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 in the darkness, two shadows (galay)

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in the darkess
two shadows


Les bras restent accrochés à sou cou et Gali ne bouge pas. Il ferme les yeux et retient son souffle comme si la chose à elle seule pouvait faire arrêter le temps. Les emporter loin, loin de toutes ces choses qui le rend aussi fragile que du cristal. Le masque n'est que mensonge, sur ses traits, sur sa peau aussi. Le faux est finement tissé et Gali est devenu ce qu'il porte en permanence, mais une part de lui reste, malgré tout, le garçon un peu innocent, les yeux un peu brillants, cherchant une chose qui pourrait s'appeler bonheur. Depuis le temps, pourtant, il a compris que le bonheur n'est pas une chose et qu'il ne se trouve pas ; il se crée. Faut-il encore avoir les ingrédients en main. Faut-il encore avoir la force, le courage de chercher ce qu'il faut pour parvenir à une pareille chose. Rien ne garantit que le bonheur va rester. Ou alors, qu'il sera comme dans ses rêves. Et les doutes sont plus nombreux que les rêves. Les mensonges plus alléchants, plus facilement acceptables. Peut-être est-ce pour cela qu'il n'est pas revenu sur Altea depuis près de cinq ans, maintenant. Il a cherché à fuir ce qui pourrait être la création d'un bonheur par peur de se retrouver le coeur entre les mains, en pleurs. Les larmes ne sont pas jolies. Les sanglots ne sont pas une douce chanson. Certains disent qu'il faut de la tristesse et de la noirceur pour comprendre ce qu'est le bonheur et l'apprécier réellement. Les paroles le font rire plus qu'autre chose. Il n'a pas réellement envie de connaître ce bonheur, si c'est pour tomber et se blesser les genoux une nouvelle fois, sur le bitume. Si c'est pour perdre ce qui le fait vivre, un jour à la fois, et lui donner des raisons pour continuer et se battre parfois.
Peut-être est-il aigri. Peut-être est-il coeur brisé. Gali ne sait pas réellement. Les plaies sont fermées et ne paraissent plus sur sa chair ; elle est douce et belle, quoique mensongère, car il a effacé avec le temps ce qui pouvait les lui rappeler. Reste-t-il que sa tête ne cesse de tourner et que ses pensées sont plus nombreuses que les battements à son coeur. Il attend trop, trop souvent, pense un peu trop attentivement et doute de chaque sentiment.
Son corps a-t-il beau être accroché à Ajay de toute ses forces, son torse pressé contre le sien, son intimité également, Gali pense brièvement à s'éloigner et quitter le bain, ne plus le toucher. Le brièvement dure une certaine éternité, pourtant. Il garde les yeux fermés, le visage dans son cou et se demande, se demande trop souvent et trop de choses également, ne peut contenir son souffle et donc, retenir le temps.
La pression de ses bras se fait un peu plus forte, légèrement, aux premières paroles du King. Ses cuisses se resserrent autour de sa taille et il lâche un bref bruit sans le vouloir, car les paroles sont courtes mais fortes et qu'il perd le fil de ses pensées. S'il pensait à fuir, la chose n'est que souvenir. Il s'accroche au point de l'étouffer et pourrait rire de lui-même, s'il n'était pas si nerveux, si tremblant.
Il se déteste d'être dans un pareil état pour une autre personne. De laisser une personne, qu'importe qui elle peut bien être, avoir un tel contrôle sur ses sentiments. Il essaie depuis des années d'être maître de lui-même, d'être intouchable, mais le King a toujours eu cet effet sur lui. Les années se sont écoulées mais les souvenirs sont toujours claires ; les tremblements sont les mêmes, le nœud dans ses tripes également. Il le rend ivre, il le donne le vertige.
Il lui donne envie de lâcher prise et d'être simplement, sans réfléchir trop longuement à chacun de ses mouvements. Il lui donne envie de créer une chose qui pourrait peut-être, un jour, porter le nom de bonheur. Quelque chose de peut-être imparfait, un peu maladroit et même, pas forcément joli, mais quelque chose qui pourrait être à eux, à lui.
Il quitte son cou, lentement, et le regarde. Le temps a fait son oeuvre sur le visage d'Ajay. Les rides sont présentes et Gali les observe avec un certain émerveillement. Elles sont rares sur Sigan, surtout chez les riches. Il se souvient que sa mère en possédait au coin de ses yeux, et que Frank également. Ajay les porte bien. Il fait King, avec les traces du temps sur son trait. Il fait homme. Il fait homme avec ses mots durs mais doux, avec son sourire presque trop rayonnant qui, brusquement, le rajeunit, et rend ses yeux plus bleus. Il lui tord le ventre et Gali pince ses lèvres, silencieux mais attentif. Il ne promet rien, pas directement du moins, mais Gali peut entendre au travers des mots la promesse qui essaie de prendre place. Il ne la croit pas. Il s'en sent incapable du moins pour le moment. Mais il sourit.
Il sourit car ses mots sont le fantôme de quelque chose de beau qui pourrait prendre vie, un jour, et qui pourrait réellement leur appartenir.
Il tremble légèrement sous le contact de sa main brûlante contre son torse. Gali baisse les yeux et dévisage ses doigts, toujours attentif à ses mots, désireux de les croire, désireux de les savoir réel, incapable d'imaginer la chose concrètement. Il y a trop d'éléments à prendre en considération, encore. Les rêves ne sont que des rêves, aussi beaux soient-ils, et son coeur n'est pas encore assez léger pour se laisser emporter dans les nuages.
- Le lilas ? qu'il demande, un léger sourire au bord des lèvres. Dans ses yeux, la lueur est revenue ; celle qui le définit si bien. Gali a beau être un artifice, un ensemble de mensonge mais ce qu'il porte comme masque est construit sur des fragments de vérités. Il sourit donc un peu plus, l'excitation dans la voix, remue légèrement sur ses cuisses, les mains toujours autour de son cou. Je te fais voir le lilas ? qu'il demande encore, plus précisément, le ton moqueur mais pas simplement ; heureux également. Ou du moins, une chose qui y ressemble. J'ai encore la fleur chez moi, tu sais. qu'il souffle, bas, un vague souvenir d'avoir peut-être déjà dit la chose, incapable de savoir si c'est le cas ou non.
