le projette contre un mur quand il enfonce son poing droit dans les parties d’un gars. « On va s’arrêter là. » Intervient une voix. Une voix qui vient éveiller des souvenirs à Eliott. Une voix qui lui donne envie de s'enterrer six pieds sous terre.
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Even Stilinski
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MessageSujet: Re: (#1) kali + what about us   (#1) kali + what about us EmptyDim 24 Déc - 18:50

What about usJ'fais semblant au milieu des gens. je chante, je danse mais quand arrive la nuit, ton absence et ton fou rire font trop de bruit, impossible de dormir. donc je roule, roule, roule, roule, roule dans les rues de ma ville, l'arme à l’œil, la boule au ventre, je refais le monde avec des si
J-30NOV17. Carreaux clos un soir, puis deux. Trois d'affilé. Et encore, et encore. Chaque passage, soldé par un rideau tiré et l'absence de lumière.

D'abord il ne s'en formalise pas, Kass. Relativise — Eliott est sans doute occupé ailleurs, avec d'autres que lui ; tout ceux qui ont comblé, gommé l'absence, sans doute aussitôt qu'il est parti. Ça a le goût et la teinte d'une peine délavée, une amertume couleur absinthe. Un soupire dépité lui fend les poumons, se fond dans l'air glacé d'un automne corrompu par l'imminence de l'hiver. Ses lèvres forment des nuages de brumes, air pur non souillé par la pollution ou la skam. Cosmo dans toute sa splendeur. Mal à l'aise dans ce décor immonde de perfection, Kass n'insiste pas non plus. Bat en retraite, capuche rabattue, fuyant à grand pas l'hypocrisie lissée du district qu'il a passé les trois quarts de sa courte vie à haïr. Il y fait tâche de toute façon — ça a toujours été le cas et cette vérité est d'autant plus cinglante aujourd'hui qu'il est partiellement altéan, partiellement retapé à la mode néphédienne, robotisé pour plus d'efficacité.

D'abord, il ne s'en formalise pas.
Mais ses visites se rapprochent, et la persévérance se fait persistance, puis constance. Les jours s'égrainent et les ténèbres engloutissent constamment la chambre d'Eliott. Kass campe là, à quelques pas, l'esprit déraillant sous le poids de l'angoisse naissante ; pose parfois ses paumes à plat sur le mur, songeant à éventuellement entrer de force en quête d'indices. Finit par se résoudre à emprunter la porte d'entrée. Il se retrouve face à face avec l'un des coloc inconnus. Hostilité et aversion violacées luisent dans les prunelles qui le dévisagent de haut en bas ; lui et sa dégaine négligée, son allure de raclure des bas-fonds. Tu t'es trompé d'adresse, on recueille pas les bestioles crevées ici. Le panneau de bois menace de se refermer sur son nez mais Kass n'est plus à ça près, plus assez soumis pour courber l'échine et se barrer. Son pied bloque l'entrebâillement, stoppant le mouvement et accentuant l'agacement de son interlocuteur. Eliott. Il est où ? Seconde d'incompréhension, puis traits qui se froissent de déplaisir ? T'es le genre de moins que rien avec lesquels il traine maintenant ? Bon sang, j'le savais. Pas étonnant qu'il ait l'air complètement à j'ter. Ça lui fait bouillir les veines. C'est con — c'est peut-être vrai, c'que dit ce mec, mais juste- non. Kass ne peut pas l'entendre parler ainsi d'Eli. Eli, qui vaut mille fois l'homme qu'est cet arrogant. Eli pour qui il décimerait toute ce putain de district s'il le fallait. Il tape dans la porte de sa main bionique, imperméable au choc qui se répercute dans le métal. La main de l'autre gars vole aussitôt en direction des capteurs supposés alerter les autorités, Kassian lui plante son avant bras sous le cou et le fait reculer jusqu'à ce que son dos heurte le mur. Rien à battre de c'que ta grande gueule pense du monde, tu peux t'étrangler avec tes jugements et ta connerie. Il est ? Pas ici en tout cas. Comme tu le vois, les mecs comme vous n'ont pas leur place parmi les gens civilisés. Sourcil arqué, Kass recule d'un pas et le laisse se recomposer ; pousse l'audace jusqu'à lui lisser son haut, faussement obséquieux. En gros, tu parles un max mais tu sers à que dalle. J'aurais dû m'y attendre, c'est gravé sur ta tronche d'attardé prétentieux. Il s'invite à l'intérieur. Du coup j'préfère vérifier par moi-même hein. Mais t'gêne pas pour moi, profite pour appeller au s'cours dude, c'est tout ce que savent faire les lavettes de ton genre right ? Il se moque spécifiquement pour taper sur son égo et freiner l'empressement du relou à lui coller les flics au cul. En vrai, c'est que du bluff : ça l'embêterait vachement de devoir semer les autorités. Autant la menace n'a aucun sens à Oriel et, dans une certaine mesure, à Arcadia, autant on ne plaisante pas avec Soho et Cosmo. Il écoperait assurément d'une sanction excessive pour avoir fait irruption chez un fils de.

Mais Eli.

Le coloc le talonne, déter à asseoir son autorité, et Kassian le laisse beugler tout ce qu'il veut en ne l'écoutant que d'une oreille. C'est sa piaule ? C'était. Tu es lent à la détente, en plus de n'avoir aucune manières ? Rietveld ne vit plus ici. Et ça doit être vrai, parce que la chambre est vide de vie. Transmutée en débarras temporaire ou peu importe ; vide de lui. Kass jure entre ses dents. Depuis combien de temps ? L'autre lève les yeux au ciel. Croise les bras sur son torse bombé. Plusieurs semaines. C'est le risque à courir quand on ne paye pas sa part du loyer. Vous n'étiez pas potes ? Il est sûr de connaître ce fdp au moins de vue. De l'avoir déjà vu avant ; amitié vieille de plus de cinq ans, donc. Ou simple connaissance ? Encore pire. On n'arnaque pas les amis. Il voudrait être surpris ou choqué d'une telle mentalité, mais c'est digne des plus beaux quartiers de la capitale : marche ou crève, rien de jamais acquis, les relations encore moins. Ok. T'es une belle ordure, mais t'as l'air de bien le vivre. C'est d'jà ça. Il pourrait se casser juste comme ça. Voudrait. Devrait. Mais y'a l'envie de le gonfler qui taraude Kass, alors il bifurque dans la cuisine et ouvre le frigo à grands fracas, pousse et laisse tomber les trucs bio qui lui heurtent la rétine, chope tout ce qu'il y a de bon. Fait de même pour un ou deux placards, pour rien d'énorme : des snacks majoritairement. En arrière-plan, l'alarme qui résonne — ah, ça y'est finalement. J'te conseille d'arrêter ton manège de sdf, la police sera là d'un instant à l'autre. Mais j'te vole rien du con, j'emprunte des trucs pour les filer de ta part à ton pote quand je l'aurai retrouvé. On n'abandonne pas les amis quand ils sont dans la merde, tu savais pas ? Il n'espère qu'une excuse, une raison de redéfinir ce faciès de ses poings, mais l'autre doit sentir l'électricité qui crépite de ses membres, parce qu'il ne lui offre pas d'occasion. Dommage. Ou heureusement, puisque ce ne serait qu'une piètre façon de passer ses nerfs, exutoire erroné pour l'inquiétude qui le taraude. Pas l'temps pour ça ; Eli est quelque part et il ne sait pas où et bordel, bordel. Kass espère qu'il est rentré chez sa mère.



