soren -- apocalypse now

L’enfant terrible : garçon unique d’un couple richissime faisant fortune dans la science et principalement dans l’intelligence artificielle. Môme destiné à un avenir aussi brillant que celui des vieux. Gamin qui courait entre les meubles en marbre, salissant tout sur son passage. Têtard qui cassait les objets de valeur, les trouvant bien plus beaux lorsqu’ils fussent brisés. Marmot qui prenait la fessée quand il tapait sur les camarades pour leur faire mordre la poussière.

Le joyau sale : rempli de terre. Cela allait faire bien trop longtemps qu’il était enterré dans un tombeau qu’il s’était creusé tout seul. la crasse s’était incrustée maintenant, on ne pouvait plus rien faire. Des gens avaient essayé de gratter sans succès. Ils s’étaient pris des remarques et des reproches et avaient chouiné en rétorquant qu’ils essayaient juste d’aider. Mais la pierre n’avait pas besoin d’aide putain. Elle voulait rester cachée derrière cette massive couche de graisse et de moisissure. Quel était le problème à ça ? pourquoi fallait-il toujours chercher à révéler le meilleur en quelqu’un ?

L’enflure véritable : beaucoup de gens sont réellement méchants ; toujours dans l’optique d’importuner les autres pour chercher satisfaction. D’autres parviennent à se faire plaisir en voyant souffrir les autres, se disant ainsi que leur vie n’est pas si merdique. Soren n’est pas comme ça, mais il ne s’en rend pas compte. pour lui, être chiant et mauvais est une qualité qu’on ne peut pas lui reprocher. Mais la vérité c’est qu’il est frustré. Frustré d’être devenu quelqu’un qu’il n’est pas destiné à être alors qu’il s’est détourné lui-même de sa voie prometteuse. C’est un con mais pas dans le sens où il est énervant ; dans le sens où : il est stupide. Il tape, il menace, il insulte, agitant ses bras sans intérêt pour faire monter la peur dans son entourage. Il les déteste.

Les coups de poing mal placés : ça frappe facilement quand on est énervé. Ça clash facilement quand on est en colère. Mais soren il est tout le temps en colère. Sauf quand il fait le con. Et alors là il peut être drôle. Mais quand son corps croise le fer, il ne peut pas s’en empêcher. Cette odeur de rouille lui glace le sang. Il a besoin de l’éliminer. Ou plutôt de continuellement se venger. Et quoi de plus efficace que d’éclater ses phalanges contre la dureté de ces corps. Ils ne sont même pas humains, alors que peuvent-ils ressentir mise à part de la honte ?

Le dégoût morbide : beaucoup de choses dégoûtent soren. Et beaucoup chez soren dégoûte les autres. Ce n’est pas une question de couche, ou de carapace, c’est plutôt comme si l’on découvrait le portrait de dorian gray, pourri jusqu’à la moelle, abimé, raillant et dégoulinant de toute part à cause des blessures et des vices du passé. pourtant soren est comme dorian, il est propre sur lui et rien ne laisse croire ce qui se cache réellement. Mais il n’a rien à cacher haugland, il est juste comme ça, sans secret, sans écran ; vulgaire, criard et pourtant beau ; comme s’il y avait encore une part de bravoure et de bonté en lui. enfouis.

Le ferrailleur : ça pue la ferraille. Ça rouille. Ça s’abime si on n’en prend pas soin. Soren il ne prend pas très soin de ses robots. Parce qu’il ne les aime pas. du moins, il s’obstine à les haïr tant qu’il le peut encore. Il sait que ce qu’il fait c’est mal, c’est contre la morale, et il sait surtout qu’un jour, il se prendra le revers de la médaille en pleine gueule. Peut-être qu’il se fera choper et qu’il sera puni pour ce qu’il a fait et continue de faire. Mais maintenant peu importe. Les androïds avaient déjà entamé sa perte. Il a déjà développé de l’affectation pour eux. C’est arrivé une fois oui. Son champion : à qui il a offert beaucoup, mais qu’il a fini par détruire. Parce que ça c’est la morale de soren ; et sa morale c’est la seule qu’il respecte. Malheureusement.

Il a peur de ses victimes.

Il serait totalement inutile de commencer par « soren est né un jour sombre ou bien trop lumineux » ou encore par « soren a vu le jour à l’hôpital à new brasilia ». non. en fait, tout ce qui se passe entre la naissance du garçon et l’âge de sa possible adolescence ne se raconte pas. car on ne raconte pas l’inutile. On ne raconte pas la banalité. Ce n’est pas possible. on ne peut pas parler des heures sur une enfance des plus normales, dans un appartement futuriste où la richesse se ressentait avant même de se voir. On ne peut pas écrire dix pages sur le quotidien de soren qui est simplement allé à l’école et qui y faisait l’imbécile autant qu’à la maison. Tout le monde s’en fout.
Soren est réellement né à l’âge de 14 ans ; à l’âge où les premières fleurs du corps s’ouvrent et où les sens commencent à être attirés par un monde qui est encore interdit. Il est né lorsqu’il a commencé à s’affirmer et à avoir des avis sur les choses ; parce qu’avant, on n’est pas assez évolués pour comprendre des trucs, dont certains restent même insaisissables après la mort. La mort, soren ne la connait pas. il ne l’a jamais touché du doigt et n’a jamais eu le besoin de s’en préoccuper, contrairement à ceux qui s’éteignaient dehors en silence ; par manque de temps. Donc, il n’était pas assez évolué ; il n’était que l’ombre de lui-même quand il était enfant. On peut même dire que le gosse que les parents de soren ont « élevé » n’est pas soren véritablement. Ou alors peut-être qu’il y a deux soren.