Son front se pose sur le sien et il inspire doucement, fin sourire sur les lèvres. Il effleure son nez contre le sien, ne pose pas ses lèvres sur les siennes. Le contact est fantôme à plusieurs reprises, n'existe pas, et il sourit un peu plus, dévoile ses dents.
- Demain, tu peux rentrer avec moi sur Sigan. Voir le portail, mon monde, et mon appartement. Mon club, peut-être ? Il souffle ses mots tout en réfléchissant, cherche les bons mots, encore et toujours, la chose le plus sensée également. Gali ne rêve pas, après tout. Il connait la réalité trop clairement. Il lui est impossible de se laisser entraîner dans des rêveries, de croire qu'Ajay quittera Altea à jamais simplement pour lui, simplement après une nuit. Les mensonges ne sont pas jolies. Il n'est pas joli. Dormir dans le lit avec moi...
Il pince ses lèvres avant de les poser sur les siennes et de l'embrasser fort. Le baiser n'est pas profond, il en compte pourtant des milliers, ses lèvres qui épousent les siennes encore et encore, toujours un peu plus fort, au coin comme au centre, en bas comme en haut. Il lui faut un moment pour s'arrêter, la chaleur au creux de son ventre l'aveuglant et poser son front contre le sien. Il caresse ses joues, sa barbe de ses doigts et expire en reculant son visage.
- Tu vas devoir revenir ici, Ajay; le ton est bas, la voix presque brisée dans sa gorge mais le ton, lui, est vaguement autoritaire. Je veux pas tout abandonner pour toi, et tu devrais pas non plus. Tu - il fronce des sourcils, ressent le besoin de l'embrasser pour confirmer qu'il ne l'abandonne pas, pour être certain que le King comprenne bien ses paroles, avant de continuer son regard au fond du sien, le sérieux de sa voix ne disparaissant pas. Tu t'appartiens, et je m'appartiens. On est pas un tout, et tu n'es pas mon monde. J'suis pas ton monde. Tu es toi, et je suis moi, et je veux un nous.
Un sourire presque beau, sur ses lèvres. Un bonheur presque vrai, sur ses traits. Peut-être l'est-il, vrai. Peut-être est-il simplement maladroit car Gali ne l'a pas ressenti depuis longtemps. Quelque chose qui pourrait porter le nom d'espoir.
- T'oublie pas pour moi. J'te veux pas pour que tu laisses tomber tout ce que tu es simplement pour moi. Qu'importe la raison. Je veux t'aimer pour ce que tu es, pas pour ce que tu peux devenir pour être avec moi. Pour ce qu'on peut construire toi et moi, et non toi pour moi, ou moi pour toi.
Lui même doute de ses paroles ; elles lui semblent trop vraies, trop belles. Mais après cinq ans de réflexion, après cinq années de sentiments presque étouffés, c'est tout ce qu'il a trouvé. C'est ce qui lui semble le plus réalisable.
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Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne

Ajay est suspendu à ses lèvres. Il pourrait l’écouter parler pendant des heures, Gali. Lui parler de tout et de rien qu’il arriverait tout de même à être passionné par ce qu’il raconte et boire ses paroles comme la meilleure des liqueurs ; et c’est peu dire, il en a goûté de  nombreuses dans sa vie. L’influence qu’il a sur lui est presque malsaine. Gali lui apporte trop de bonheur pour que ce soit bénéfique, souvent les bons moments apportent avec eux des épreuves terribles à traverser. Ajay s’est habitué à ce que le karma lui rende chacun de ses actes avec assiduité, avec la ponctualité qui lui est due – à ce rythme demain il va tomber dans son escalier et se briser la nuque. Il a vu trop de gens mourir pour croire qu’il s’agit de hasard et il ne croit pas assez au hasard pour penser un instant qu’il s’agit au mieux de malchance. Bobby est vraiment malchanceux, lui est maudit. C’est plus un constant amer qu’une plainte. Ajay est qui il est, il s’y est habitué.  Il ne sait pas combien de temps va durer la bonne veine,  mais tant que c’est bien  là, il en profite comme-ci c’était la dernière fois. Ce sera peut-être la dernière. Si Gali part et ne revient pas, s’il ne décide pas de partir avec lui. S’il se dégonfle et qu’il reste pour toujours sur Altéa. S’il le laisse seul vivre sa vie sans essayer de mettre son grain sel dans les rouages bien huilés  de sa vie. Ajay n’a pas l’impression qu’il a le droit de faire partie de sa vie, rien que le fait d’être séparé par quelque chose qui ne soit pas tangible le lui rappelle. Ils n’appartiennent pas au même monde et même en essayant ils ne pourront pas être ce tout auquel ils aspirent. Le temps, finira par les rattraper lui aussi. Le King pense au pire, car c’est ce qu’il sait faire de mieux. Par moment, il se dit même, que Gali ne peut pas vraiment être réel.
Ses paroles sont réelles.
Pour certaines elles peuvent paraître violentes, pour Ajay elles le sont car leur signification est immense à ses yeux. Il aimerait trouver quelque chose à dire qui puisse leur faire écho. Il aimerait trouver quelque chose de mieux à faire que le contempler sans avoir rien à ajouter et glisser ses mains contre sa peau. Ajay a envie aussi qu’ils soient quelque chose à deux, sans empiéter sur ce qu’ils sont déjà. Il voudrait lui promettre qu’il ne s’oubliera jamais, mais Ajay ne sait pas qui il est, ce qu’il représente. Il s’est perdu dans de nombreuses vies qu’il a volées. Il a vécu ses rêves à travers des visages différents,  avec le même est unique cœur trop fragile pour accueillir des choses aussi grandes. Il se tait, sans doute que c’est la meilleur chose à faire. S’il parlait maintenant, il dirait quelque chose qui n’a pas besoin d’être dite maintenant. Il briserait le moment solennel.