J-0NOV17. Un clebs galeux ? Ouais. Ouais c'est même carrément son genre. Et tu les as vus où et quand pour la dernière fois, le mec et le clébard ? Not my job babe. Do I look like an informer to you ? Hell no. Elle lui souffle une bouffée de skam en pleine face et il ne bronche pas. Hoche la tête, comprend. Refiler des infos, c'est pas rien. Y'a pas d'entraide dans la rue, rien de gratuit du moins, et cette position là en particulier n'est ni enviable ni stable. Il y a toujours le risque de dire ce qu'il ne faut pas à la mauvaise personne, billets de stellars finissant par sceller le sort du cafteur. Elle n'a pas à le croire quand il dit chercher un pote. N'a pas à le croire quand il affirme que ledit pote n'a rien de dangereux. Pour ce qu'elle en sait, il pourrait être un tueur à gage sur les traces d'un brave gars tombé dans un guet-apens. Ou d'un salaud qui lui ferait payer à elle de n'avoir su tenir sa langue. Il pose ses paumes de part et d'autre d'elle, cadrant sa taille plutôt que son visage pour approcher sans la braquer. Elle est luxure, elle est corail, et sa seule option est de le reconnaître, d'en user. 'f course not. You look like sex on legs and there's so many things I'd rather do to you, but I'll just have to come back once I've found my friend. You sure there's nothing more you can tell me, pretty ? Billets coincés entre deux doigts, dont il use des rebords pour lui effleurer le menton en une caresse indirecte. Elle serre les lèvres, hésite ; soupèse la perspective d'un rab et d'un nouveau client. Bedroom or back alley ? Elle négocie, cherchant clairement à s'assurer qu'il est bien question ici d'un coin chaud où finir une nuit glacée ; pas d'un blowjob à la va vite, genoux sur les dalles gelées. Regarde autour d'elle, ajoute sans trop y croire : Even a car would do. Il soupire. S'impatiente. Motel. So. We've got a deal ? Ils savent l'un comme l'autre qu'il ne reviendra probablement pas, mais elle lève les yeux au ciel et tend la main ; ses longs doigts fins s'enroulent autour des billets aussitôt qu'il les y pose, et elle les cale dans son soutif en un mouvement cliché mais pratique, faute de tissu où ranger quoi que ce soit. Ses longues jambes à peine couvertes de bas résilles se décroisent lorsqu'elle se redresse, et elle met un instant avant de cracher le morceau. Tu peux toujours jeter un coup d’œil du côté de Kubrick et de Dullea. Paraît qu'un squatteur rode dans les parages depuis un jour ou deux, et que les habitués n'apprécient pas.

Les deux rues indiquées sont longues, bordées de ruelles adjacentes et d'impasses. La première, trop bondée de passants pour qu'il s'épuise à la fouiller de fond en combles : si Eliott traine dans le coin, en quête d'un endroit où dormir — puisque durant le dernier mois passé à tout retourner pour le retrouver, Kassian l'a croisé et reperdu plusieurs fois, assez pour savoir désormais qu'il est bel et bien à la rue, insaisissable, tout sauf désireux d'être aidé — il a probablement opté pour plus calme. Et Dullea a le mérite d'offrir ça ; outre les poubelles dégueulant leur contenu putride et les rats en quête de leur pitance. Frustrant, la sensation de toucher au but sans trop savoir si elle est justifiée ou erronée. C'est pas la première fois, ces derniers jours, qu'il songe je suis proche, forcément, seulement pour se heurter à une énième déception. Et ce sera peut-être le cas ce soir également, il en est conscient. Se résigne presque, avant qu'une altercation ne capte son attention.
Et une voix de gorge ; timbre chaud et octaves graves, reconnaissables entre cent. Grognements et jappements de chien en écho. Le sang de Kassian ne fait qu'un tour quand des coups y répondent, ponctués par des voix agressives, règlement de compte évident. En d'autres circonstances il passerait son chemin sans s'en mêler, instinct de survie. On sait jamais ce que ces mecs peuvent avoir dans la manche, armes blanches prêtes à jaillir bien souvent. En l'occurrence, il se précipite en direction du bordel, priant des déités auxquelles il ne croit pas, dans l'espoir vain qu'il s'agisse de n'importe qui d'autre que le frère d'une autre vie.

