(lila azalea) + idgaf

Date d'inscription : 29/07/2018

margot. c'est encore moi et j'assume complètement d'être super faible et d'être complètement schizo bye. also j'en profite pour dire que je vous aime tous très fort

lila azalea kangfc : ryu hwayoung ;

️️ fivedaysofjuly ; ALTEA ; unique

100%LOYAL

95%SAVAGE BITCH

89%BOLD

83%TACTLESS

75%JEALOUS

80%PRETENDING

86%LOST

100%GUILTY

Nom complet C'est joli, Lila. C'est doux, Lila. Autant dire que ça ne lui va pas vraiment. Le prénom aurait été plus approprié pour sa sœur jumelle, véritable archétype de la fille idéale. L'univers a dû s'emmêler les pinceaux quelque part, c'est souvent ce qu'elles se disent. Mais c'est comme ça : pour suivre la coutume familiale des Kang, leurs parents ont choisi une initiale commune pour leur fratrie, et ont nommé tous leurs enfants avec des noms de fleurs. Lila était le plus évident, alors la première née en a hérité. Les autres ont du se contenter de ce que les parents ont trouvé après s'être creusé la tête, déclinant toutes les espèces de fleurs possibles et imaginables, dans des langues anciennes ou récentes. Du moins c'est ainsi que Lila se voit : elle s'est souvent moquée des prénoms de ses frères et sœurs, pour les embêter. Son second prénom reste dans le thème : Azalea. Longtemps, elle l'a donné à l'entrée des boîtes, en se créant un alter-ego plus âgé qu'elle ne l'était. Aujourd'hui, Azalea est son nom d'usage. C'est celui qui est noté sur ses papiers altéans, en tous cas. Surnoms Ses proches sur Néphède l'appelaient Lila, tout simplement. Depuis qu'elle vit à Altea, c'est avec Aza qu'on l'interpelle, parfois sans grand succès puisqu'elle ne s'habitue toujours pas ce surnom. Mais Lila n'est pas dupe : elle sait que ses plus beaux surnoms sont utilisés derrière son dos. Bitch est probablement le plus utilisé. Ceux qui ont osé l'appeler comme ça face à face sont peu nombreux, mais elle les préfère mille fois à ceux qui jouent les hypocrites. Naissance Elle est née le 22 juin 1993, quelques minutes avant sa sœur jumelle Lin. Elle a donc aujourd'hui vingt-cinq ans. C'est l'âge auquel elle avait prévu de commencer à exercer le métier pour lequel elle a étudié pendant des années. Au lieu de ça, enchaîne les jobs pourris. Héritage culturel Des deux côtés de sa famille, on a des origines asiatiques. Cela fait très longtemps qu'on a arrêté de parler d'un pays en particulier, que ce soit chez les Kang ou chez les Shao. Les noms laissent bien sûr des indices, mais les décennies ont mixé suffisamment les gens pour que l'ascendance ne puisse plus être évidente. Lila s'y est un peu intéressée, pendant ses études universitaires. Peut-être dans un espoir inconscient de retrouver une place dans sa famille. Mais sa relation avec ses parents est suffisamment compliquée pour que la lubie se soit faite enterrer pour ne jamais être exhumée. Statut Elle est célibataire, et c'est probablement mieux comme ça. Sa dernière relation ne s'est pas particulièrement bien passée, et elle n'est pas vraiment sûr que ce soit fait pour elle, être avec quelqu'un. Alors pour l'instant, elle se contente de hook-ups sans lendemains qui assouvissent ses... besoins physiques. Orientation Elle n'a jamais mis de mot sur son orientation, et ça lui va très bien comme ça. Elle fonctionne au feeling, au coup de cœur, et peu importe comment vous, vous vous définissez. Finances $$$$$$. Elle s'en sort. Disons que ça pourrait être pire. Elle ne peut pas se permettre des folies, parfois, les fins de mois sont difficiles, mais ses deux boulots de jour lui permettent de tenir pour l'instant, et de payer ses frais médicaux en plus de son loyer. Son travail de nuit ne lui rapporte rien : elle rembourse une dette, pour l'instant. Mais elle espère qu'à terme, elle pourra négocier un salaire là-bas aussi.