Demain, il pourrait partir avec lui, voir son monde, sa vie, son club, le prendre dans ses bras, coucher dans ses draps, sentir le parfum des lilas encore, s’enivrer d’un mensonge encore. Vivre une existence qui n’est pas le sienne et ne le sera jamais. Croire qu’il pourra tout laisser derrière à partir du moment où le portail sera franchi, comme-ci sa vie n’avait jamais existé.  Ajay ne quittera jamais ce qu'il a créé, il a trop perdu pour en arriver là, sacrifié trop choses et vu mourir d'autres. Il ne peut plus reculer, revenir en arrière et changer ce qu'il est devenu pour quelqu’un. Il ne vit que pour lui-même, il fait cavalier seul. La confiance peut être trop facilement brisée. Il n’est pas capable d’abandonner tout ce qu’il a toujours connu même pour son âme sœur. Pour rien au monde il ne le ferait. Il n’est pas égoïste, il reste fidèle à lui-même, il ne trahit pas et n’essaye pas de sentir. Si un jour ils doivent être quelque chose de plus que des âmes qui s’égarent et se retrouvent, il ne sait pas encore comment ils feront. Sans doute, que la solution viendra avec le temps. Peut-être qu’elle ne viendra pas. Peut-être qu’ils sont tout simplement fait pour vivre comme ça. Ajay a attendu des années pour le revoir. Il peut attendre encore.
Il attendra autant de temps qu’il faut, tant qu’à la fin sa route croise la sienne, à un certain point. Il attendra le jour où il n’aimera plus sa vie assez fort.
Il y a toujours eu beaucoup de cruauté dans sa vie, de violence et de noirceur si bien que la nuit est devenue sa meilleure amie comme pour beaucoup d'autres comme lui. Ajay fait partie de ces gens qui préfèrent se détourner du chemin de la lumière quand elle brille trop fort et qu'elle éclaire les plaies qu'on cache dans le noir. Car il hait ses cicatrices autant qu'il se déteste lui-même dans le reflet des miroirs ; elles lui rappellent le passé douloureux qui cherche constamment à oublier. Comme-ci il ne pouvait pas supporter une seconde de plus, de l’avoir dans ses pensées, quelque part, en train de le hanter. Il n'a pas l'habitude de la douceur, de la tendresse, de ce sentiment d’être en paix.
Tu me fais voir beaucoup de choses. Tu sais.
Son sourire, aussi est franc. Avec la couleur du lilas, il pourra enfin voir le soleil se lever et se coucher convenablement. Peut-être qu’il fera des découvertes dans sa garde-robe, persuadé d’avoir acheté un haut gris. Gali lui apporte cette partie manquante à sa vie. Gali n’étais pas prévu, ni attendu, mais maintenant qu’il est là, il est presque indispensable. Le King se voit mal faire comme-ci rien de tout cela n’était jamais vraiment arrivé.
Mais je préfère te voir toi.
Peu importe les couleurs, les rêves. La présence de Gali comble le vide béant qui l'a toujours habité. Au-delà de ses baisers qui éveillent les sensations enfouies, loin des caresses et des mots qui font naître son désir. Il s’est habitué à sa chaleur contre la sienne, son corps réagit positivement. Il n’a jamais écouté son corps, ne lui a jamais accordé d’attention, il lui semble sortir d’une hibernation qui aurait duré toute sa vie. Comme beaucoup il s'est formé tout seul, sur le tas avec les moyens du bord. Ajay a du se débrouiller, avec ses peines et ses doutes, ses sentiments et ses questions sans personne pour répondre. Je n’appartiens à personne. Et je ne veux pas t’appartenir. Alors il s'est peu à peu habitué à l'idée qu'il ne tomberait jamais amoureux, car il a toujours voulu garder la tête sur les épaules. La seule image de couple qu’il a jamais eu est celle que la télé vend ; il n’est pas dupe non plus, la perfection n’est pas de ce monde. Dans son monde à lui, on l’achète avec de l’argent sale le temps d’une nuit. Je ne monterai pas que mes bons côtés et je ne serai pas gentil avec toi. Je ne serai pas mieux, mais je ne te laisserai pas tomber.   Il s’est juré de trouver lui-même son âme sœur, en refusant le destin comme un gosse refuse de suivre les règles. Jusqu’à présent, Ajay a toujours été plutôt doué pour détourner les lois. Gali est l’exception et il vaut bien qu’il essaye, au moins, d’être autre chose que des morceaux d’une entité. Il  chasse les mauvais démons. C’est juste un détail s’il parle de choses trop sérieuses et qui veulent dire trop de choses.
J’ai envie de voir ton monde, ta vie, ton club. D’en savoir un peu plus sur qui tu es maintenant. Ce que tu as fait pendant toutes ces années, si tu as rencontré des gens bien. J’ai envie de m’intéresser à toi, que tu sois plus qu’un visage, qu’un prénom de plus. Je veux te connaître toi. Qui sait, t’aimer toi.
La curiosité d’abord. Et ce besoin d’être un peu plus proche, de le connaître mieux. Des petits détails qui lui auraient échappés mais qui ont cette importance. Les petits détails auxquels il aimera repenser dans les bons comme les mauvais moments. Qui occuperont son esprit sans qu’il le veuille.
J’ai envie de toi, tout entier.  
Il aurait rigolé au nez de n’importe qui qui lui aurait dit qu’un jour l’idée même lui traverserait l’esprit.
Gali est sans doute son âme sœur alors, l’unique personne qui vaille vraiment le coup. La véritable. Les mains toujours ancrées sur sa peau Ajay ose à peine toucher, ne sachant pas s'il doit fuir maintenant ou rester là. Il ne sait plus où poser ses doigts, il voudrait qu'il puisse être partout à la fois. S(ils pouvaient fusionner maintenant. L'eau du bain s'est refroidie et il frisonne. La fatigue aussi l'accable un peu plus, il soupire las.Une main passe dans ce qui reste de cheveux sur la tête de Gali - comme regrettant le reste qui est coupé depuis longtemps. Il pourrait s'endormir, juste, là. Il ne veut pas risquer de briser quelque chose en bougeant. C'est à peine s'il ose respirer. Le temps s'est définitivement arrêté,
il n'y croit plus.