On va s’arrêter là hein, il lâche, faussement désinvolte. Mains dans les poches, scrutant la pénombre sans parvenir à identifier la forme avachie contre le mur, cerclé par une marée de jambes et de poings. Un des mecs est "occupé" par le cabot qui gronde et qui attaque comme s'il n'y avait pas de lendemain. Un second se retourne, le dernier sur ses gardes mais gardant leur victime à l’œil. Le type veut quoi, une dalle où poser la tête pour la nuit ? Come on, ça vous coûte rien d'laisser couler. Mêle-toi d'ton cul l'avorton. Notre ruelle, nos lois. Ça l'fait ricaner. Ouais. Vu qu'tu règnes sur que dalle t'essayes de trôner sur deux bennes à ordure ? J'espère qu't'as pas l'impression qu'c'est classe ou quoi, ça sonne juste minable. Gain de temps. Objectif : pousser au moins l'un d'eux à changer de cible et ainsi, dégager la vue. But atteint. La silhouette se dessine plus précisément à la lueur d'une lune ronde ; blazer aniline, cheveux d'argents. Colo rongée par des repousses négligées, mèches retombant sur un visage familier, des lèvres pleines, un rictus de petit merdeux. Un rictus qu'il adore. Et il voit rouge, Kass. Il voit rage. Le touche pas, il crache au type resté sur place. T'es bouché ou quoi ? J'te dis d'dégager tes sales pattes. Le second lui fond dessus et il ne sait pas. Franchement il ne sait pas, ne calcule pas, ne pense pas ; laisse libre court à la colère et à la mémoire musculaire, balançant des frappes et en bloquant d'autres, faisant mouche ou encaissant, mais tout ses pensées sont rivées sur Eliott et son regard ne le quitte quasi pas. A un moment ou à un autre il agrippe la boîte crânienne du gars pour l'écraser contre le mur, cherchant à abréger la perte de temps. Récolte un adversaire de plus quand le dernier défait finalement sa prise sur Eliott pour venir s'occuper du cas de Kass. Mauvais plan — Rietveld en profite pour lui foutre un sale coup par derrière. Et d'une manière ou d'une autre, ils se retrouvent dans la mêlée ; d'une manière ou d'une autre, Kassian le retrouvera toujours, à n'importe quelle extrémité de l'univers. Il agrippe le plus vieux par le tissu de son blouson pour détaler avec lui, et Eliott proteste pour son chien, ralentit jusqu'à ce que l'animal capte qu'ils se tirent et les suivent à toute allure — les dépasse en trois foulées. Leurs assaillants sont droits sur leurs talons et il n'y a pas de raison de rire, et pourtant. L'euphorie enfle et enfle et secoue la cage thoracique de Kass tandis qu'ils se barrent ventre à terre, s'agrippant pour ne pas se semer lorsque l'un choisit la voie suivante. Eliott l'attire dans une rue dont Stiles n'est pas sûr, et il a à peine le temps de faire cracher un Non, pas par- à ses poumons vidés que déjà l'autre s'y engage. Ils se heurtent à un grillage qui le fait pester ; s'accrochent aux maillages de fer pour se hisser au-dessus. Et Eli s'arrête, usant de sa maîtrise de la nature pour animer les racines mortes maculant les murs de part et d'autre de la grille, pour servir de tremplin au chien ; avant de les croiser, entremêler, nouer au-dessus du grillage, compliquant (barrant, même) efficacement le passage. Kass se plie en deux, laissant libre court à son rire, mains sur les genoux le temps de respirer à nouveau à peu près correctement ; se redresse pour caler une paume au creux de la nuque d'Eliott et le ramener jusqu'à lui, leurs fronts se heurtant en guise de salut, de reconnaissance, habitude datée de la belle époque. Souffles mêlés, hilarité partagée, comme s'ils retombaient en enfance, proches à nouveau. Ses phalanges libres fourragent dans le pelage crade du clébard, qui recule en montrant les crocs, encore incertain vis-à-vis de lui. Leurs poursuivants se jettent sur le grillage sans tenter de le franchir, gueulant des obscénités auxquelles ils répondent pas des moqueries, Kass brandissant un doigt d'honneur avant de disparaître avec Eli.

Avec Eli.
Bon sang, cette impression d'être entier à nouveau.

Et l'instant qui se fracasse, lorsque l'adrénaline retombe et que les commissures s'effondrent. Les yeux de Rietveld sont masqués par sa frange, insondables. Don't. Don't say it, Kass se braque, certain de la rebuffade qui ne tardera pas à jaillir de ces lèvres qui ne savaient autrefois que lui sourire. J'vais nulle part sans toi, pas cette fois. Eli tente de s'éloigner et Kassian ne s'accorde pas même une seconde de réflexion, engloutissant la distance de chacun de ses pas pour l'empêcher de s'éloigner. Ses mains le cherchent, luttent pour éviter les gestes qu'enchaîne Eliott pour le repousser. J'pars pas sans toi j'te dis. Arrête de faire le con, tu comptes aller où anyway ? Exaspération. Poitrails qui s'abaissent et se soulèvent erratiquement, encore essoufflés par la fuite. Eli couturé d'hématomes qui se colorent à mesure que le temps s'écoule, et que Kass ne supporte pas de voir maculer sa peau. Me d'mande pas d'te laisser babe. Ça m'rend dingue de t'voir comme ça, il plaide, agonie assumée ; consumé.
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Eliott Rietveld
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(#1) kali + what about us Tumblr_nyldju5Pbm1u64asdo8_r1_400novembre 2017 Va-t’en, a-t-il envie de lancer à Kassian. Va-t’en avant que je ne te touche avec ma poisse. Ça fait combien de temps, au juste, qu’il ne l’a plus vu ? Il aurait voulu ignorer le sursaut de son cœur lorsqu’Eliott a reconnu la voix. Il aurait voulu ignorer le manque atroce de ces longues années sans lui avoir adressé la parole sauf pour lui faire un reproche. La dernière fois qu'ils se sont vus, c'était à son réveil et Eliott a été odieux avec lui. Maintenant, c’est dans cette situation qu’ils se retrouvent. Eliott a envie de pleurer. Il a fait attention à ce que personne ne le voit comme ça. Diminué. Ridicule. Et il a fallu que Kassian Stilinski se pointe. Évidemment que c’est lui qui le trouve comme ça. Évidemment. Le type veut quoi, une dalle où poser la tête pour la nuit ? Come on, ça vous coûte rien d'laisser couler. Mêle-toi d'ton cul l'avorton. Notre ruelle, nos lois. Ouais. Vu qu'tu règnes sur que dalle t'essayes de trôner sur deux bennes à ordure ? J'espère qu't'as pas l'impression qu'c'est classe ou quoi, ça sonne juste minable. Les lèvres d’Eliott s’étirent en un sourire moqueur. Kass n’a pas changé. Toujours des remarques assassines. Comme quand Blue était en vie. Le touche pas. T'es bouché ou quoi ? J'te dis d'dégager tes sales pattes. Y en a un qui bouge et que Kassian rétame sans problème. Il est loin le petit garçon incapable de se défendre. Il est loin le petit garçon martyrisé par les autres. Eliott a tellement raté des moments de la vie de Kassian. Il est mitigé et tiraillé par deux sentiments : le manque et la colère. Le gars qui est contre lui se détache pour aller prêter main forte à ses copains. Eliott en profite pour s’occuper de lui. Kass en fait suffisamment pour le sortir de là, inutile qu’il croit qu’il n’est plus capable de se défendre. Tous les deux sont dans cette bagarre et Eliott est prêt. Oh oui, il est prêt à distribuer des coups et à faire mal parce qu’il a besoin d’évacuer tout ce qu’il ressent en cet instant. Mais c’est sans compter sur la ruse du plus jeune. Il se sent tiré en avant. « Attends j’peux pas laisser mon chien. » L’animal est en train de mordiller un mollet en esquivant les coups qu’on tente de lui donner. Eliott ralentit le rythme et siffle Chien. « Viens le chien ! Bouge ! » La bestiole voit son humain s’en aller et lui faire un grand signe de la main. Il lâche le mollet et galope jusqu’à sa hauteur, continuant et finissant par les distancer emporté par son élan.