Univers Lila est née et a grandi à Néphède. Mais il y a huit mois, alors qu'elle rentrait de l'université, elle est passée à travers un portail qui l'a menée à Altea et n'a jamais pu faire demi-tour. Sans cluster, et complètement clueless concernant l'existence d'autres mondes... elle a du s'adapter. Elle n'est pas sûre de tout comprendre, même aujourd'hui, mais en attendant d'avoir des réponses, elle s'est installée sur ce monde beaucoup plus vert et coloré, avec l'espoir, au fond, de rentrer chez elle un jour. Occupation(s) Quand elle était sur Néphède, Lila était étudiante en psychologie. Elle finissait même son cursus. Le soir et les week-ends, elle travaillait comme serveuse au Gentlemen's club, l'antre des Sharks, sont père faisant partie du gang. + Sur Altea, Lila cumule plusieurs boulots pour arriver à joindre les deux bouts. Le matin dés 5h jusqu'à midi, elle est serveuse au Lunar Dome, un beau restaurant de Cosmopolis. L'après-midi, elle enchaîne avec quelques heures au Café Médian, à Paracelse. Et puis le soir, elle se doit de payer sa dette aux Nulls, qui lui ont offert de faux papiers à son arrivée, alors elle enfile le costume et sert au Deck, leur pub. Autant vous dire qu'elle ne dort pas beaucoup. Particularités Elle a une franchise à toute épreuve qui lui a valu beaucoup de disputes et d'insultes. Elle a appris à travailler ça pour sa vie professionnelle, notamment grâce à ses études, mais dans sa vie personnelle, c'est toujours un vrai problème. + Depuis qu'elle est arrivée sur Altea, Lila a vu sa santé décliner. Ça a commencé une semaine après son arrivée, et depuis, ça ne fait qu'empirer. Toux, rhinites, difficulté à respirer... Les symptômes sont nombreux, jamais les mêmes, et les médecins sont complètement démunis. Bien sûr, ils ne savent pas qu'elle vient d'un monde à l'atmosphère complètement différente. Il y a quatre mois, un médecin lui a dit qu'il fallait qu'elle se prépare au pire, elle n'en a pas vraiment parlé - elle n'a pas vraiment de personne avec qui en parler, de toute manière, sur ce monde de malheur. Alors en attendant, elle prend ses médocs, tente de faire illusion lors de ses journées de travail, et se prépare au fait qu'elle va peut-être mourir sans jamais revoir les siens. + Elle veut se faire tatouer depuis des années, mais n'a jamais trouvé le truc. Lien(s) cosmique(s) Comme tout le monde, elle a probablement une âme sœur quelque part. La vérité, c'est qu'elle est curieuse sur la question : elle aimerait savoir à quoi cette personne ressemble, quelle type de relation elle pourrait entretenir avec elle. Mais elle n'a absolument aucun indice. Peut-être que personne ne lui est destiné, tout simplement. Elle n'a ni cluster, ni jumelle cosmique. Juste une vraie jumelle - et c'est déjà assez compliqué comme ça. Keywords #angrybitch ; #fights ; #rejection ; #swearwords ; #waitress ; #duality ; #fuckyou ; #lonewolf ; #alcohol ; #toxicrelationships ; #exyfan ; #seducer ; #guilt ; #sick and also #sickofyourshit ; #heels ; #noshame ; #lostambition ; #solitary ; #nofilter ; #tactless ; #egoistic