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Il s'est perdu dans l'étreinte de plusieurs corps qu'il n'a jamais cherché à connaître. Il s'est perdu à chercher quelque chose sans en connaître l'identité, juste en ayant cette faim dans ses tripes, cette envie qu'il n'a jamais été capable de taire. Il s'est perdu, encore et encore, au point de ne plus pouvoir différencier sa chair de la leur et de ne plus savoir si son corps était sien ou alors, leur. Se perdre et ne plus se retrouver, se regarder et ne pas réellement se reconnaître dans le reflet ; dévisager en silence incapable de trouver les mots à dire, les mots pour définir. Gali n'a jamais réellement chercher à savoir ; le but de sa quête, sa raison d'être. Il s'est toujours contenté d'être avec une obsession maladive. Ne pas être le rend malade. Ne plus être lui donne envie de mourir. Une peur qui le bouffe de l'intérieur ; autant aux yeux des autres qu'à sa simple existence. Ne plus exister, ne plus être vu. Une phobie dans ses veines ; et pourtant, un besoin d'être autre chose que lui-même. Et de se chercher encore et encore au travers des étreintes trop charnels et particulièrement éphémères. Et de fuir, lorsque les baisers étaient trop aimer, et de courir lorsque les promesses étaient trop dignes de rêves désenchantés. Gali a cherché pour fuir et a trouvé pour oublier. Sa peau ne lui appartient plus ; elle en a touché des milliers d'autres.
Et pourtant.
Pourtant, elle est sienne à cet instant précis. L'ancien prostitué sent chaque parcelle qui la constitue et ne peut nier son existence ; son corps est sien. La chose est effrayante. Terrifiante et attirante; son corps lui semble être une chose presque pure, presque délicate malgré tout ce qu'il est. Le sentiment est étrange, nouveau, différent.
Il aimerait nier la chose et prendre ses jambes à son cou. Qu'importe si les mots ont quittés sa gorge. Qu'importe s'il a dit des choses trop importantes pour envisager la fuite et de ne jamais se retourner. Gali l'envisage encore. Il l'envisage sans fin, sans jamais cesser, comme s'il aimait avoir cette certitude que sa vie ne se résume pas qu'à un choix et qu'il peut en faire un autre à tout instant, qu'il n'est pas limité qu'à une fin. Il n'aime pas le destin. Il n'aime pas la fatalité et les choses qui y ressemblent. Gali aime guider sa propre route, la détourner, la détruire ou alors la reconstruire. Il ne laisse pas les autres décider pour lui, pas le temps, pas les gens, pas même lui même. À chaque instant, il se confronte et se remet en question. Chaque geste et décision.
De ses lèvres s'évadent des exigences qu'il affirme d'une voix ferme mais dont il doute. Il repasse ses propres mots dans sa tête, encore et encore, en boucle éternel, au point où les phrases ne veulent plus dire grand chose et qu'il ne comprend plus ses propres paroles. Gali parle d'un avenir qui pourrait être mais ne sait pas encore s'il veut réellement le voir ou encore, faire ce qu'il faut pour qu'il puisse naître.
Sa voix est forte et son esprit faible ; il dit des belles choses autant pour lui même que pour Ajay. Un idéal dont il ne se sait pas encore capable, mais qui lui semble admirable et attirant.
Il se berne et se laisse porter à y croire.
L'oeil sombre fixe celui trop clair et Gali n'est pas certain d'être réellement capable de supporter un tel contact. Il est trop intime, trop vrai. Il le brûle de l'intérieur, pas d'un feu qui est désiré. Un feu qui illumine tout, principalement ce qu'il ne désire pas voir. Il se sait particulièrement hideux sur plusieurs points et n'a pas envie que la chose soit vue par une autre personne que lui-même. Il accepte la chose, ce qu'il est, car il n'a pas le choix de faire autrement. Ajay a le choix. Ajay se détournera forcément. Comme lui même voudra se détourner lorsqu'il verra des choses qui ne lui plaisent pas, chez le King.
Un léger rire quitte ses lèvres ;
- Non, tu veux vraiment pas me voir, Ajay qu'il souffle, bas, mais ne détourne pas les yeux qu'importe ce que ça expose à l'intérieur de lui et à quel point il est nu face à lui.
Pas de corps. Le corps, ce n'est rien. Une nudité plus intime encore. Il n'a pas peur de la chaleur de sa peau, ni des réactions qui s'éveillent autant chez l'un que chez l'autre. Il n'y porte pas attention non plus. Gali a trop souvent vu des peaux se tendre, des désirs se manifester. Les réactions du corps n'ont rien à voir avec celle du coeur. Elles ne lui font pas peur. Il pourrait, pour se défiler, en profiter et détourner son attention ailleurs. Mais l'ambiance qu'il a instauré plane à quelque chose qui pourrait être plus important, qu'importe sa peur. Qu'importe s'il n'apprécie pas que l'on tente d'éveiller le palpitant qui s'est fait muet depuis quelques temps. Peut-être, au final, n'est-il pas tomber sur le bitume lorsque Cleo est morte, lorsque Frank l'a abandonné. Peut--être se trouve--t-il toujours au fond de sa poitrine, malmené et blessé, faible mais présent. Gali le ressent ; pas assez fort pour porter quelque chose qui s'appelle amour mais assez pour contenir des miettes ridicules d'espoir.
Il aimerait rire de la chose.
Il ne le fait pas ; il s'avoue étrangement convaincu et accepte le fait qu'il espère réellement pour quelque chose de mieux que le présent.
Les paroles du King sont aussi vraies que les siennes et encore plus dangereuses, encore plus terrifiantes. Gali ferme les yeux; quitte à sauter dans le vide, il préfère ne pas l'apercevoir.
- Peut-être que tu le regretteras, Ajay ; il l'avertit encore, incapable de s'en empêcher. Incapable de calmer cette peur dans ses veines. Gali n'essaie pas de l'ignorer ni de la cacher ; il essaie de la contrôler à sa manière.
Le corps n'est pas tendu ; il est l'opposé. Le contact de ses doigts contre son crane libère les maigres miettes de tension qui s'y trouvent et Gali soupire, trouve dans le geste une forme de douceur et de force qui le garde stable. Il n'aime pas la chose, pas totalement ; elle est hors de son contrôle. Il ne peut rien faire contre elle.
- Tu rêves depuis des années d'un garçon qui n'existe pas réellement. Et moi d'un homme qui est déjà tout autre que ce en quoi je croyais; les lèvres se pincent et son corps glisse au long du sien. Les cuisses quittent leur place sur les siennes et son torse appuie contre le sien. Il s'allonge de tout son long sur lui, pince ses lèvres un peu plus fort au contact frissonnant de certaines épidermes, prend appuie sur ses genoux et sur ses mains pour ne pas couler. Son visage au dessus du sien, le souffle au bord de ses lèvres. Il rate une expiration et continue après avoir chercher l'inconnu dans son regard, des réponses aux questions qui n'existent pas encore. J'ai cru vouloir le King. C'est de la connerie.