Les sdf ne lâchent pas l’affaire. Ils sont à leur poursuite. Eliott les entend gueuler dans les ruelles. Combien de temps avant que les flics débarquent ? Ils continuent de courir, leurs pas résonnent sur les dalles et Eliott manque de se tordre la cheville une ou deux fois. Kassian le traîne derrière lui et le fait bifurquer lorsqu’il manque les ruelles à plusieurs reprises. Son cœur bat à cent à l’heure contre sa poitrine. Kassian se met à rire. Il voudrait le rejoindre dans cette euphorie soudaine, mais il n’y arrive pas. Il est trop concentré sur la bande derrière eux qui les talonne de près. Il attrape le bras de Kass pour prendre une autre rue. Non, pas par- Mais c’est trop tard, ils se mangent un grillage. « Fucking shit ! » Lâche Eliott de sa grosse voix. Et alors c’est presque comme un réflexe. L’adrénaline sûrement. S’ils ont réussi à escalader le grillage pour aller de l’autre côté ce n’est pas le cas de Chien et il est hors de question qu’il le laisse avec les costauds qui ne vont pas tarder à arriver. Alors il fait appel à son don d’earthbender. Pour la première fois depuis son réveil. Il offre à leurs adversaires un passage plus compliqué également. Une fois que Chien a posé les pattes de leur côté, il emmêle des racines et des branchages.

Ils se rapprochent l’un de l’autre. Enfin plus Kassian qu’Eliott qui reste où il est. La main du plus jeune vient se caler dans sa nuque. Tout le corps d’Eliott se met à trembler. Ça lui fait tellement bizarre ce contact. Front contre front, Eliott a envie de se reculer d’un bond, mais il reste parce qu’il est incapable de refuser un peu de chaleur humaine. Kassian tente un geste vers Chien qui grogne, se recule parce qu’il ne connaît pas ce nouvel humain et qu’il ne sait pas s’il va lui en mettre une ou se comporter comme son humain. Il renifle un peu cette nouvelle main, mais ne s’approche pas encore. Il attend de voir comment l’autre réagit avant de pouvoir accorder sa confiance. Eliott entend leurs poursuivants se heurter au grillage et jurer. Kass leur offre son majeur avant de partir d’ici avec Eliott. Les pensées du garçon se mélangent sous son crâne. Que doit-il dire ? Est-ce qu’il doit le repousser ? Il sait qu’il doit le repousser. Il ne mérite pas de soutien, pas d’amitié, pas tout ça et surtout pas après ce qu’il lui a dit. Don't. Don't say it. J'vais nulle part sans toi, pas cette fois. Comme d’habitude Kassian semble lire dans ses pensées. Eliott pince ses lèvres et pourtant il va devoir s’en aller. Sans lui. Kass franchit les derniers mètres qui les séparent et tentent de le rattraper. Eliott veut se dérober, veut esquiver les gestes de son meilleur ami (ex ?), mais il n’y arrive pas et il ne sait pas si c’est par manque de force ou parce qu’il ne veut plus fuir ? Il est fatigué, affamé et il a tellement perdu ces derniers mois qu’il n’est pas certain de vouloir continuer dans cette voie. J'pars pas sans toi j'te dis. Arrête de faire le con, tu comptes aller où anyway ? Il sent que tout son corps lui fait mal alors qu’il tente encore et toujours de lui échapper. « N’importe où. Dans une poubelle peut-être, j’mérite que cette place toute façon. » Gronde-t-il. Me d'mande pas d'te laisser babe. Ça m'rend dingue de t'voir comme ça Eliott voudrait qu’il le lâche et qu’il le laisse partir parce qu’il ne mérite pas de subir ce que l’autre fait subir à tout le monde depuis des mois. « Et pourtant tu m’as déjà laissé… » Ne peut-il s’empêcher de cracher. Autant que Kassian le déteste pour qu’il s’éloigne et pour qu’il ne soit pas touché par cette poisse affreuse qu’Eliott se traîne depuis des années. Son père. Blue. Hors de question que la même chose arrive à Kassian. Si on reste trop à ses côtés, on finit par mourir. « Comment t’as su où m’trouver ? » Dans la rue. Comme a-t-il fait pour deviner qu’il n’était pas au chaud à son ancien appartement avec ses colocataires ?

Chien gronde un peu quand il voit son humain sur la défensive avec l’autre, mais ils sont trop proches l’un de l’autre pour espérer attraper une jambe qui n’est pas celle d’Eliott. « Sshh. » Fait-il à l’animal pour qu’il se calme. Kassian n’est pas un ennemi. Kassian c’est Kassian. Son meilleur ami, celui qui le comprend le plus et le mieux. Et celui qu’il a repoussé le plus aussi. Celui qui n’a pas compris pour Blue. « J’sais pas ce que t’attends d’moi, Kass. » Il passe une main sur son visage. « Mais j’peux pas te le donner. Je peux rien donner à personne. » Ni à son frère, ni à Yohan, ni à Kass. A personne. Il a cessé de se débattre. Il sait très bien que son ami ne va pas lâcher l’affaire aussi facilement. Voire pas du tout. C’est pas évident pour Eliott de fixer son regard sur Kassian et surtout pas évident de le regarder dans les yeux. Il a si honte d’être ce qu’il est devenu. Il a si honte de mentir à ses amis et ses proches. Alors qu’il n’aime pas le mensonge.

Chien vient s’installer à ses côtés et cogne sa tête contre son genou. Il fait ça quand il sent que l’humain est mal. Il est fatigué, le petit humain. Physiquement atteint et moralement éteint. « Faut que tu partes, Kassian, t’as rien à faire dans la rue à cette heure-ci. Pourquoi t’es v’nu maintenant ? » Il aurait eu mille fois l’occasion de le voir : à son réveil à l’hôpital, quand il avait encore un toit au-dessus de la tête, quand il se rendait aux soirées pour se fournir en dreamcatcher. Mais pas de Kassian. Jamais de Kassian. Il se sait injuste de lui reprocher tout ça alors qu’il a été le premier à le repousser. Le premier à être horrible avec lui alors qu’il n’en a pas forcément besoin. Eliott voudrait pouvoir remonter le temps et effacer tout ça. Repartir sur les bases qu’ils ont toujours connues et ne pas s’en vouloir. Pardon d’être con, pense-t-il.
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Even Stilinski
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MessageSujet: Re: (#1) kali + what about us   (#1) kali + what about us EmptyDim 18 Fév - 19:11

What about usJ'fais semblant au milieu des gens. je chante, je danse mais quand arrive la nuit, ton absence et ton fou rire font trop de bruit, impossible de dormir. donc je roule, roule, roule, roule, roule dans les rues de ma ville, l'arme à l’œil, la boule au ventre, je refais le monde avec des si
NOV17. Ses traits qui s'ferment — mauvais augure; Eliott s'enrobe des nuances malachite et opaline de son spectre de couleurs : oscille entre terreur et appréhension à chaque tentative d'approche, refus catégorique de la proximité qui les a pourtant si longtemps définis.

