sad clown + l a v a

Date d'inscription : 28/07/2018

bermudes./audrey c'est moi. j'vous aime. j'arrêterai jamais de vous aimer. j'suis toute joie, et. voilà.

Lavande Anemone Kangfc : lalisa manoban ;

️️ acid rain ; altéa ; double

90%DOUCE

100%INTROVERTIE

85%DOCILE

75%IDÉALISTE

95%SERVIABLE

65%SOUMISE

70%PERSÉVÉRANTE

60%SOLITAIRE

Nom complet sur le papier, y'a écrit lavande anemone kang. elle aime bien. c'est comme si elle était des fleurs. elle sait pas d'où ça vient. ni qui l'a appelé comme ça. pas les cauchemars chez qui elle a vécu, c'est sûr. Surnoms lava. c'est comme ça qu'on l'appelle. peut-être, même. on l'appelait comme ça avant. aussi. elle sait plus. elle avait deux ans. Naissance née le 14 Février 1999. sur le papier, toujours. elle a 19 ans. on lui a donné un gâteau avec deux bougies. elle aurait bien aimé 19 bougies. mais elle a quand même eu deux bougies. c'est bien. elle est pas née ici. elle a pas de pouvoir. elle est née quelque part, sait pas trop où. (néphède, néodam) Héritage culturel elle a les yeux bridés. et le blond est pas naturel, très entretenu. c'est un secret, qu'il est pas naturel. elle ressemble à des gens qui parlent d'Asie. alors elle pense. peut-être qu'elle aussi. l'asie. Statut à disposition. être libre pour aimer. c'est ce qu'elle doit faire. avec pleins de gens différents. elle aime, vraiment. une personne. mais c'est secret, faut pas le dire. ça la rendrait moins libre. moins désirable. il lui a dit. Orientation sexualisée. dans ses draps, des hommes, des femmes. habituée à toucher les deux corps. explorer les deux sexes. et vraiment. aucune préférence. elle aime un homme. amoureuse. Finances $. vit au crochet des nulls. leur donne tout ce qu'elle a. ils le méritent. eux, ils l'aiment. et si elle peut aider. sa famille. alors elle le fait.

Univers altéa. elle avait deux ans. elle est née autre part. a été enlevé. vivait sur néphède. altéa, sa maison. néphède, pas même un souvenir. Occupation(s) prostituée depuis ses quinze ans. c'est pas un métier. c'est sa vie. c'est pour sa famille, aussi. parce que les nulls sont sa famille. ils l'aiment. et elle peut le voir. ils sont gentils. elle leur rend service. comme elle peut. elle veut juste bien faire. pas décevoir. Particularités corps immaculé. presque. il faut qu'il le reste. y'a le tatouage des nulls. petite carte au rubis rouge sur le cou. fière de l'avoir. puis hier, y'a une chaîne en encre qu'est apparue. sur son mollet. une chaîne avec des épines. un soulmate. peut-être. Lien(s) cosmique(s) cluster de deux. elle l'aime bien. elle aime lui sourire. elle aime son sourire aussi. elle s'appelle jad. elle danse bien. elle est jolie. elles se ressemblent lava pense. soulmate. le connait pas. aimerait le connaitre. peut-être. ou pas. est apparu qu'hier, de toute façon. hier quand l'amour était vrai. consumé. rêve que ce soit lui. aime pas espérer trop fort. a mal quand c'est pas réalisable. Keywords #simple #sourires #solo #sexe #noalcohol #nodrugs #notabacco #soleil #lune #nulls #dépendance #étranger #pantin #oisillon #enfant #poupée #ange

