knock not (gali)

Il avait oublié. Gali avait oublié ce que c'était que de ressentir ce sentiment précis. Celui d'être en présence d'un membre de sa famille. Son cluster reste sa famille. Il ne nie pas la chose, ne l'oublie pas non plus. Sans eux, il doute chaque jour de ce qu'il serait, aujourd'hui. Certainement pas l'homme qu'il est à présent. Peut-être vendrait-il encore son corps. Peut-être se perdrait-il encore dans les rues, non celle de Sigan, mais plutôt celle d'Altea. Il ne sait pas réellement. Il ne cherche pas à savoir. Faux ; il passe de nombreuses heures à s'imaginer l'impossible et les chemins qu'il aurait pu parcourir lorsque la nuit est tombée mais que ses paupières, eux, ne tombent pas. Ils sont sa famille, beaucoup plus que les Bruni l'ont été jusqu'à ses quinze ans. Mais Nikita est différent. NIkita n'est pas comme les bruni, ni comme les membres de son cluster. Il est particulier. Gali n'arriverait pas à dire pourquoi, mais le sentiment est semblable à celui ressentit avec Cloe. Elle n'est pas Cleo. Elle n'est même pas un fantôme de ce que sa soeur pourrait avoir été. Elle est différente. Horriblement différente. Mais elle reste quelqu'un de précieux, quelqu'un qui lui manque depuis de nombreux mois maintenant, depuis trop longtemps. Il avait oublié. Oublié le calme trop opressant dans son appartement, jusqu'à l'éveil d'Ashley. et sa présence dans le loft. Jusqu'aux nuits en compagnei de Lupe et d'Ashley dans le loft trop gris, à respirer simplement, à être présente. Il avait oublié, le vide. Le vide trop grand. Et la même chose est ressenti à l'instant précis, en compagnie de Nikita. Il avait oublié.
Quoi, exactement ?
Gali ne sait pas totalement.
Mais les minutes se sont écoulés depuis son arrivé dans l'appartement, et quelque chose en lui n'est plus si vide. Le sentiment est étrange ; Gali essaie de ne pas s'y accrocher. Il n'est, après tout, pas sentimental. Il s'accroche plus à ses pensées qu'aux battements de son coeur. Il lui arrive quelques écarts, la raison de sa présence dans l'appartement du plus vieux prouvant la chose, mais ce n'est pas toujours le cas.
Alors qu'importe.
Qu'importe, qu'il se dit.
Qu'importe le sentiment de confort qui prend place dans ses veines. Qu'importe cette impression d'être à la maison alors qu'il est assis là à la table en compagnie de Nikita comme si dix ans ne s'étaient pas écoulés depuis leurs dernières conversations. Qu'importe tout ces faits et ces impresions et ces sentiments. Gali n'y porte pas attention. Gali ne lui prendra certainement pas les mains, ne le regarderait pas dans les yeux pour lui dire qu'il s'est ennuyé de lui, pour lui dire qu'il est heureux de retrouver son frère.
Car si une personne sur cette terre, de son enfance, a été un frère pour lui, c'est bien NIkita.
Non, Gali ne fait rien de tout ça.
Il n'est, après tout, pas un sentimental.
Tout autant, il ne s'en va pas.
Il ne joue pas au sourd ni à l'aveugle, face à ce sentiment.
C'est peut-être pour cette raison qu'il s'est véritablement assis à cette table, en acceptant la chose ressentie sans pour autant s'y attarder. C'est peut-être poue cette raison, également, qu'il ose ouvrir la bouche de nouveau et de, pour la première fois depuis longtemps, parler de Cloe à une autre personne qu'un membre de son cluster. Joshua est celui qui la connait le mieux. Du moins, à travers ses mots.
Et une part de lui, qu'importe laquelle, désire également partager la chose avec Nikita.
Après tout, s'il a été un frère pour lui, Cleo l'appréciait également. Cloe aussi, peut-être.
Tout autant, il trouve une raison pour garder contact avec Nikita.
La demande n'est pas qu'une simple demande.
Il, par la même occasion, lui montre qu'aujourd'hui n'est pas une exception.
Ils se reverront par la suite. Ou du moins, il n'est pas contre l'idée. Gali ne connait pas l'avenir.
- Ah ; il ne sait pas réellement, en vérité, quoi dire de l'avis de Nikita. Il n'est pas soulagé qu'il approuve, mais il n'est pas non plus indifférent. Tant mieux , qu'il conclue simplement.