we are all astronauts 1993 Lila Azalea Kang naît au mois de juin, suivie après quelques minutes de sa soeur Lin. Les jumelles sont très différentes dés l’enfance : l’une est un cauchemar, l’autre est un vrai petit ange. C’est comme si leurs premiers jours donnaient le ton pour le reste de leur vie.
1999 Quelques années après, les jumelles accueillent un frère et une sœur – eux aussi jumeaux : Lava et Lys. Elles sont complètement folles des deux bébés, et jouent les petites sœurs modèles dés qu’elles le peuvent. La petite famille est comblée, et la vie continue son cours doucement, tranquillement.
2001 C’est le drame. Alors que Lin et Lila surveillaient les petits jumeaux, Lava disparaît, alors qu’elle était sous la surveillance de l’aînée. De nombreux jours de recherche s’organisent, mais la gamine est introuvable. Lila a perdu sa petite sœur.
2002 C’est la rupture dans la famille : les parents ne sont plus les mêmes, les jumelles s’éloignent, Lys évite sa plus grande sœur. Personne ne se remet de la disparition de Lava, la vie n’arrive pas à reprendre dans la maison de province des Kang.
2005 Les Kang déménagent à Néodam – les parents veulent se rapprocher du centre d’activité pour mieux rechercher Lava, et tous ne supportent plus la maison qui porte les traumatismes de la disparition.
2009 Lila, qui ne supporte plus de rentrer à la maison le soir, cherche un boulot pour éviter ses parents autant que possible après l’école. Son père l’aide à devenir serveuse au bar des Sharks, le gang duquel il est membre depuis des années. Lila s’épanouit enfin en dehors de la maison.
2011 Avec l’argent qu’elle a mis de côté, Lila prend un petit appartement à Néodam, dès que les résultats des examens tombent. Elle prend définitivement son envol, et évite ses parents autant que possible. Elle voit sa sœur, toujours. Elle voit son frère, un peu. Mais elle construit sa vie, maintenant, loin de la tristesse ambiante, et loin de ceux qui la font se sentir coupable au quotidien. Elle commence des études de psychologie à l’université.
2012 Lila redouble sa première année d’université. Elle s’est un peu trop laissé happer par la vie étudiante, ses joies, ses peines, ses excès. Mais elle ne baisse pas les bras, parce qu’elle aime ce qu’elle fait, et reprend une première année plus studieuse, plus mesurée. Elle cherche beaucoup de choses, dans les livres et les cours qu’on lui dispense : une solution à la culpabilité qui la ronge depuis des années, un moyen de pardonner ses parents qui n’ont jamais été pareils avec elle après ça, un moyen de se faire pardonner, aussi. Mais quand bien même elle excelle aux examens, rien ne semble l’aider sur le plan personnel.
2016 Lila commence à sortir avec Cliff, un de ses camarades d’université avec qui elle flirte depuis un moment. Leur relation est intense, explosive. Ils se déchirent puis se retrouvent, c’est un yoyo constant mais leur affection est réelle, assez pour qu’ils continuent malgré tout. Ils savent pertinemment qu’ils ne sont pas faits l’un pour l’autre, mais ils réussissent à faire fonctionner tout ça, pendant assez longtemps pour que ça devienne sérieux.
2017 Cliff et Lila se séparent après un an et demi de relation. C’est bizarre, d’être de nouveau seule. Lila fait illusion, mais son mauvais caractère revient au galop, maintenant que Cliff n’est plus là pour la tempérer. Il ne se rendait probablement même pas compte qu’il avait une influence aussi positive sur elle.
Quelques semaines plus tard, Lila part en randonnée avec des amies dans une des provinces de Néphède, mais au cours de la marche, ses amies disparaissent. Elle a en fait traversé un portail, qui l’a menée sur Altea. Pendant des jours, elle ère sans comprendre. Elle finit par trouver Central City et trouve un travail qui accepte qu’elle n’ait pas de papiers après quelques semaines. Elle avait l’habitude d’être seule et indépendante – mais elle a tout à réapprendre.
2018 Après avoir obtenu de faux papiers grâce aux Nulls, Lila – désormais officiellement appelée Azalea – essaie de se faire sa place dans son nouvel univers. Elle ne comprend pas vraiment comment elle est arrivée là, mais elle est là, et ne sait pas comment rentrer chez elle. Elle trouve un appartement, deux boulots en plus de son boulot pour les Nulls qui lui permettent de joindre les deux bouts, et peu à peu, sa vie Altéanne commence à ressembler à quelque chose.
Mais plus les mois passent, plus elle présente des symptômes étranges. Elle pense qu’il s’agit du contre coup du changement d’univers – Néodam et Central City sont bien différentes – mais son cas est unique aux yeux des médecins. En juillet, ils lui annoncent qu’ils ne trouvent pas de solution à son cas, et qu’il faut qu’elle se prépare au pire.

Date d'inscription : 29/07/2018

karma's a bitchbut so am iMY SISTER. MY RESPONSIBILITY.Il y a des jours qui vous définissent. Des jours qui transforment inévitablement tout ce que vous auriez pu être, tout ce que votre vie aurait pu vous réserver. Ces jours-là arrivent sans s’annoncer. On se lève un matin, et puis le destin nous tombe dessus, casse l’équilibre, donne un coup de pied dans notre chemin tout tracé, brise la ficelle de notre vie pour la raccrocher à un autre socle. On pense toujours que les choses ne vont pas changer. On fait des plans pour les mois qui suivent, les années qui nous attendent, sans se soucier du caractère capricieux de l’univers. Alors de temps en temps, il se permet de rappeler qui commande.

Lin veille sur Lys. Lila veille sur Lava. Elles sont tellement habituées à entendre leur parents réciter la même phrase à chaque fois qu’ils s’absentent qu’elles soupirent systématiquement. Ça rend leurs paternels fous. C’est pas que Lila aime pas sa petite sœur. Au contraire, elle l’adore. Elle est toute mimi, elle la suit partout, elle se sent forte, elle se sent fière d’être sa grande sœur. C’est juste qu’elle préfèrerait jouer toute seule avec Lin, parfois, et pas avoir à jouer les baby-sitters constamment. Elle répète sans cesse à ses parents qu’elle est assez grande pour veiller sur la petite, mais au fond, ses épaules ne sont pas assez larges pour cette responsabilité, pas encore. Elle est facilement distraite, plus que sa jumelle qui est en panique constante et ultravigilante.
Elle n’a pas les épaules, mais elle fait comme si.
Parce qu’elle veut pas être moins bien que Lin. Elle est censée être la plus âgée des jumelles, et donc la plus responsable. L’aînée de la fratrie, celle qui essuie les plâtres pour les autres et veille à ce que tout le monde soit heureux. C’est elle, elle veut être comme ça. Elle veut se croire comme ça. Alors elle embarque son frère et ses sœurs dans des aventures folles dans le jardin où de faux arbres ont été plantés par les parents, leur construit des mondes imaginaires, des cabanes en draps et leur emmène des jus de fruits, elle fait des tartines de beurre et de confiture, comme une petite maman. Elle y croit.
Ils sont assez libres, les gamins Kang. Dans le voisinage, les maisons ne sont pas si nombreuses. Ils ont la chance de ne pas vivre à Néodam, de respirer plus facilement dans les provinces de Néphède. Jinho Kang a décidé de quitter la capitale quand il a fait faux bond aux Heathens. Maintenant il travaille pour les Sharks, et son vieil ami Laszlo. Mais à distance. Du moins jusqu’à ce que ses enfants soient assez grands pour qu’ils puissent retourner vivre à Néodam. Mais ils sont bien, ici. Jinho est pas sûr qu’il ait envie de retourner dans la capitale, avec tous les dangers que ça peut créer pour sa famille. Pour l’instant, il aime voir ses quatre gamins gambader, il aime les voir courir sur la longue petite route qui mène à leur grande maison perdue dans la campagne. Il aime le jardin, même s’il est artificiel. Ce qu’il aime pas, par contre, c’est laisser ses enfants derrière lui pour aller bosser pendant les vacances. Il aimerait qu’ils puissent profiter des journées tous les six, autour d’un barbecue. Mais pas aujourd’hui. Un jour, peut-être. Un jour.