we are all astronauts je je bois pas. j’ai jamais aimé boire. j’ai jamais su boire, non plus. parait qu’il y a une bonne et une mauvaise façon de boire. c’est bizarre, je trouve. les gens font entrer de l’eau dans leur bouche, et avalent. c’est quoi la mauvaise façon de boire ? alors je bois pas. j’aime pas le goût de l’alcool, ça brûle. parfois, je suis obligée. parce que certains clients préfèrent. boire avant l’acte, un peu de champagne. ça leur donne une impression de rendez-vous, c’est ce qu’on m’a dit. ça leur donne l’impression qu’ils m’ont pas juste payé, et que je vais les apprécier. à cause du champagne. mais j’aime pas le champagne. je fume pas, non plus. j’ai jamais fumé, par contre. je veux pas essayer. c’est pas bon pour la santé, il paraît. et l’odeur de la fumée est déjà assez désagréable comme ça. imaginer ça dans son corps, c’est désagréable. puis il parait que c’est mauvais aussi pour la danse. je danse. je danse depuis longtemps. la danse, c’était mon passe temps, enfant. adolescente. puis c’est resté. les hommes aiment bien quand je danse. ça attire les yeux. ça attire les pulsions et les désirs. je suis douée pour ça. attirer les gens. les attirer et les satisfaire. souvent, on me compare à un ange. à une douceur délicate. on me dit pure, parce que je suis pas “comme les autres”. parce que je suis pas perdue. ils me connaissent pas.

tu ton nom, c’est theo. t’es beau. t’es intelligent. plus que la moyenne, il paraît. t’es drôle, parfois, quand tu forces. t’es venu me voir, y’a cinq ans. on est tombé amoureux. tu m’as dit de te suivre. qu’on pourrait s’aimer que si je te suivais. je t’ai suivi. tu m’as présenté à ta famille. c’est devenu ma famille. je travaille, vit, mange, dort là-bas. je sais que t’es proche. on se voit pas plus qu’avant. je crois qu’on se voit moins. je t’aime toujours. un peu plus qu’avant, je crois. tu m’aimes aussi. toujours. j’en suis sûr. on me l’a dit. j’aimerai te voir souvent. plus souvent. mais c’est compliqué. t’es très occupé, qu’on m’a dit. si tu pouvais, tu me verrais plus, qu’on m’a répété. quand je te vois, t’es pas seul. alors je viens pas, je dérange pas. quand t’es seul, je viens de voir. je dérange pas. j’aimerai que tu me prennes dans tes bras. j’aimerai que tu m’embrasses. mais tu le fais jamais. je sais pas pourquoi. je comprend pas. mais c’est pas grave. après tout, je t’aime.

elle je préfère elle. elle, c’est moi. mais je me sens mieux de penser que moi, c’est pas elle. elle, ils l’aiment beaucoup. son corps. sa blondeur non naturelle. ses yeux en amande. sa jeunesse. ils aiment l’avoir sur leur genoux. ils aiment lui susurrer des choses à l’oreille. elle comprend ce qu’ils veulent. elle comprend pas forcément les mots. ils lui demandent d’agir comme ça, ou comme ça. elle le fait. ils aiment quand elle fait ce qu’ils veulent. ça la dérange pas. mais y’a des gens, ils demandent rien. alors elle fait comme s’ils demandaient. elle va pas les voir. mais s’ils vont la voir, elle agit. elle se met sur leur genoux. elle pose ses lèvres sur leur peau. elle leur sourit. ils aiment ça. ils l’aiment pour ça. c’est ce qu’elle est. parfois, ils la rejettent. elle comprend pas. on lui explique qu’ils sont pas des clients. elle arrête. les clients, pas les clients. ils aiment tous ça, pourtant. elle le voit. elle le sent. alors parfois, elle arrête pas quand on lui demande. y’a qu’une femme qu’elle écoute. y’a qu’elle qui peut la faire arrêter. j’aimerai que theo soit le seul qui m’aime comme ça. alors moi, c’est jamais elle.

nous theo m’a amené chez les nulls. les nulls sont devenus ma maison. nous, c’est un gang. j’ai compris ça après le tatouage. nous, c’est la prostitution. c’était facile de comprendre ça. nous, y’a beaucoup de pistolets, chez nous. d’armes. j’aimais pas trop ça. j’avais peur du bruit. maintenant, il m’endort, le son de la détonation. nous, c’est un chef. un chef que j’aime bien. il me dit de pas rester seule. de me sociabiliser. j’aimerai me sociabiliser avec lui. il est gentil. nous, c’est une amie, dans ma chambre. ils nous ont mis ensemble, on s’entend bien. elle est gentille. elle aime pas ce qu’elle fait. elle me comprend pas. mais elle m’aime bien. nous, c’est une femme, qui nous protège. je l’aime beaucoup. un jour, j’ai failli l’appeler maman. ça aurait été mal vu. c’est pas ma mère. elle me demande de sortir aussi, parfois. me donne une heure pour rentrer. me dit qu’elle veut pas me voir dans les parages avant cette heure là. nous, c’est la maison. nous, je veux pas les quitter.