Et Kass voit rouge, de rancœur acide et d'incompréhension, sanguin, toujours trop, et blessé, surtout. Et pourtant tu m’as déjà laissé… il assène comme un coup de poing, en le repoussant pour l'inciter à le lâcher, et Kassian n'a pas le temps de songer à serrer les dents que déjà il crache en retour : Non. Non, c'est toi. Y'en avait que pour elle, t'avais plus de place pour moi. Sujet tabou, Blue. La jalousie est encore là, mêlée d'absinthe et de poussière, curieusement intact comme au premier jour. Seulement tempérée par la peur de tout perdre à nouveau, but it’s a tight fit.

(Elle est morte, il s’dit)
(C’est horrible, mais ça marche. Elle est morte. Il se calme. La culpabilité souffle une brise glaciale sur son myocarde)

Comment t’as su où m’trouver ? Le timbre d'Eliott est aussi grondant que la menace qu'élève le canon à leur côté. Un d'tes anciens coloc m'a balancé que tu vivais plus là-bas. Et après— j'ai posé des questions. J't'ai pisté. J'ai mis du temps, j'sais. Y'a de l'amertume, un pardon sous-jacent. Pardon de l'avoir laissé là ; pardon de ne pas être revenu plus tôt — excuses délavées par le temps. Gâchées, faute d'avoir été formulées à temps.
J’sais pas ce que t’attends d’moi, Kass. Mais j’peux pas te le donner. Je peux rien donner à personne. Et ça le rend dingue, putain, de devoir se rappeler, péniblement, combien cette meuf a tout gâché. Pourquoi tu pourrais pas ? Tu t'en tapes, c'est ça ? Y'a vraiment qu'elle qui compte ? Mais à quoi bon ? Elle est où, elle ? Moi je suis là. C’est pas les bons mots. Il a rarement les bons mots Kass, trop sanguin pour songer avant de parler, trop, juste trop. Tout a toujours été trop avec Eliott, parce qu’il s’est raccroché à lui, parce qu’il n’avait que lui.

Mais c’est sa faute, à Eli. C’est lui qu’est v’nu l’chercher, le rebut, le gosse dont personne ne voulait. Et Kass, quand il l’a laissé franchir les barrières de son attachement, n’a plus voulu le partager.

C’est pas c’que j’voulais dire, il tente de rattraper. Ça m’rend juste— ça m’fout les boules. Que t’ais enduré tout ça. Ça m’fout les boules qu’elle t’ait brisé, volontairement ou non. J’peux pas m’empêcher d’ressentir ça. C’est con, il l’a jamais aimé cette nana. Elle était bizarre, sortie de nulle part, à n’apparaître qu’à certains endroits et nulle part ailleurs. Quand elle voulait. Elle était bizarre, avec ses fringues boueuses, comme si elle vivait dans une jungle au coeur de la putain de capitale, what the hell. Et Kassian aurait pu entendre la version des faits d’Eliott, mais il était sourd et amer, bouffé par la rancoeur, persuadé qu’elle signait la fin de tout, et il l’a juste. Jamais aimée.

Eliott a juste l’air de respirer un peu plus calmement pour éviter de le frapper.
Faut que tu partes, Kassian, t’as rien à faire dans la rue à cette heure-ci. Pourquoi t’es v’nu maintenant ? J’aurais dû depuis longtemps, j’étais là, j’étais jamais loin, il voudrait dire. En marge, à se jurer qu’il tendrait le lendemain. Et le surlendemain. Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’Eliott disparaisse (sombre). Il pourrait l’avouer, mais l’aveu lui rape désagréablement la langue, lui racle les dents, pathétique, misérable, minable, et il le ravale. Well, j’pensais pas qu’tu voudrais voir ma gueule. J’pensais pas qu’tu voudrais voir ma vie non plus. C’est horrible, combien tout peine à sortir. C’était tellement simple avant— avant elle, avant que le temps ne fasse d’eux des étrangers. Il fourre ses mains dans ses poches, s’oblige à. Sortir une part de ce qui le bouffe on a daily basis, ce qu’il brandit habituellement avec un rictus provocateur, comme un exploit. J’ai genre. Un peu foutu ma vie en l’air ? J’recolle les pièces depuis, kinda ? Une main passée dans ses tifs, frustration. J’ai un diplôme dans la gestion d’emmerdes, ça vaut autant qu’un bon boulot. Haussement d’épaules. Il a laissé sa main bionique enfoncée dans sa poche, comme une honte. Ce truc qui le déglingue physiquement, mentalement, qui lui rappelle un peu plus chaque jour que tous les mauvais choix se payent comptant, content ou non.

Quand on était gosse, tu t’souviens ? il tente abruptement, cherchant un axe à travers les réticences qu’Eliott a érigé autour de lui comme des remparts. J’voulais pas d’toi, tu m’as forcé à t’accepter. Il étire une commissure peinée. J’vais pas prétendre que j’ai regretté, mais juste. Tu devrais me rendre la parole, just saying. T’as fait ton gros relou à l’époque et j’avais pas le droit de dire non, bah. C’est pareil, là. T’as pas le droit d’dire non.
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MessageSujet: Re: (#1) kali + what about us   (#1) kali + what about us EmptyLun 26 Mar - 21:19