Il appuie sur ses mains et se redresse. L'air est frais contre sa peau et le carrelage tout autant, sous ses pieds. Il tend les doigts pour s'emparer d'une serviette dans laquelle il s'entoure fortement.
- Je crois que je pourrais vouloir Ajay, par contre. Il est intriguant.
La voix est petite mais elle porte quelque chose qui pourrait s'appeler de la certitude. Un choix. Gali ne l'affirme pas mais l'envisage pleinement et se laisse tenter par la chose. C'est le plus qu'il peut offrir sans s'enfuir. Son regard coule sur son corps en douceur, les lèvres se tordent en un rictus appréciateur. Il ne cache pas apprécier ce qu'il voit, ne cachera pas apprécier ce qui ne se voit pas encore.
- Tu crois que je peux dormir avec toi, cette nuit ? Juste dormir.
Donner son corps sans savoir, c'est une chose qu'il offre à ceux qui ne méritent pas de lendemain. Ajay lui apporte quelque chose qui lui donne envie de posséder cette fausse pudeur et de prendre son temps pour quelque chose de plus grand.

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Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne

Non, tu veux vraiment pas me voir, Ajay Non. Il n'a pas envie de voir. Ce qui se cache derrière son regard si sombre, si sombre qu'il pourrait se laisser avaler par les ténèbres qu'il présage. Mais si on lui demandait, il y plongerait tout entier, sans regret. Aujourd'hui, il referait l'erreur une deuxième fois, car la tentation est trop grande. C'est ce qu'il sait faire de mieux, Ajay, se laisse dévorer par ce qu'il y a de plus noir et mauvais. Mais il admet être attiré par cette notion d'obscurité, il se complaît dans sa propre décadence et l'assume avec vanité. Il a embrassé sa nature depuis longtemps et il ne compte pas revenir en arrière. Il vit de crasse, de sang et de larmes - pas les siennes. Son âme  pourrit comme son corps flétri, le temps l'abime. L’abîme appelle l’abîme. Il ne croit pas aux miracles. Par contre, il croit au destin, qui lui a envoyé trop de signes depuis qu'il est sur terre. Le destin qui lui a tendu la main aujourd'hui, demain qui lui retirera forcément quelque chose. Peut-être qu'il regrettera de s'être confié, d'avoir dit trop de choses. Mais les regrets resteront des mots prisonniers dans leur cage, il ne dira rien. Il ne pleurera pas s'ils ne deviennent rien, s'ils ne survivent pas à la nuit. Il se fait la promesse de rester également à lui même, quand bien même parfois il ne sait pas exactement qui il est.
Et sans doute qu'ils se briseront tous les deux le cœur à essayer de s'aimer correctement, alors Ajay ne fait pas l'effort et fait les erreurs des débutants. Il sourit avec violence et le dévore du regard. Car il se sent totalement impuissant face à la grandeur de la chose et lui, alors, si petit devant le poids de ce que le destin lui a laissé entre les mains. Il y a un cinq ans il est tombé amoureux d'un garçon qui n'existait pas. Dont le passé était aussi brumeux qu'Oriel pendant un matin d'hiver et qui n'était pas vraiment qui il est prétendait être. Il est tombé amoureux de ses manières et de son sourire. Cinq ans plus tard il réalise qu'il l'aime toujours autant. Mais il aime encore plus l'homme qui se dessine sur ses traits plus vieux, plus fermes, plus droits. Cette fois-ci, ça lui paraît plus raisonnable et plus accessible. Parce que cette fois-ci, il est prêt aussi à montrer ce qu'il est vraiment.
Il ne veut pas voir. Mais il regardera quand même.  Lui même est affreux une fois l'armure retirée. Sous ses costumes blanc qui hurlent une fausse pureté, les richesses qu'il déploie avec dédain pour se donner l'air d'un prince, d'un roi et ses airs angéliques. Ils sont comme le yin et le yang, si l'un irradie de sa lumière c'est que son coeur est d'une noirceur profonde ; et Ajay trouve drôle de croire qu'il se cache encore une pureté lointaine dans son coeur, il ne se voit pas être autre chose que le plus noir des deux. C'est un odieux mensonge et c'est odieux d'y croire. Pourtant ils se complètent. Le King ne connaît pas encore toutes leurs ressemblances.
Il aime les mensonges, la moitié de sa vie est basée sur un mensonge, l'autre sur l'espoir d'un gosse avec le même regard rêveur que Léo. Ce soir c'est le gosse qui rêve, demain Galileo se réveillera peut-être avec l'autre a ses cotés. L'autre face de la lune. Les mots ne peuvent plus rien y faire, ses avertissements tombent dans l'oreille d'un sourd. De toute façon, le King n'écoute que ce qu'il veux. Il hoche la tête pour consentir. Gali connaîtra Ajay, par épisodes, par facettes qu'il n'arrivera à capter que d'un certain point de vue. Mais il ne doute pas qu'il y arrivera. Et il aime à croire que lui aussi, il découvrira ses petits secrets. Pas des grands secrets. Des secrets comme la couleur qu'il préfère, ou la chanson qu'il écoute le plus. Il ricane un peu et ça ressemble à grognement, puis le King se redresse et chasse la présence de l'âme soeur. Pour mieux la retrouver plus tard. Il perd son regard un instant sur son corps encore immergé. Il se perd dans son regard. Gali la tuera un jour à le rendre trop humain. Les hommes meurent avec facilité, pour des choses vaines, sacrifient trop vite pour des causes sans gloire. Le King aspire à la gloire. Ajay veut une vie, tranquille. Ajay veut Galileo. Il a envie de se retrouver plus souvent avec lui même, d'apprendre à se connaître en même temps que l'autre va apprendre. Et ensemble de surmonter quelque chose, que le roi repousse depuis trop longtemps. Ce soir il fait le deuil du passé, pour laisser l'avenir dormir dans ses draps. L'avenir est fuyant. Il s'en ira.