vous je vous comprends pas. vous me comprenez pas. et ça devrait finir là. mais vous faites des choses que j’aime pas. je me sens diminuée. vous m’obligez à signer des papiers que je veux pas signer. je sais pas signer. vous me demandez de parler de choses que je connais pas. vous riez quand je vous le dis. je parle pas beaucoup, vous mettez des mots dans ma bouche. qui m’appartiennent pas. et quand je parle, vous comprenez pas ce que je dis. je suis pas assez claire. je sais pas comment l’être plus. vous parlez trop. vos idées sont superflues. vous cachez vos pensées derrière des mots pas utiles. moi je vois les choses comme ça. vous, vous les voyez pas. vous me voyez pas. alors je baisse les yeux et je continue d’avancer. et vous riez, je crois. j’aime pas vos rires. ils sont pas drôles. ils font pas rire les autres. juste vous. je vous aime pas, je crois. j’aime bien certains d’entre vous. seuls. je vous aime pas en meute. en meute, vous ressemblez à des chiens.

ils ils étaient censé m’éduquer, je crois. ils m’ont enfermé. ils me laissaient aller à l’école. me laissaient pas faire mes devoirs. ils me laissaient devant les portes. revenaient me chercher. je suis jamais rentrée avec un ami. avec une amie. j’avais pas le droit vraiment, d’en avoir. j’avais une poupée, et un ours peluche. ils m’offraient pas de cadeaux. ils me souhaitaient pas mon anniversaire. mais ils étaient gentils. ils criaient que quand je faisais une bêtise. ils criaient pas souvent. j’étais sage. ils me disaient qu’ils étaient pas mes parents. j’ai jamais compris. j’ai jamais demandé. ils ont pas pu m’empêcher de voir theo. un jour, ils étaient pas là, à la sortie de l’école. theo, si. ils ont pas pu m’empêcher de tomber amoureuse. ils ont pas essayé de me retenir quand je suis partie. je sais pas ce qu’ils sont devenus. je m’en fou. ils m’intéressent pas. ils sont pas des nulls. peu de gens m’intéressent s’ils sont pas des nulls. je les aimais pas. ils m’aimaient pas. c’est fini maintenant.

Date d'inscription : 28/07/2018

beautifulI will go to you like the first snow
stay
with me

( je sais pas si on est censé se souvenir de son enfance. toute son enfance. y’a forcément des moments qu’on oublie. moi, j’ai tout oublié jusqu’à mes cinq ou six ans. j’ai remplacé les trous par ce qu’on m’a dit et par ce qui me semblait logique. mais en vrai, j’en sais rien, en fait. les gens qui m’ont élevé sont pas mes parents. ça je le sais. ils m’aimaient pas aussi. ça aussi je le sais. mais c’est des trucs que j’ai compris. je connais pas mes parents. je pense qu’ils sont morts. ou loin. très loin. j’ai pas de frères, ni de soeurs. ou peut-être que j’en ai. je préfère penser que j’en ai pas. c’est plus simple. puis, je les aimerais pas si j’en avais. c’est difficile d’aimer les gens. j’aime theo. j’aime les nulls. c’est suffisant. je sais pas si on a une place illimités de personnes à aimer. mes places sont limitées. et prises. très vite, ça devient compliqué. d’aimer les gens. alors j’aime que ceux qui sont importants. et c’est suffisant. )