(#1) kali + what about us Tumblr_nyldju5Pbm1u64asdo8_r1_400Ils ne peuvent pas s’en empêcher. C’est à celui qui blessera le plus l’autre. Eliott en ne cessant de repousser Kassian. Kassian en lui rappelant sans cesse que Blue n’est plus là. Blue est morte. Il ne sait toujours pas comment, il sait juste que ça lui a coûté un an de vie. Et probablement ses proches aussi. Il n’arrive pas à en vouloir à Blue. C’est pas elle qui a choisi d’être enchaînée à Eliott pour l’éternité. C’est pas de sa faute si la conséquence d’une rupture brutale dans leur lien allait causer un coma à Eliott. C’est encore moins de sa faute si ce crétin a décidé de consommer de la drogue encore et encore et encore. Eliott a agi comme un grand un peu paumé qui a perdu quelqu’un de cher et qui sait juste pas s’exprimer correctement. Il est toujours, tout le temps si en colère contre tout et tout le monde. Il n’était pas comme ça avant. Là, il pourrait comprendre le ton assassin de Kassian, il pourrait comprendre qu’il l’a largement mérité parce qu’il est allé beaucoup trop loin avec tout le monde. Je peux pas passer, j’suis fatigué. J’ai éclaté mon téléphone, désolé, j’en n’ai plus. Mentir pour cacher la seule chose qui lui apporte un semblant de réconfort. Sauf que ce semblant de réconfort en demande toujours plus à Eliott. S’isoler n’est pas la solution. Repousser les autres n’est pas la solution. Il devrait comprendre la colère de Kassian pour l’avoir ressentie quand il lui a caché tout ça à propos de Wade. Il devrait comprendre. Il pourrait comprendre. Mais non. Il claque sa langue contre son palais par mécontentement et il écarquille les yeux lorsque Kassian lui dit qu’il s’est rendu dans son ancien appartement. « Tu… » Il commence par dire avant de se taire. Ça ne servirait à rien d’argumenter là-dessus. Eliott l’a un peu cherché. Il oublie à quel point Kass est tenace. Well, j’pensais pas qu’tu voudrais voir ma gueule. J’pensais pas qu’tu voudrais voir ma vie non plus. J’ai genre. Un peu foutu ma vie en l’air ? J’recolle les pièces depuis, kinda ? J’ai un diplôme dans la gestion d’emmerdes, ça vaut autant qu’un bon boulot. Eliott ne peut pas s’empêcher de sourire un peu. « Ça paie bien de gérer les emmerdes des autres ? » Fait-il un peu cynique parce qu’il voit bien qu’à la gueule que tire Kassian que c’est loin d’être plaisant. Quand on était gosse, tu t’souviens ? Eliott hausse un sourcil. Y a plein de choses qu’ils ont fait quand ils étaient gamins. J’voulais pas d’toi, tu m’as forcé à t’accepter. J’vais pas prétendre que j’ai regretté, mais juste. Tu devrais me rendre la parole, just saying. T’as fait ton gros relou à l’époque et j’avais pas le droit de dire non, bah. C’est pareil, là. T’as pas le droit d’dire non. Les lèvres d’Eliott se pincent amèrement.

Kassian a remis leur enfance sur le tapis. Kassian a reparlé de la fois où Eliott est devenu tellement relou avec lui qu’il a été obligé d’accepter son amitié. C’est un coup bas. Il le sait. Mais c’est fair. Eliott est peut-être un peu fatigué finalement. Vivre dans la rue use ses nerfs. Mentir lui donne l’impression d’être le pire être humain sur Altea. Peut-être qu’il faut que ça cesse ? Il passe une main dans ses cheveux avant de redresser la tête pour fixer Kassian. Il a envie de lui dire qu’il lui a manqué et que sans lui, c’était pire que tout et qu’il a merdé avec tout le monde. Mais les mots restent bloqués dans sa gorge. Tout ce qu’il voit, ce sont les mecs de tout à l’heure qui ne passent pas trop loin de la ruelle où ils sont. « Oh c’est un blague. » Soupire-t-il. Avant que Kass ne puisse ouvrir la bouche pour l’envoyer chier, Eliott lui serre doucement le bras et lui montre la ruelle de son menton. « Je pensais qu’on les avait eus… tu peux encore t’en aller, Kass. Modifie ton corps et sors-toi de là. Je vais me remettre à courir je pense. » Chien gronde dans son coin et se rapproche des deux garçons. Il oublie difficilement les coups qu’il a reçus de la part des autres hommes. « J’peux faire diversion. Mais Kass, reste pas là. » Son ami le dévisage T’as toujours pas compris hein. Eliott referme la bouche et fixe son meilleur ami. Kassian ne le laissera pas partir. Pas cette fois.

Pourquoi c’est si difficile avec Kassian ? Les autres ont tous essayé de le faire revenir à la vie lentement en l’aidant à se réintégrer dans les différents groupes d’amis qu’ils ont. Mais il a toujours refusé, il a toujours trouvé un prétexte, mais Kassian, lui, il est allé plus loin. Il connaît son secret, celui qu’il a honte d’avouer parce que ça entraînerait d’avouer tout un tas d’autres trucs et il a pas envie. Pas pour l’instant. « On fait quoi du coup ? On va courir toute la nuit ? » Il serre un peu plus le bras de son ami. « On n’a pas fini de parler de tout ça. Je… j’ai des trucs à dire ok, mais pour l’instant autant qu’on pense à sauver nos culs. » Dit-il un peu maladroitement. Il esquisse un sourire un peu parce que finalement, ça lui a un peu manqué tout ça. Kassian lui a manqué. Ils ont peut-être une chance d’arranger les choses autant qu’Eliott ne foire pas tout.
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Even Stilinski
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NOV17. Ça paie bien de gérer les emmerdes des autres ? Il esquisse une ébauche de sourire, rictus-grimace un peu prudent, un peu malaisé. La question est rhétorique, n'appelle pas de réponse ; Eliott sent sans doute que c'est la misère — et qu'il y a quelque chose d'humiliant à avoir fini ainsi. Incapable de s'en tirer, après avoir choisi de se barrer plutôt que de s'en remettre à son vieux lorsque sa mère l'a foutu dehors.

Erreur d'ado, mais Kass n'a pas tant changé dans son fonctionnement. Se rétracte aisément, vite certain que le monde entier est ligué contre lui ; disparaît pour gérer ses problèmes dans son coin et lécher ses plaies loin de ceux qui pourraient peut-être lui tendre la main.

C'est dur de blâmer Eliott.
Ils sont pareils sous cet aspect.
Mais Blue — elle méritait pas de le laisser si détruit, cette pauvre conne. Elle le méritait pas. Personne le méritait, Eliott. Il était un peu tout, pour Kass, un peu trop, une raison de se battre, un repère qu'on se refuse à partager. C'est ces sentiments-là qu'il puise aux tréfonds de son être, invoque et avoue, encore à vif après tout ce temps. Oh c’est un blague, l'autre réplique à l'entente de ses arguments, et Kass se braque, trop sanguin lorsqu'il est question de se livrer, même un peu. Du mouvement l'interrompt pourtant : les types de tout à l'heure sont réticent à lâcher l'affaire. C'est à eux que s'adressait sa réaction — pas à lui, et il est soulagé que le Rietveld n'ait pas piétiné ça : l'évocation de leur passé. Je pensais qu’on les avait eus… tu peux encore t’en aller, Kass. Modifie ton corps et sors-toi de là. Je vais me remettre à courir je pense. Ouais. Non. Y'a le clebs qui s'emballe, les mec qui s'accrochent et qui approchent, la nuit qui s'étire devant eux avec la promesse d'une possible réunification. Et ça lui met le feu aux veines, à Kassian ; de songer qu'il pourrait réussir. Que rien n'est forcément perdu. J’peux faire diversion. Mais Kass, reste pas là. T’as toujours pas compris hein. M'emmerde pas. J'te lâche pas j'ai dit. Et il s'y attend pas, compte presque sur une réplique quelconque vouée à l'éloigner— mais non.