(Wednesday, 3pm.) Et moi, je pense qu’être médecin, c’est plus classe qu’être avocat. Avocat ça a l’air bizarre. Je sais même pas vraiment ce qu’ils font. Au moins, un médecin, il sauve des vies. Comme souvent, Lila s’est lancée dans un monologue. Elle imagine encore des choses, fait des plans comme si elle devait déjà entrer à l’université, alors qu’elle n’est même pas entrée au collège. Elle a envie de faire plein de choses, Lila. Elle est bonne à l’école, elle a plein d’amis, et une imagination débordante. Aussi débordante que ses tartines – qu’elle a beaucoup trop chargées en confiture. Toi, tu pourrais être boulangère. Tu manges tout le temps du pain, ce serait plus pratique si tu le faisais toi-même, nan ? Lava ne répond rien – mais Lila n’attend pas franchement de réponse. Elle est probablement trop petite pour saisir les subtilités. Et trop occupée avec le carnet de coloriage qu’elle lui a mis sous la main le temps qu’elle prépare le goûter. Lila se concentre sur son ouvrage. Deux tartines pour Lin. Deux tartines pour Lys. Deux tartines pour Lava. Deux tartines pour elle. Ça fait beaucoup de tartines. C’est un peu long. Trop long. Suffisamment long pour qu’elle perde de vue ses priorités. Quand elle se retourne, sa sœur a disparu.
Hey, t’as pas vu Lava ? Lin fronce les sourcils. Elle était avec toi. Lila hausse les épaules. Oui, bah elle est plus avec moi. J’croyais qu’elle était allée te voir. Lin panique aussitôt, ce qui ne manque pas de faire lever les yeux au ciel à Lila. C’est bon, elle a pas pu partir bien loin. Elle doit être dans sa chambre. Lila ne panique pas. Elle ne panique jamais – c’est pas dans sa nature. Elle pose les tartines dans leur cabane, et part fouiller la maison, une Lin peu sereine sur les talons, un Lys qui les suit sans trop savoir à quoi ils jouent. Lila… La chambre est vide. La cuisine est vide. La salle de bain aussi. Le salon, peut-être ? Non. La chambre des parents est fermée à clé – Lava n’aurait pas pu rentrer. Les toilettes ? Grands ouverts, pas de trace de vie humaine. Le grenier, alors ? Juste de la poussière et de vieux livres. Le garage ? Lava n’est même pas assez grande pour atteindre la poignée. Et si elle s’était perdue quelque part ? Mais non. Bien sûr que non. Elle se cache, c’est tout. Je lui ai dit qu’elle pourrait être boulangère, tu penses que ça l’a vexée ? Peut-être qu’elle boude. Mais Lava ne boude pas. Ils font le tour du jardin, vont sonner chez les voisins. Il n’y a pas de trace de la plus petite de la fratrie, aucune. Lila continue de regarder par-dessus son épaule, espérant voir sa toute petite sœur lui emboiter le pas, avec un sourire mutin sur les lèvres, parce qu’elle s’était cachée.
Mais non. Lava a disparu. Et quand les parents rentrent, c’est la panique. Lila pense toujours qu’elle se cache, parce qu’elle ne peut décemment pas penser qu’elle a perdu sa petite sœur. Elle, l’aînée, elle, la responsable de la fratrie. Assise sur une chaise, elle observe ses parents, sa mère qui pleure, son père qui passe mille appels avec une voix un peu étouffée et saccadée. Le regard de Lin sur sa nuque lui donne l’impression qu’on la fixe avec des lasers, ça brûle. Tu devais la surveiller. Je l’ai surveillée !
Et puis les heures passent. La nuit passe. Un jour, deux jours. Un mois, deux mois. Un an, deux ans. Mais Lava ne sort jamais de sa cachette, et Lila comprend qu’elle a peut-être fait une erreur. Elle le comprend dans les yeux de sa mère qui l’évitent, dans les leçons constantes de sa sœur sur la responsabilité, elle le comprend dans le fait que Lys ne veuille pas rester tout seul avec elle. Elle le comprend quand elle se rend compte que Lava lui manque, et qu’elle va chercher en douce le doudou de sa sœur pour s’endormir.