Bien sur, fait comme chez toi. Mais ce ne sera jamais chez lui Comment ça pourraît l'être si Ajay lui même à du mal à considérer ces murs comme sa maison. Parfois, elle ressemble à une prison.
Le carrelage blanc de la salle de bain est froid contre ses pieds mais il se fait violence et  y laisse toute la plante ; la différence de température fait rougir ses orteils. Le contact de l'air contre sa peau humide le force à frisonner mais il s'habitude rapidement, surtout que la température de l'eau n'était déjà plus aussi bouillante qu'au départ. Ajay laisse l'eau sécher contre sa peau sans l'essuyer et retrouve le chemin vers le salon en suivant les vêtements qu'ils ont éparpillé. Ce soir, il se sent particulièrement las et n'a pas envie de faire le ménage, il ne pense qu'à s'écraser contre son matelas et dormir - juste, dormir. Dans le salon, son manteau trempé a laissé une flaque sous le porte manteau, en forçant un peu, il peut sentir le parfum de Gali qui flotte dans l'air, étranger. La pluie frappe aux carreaux de la baie vitrée, paisiblement et le vent souffle. Les temps pluvieux ont quelque chose de rassurant, au chaud, enfermé chez soit. S'il éteint la lumière, les lueurs de la ville seront sans doute assez suffisante pour plonger la pièce dans une ambiance tamisée d'avant l'orage. Il ne touche pas à l'interrupteur tant qu'il n'est pas certain que Gali n'a pas besoin de récupérer quelque chose et s'arrache à la poésie de l'instant. Une part de lui, craint que laisser la lumière lui indiquera aussi le chemin de la sortie. Il n'ignore pas le poids dans son corps qui se forme à l'idée de le voir partir. Il n'est pas prêt à le voir partir encore. Pas maintenant. Pas dans l'instant, l'instant trop beau qu'il vit pleinement.
Il se doute, que Gali connait encore le chemin vers sa chambre. Elle n'a toujours pas changé de décoration. Les couleurs sont froides. Il dit que le bleu lui rappelle la mer, il n'a surtout jamais modifié la peinture depuis qu'il a racheté le loft. Tout est sobre à l'extrême, un lit avec des grosses couvertures en laine, un dressing et une table de chevet - juste une seule - un livre posé dessus, la tête à l'envers. Le King n'utilise pas de marque page, perd souvent le fil du récit. Mais c'est son petit cocon et la fenêtre offre une belle vue. Sans l'attendre, Ajay s'allonge exténué. Il n'a qu'un oreiller et il ne compte pas le laisser à Gali. Il l'entend arrive plus qu'il ne le voit et marmonne dans le coussin.
Tu dois pas être trop dépaysé.
Il n'a jamais oublié la première et unique nuit qu'ils ont passé ensemble. Il se souvient de ce qu'il a pensé quand il l'a vu sur le trottoir et qu'il a ressenti le besoin de le ramener chez lui. Il s'est défié de le laisser pénétrer dans son intimité, de le voir. Il était vulnérable. Il est toujours.
J'espère que tu n'auras pas froid, je fais des économies d'énergie. Le King se redresse, dos contre le mur il a ramené la couverture sur lui pour priver Gali de la vue - et il en est conscient. Parce qu'il a fait exprès. Tu n'as pas trop le ventre vide ? Il s'inquiète brièvement, d'avoir à ses cotés un ventre qui grogne. Apparemment les voyages donnent faim. Puis les paroles lui reviennent en mémoire. Comme-ci finalement, il n'avait pas quitté la proximité du bain. A l'époque, tu me voulais ? Moi ou mon corps ? Il ne sait pas quoi attendre de la réponse. Il a passé toute sa vie à détester son corps à un point où il a oublié ce que c'était de ressentir. Ce qu'était le désir, la douleur. Prisonnier de son corps ou étranger. La seule chose dont il est certain c'est que lui le désire encore. Pour tout ce qu'il représente. Une certaine liberté. Je regrette déjà de t'avoir rencontré tu sais. Après son corps il a détesté son âme soeur. Il a détesté de ne pas avoir Nameha. Détesté de ne pas être mort avec elle. Mais il n'a jamais réussi à détester Gali. Si tu veux dormir je te conseille de me rejoindre maintenant avant que je commence à radoter.
La nuit aussi il la détestait.
Et quand il a fermé les yeux cette nuit là, il s'est évadé pour de vrai. Il a dormi pour de vrai.
Parce que la personne qui hantait ses rêves hantait déjà sa réalité.
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in the darkess
two shadows


- Bien sur, fait comme chez toi.
Il ferme les yeux, une seconde. Arrête son mouvement et inspire doucement. Chez soi. Gali n'a pas eu de chez soi depuis des années ; le loft, certes, lui appartient, mais il ne le considère pas comme sa maison. L'illusion pourrait être ce qui ressemble le plus à sa demeure. Le cluster encore plus, bien qu'il ne soit pas un lieu mais des gens ; ils prennent tellement de place que Gali a parfois l'impression d'être trop petit pour tout ce qu'ils représentent. Scar et ses folies ; Sasha et ses plaintes ; Joshua et ses ordres ; Ashley et son rire ; Lupe et son sourire. Ils font de lui ce qu'il est ; mais sa maison ? Galileo n'en a pas réellement. Lorsqu'il ouvre les yeux, c'est pour les poser sur le corps nu d'Ajay. Le regard n'est pas lubrique, bien qu'il apprécie ce qu'il voit. Galileo le dévisage sans un mot, essaie peut-être, d'une certaine manière, de graver à sa mémoire tout ce qu'il voit de lui, incapable de détourner quand ils se verront une nouvelle fois. Chaque seconde compte ; il essaie de toutes les chérir, qu'importe les questions qui sont encore présentes. Mieux vaut ne pas gâcher l'instant et le laisser filer entre ses doigts ; Gali préfère le garder contre soi et ne pas en manquer une seconde. Peut-être, se dit-il, devrait-il profiter de la nuit. Être égoïste et profiter du corps qui s'offre à lui sans porter attention aux sentiments, à cette chose qui porte le nom d'avenir, de destin. Mais il garde une certaine retenue ; une part de lui reste calme, reste un pas à reculons, retenant le reste de son être. Il sait, quelque part, que l'acte n'apporterait rien de bon ; il sait que la chaleur de son corps contre le ciel pour une nuit ne vaut pas ce qu'une vie peut offrir. Du moins, il croit ; il doute encore des possibilités qui s'offrent. De l'avenir plus ou moins parfait que le monde essaie de dessiner. Gali a cessé d'être un enfant depuis longtemps, déjà. Ses rêves ne sont plus très grands et les brillants, il les achète dans un magasin, ne les trouve pas dans ses yeux. La réalité est tout ce qu'il voit et ce qu'il désire ; il souhaite simplement qu'elle soit plus agréable que le passé a pu l'être. Le souhait est maigre mais présent.