L I L A

Lila ne panique pas. Elle ne panique jamais – c’est pas dans sa nature. Elle pose les tartines dans leur cabane, et part fouiller la maison, une Lin peu sereine sur les talons, un Lys qui les suit sans trop savoir à quoi ils jouent. La chambre est vide. La cuisine est vide. La salle de bain aussi. Le salon, peut-être ? Non. La chambre des parents est fermée à clé – Lava n’aurait pas pu rentrer. Les toilettes ? Grands ouverts, pas de trace de vie humaine. Le grenier, alors ? Juste de la poussière et de vieux livres. Le garage ? Lava n’est même pas assez grande pour atteindre la poignée. Ils font le tour du jardin, vont sonner chez les voisins. Il n’y a pas de trace de la plus petite de la fratrie, aucune. Lila continue de regarder par-dessus son épaule, espérant voir sa toute petite sœur lui emboiter le pas, avec un sourire mutin sur les lèvres, parce qu’elle s’était cachée. Mais non. Lava a disparu. Et puis les heures passent. La nuit passe. Un jour, deux jours. Un mois, deux mois. Un an, deux ans. Mais Lava ne sort jamais de sa cachette, et Lila comprend qu’elle a peut-être fait une erreur. Elle le comprend dans les yeux de sa mère qui l’évitent, dans les leçons constantes de sa sœur sur la responsabilité, elle le comprend dans le fait que Lys ne veuille pas rester tout seul avec elle. Elle le comprend quand elle se rend compte que Lava lui manque, et qu’elle va chercher en douce le doudou de sa sœur pour s’endormir.

L I N

Lin regarde les gens autour d’elle. Ils ont tous la même prénom à la bouche : Lavande. Ils sont ridicules. D’abord, ceux qui nous connaissent savent que personne l’a jamais appelé Lavande. On l’appelait tous Lava. Ils sont là pour faire bien, pour se faire bien voir par le patriarche Kang. Lin supporte pas ça. Elle supporte pas non plus toute cette agitation. Lava a disparu depuis cinq ans. Elle est morte. C’est tout. Lin aussi aimerait qu’un jour, Lava revienne, comme si elle était jamais partie. Mais ça arrivera pas. Elle est la seule à être raisonnable, à penser que Lava est plus là, pour de bon. Elle aimerait pouvoir raisonner les autres. Ils l’écoutent pas. Restent persuadés qu’un jour, Lava sera de retour. Qu’ils seront de nouveau ces deux belles paires de jumeaux. Lin aime pas ça. Ça n’arrivera pas. Ils devraient comprendre, passer à autre chose. Pourtant, elle sourit. Parce qu’elle est bien obligé de sourire. Elle est bien élevée. Elle serre des mains, qui lui offrent leur condoléances. Tous les ans, c’est le même refrain, c’est insupportable. Elle s'excuse et monte dans sa chambre. Elle a besoin de se calmer. D’oublier toutes ces personnes, en bas, qui sont là pour faire les paons. Elle a besoin d’oublier ce que tous les ans, on lui rappelle. Sa petite soeur a disparu. Sa petite soeur est plus avec eux.

L Y S

Dix ans. Et c’est toujours le même déchirement. Dix ans qu’ils se rassemblent pour sa disparition. Lys apprécie que les gens viennent pour les aider à passer ce cap. Mais aucun d’eux peut comprendre la douleur qu’il ressent, lui. Même Lila, même Lin, elles peuvent pas comprendre. Parce que c’est pas leur jumelle, à elles. C’était sa jumelle, à lui. Ils avaient deux ans. Et les gens se sentent désolée pour lui, particulièrement parce que : il doit “probablement pas s’en souvenir”. Et il a envie de leur crier dessus, de leur dire d’aller se faire voir. Il se souvient parfaitement de sa soeur. Et de voir sa photo tous les ans l’empêche de l’oublier. Il sait pas s’il veut l’oublier ou pas. Se dit que, même s’il le voulait, il pourrait pas. Lui c’est elle. Il a toujours eu ce sentiment là. Lin pense qu’elle est morte. Elle pensait déjà ça y’a cinq ans. Lys soupçonne qu’elle pensait même ça depuis plus longtemps que cinq ans. Lys sait que c’est pas vrai. Parce qu’il la sent vivante. Il sait qu’elle est toujours là, quelque part, dans un monde. Il sait pas lequel. Ni ce qu’elle y fait. Mais il sait qu’elle est vivante. Et il fera tout pour la retrouver. Il a besoin de sa jumelle. Et il sait que sa jumelle a besoin de lui.