I'LL NEVER BE FORGIVEN ANYWAYLila a revêtu sa robe noire. Comme chaque année.

C’est plus supportable, depuis qu’elle ne vit plus à la maison. Elle a construit une vie ailleurs, une vie où elle n’est pas sans cesse définie par une erreur qu’elle a commise quand elle était encore une gamine. Elle s’est fait des amis, à l’université. Des gens qui ne savent pas, des gens à qui elle a expliqué qu’elle avait une sœur jumelle et un petit frère. Des gens qui lui ont demandé pourquoi ils ne voient jamais sa famille, chose à laquelle elle a répondu qu’ils vivaient encore en province, loin de Néodam. Mensonge.
Lin a un appartement dans le même immeuble qu’elle, deux étages en dessous. Elles auraient pu se mettre en colocation – mais elles ont jugé que c’était une mauvaise idée. Pas qu’elles ne s’entendent pas. C’est juste que… C’est compliqué.
Parfois, elles sont les meilleures amies du monde, de vraies sœurs qui peuvent passer des soirées à partager tout. Elles regardent des films, ont des fous rires, font des plans pour le futur – avec qui elles vont se marier, comment elles appelleront leurs enfants. Elle se font des promesses : être toujours là l’une pour l’autre, ne plus jamais se crier dessus. Elles tombent dans les bras l’une de l’autre, en pleurs, fatiguées des tempêtes familiales et de leurs différences, qu’elles aimeraient effacer. Elles se disent qu’elles s’aiment, malgré tout.
Et puis le lendemain, elles sont les pires ennemies du monde. Lin s’affole du comportement irresponsable de sa sœur – qui passe son temps à boire, à sécher les cours, à faire n’importe quoi avec n’importe qui. Elle lui reproche de ne pas avoir appris de ses erreurs, de ne faire aucun effort pour redorer son image auprès de leurs parents. Elle lui reproche de ne pas être un bon modèle pour Lys. Quand les nerfs sont à deux doigts de l’explosion, elle lui reproche d’être toujours la même gamine immature que le jour où elle a laissé Lava disparaître – même si elle sait que ce n’est pas bien.
Lila se défend, souvent plus dure dans ses mots, plus agressive dans ses gestes. Elle lui reproche de trop vouloir jouer les filles modèles, lui reproche de vouloir trop satisfaire leurs parents. Elle lui reproche de mettre Lys dans sa poche, de la transformer en monstre aux yeux de leur frère. Lila est jalouse du lien proche entre sa jumelle et leur petit frère.
Mais que peut-elle faire ? C’était Lin qui bouchait les oreilles de Lys quand les parents criaient sur Lila, parce qu’elle avait fait une énième connerie, parce qu’elle ne se montrait pas assez coupable de ne pas avoir surveillé Lava, parce que plus le temps passait, moins elle était la fille qu’ils voulaient qu’elle soit. C’est Lin qui bouchait les oreilles de Lys quand Lila répliquait avec violence et insolence, puisque de toute manière, elle n’avait aucun moyen de se racheter. C’est trop tard, aujourd’hui, pour changer les choses. Pas étonnant que Lys ait toujours du mal à entamer une conversation avec elle, quand c’est une de ses erreurs qui a brisé l’harmonie familiale, des années auparavant.
Elle va voir ses parents, de temps en temps. Sa mère est toujours un peu froide. Parfois, elle entrevoit la mère aimante d’avant, celle qui n’avait pas encore été brisée par la disparition de sa benjamine. Mais c’est toujours furtif. Avec son père, c’est plus simple. Ils se voient, parfois, en dehors de la maison. Prennent des cafés, rient un peu de la vie. C’est lui, qui l’a proposée en tant que serveuse au bar des Sharks, quand elle lui a expliqué qu’elle souhaitait prendre son indépendance financière. Il n’a même pas cherché à savoir pourquoi elle lui demandait ça : il savait tout aussi bien qu’elle que ça valait mieux.
Il vaut mieux que Lila vive seule.