Soren donc, est riche. Il a des domestiques et l’on répond à tous ses caprices. Ses parents travaillent beaucoup et il les voit peu. Il ignore ce qu’est une famille unie, lui qui ne constate que l’ignorance et la persévérance par le boulot. Soren s’est souvent dit, lorsqu’il allait espionner son père et à mère tard le soir, et qu’ils étaient encore en train de débattre sur leur nouvelle conception d’androïds, que si on leur enlevait l’empire qu’ils avaient battit, on les tuerai. Cette idée n’avait nullement choqué le gamin, qui retourna faire du vélo dans le salon.

Vous voyez ? il est fort ennuyeux d’étaler l’enfance vide du garçon. Cela ne sert pas à comprendre haugland jr. Pour ça, il faut se pencher sur ses premières histoires d’amour et de bagarre.
Soren était un ado frêle et maigrelet, dont la pilosité avait frappé bien trop tôt son visage encore juvénile. Il était le genre de mec que vous croisiez à l’école, avec cette demi-moustache ridicule qui persistait à se frayer un chemin entre la bouche et le nez de sa victime. Le genre de détail aussi répugnant qu’inutile.

Depuis tout petit, soren fréquente les « robots », ces objets intelligents et indépendants, obéissants, inoffensifs, et programmés pour n’être que des esclaves. Il ne les aime pas, mais ne les déteste pas ; ils font juste, partis du décor selon sa vision des choses. Certains sont plus gentils que d’autres. Certains sont plus humanisés que d’autres, et ce sont eux que le garçon craint par-dessus tout. soren n’a jamais eu à faire à un de ces engins que ses parents concevaient brillamment, il était même plutôt timide quand il s’agissait de discuter avec eux. Il ne savait pas quoi leur dire, pour lui, c’était comme parler avec un animal de compagnie : incompatible. Mais soren ne connaissait que les androïds qui vivaient en sa compagnie et qui servaient à nettoyer ou à nourrir. Lui, qui ne sortait pas beaucoup, trouvait impensable de pouvoir avoir une relation autre que « professionnelle » avec ce genre de choses.

Mais il se trompait naturellement.
Soren eut à faire avec un androïd. c’était un homme, qui l’avait suivi dans sa nouvelle lubie de gagner le respect des autres en contrôlant un maximum de soldats de fer. Car soren en avait marre d’être le gosse au physique ingrat alors qu’il approchait une petite majorité. Il en avait assez de passer inaperçu partout où il se rendait ou encore d’être traité comme un enfant. il rencontra ce putain de robot qui était bien plus humain que toutes les personnes qu’il s’était efforcé de fréquenter jusqu’à maintenant ; et ce putain de robot avait choisi d’élever le fils bien plus haut que ce qu’il avait lui-même pu imaginer. Soren ne le considérait nullement comme une de ces machines qui obéissait au premier claquement de doigt, et qui constituait une menace constante pour lui.
Ça avait bien commencé. Les deux hommes s’étaient enfoncés dans les quartiers ombrageux, éloignés de new brasilia pimpante comme une étoile, préférant sans aucun doute la tranquillité de ce sous-sol anciennement fréquenté par les rats de la ville. Au début, peu de personnes croyaient en cette affaire de combat clandestin, se disant que les deux fous furieux allaient se faire arrêter bien assez tôt par la justice. Mais l’obsession de soren avait bientôt gagné la majorité du coin, et quand il faisait noir, on les voyait sortir, jamais seuls, et pénétrer dans ce temple de la violence secret. Soren avait un champion ; le même qui l’avait aidé à se faire un nom dans ce domaine si puissant qui était devenu le quotidien de haugland. Un champion oui. Un champion qui ne perdait jamais ses combats et dont la passion qui le dévorait envers soren grandissait à chaque instant. Putain qu’il l’aimait. Et qu’est-ce que soren partageait ses sentiments sans même se demander si c’était normal ou non.

Et pourtant il l’a « tué ». et pourtant il l’a désactivé. Car donnez du pouvoir à un homme et il en abusera avec la plus grande ferveur. Et la lueur qui se dégageait des yeux glacés de soren ne pouvait que traduire cette soif de pouvoir et d’autorité qu’il avait réussi à acquérir. Seulement, une chose avait fait basculer son envie en folie : un rebelle quelconque qui trouvait inadmissible que soren domine tous les autres, alors qu’il développait une attirance certaine envers un être du même sexe. Plus communément, l’ayant insulté de tantouse, le jeune homme réalisa que son empire risquait de s’effondrer si le monde apprenait ce qu’il ressentait réellement pour son capitaine.

Il ne révéla jamais à personne la manière dont il a fait disparaitre ce même être qu’il chérissait. Muet. Ne laissant désormais place qu’à l’être rempli de haine envers ceux qui ne lui ressemblaient pas ou qui ne lui obéissaient pas.