Eliott accepte.
Eliott sourit presque.
Les options sont toutes pesées, décortiquées à la va-vite ; les unes écartées, une seule conservée.
Amène-toi, il lâche d'un ton pressant avant qu'ils ne se remettent à courir, non sans but cette fois. Les dédales familiers d'Oriel se multiplient, bifurcations volontaires dans le but de perdre les mecs dans leur sillage, de les confondre pour qu'ils ne leur collent pas sans fin au train. Les garçons finissent par se tasser dans la noirceur opaque d'une ruelle croupissant sous les déchets de poubelles éventrées ; flanqués du chien d'Eliott, le temps que leurs assaillants les dépassent et se fondent dans les ombres d'une autre impasse sans parvenir à les coincer. Silencieusement, Eli et Kass font demi-tour une fois la voie libre ; et c'est le chemin de son appart que prend le second.

Ils ne s'arrêtent pas pour parler, cette fois. Y'aura du temps pour ça, s'il parvient à le convaincre d'entrer.
À lui offrir de rester.

La porte de l'immeuble tourne sur ses gonds sans résistance à leur arrivée, verrou défoncé depuis longtemps. Kass enfonce un pouce insistant contre le bouton de l'ascenseur, une fois, deux, plusieurs, mais l'indicateur sur lequel s'affiche le 7e étage ne bouge pas d'un iota. Il shoote dans la paroi de métal, soulé. Encore bloqué, faudra prendre l'escalier. T'es chaud pour courir ? Y'a aucun entrain dans sa voix, il est seulement blasé. Un peu défiant aussi ; mais surtout inquiet de voir Eliott choisir de faire demi-tour. J'arrive avant toi, il ajoute précipitamment pour fixer un objectif, puis se jette dans la cage d'escaliers, talonné par Eliott et vite dépassé par le toutou. Ils se tapent une course tout sauf fairplay ; grimpent à toute vitesse, jouent du coude, se bousculent pour gagner quelques marches d'avance et en faire perdre à l'autre, se tirent par l'arrière de leurs fringues pour se dépasser l'un l'autre.

Sur les derniers étages ils se traînent, s'aident des mains, jouent des pieds, rampent à moitié et soufflent comme des boeufs. Le 16e est loin, et ils s'affalent sur le palier de son appart, prêts à décéder là, à deux pas de leur destination.
Kass voit un bras dépasser par-dessus lui, pourtant ; Eliott, qui s'étire sans quitter le sol, et touche la porte en premier, avant de clamer : First. Et il est outré, le Kass. Alors. Non. Ton bras passe au-dessus de moi, mon corps est le plus proche de la porte. J'ai plus de surface à proximité ok, c'est moi qui gagne. Le contre argument ne tarde pas à fuser, et ils se chamaillent, mais c'est—
C'est bon enfant, comme avant. Comme une parenthèse, un retour dans le temps. S'en apercevoir les réduit au silence, et Kass se motive à se redresser pour ouvrir et l'accueillir à l'intérieur.

C'est le bordel, il ramasse des trucs en passant, les pousse plus ou moins hors de vue pour donner un semblant d'allure à son trou. C'est miteux mais— c'est la maison. Tu peux, genre. Faire comme chez toi. Eliott vient de la rue et Kass, il se dit que c'est pas plus mal, finalement, qu'il ne le plonge pas dans le luxe d'un logement correct, bien fourni. Que ce serait trop dur à encaisser, déboussolant et offensant. Là, Eliott plonge dans l'univers d'un galérien. Et Kass, il lui souffle tacitement : moi non plus je gère pas tout le temps. J'vivote, j'fais c'que je peux. C'est pas un crime de peiner à t'en sortir. Ça fait pas d'toi un bon à rien.
Même s'il a du mal à y croire vis-à-vis de lui-même parfois, il espère que cette pensée là se greffe dans l'épiderme d'Eliott et étouffe quelques-uns de ses tourments. Il se retient de lui offrir de rester aussi longtemps qu'il le souhaitera ; stocke l'offre pour plus tard. Pour l'instant, il veut l'amadouer. Alors il passe par le clebs.

Hey buddy, tu veux un truc à bouffer ? Il a de la viande au frigo, des trucs cheap et pas trop gras. Blanc de poulet en boîte, assez similaire à une bonne vieille pâtée pour chien pour lui sembler approprié. Il en ouvre une, la vide dans un bol pour la filer au chien qui se jette dessus comme s'il n'avait pas eu sa pitance des jours durant. Kass attend quelques secondes, avant de proposer : Faudrait qu'on s'trouve un truc aussi, nous, non ? Avec le plus de naturel possible. Puis fouille sans parvenir à dégoter de quoi faire. Euhm. Ma maîtrise de la cuisine c'est genre. Le pur minimum niveau survie. J'ai une meilleure idée, bouge pas. Franchement, la seule option viable dans un cas comme celui-ci est de tenter une percer chez Mads et de lui piquer des restes. Le cuistot de l'étage, celui qui gère réellement bien aux fourneaux.

Quand Kass revient à l'appart, il a les mains occupées et referme derrière lui de son pied avant de venir s'affaler sur le canapé où Eliott a fini par se poser bon gré mal gré. Il lui pose une ration sur les genoux, d'office. N'app', il souhaite juste avant de s'enfoncer une première bouchée dans le gosier.
C'est divin, ça fait tellement d'bien après toute cette course. Il se demande si Eliott a de quoi manger en règle générale ; à quel point il s'en sort. Préfère éviter la question, conscient de son indélicatesse pour avoir été dans cette position auparavant. Pars pas d'l'idée qu'tu m'devras quoi que ce soit, il prévient en le pointant avec sa fourchette, sourcils froncés en guise de menace. T'sais quand j'me suis baré et qu'tu m'as arrangé une place chez ton frangin et ses potes ? Bein c'est mon payback. Alors arrête de faire ton mec emo et mange.
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Eliott Rietveld
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MessageSujet: Re: (#1) kali + what about us   (#1) kali + what about us EmptySam 4 Aoû - 15:03