Ça lui permet de se préparer psychologiquement, chaque année, à la journée qu’elle hait le plus. Celle, interminable, pendant laquelle ses parents rendent hommage à Lava, où les proches défilent, tous avec un drôle d’air dans les yeux quand ils lui serrent la main et l’assurent de son soutien. Ils savent tous très bien ce qui s’est passé, et Lila, impassible à l’extérieur mais bouillonnante de rage à l’intérieur, a juste envie de leur dire d’aller se faire foutre. Elle préfèrerait ne pas avoir à venir – ce serait mieux pour tout le monde, ils pourraient s’asseoir autour d’une table et parler d’ô combien elle aurait pu agir autrement, ce jour-là. Parler d’à quel point elle est une déception, d’à quel point elle fout sa vie en l’air en bossant dans un bar, et en enchaînant les soirées. De toute façon, ils ne voient que ça, elle en est sûre, elle n’a aucun doute : ils oublient tous qu’elle fait des études, qu’elle s’assume financièrement, et qu’elle a au moins l’élégance de ne pas imposer sa présence au quotidien à ses parents.
Lila est tellement persuadée que tout le monde la déteste qu’elle ne fait même plus d’efforts pour plaire aux autres. Elle reste en retrait, tire la gueule, et quand le memorial se termine, elle repart en courant, avec ses talons dans les mains, et met autant de distance que possible entre elle et cette mascarade. Et à mesure qu’elle retrouve son appartement, ses amis, ses cours étrangement bien organisés, elle se sent revivre. Dans cette seconde vie qu’elle s’est créée, les gens la regardent avec une lueur différente dans les yeux : ils sont curieux, bienveillants. Ils ne savent pas. Alors elle cherche cette lueur partout, pour se rassurer, pour se rappeler qu’elle est autre chose qu’une déception. Ça ne fonctionne pas toujours, parfois la lueur disparaît même chez ses nouveaux amis. Parce que, qu’elle le veuille ou non, la colère en elle finit toujours par ressortir – et quand on met en doute qu’elle est une bonne personne, Lila est cassante, parfois même cruelle. Chaque personne qui la critique met à mal le monde fragile qu’elle s’est construit, le monde qui la rassure. Elle n’hésite pas à repousser, à rayer les gens à la hâte – et à le faire dans la brutalité.

KARMA, BITCH.Excusez-moi, c’est quoi cet endroit ? La secrétaire de l’accueil la regarde, blasée, saoulée, et d’une voix presque automatique, lui répond : Hôtel Santorini. Lila regarde la carte, les sourcils froncés. Elle n’a vu nulle part mention d’un hôtel. Où sont passées les filles ? C’est vrai, elle est partie dans un monologue. Elle marchait devant ses copines, qui l’interrogeaient sur sa rupture avec Cliff, et puis quand elle s’est retournée, en ne les entendant plus réagir à ses paroles, elles n’étaient plus là. Elle a d’abord cru à une blague. Ça n’aurait pas été la première fois. Lila sait qu’elle peut monopoliser la conversation sans s’en rendre compte, parfois, et ses copines ont trouvé plein de manières de le lui faire comprendre – c’était peut-être l’un de leurs stratagèmes. Après un tour des alentours, en se rendant compte que les filles avaient vraiment disparu, Lila a commencé à voir rouge, naturellement. Les scénarios se sont enchaînés : et si elles avaient prévu de la laisser, perdue au milieu de la province de Néphède, pour lui apprendre une leçon ? Les gens ne lui disent jamais les choses en face : ils ont trop peur des mots durs avec lesquels elle pourrait répondre, ils ont toujours peur de subir le courroux de celle qu’on surnomme dans son dos kang bitch, en opposition à sa sœur, qui est surnommée kang angel. Peut-être qu’ils se sont tous ligués, peut-être qu’ils ont fait semblant de l’apprécier pour mieux la mener en bateau et la laisser trimer dans un coin perdu des régions perdues du continent.
Elle a mis bien cinq heures avant de trouver cet hôtel. Vous prenez une chambre ? Lila relève le nez de sa carte. Non. Est-ce que vous pouvez m’indiquer le chemin de la gare ? Je dois retourner à Néodam. La femme la regarde comme si elle était une débile profonde. Y’a pas de gare, ici, mam’zelle. Mais vous pouvez commander un hoveruber pour demain matin. Lila commence à se dire qu’elle la prend vraiment pour une débile. Vous vous foutez de moi ? La secrétaire soupire, lui balance un flyer qui sort tout droit d’un livre pour enfants. Vous devriez être à Central City en deux heures, si vous partez tôt. Mais vous pouvez partir à pied si ça vous fait plaisir, va juste vous falloir la nuit pour rejoindre la capitale. Vous faites comme vous voulez. Le dialogue est absurde. Central Ci—J’veux aller à Néodam. La femme se met à rire et réajuste ses lunettes. Et c’est quoi, ça, Néodam ? Votre résidence de princesse ? Lila hausse les sourcils. Vous vivez vraiment dans un autre monde, en province, putain. Allez, bon courage. Elle déteste le rire de la femme qui la regarde sortir de l’hôtel. Elle tente d’appeler Lin, en sortant, mais bien sûr, ses appels ne passent pas. Tsss. Plus jamais j’remets les pieds en dehors de Néodam. Il ne lui reste plus qu’à marcher. Avec un peu de chance, elle trouvera un taxi, quelqu’un qui n’a pas complètement perdu la boule avant la tombée de la nuit.
Et puis y’a une fleur qui lui effleure le mollet, et elle se rend compte qu’il y a plein de fleurs, sur son chemin. Elle n’en a jamais vu en vrai – il y en avait que dans les vieux carnets de dessin de sa grand-mère. Elle reconnait des tulipes.
Et elle comprend que ce n’est pas normal.