Alors, pour l'instant, il se contente d'observer Ajay sans faire le moindre mouvement. Si un autre homme lui faisait face, il profiterait déjà de la situation sauf qu'il s'agit de son âme soeur.
L'ancien prostitué ne sait pas encore ce que la chose peut signifier ; une âme brisée est-elle liée à une autre endommagée ? Mais il reste attentif et, lorsqu'Ajay bouge vers le couloir, il ne patiente que quelques secondes avant de suivre ses pas, laissant les vêtements derrière soi.
Le silence pèse. Il n'est pas lourd, pourtant.
Il laisse la place au temps, simplement. Gali profite de l'occasion pour dévisager l'endroit librement, le regard s'attardant sur certaines choses qui, il lui semble, se trouvaient au même endroit quelques années plus tôt. Il se demande si ses rêves ne se confondent pas avec la réalité.
Sur la table, quelques fleurs de lilas, encore. Gali s'y arrête une seconde pour les effleurer des doigts, un fin sourire sur les lèvres. Elles semblent porter un message ; lui dire quelque chose. Peut-être essaient-elle de le rassurer. De lui dire que son choix est le meilleur. Il ose croire qu'elles disent vrai.
Lorsqu'il lève les yeux, Ajay n'est plus là. Il hésite une seconde avant de reprendre le pas, se glisse vers la chambre. Il lui vient à l'esprit que son propre loft est similaire à celui-ci jusqu'à l'emplacement des pièces. Gali essaie de ne pas penser à ce que la chose veut dire, à son sujet. Beaucoup de choses, certainement.
Surtout sur eux.
Il s'arrête sur le pas de la porte, brièvement. Son regard se pose sur le corps du King, dans les draps. La fenêtre amène une certaine lueur sur son corps, venant des panneaux publicitaires, de quelques lampadaires et de la lune aussi, peut-être. Sa peau blanche parait presque bleue mais ne perd pas de sa beauté. Il regrette de ne pas avoir son téléphone sur lui, à l'instant, pour immortaliser le moment.
- Tu dois pas être trop dépaysé.
Bref sourire sur ses lèvres, léger hochement de tête. L'endroit est tristement identique. Au passé comme à son propre loft. Gali ne le dit pas ; Ajay le remarquera de lui-même, lorsqu'il verra. De toute manière, pourquoi en parler ? Il n'y a rien à avouer.
- J'espère que tu n'auras pas froid, je fais des économies d'énergie. Tu n'as pas trop le ventre vide ?
Ses pieds glissent contre le plancher et il s'arrête au côté du lit avant de tendre les doigts. Les couvertures sont froides encore, pour le moment. Il faudra un moment pour qu'elles se réchauffent, mais une fois qu'elles le seront, Gali doute encore qu'il parviendra à dormir. Il ne le dit pas, ça non plus. Ajay s'inquiéterait à savoir. Du bout des doigts, il effleure le texture, sa peau allant jusqu'au torse de l'homme, son corps encore à l'extérieur du lit, avant qu'il ne croit son regard.
- Non ça va. On se réchauffera, qu'il souffle, bas, avant de lui adresser un léger clin d'oeil. Il ne cherche pas particulièrement à l'agacer, ne peut simplement s'empêcher d'être qui il est.
Il retire ses doigts et se redresse pour tourner son regard vers la fenêtre, grande. Dehors, la pluie tombe encore. Dehors, Oriel est sombre. Gali la dévisage sans un mot et se souvient de certaines choses, un instant. Des souvenirs brèves qui traversent son esprit pour aussitôt disparaître. Derrière, la voix du NULLs résonne ; Gali écoute ses mots, chaque parole, et prend un moment avant de se tourner pour lui faire face. Il a croisé entre temps ses bras contre son torse ; le froid commence à se glisser sur sa peau.
- Ni l'un ni l'autre, qu'il dit sincèrement, son regard dans le sien. Il y avait quelque chose de particulier, à ton sujet. J'avais besoin d'avoir ton attention. Un caprice, certainement.
Un jeu d'enfant, peut-être. Ou alors, l'appel de l'âme soeur. Que ce soit l'un ou l'autre, Gali ne s'en préoccupe pas. Le passé reste à sa place.
- J'ai besoin de caprice.
Un autre clin d'oeil, sourire en coin également, avant qu'il ne quitte la fenêtre pour s'approcher du lit une nouvelle fois. Cette fois-ci, Gali y glisse entièrement, laisse les couvertures couler sur sa peau avant de, après une légère hésitation, laisser son corps couler contre celui d'Ajay. Sa tête se pose sur son épaule tandis que l'une de ses mains va se perdre dans son dos et l'autre sur son torse.
- Est-ce que tu venais me voir avec d'autres visages, parfois ? La curiosité est plus forte que tout. Il ne demande pas si, un jour, il a payé pour l'avoir en possédant le visage de n'importe qui. Préfère savoir autre chose. Est-ce que je réagissais de la même manière ?
Il aimerait croire qu'il est spécial ; il aimerait croire qu'il peut le reconnaître qu'importe son visage. La pensée est brève et honteusement rêveuse. Gali sourit malgré lui, enfouit brièvement son visage contre le cou d'Ajay, lâche un bref rire qui finit en souffle sur sa peau. Il prend appui sur son torse pour se redresser et pose ses lèvres sur les siennes, l'empêchant de répondre.
- Moi aussi. Tu me donne envie de plus et je te déteste, pour ça ; les lèvres contre les siennes, il l'embrasse encore avant de laisser ses baiser tomber sur sa mâchoire puis, cesser.
Les yeux se ferment une seconde ; la position n'est pas idéale pour dormir. Ils devraient se coucher, pour le faire. Gali ne bouge pas ; espère seulement quelque seconde de plus dans cette position.