(#1) kali + what about us Tumblr_nyldju5Pbm1u64asdo8_r1_400novembre 2017 Ils se remettent à courir. Eliott suit son ami, Godefroy le talonnant. Il n’a aucune idée de l’endroit où il l’amène, mais il sait que ça sera safe. Il n’arrive pas à enlever le sourire de ses lèvres à mesure qu’ils voient défiler les rues d’Oriel. Eliott garde son regard fixé sur le dos de Kassian. Il ne s’évanouira pas comme ça. Ils s’arrêtent finalement devant la porte d’un immeuble que pousse Kass, l’invitant à le suivre. Eliott jette un coup d’œil derrière lui tout en essayant de retrouver sa respiration. Il suit son meilleur ami à l’intérieur. Les couloirs sont silencieux, il n’y a que leur respiration erratique qui brise l’instant. Ils arrivent face à un ascenseur. Kassian presse le bouton plusieurs fois avant de se rendre compte que c’est peine perdu. Les sens en alerte, Eliott continue de regarder derrière eux, de peur de voir ce groupe débarquer. Kassian plante un coup de pied dans la porte métallique. Encore bloqué, faudra prendre l'escalier. T'es chaud pour courir ? Eliott ouvre la bouche pour protester. Où est-ce qu’il l’amène ? J'arrive avant toi Le regard de défi de Kassian lui fait oublier sa question. « T’as pas donné le départ ! » Fait-il en le voyant détaler en direction de la cage d’escalier. Eliott s’élance à sa poursuite. La montée se fait difficilement. Les deux gamins qu’ils sont se bousculent, rient, se lancent un peu des insultes à la figure lorsqu’il y en a un qui dépasse un peu plus l’autre. Ce n’est pas serein qu’ils atteignent le bon étage, mais en rampant en soufflant comme des bœufs. Godefroy, lui, les a dépassés depuis longtemps et il les attend à chaque palier en remuant la queue et en grognant d’amusement. Ils arrivent devant une porte – probablement l’appartement de Kassian – il s’étire un maximum, voit le regard de Kassian le suivre et lorsque ses doigts effleurent la porte, il souffle un First. avec un immense sourire. Il est au bout de sa vie, mais il a réussi. Alors. Non. Ton bras passe au-dessus de moi, mon corps est le plus proche de la porte. J'ai plus de surface à proximité ok, c'est moi qui gagne. Oui mais je touche la porte moi !

Leur chamaillerie prend fin aussi vite qu’elle a commencé. Ils sont épuisés. Eliott ne sent plus vraiment ses jambes. Kassian se redresse et ouvre la porte pour les faire rentrer. L’autre ne bouge pas C'est miteux mais— c'est la maison. Tu peux, genre. Faire comme chez toi. Il reste sur le pas de la porte et fixe l’intérieur. C’est ici que vit son Kassian. Il a l’impression de découvrir un univers différent. Il sait plus ou moins où vivent les autres, mais pas Kassian… plus depuis trop longtemps. Il sent sa gorge se nouer pour une obscure raison. Dans sa tête, avant que tout ne dérape, il se disait qu’il ferait une colocation de l’enfer avec Kassian. Il avait toujours rêvé de l’instant où ils brandiraient les clés de leur appartement. Instant qu’ils auraient filmé et photographié des milliers de fois. A partir de quand cette envie n’est devenue qu’une chimère ? Hey buddy, tu veux un truc à bouffer ? Lorsque Kassian interpelle Godefroy, Eliott redescend sur terre. Il voit son chien avancer prudemment vers Kassian avant de remuer la queue lorsque l’odeur de la viande parvient à sa truffe. Il se jette sur le bol que Kass dépose sur le sol et ça fait sourire Eliott. Il est rassuré de voir son ami à quatre pattes heureux. Faudrait qu'on s'trouve un truc aussi, nous, non ? Euhm. Ma maîtrise de la cuisine c'est genre. Le pur minimum niveau survie. J'ai une meilleure idée, bouge pas. Il laisse Kassian sortir dans le couloir. Eliott finit par rentrer dans l’appartement. Il vient donner une caresse à Godefroy qui a fini de manger. « C’était bon ? » En guise de réponse, l’animal remue la queue et laisse pendre sa langue. Eliott se redresse et fait un tour de la pièce. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est l’endroit le plus safe qu’il ait connu depuis un long moment. Il sent la pression sur ses épaules se lever un peu. Ses jambes tremblent et il décide de leur accorder du répit en allant s’asseoir sur le canapé de Kass.

Ce dernier finit par revenir, les bras chargés de nourritures. Eliott ne pose pas de questions. Y a peut-être un distributeur dans le couloir. Ça se fait parfois. N'app' dit-il en posant sa ration sur les genoux d’Eliott. Il le regarde manger avec bonheur et c’est hésitant qu’il prend sa part. Il la fixe un instant. Est-ce qu’il peut manger ? Et si c’était des rations pour plus longtemps pour Kass ? Pars pas d'l'idée qu'tu m'devras quoi que ce soit. T'sais quand j'me suis baré et qu'tu m'as arrangé une place chez ton frangin et ses potes ? Bein c'est mon payback. Alors arrête de faire ton mec emo et mange. Il le regarde d’un air outré. Emo, carrément. « T’es sûr que t’en auras pas besoin ? » Le regard de Kassian lui sert de réponse. Il finit par manger à son tour et c’est le silence qui règne dans la pièce pendant que les deux se sustentent.

Godefroy, pendant ce temps, renifle un peu partout avant de se trouver un coin de pièce où il tourne pendant un moment avant de se coucher. Eliott esquisse un sourire. « Merci, Kass. » Il ne sait pas exactement pourquoi il le remercie. Pour ce soir. Pour ne pas avoir abandonné. Pour ne pas le juger sur sa condition. Kassian le comprend bien plus que n’importe qui et il ne s’était pas rendu compte à quel point il lui avait manqué avant ça. « Tu vis ici depuis longtemps ? » Il a raté tellement d’éléments dans la vie de Kassian. Les reproches qu’ils se sont balancés mutuellement à la figure lui reviennent en mémoire et il sent son cœur se serrer. S’il n’avait pas fait sa mauvaise tête, probablement que les choses auraient été différentes. Si Eliott savait s’exprimer un peu mieux, il aurait pu dire à Kassian qu’il avait été inquiet de le savoir en couple avec l’autre connard et qu’il veut juste le meilleur pour lui parce qu’il le mérite. Il n’aurait pas balancé tout le reste comme le sombre idiot qu’il est. Eliott froisse le papier de sa nourriture et vient glisser sa main libre dans celle de son meilleur ami. Il sent bien que ses yeux sont humides et que ça va déborder dans peu de temps. Il ressent beaucoup trop d’émotions d’un seul coup. « Kass… je… tu m’as tellement manqué. » Son front vient s’échouer sur son épaule. L’appartement de Kassian lui fait le même effet qu’un cocon de sûreté. Toute la tension qu’il garde depuis des jours (des semaines ? Des mois ?) s’évanouit. « Tu pourras me pardonner un jour ? » D’avoir été con, de l’avoir repoussé et d’avoir été aussi odieux. Godefroy remue dans son coin, il se lèvre et vient poser sa tête sur la jambe de Kass. Il l’a déjà adopté, ça risque d’être compliqué de l’arracher à cet endroit s’il s’attache réellement.
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