h+24 Le soleil tape. Il lui fait mal même quand elle a les yeux fermés. Il lui faut quelques minutes avant de se rappeler où elle est, et pourquoi le sol est si dur, sous son dos. Elle s’est endormie hier au bord d’un lac. Le mot lui semble presque étranger. Quand elle rouvre les yeux, sa paume en visière pour éviter le soleil beaucoup trop brillant qui lui éclate la rétine, le lac est toujours là. Bleu, irréel.
Elle s’est égarée dans un songe. On lui a peut-être fait avaler un truc chelou en soirée sans qu’elle s’en rende compte. Elle est toujours ultra-vigilante, pourtant. Ça lui est déjà arrivée, d’être droguée à son insu, et depuis, elle est un peu parano. Et elle n’a aucun souvenir d’une quelconque soirée. En attendant de revenir à la réalité, autant profiter.
Elle se lève, se débarrasse de son short, de son débardeur, et avance dans l’eau. C’est froid, ça pique un peu. L’eau n’est pas la même que chez elle. Ici, on voit à travers. C’est ça qui lui fait considérer que tout est un rêve : il est impossible de trouver de l’eau comme ça, de là d’où elle vient. What the-- Sa peau est rouge, sur ses bras et ses épaules. Le soleil a tapé suffisamment pour la brûler. Lila passe un doigt, mi-effrayée, mi-intriguée. Bordel de merde. Ça fait mal, cette merde. Elle n’a jamais attrapé de coup de soleil. Chez elle, la pollution entrave les rayons à toute heure de la journée.
C’est pas normal, d’attraper un coup de soleil dans un rêve, right ?

d+3 Elle n’a pas mangé depuis presque quatre jours, mais au loin, les contours d’une banlieue se dessine. So, people actually live on this planet. Thank god. Elle ne comprend pas toujours bien ce qu’elle fait là, où elle est, et ce qu’elle va trouver. Elle est là, c’est tout, et elle continue d’avancer, parce qu’elle a pas franchement envie de mourir. Sa seule conclusion, pour l’instant, c’est que le karma est en train de lui faire payer des choses. Au fond, elle l’a peut-être mérité. Est-ce qu’elle va se réveiller dans son lit demain matin ? Est-ce qu’elle est perdue dans le passé, comme les héroïnes de roman, sur une terre restaurée pleine de nature, d’eau et de couleurs ? C’est un autre scénario qu’elle n’a pas encore rayé de sa liste.
d+7 Cette fameuse Central City est bien différente de Néodam. Et pourtant, elles sont semblables en de nombreux points : les riches et les pauvres sont clairement séparés les uns des autres, la police vadrouille le soir parce qu’elle semble savoir que des crimes vont inévitablement être commis quelque part. Y’a des gens qui sourient, y’a des gens qui font la gueule. La télé montre des shows idiots, peuplés de visages qui lui sont inconnus. Lila voit des affiches pour des artistes dont elle n’a jamais entendu parler, et au détour de conversations, elle a compris que beaucoup de gens comptaient sur Gaïa, sans trop savoir qui était Gaïa. Jusqu’à maintenant, Lila s’est faite discrète. Elle arpente les rues, fouille dans des poubelles, elle a trouvé un spot pas trop craignos pour dormir quand elle est arrivée il y a quatre jours, et y retourne toutes les nuits depuis. Quand des mecs qui ressemblent aux forces de l’ordre approchent, elle fait semblant d’être une fille qui rentre d’un service de nuit, raconte des mensonges en prenant différents rôles. C’est dangereux, mais c’est sa seule option. Il faut qu’elle trouve quelque chose, parce qu’elle a comme l’impression qu’elle ne se réveillera pas.

d+20 Pas de papiers, tu viens des provinces, donc. Lila acquiesce. Mes parents étaient pauvres, et ils n’ont jamais déclaré ma naissance. Ils sont morts quand j’étais jeune. Son discours commence à être bien huilé. La gouvernante de l’auberge la regarde de haut en bas, tique un peu. You’re quite pretty. Elle se contente de sourire, ne sachant pas trop quoi dire. Je te laisserai avoir une chambre et tu pourras manger dans les cuisines, mais en plus des ménages, tu devras servir au bar cinq fois par semaine. On a beaucoup d’hommes qui aiment bien les nouveaux visages. Devant l’air offensé et les sourcils froncés de la petite brune, la gouvernante de l’auberge esquisse un rire. Relax, gamine, je te demande pas de te prostituer. Ils te toucheront pas. Mais ils pourront regarder. Lila a un peu envie de lui dire d’aller se faire foutre, mais c’est sa seule solution, pour l’instant. Elle a besoin d’un endroit où dormir, d’avoir de quoi manger. La vie qu’elle mène depuis un peu plus de deux semaines ne peut plus durer. I’ll do it. Ok, then. Mais attire pas l’attention sur toi, j’veux pas avoir Gaia sur le dos. Lila ne demande toujours pas ce qu’est Gaia, et prend la clé qu’on lui tend.
C’est une première victoire.

d+72 Sa sœur lui manque. Elle aimerait pouvoir s’engueuler avec elles, avoir envie de lui arracher des cheveux, lui piquer des chaussures.
Son frère lui manque. Son regard qui se dérobe et son silence lui manquent.
Son père lui manque. Elle aimerait pouvoir le rejoindre au bar des Sharks et parler du futur, de ce qu’elle peut faire de sa vie.
Sa mère lui manque. Malgré tout.
Cliff lui manque. Y’a plein de choses qu’elle a dit qu’elle regrette. Elle aimerait pouvoir lui dire.
Ses collègues lui manquent. Elle aimerait pouvoir commander en douce des martinis à Scar, convaincre Jad de venir avec elle regarder des films nuls.
Ses copines d’université lui manquent. Même celles qui l’appelaient kang bitch.
Elle veut rentrer chez elle.