- J'aime quand tu radotes. J'aime entendre ta voix, qu'il confesse en ouvrant les yeux, les levant vers lui. Tu peux me dire tout ce que tu veux. Je dors rarement.

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Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne




La chaleur des draps termine de sécher quelques gouttes  sauvages qui ont résisté à la température ambiance de l’appartement. Au début, la fraicheur l’accueille puis peu à peu il se réchauffe au fur et à mesure que sa propre chaleur corporelle se diffuse sous le tissu bleu. La couverture et ramenée de manière désordonnée. Comme il ne dort pas souvent dedans, le lit d’Ajay est mal fait, la couette mal répartie dans les draps. Elle sent encore la lessive d’il y a deux jours et son parfum qui s’est fixé pour toujours à ses vêtements et à sa peau. Il semble transpirer le tabac et le cuir, mélangé aux notes orientales de vanille et de bois de cèdre. L’angoisse est présente, l’attente interminable jusqu’à ce que Gali se devine dans l’encadrement de la porte. Un sourire en coin s’ourle sur les lèvres d’Ajay, qu’il mordille pour s’empêcher d’avoir l’air bête d’un gosse émerveillé. Pourtant ses yeux pétille comme à la vue d'une sucrerie. La vue lui est agréable, bien qu’il ne se souvienne pas d’avoir jamais désiré un corps, ni apprécié d’autres formes que les fesses rebondies de Nameha, de loin. Ajay préfère ce qui se devine plutôt que la nudité brute, recherche d'avantage quelque chose artistique et d'élégant dans la chair. À lui seule, Gali accumule le deux, une véritable créature de luxure. Ce n'est pas pour ruen qu'il s'est fait désirer, qu'il était même un des plus rentables. Au delà de l'investissement, c'est une perle rare qu'Ajay aujourd'hui ne veut plus partager aussu grossièrement. Il a peut-être quelque fois laissé son regard tomber sur des poitrines sans vraiment y trouver ce qu’il cherche. Sans doute que la réponse est là. Il ne cherche que Gali, il n’a envie que de lui. Seulement lui nu dans ses draps et la pression de sa peau douce contre la sienne, qui se complète harmonieusement. Il perd son regard trop longtemps pour qu’il s’agisse seulement d’une œillade. Ajay dévore ce qu’il peut observer, le corps de Gali est devenu celui d’un homme. Sur son torse la pilosité commence à se faire une place, avec le reflet des muscles. Il n'a plus rien à voir avec un enfant, dans son regard, il a vielli d'une certaine d'année. Prisonnier dans une apparence jeune.
Il attend, son souffle contenu précieusement dans la poitrine quand une main s'approche. Il craint de le voir renoncer et suit ses gestes, ses déplacements, ses paroles, sans jamais détourner le regard ni se focaliser sur autre chose. Même le tintement des gouttes sur la vitre est un bruit de fond lointain couvert par sa voix. S'il était le caprice de Gali, Gali était son désir inavoué. Quelque chose qu'il aurait aimé possédé sans savoir comment faire. S'il l'avait eu, il l'aurait gâché, il serait passé à côté de quelque chose. Il aurait manqué le sourire, le clin d'oeil. La brève hésitation avant d'avoir le droit de le sentir contre lui. Le corps réagit à nouveau, l'épiderme frisonne à son contact et l'âme est ravie, la flamme dans son cœur chauffe de plus belle. Réchauffe les draps. Il ferme les yeux pour se laisser emporter par la sensation, par ses lèvres qui, à chaque fois qu'elles rencontrent sa peau, le rapproche un peu plus de l'extase. Il n'a pas besoin de plus pour avoir un avant goût du ciel. Il l'a attendu tellement longtemps, son simple regard qui le regarde vraiment vaut toutes les femmes qui sont jamais venues combler l'indifférence. Il se souvient. De regards en coin quand il enfilait d'autre visages. Pourtant. Non. Je voulais être sûr que tu me reconnaisses. Je voulais être unique. Ses doigts viennent caresser paresseusement l'angle de sa mâchoire, sourire sur les lèvres habituel, l'autre main est posée dans le creux des reins. Ajay n'a pas envie de dormir. Il veut de cette tentation toute la nuit. D'un avant goût, d'un peut être. Un rêve. J'aimais la manière dont tu me regardais vraiment, comme ci j'étais réel. Encore aujourd'hui... Ses doigts glissent sur ses fesses, découvrent des parcelles de peau qu'il gardait pour des songes honteux. Il a. Un milliards je choses à dire. S'il en a douté, tout s'évade maintenant. Il abandonne cette lutte intestine. Il ose au moins se dire à lui même.
Je t'aime. Ne me quitte pas. Tu es beau. Je t'aime. Je t'aime.
Parfois j'étais jaloux de tes clients. Tout en refusant de croire que je te voulais.  
Le presse un peu plus contre lui et ses lèvres au passage sur les siennes. Se laisse glisser contre le matelas et inverse plus facilement les positions. Pour poser l'oreille contre le coeur de Gali et l'entendre battre, l'homme dans ses bras et son corps contre le sien, qu'il ne veut pas le laisser partir. Une de ses jambes s'est coincée entre celles du Siganais et sa vie définitivement heurtée à la sienne.
Le temps à beau compter pour eux deux, il n'a pas d'emprise sur cette nuit, ni sur  les autres à venir et celles qu'ils ont déjà vécu dans d'autres existences. Mais, tu es le seul. Le seul qui ait jamais vraiment compté peut être, qui chasse l'obscurité. Il comprendra. Alors je rêvais.. Honteusement.  Il redresse la tête pour croiser son regard.
Il veut le dire. Mais ce n'est pas le moment. Pour dire ce qu'il veut dire.
Je dors mal, mais tu es là. Alors ses yeux papillonnent et il se redresse un instant, prit d'une idée. Il tend le bras pour attraper le livre retourné sur la commode et vise l'interrupteur. L'obscurité tombe comme un voile.
Le sourire vainqueur. Il baille. Voilà c'est mieux . Il retourne aux baisers tendre sur les lèvres de Gali et aux mains baladeuses qui s'accrochent au creux hanches juste avant la descendente de son bassin.
Je n'ai plus honte.
Il ne veut plus se réveiller.


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