Du bout des doigts, presque dégaigneux, il chasse les maigres glitters qu'il trouve sur la table face à lui. Sa main glisse contre le tissu transparent de ses vêtements qu'il nettoie également brièvement, avant de lever les yeux vers lui, de nouveau. Nikita lui sourit. La chose le fait froncer des sourcils ; dans son esprit, une tonne de questions, il cherche des explications. N'en trouve pas en si peu de temps, sauf quelques unes bien émotives, qu'il chasse rapidement.
- J'ai cru la voir plusieurs fois dans la rue, mais c'était certainement mon imagination. New Brasilia, c'est grand. Elle est partie cet été. En juillet, je crois. Je l'ai pas vu, depuis. Elle a pris son envol, comme on dit ; les paroles finissent dans un sourire presque ironique et tristement faux. Gali sent sa gorge serrée et n'apprécie pas la chose. Il la racle donc, détournant brièvement l'oeil, inspirant de justesse avant de soupirer, puis continue, le regard de nouveau sur lui. Tu te souviens d'elle ?
Il demande par curiosité. C'est plus fort que lui.

La situation lui échappe entre les mains ; d'abord avec la colère qui l'a amené sur les lieux, puis avec le confort qu'il ressent maintenant, et une part de son coeur qu'il pose sur la table en parlant de Cloe alors qu'il ne l'a pas fait depuis longtemps. Même avec l'androide, il n'est jamais réellement parvenu à maintenir une conversation assez longue pour que ses sentiments fassent surface et que son coeur, maladroit, un peu renfrogné, ne se dévoile. Sa gorge est serrée, légèrement. Les mots quittent ses lèvres mais certainement pas de plein gré. Gali a les sourcils froncés, le corps particulièrement tendu. Peut-être n'aurait-il pas du lui parler de Cloe. Après tout, il s'agit de son propre problème, de sa soeur. Niki n'est pas concerné. Niki n'a jamais été proche de Cleo ; c'était surtout elle qui le regardait un peu trop amoureusement comme les gamines se plaisent à le faire quand elles sont justement des gamines. Au final, elle n'a jamais rien su à son sujet. Gali doute que Cloe possède des souvenirs à son sujet également. Il n'a pas pensé à lui transférer cette partie là de leur vie. Peut-être qu'à l'époque, il avait véritablement oublier Nikita. De toute manière, sa tête était déjà pleine de trop de choses.
Qu'importe.
Son regard quiite le flou pour se poser sur l'homme, alors qu,il parle de nouveau. Gali écoute ses paroles et hoche de la tête. Il connaissait déjà la réponse, de toute manière.
Il savait déjà que Nikita et Cleo n'avaient pas particulièrement de liens.
Gali hoche de la tête et détourne le regard.
Il dévisage, longuement, l'appartement ; presque parfait, autant dans les meubles que dans les cadres. Le tableau lui arrache un certain sourire et il détourne les yeux assez rapidement. Avec ses glitters et ses vêtements, il ne colle pas réellement au tableau qui se dessine. C'est peut-être pour cela qu'il n'a jamais réellement été proche de Nikita, depuis son retour. Les enfants, eux, restent un peu éloignés de tout. Nikita possède quelque chose qui n'est pas lui et qui ne peut réellement créer un eux, bien qu'un eux existe quelque part, quoiqu'il ne sait ce qu'il signifie.
La chaise grince contre le parquet et il se redresse. À peine assis, il est déjà le temps de partir.
- Je t'enverrais une photo, plus tard. Je dois retrouver travailler, en fait, qu'il lui dit, avec un simple sourire certainement faux, avant de passer ses doigts contre son crane. Mais je t'enverrais une photo de Cloe pour tes recherches.
D'autres glitters tombent encore.
Il suffit de baisser les yeux pour suivre le chemin qu'il a tracé dans l'appartement.
Au moins, comme ça, il sait ou se trouve la sortie.
- Désolé pour les brillants. À plus tard ?
Il n'attend pas la réponse. Il adresse un signe de tête, regarde vers les portes, là où se trouve les chambres, et envisage de leur dire aurevoir, mais préfère encore recevoir quelques messages boudeurs de la part des deux kids plutôt que de s'attarder plus longtemps ici. Il a besoin de retourner chez lui, dans son monde ; cet endroit n'est pas chez lui et n'est certainement pas son monde.
Alors, il se contente d'un hochement de tête, d'aucun aurevoir et passe la porte sans se retourner, cette fois.
Comme il est arrivé.