THIS IS HOW I LIVE NOWElle a commencé à mal respirer après deux mois et demi. La toux s’est ajoutée plus tard, la fatigue chronique a suivi. Pendant longtemps, elle n’est pas allée consulter, parce qu’elle n’avait toujours pas de papiers.
Ce n’est que trois mois après son arrivée sur Altea qu’elle est tombée sur le chemin des Nulls, et qu’elle a commencé à entrevoir la possibilité de ne plus vivre dans la clandestinité. Ils ont accepté de lui faire de faux papiers, à condition qu’elle bosse pour eux. C’était un bon deal, alors elle a accepté, quittant le job de malheur dans lequel elle s’était embourbée depuis son arrivée. Elle a dû trouver d’autres jobs, pour survivre – mais à partir du moment où elle a eu des papiers, c’est devenu beaucoup plus facile.
C’est au bout du cinquième mois que ses collègues lui ont dit qu’il fallait qu’elle aille à l’hôpital. Elle était toujours sceptique à l’idée, ayant peur de se confronter aux médecins de ce monde encore étranger. Elle flippait complètement : et si son sang trahissait le fait qu’elle ne vient pas d’ici et ment à tout le monde depuis le début ?
Il a fallu qu’elle fasse un malaise et qu’elle n’ait pas le choix pour être enfin mise entre les mains des docteurs. Ils n’ont pas fait de commentaire sur son sang. Seulement sur ses bronches usées. Ils n’avaient jamais vu des poumons aussi crades chez une fille si jeune. Au début, ils lui ont filé des traitements, ont pensé à des petites allergies mais ont vite abandonné cette option en voyant son état s’aggraver malgré les médicaments.
Et puis, au bout de sept mois, voilà ce qu’on lui sort.
Elle va mourir.
Je suis désolée, miss Kang. Elle le regarde, un peu incrédule. Lâche un rire jaune. Vous vous foutez de ma gueule. Nous n’avons pas de solution. Votre organisme semble ne répondre à aucun de nos traitements, et les choses continuent de s’aggraver. Je ne dis pas que vous allez mourir. Je dis juste qu’il faut vous préparer au pire. Lila lève les yeux au ciel. Je vais mourir quoi. Le docteur soupire, pose ses grandes mains sur le bureau, lui offre un regard qu’il veut probablement doux et rassurant, mais qui ne fait que plus énerver la jeune femme. Nous faisons de notre mieux pour trouver quelque chose. Nous allons nous battre, miss Kang. Il faut que vous vous battiez aussi. L’optimisme-- est le meilleur des remèdes, ouais, allez, c’est ça. Elle se lève, prend son sac, et se précipite à l’extérieur de l’hôpital, ignorant les appels de son médecin traitant qui cherche à la rattraper dans les couloirs. Quand elle sort sur le parvis, le soleil tape presque aussi fort que quand elle est arrivée là le premier jour (elle ne sait toujours pas comment, d’ailleurs). Alors elle lève les yeux vers l’astre, lui lève son majeur. Fuck you, Altea. Fuck you. Une vieille dame qui passe à côté d’elle la regarde avec des yeux choqués. Fuck you too. Et elle s’enfuit. Son prochain service va bientôt commencer, de toute manière.
Quand elle se pose enfin, dans son uniforme, prête à commencer à travailler pour l’après-midi au Lunar Dome, il y a une chose qui lui traverse l’esprit. Étrangement, ce n’est pas qu’elle va mourir sans sa sœur jumelle ou sans revoir son frère et ses parents. Ce n’est pas non plus qu’elle va mourir loin de chez elle. La première chose à laquelle elle pense, c’est qu’elle ne saura jamais si Lava est vivante. Mais elle baisse les yeux sur son carnet de commandes, et se dit que peut-être, c’est mieux comme ça. Si elle est morte, il vaut mieux qu’elle ne le sache pas : elle ne se le pardonnerait pas. Peut-être vaut-il mieux mourir dans l’indifférence. C’est pas si grave. Lila, elle ne peut s’empêcher de penser, soudain, que c’est pas si grave, tout ça. Même si elle sait que Lin la frapperait pour avoir même simplement pensé à ça, elle se dit que c’est peut-être mieux pour sa famille, qu’elle ait disparu de la circulation. Elle part comme Lava : dans un nuage de mystère.