J A N I T A

Janita observe, de loin, les Kang pour une nouvelle année. Elle les trouve pitoyables. Il espèrent que leur fille revienne, mais à côté, célèbrent le jour de son enlèvement comme un anniversaire d’enterrement. C’est déprimant. Janita pourrait aller les voir et leur raconter la vérité. Mais elle le fera pas. C’est pas encore le moment. Puis, Lava est encore toute jeune. Elle n’a même pas encore rencontré son destin, sur Altéa. Le destin que Janita lui a écrit. Pauvre gosse, sa débauche est programmée. Et Jan a rien contre la p’tite en soi. Mais son père mérite ce qui lui arrive. Et de le voir avec ses grosses larmes de crocodiles, couler sur ses joues si masculines, s’échouer sur sa barbe de trois jours, ça lui rend la vie plus belle, à Janita. Parce qu’elle se souvient de cette époque où elle était celle à pleurer de cette façon. Parce qu’elle se souvient de cette époque où ce monstre lui a brisé le coeur sans sommation pour aller se taper une autre fille qu’est devenue sa femme. Lui qui avait promis de jamais se caser. Il a eu une petite famille, il a été heureux. Sa petite famille a explosé. Et Jan pourra jamais assez se satisfaire de regarder le drame qu’elle a provoqué.

T H E O

Theo regarde sa tante. Elle est détestable. Parfois, il se demande si ce serait choquant de lui vomir dessus. Ou si elle est habituée à ce genre de réponse à son comportement. Mais la famille étant la famille, Theo se tait. Et Theo écoute. Il connaît les gangs, il connaît Altéa. Il sait ce qu’il a à savoir sur les Nulls. Et bien sûr, il a déjà entendu l’histoire de cette gamine, Lava. Une parmi tant d’autres, gamines de Néphède qui terminent sur Altéa. Mais elle, c’est différent, il le sait. Elle, c’est personnel. Il entend Janita taper sur poing sur la table, se plaignant qu’il l’écoute pas. Non. Non, il l’écoute pas. Il a aucune envie de l’écouter. Parce qu’il sait, tout ce qu’elle lui dit. Parce qu’elle lui dit depuis trois ans. Qu’elle lui répète en boucle ce qu’il doit faire. La charmer, se rendre indispensable, puis l’attirer chez les nulls pour qu’elle finisse par se prostituer. Il sait. Et il le fera, parce que Janita est une connasse. Mais que c’est sa tante. La famille, c’est le plus important. Il se lève, alors qu’elle parle, passe la porte d’entrée. Sans dire au revoir. Et passe le portail vers Altéa. C’est pas la première fois qu’il vient. Prenant la direction d'un des bars des nulls, il avance dans les parfums de fleurs qui le répugnent tant. Qu’est-ce qu’il ferait pas pour sa famille.

F U J I N O

Ils ont toujours eu peur de Janita. Elle a de l'influence un peu partout. Grâce à elle, Patrick a pu trouver un monde où il respirait l’air frais. L’air de Néphède, bien qui ayant vécu toute sa jeunesse, commençait à attaquer ses poumons. S’il y était resté, il serait mort en quelques mois. Altéa a été une renaissance pour lui et sa femme. Depuis, ils lui sont redevables. Et ça les oblige parfois à faire des choses qu’ils ne feraient pas en temps normal. Après tout, Patrick et Annie sont deux personnes aimantes. Gentilles. Douces, de nature. Ils aiment les enfants, adorent ça, même. Mais les demandes de Janita étaient claires. Pas d’amour, pas d’affection, pas de sorties, pas d’amis, pas de nouvelles connaissances, éviter d'apprendre celles de bases, et surtout pas d’amour. Le seul autorisé à l’approcher au temps venu sera Theo, son neveu. Ils ont toujours eu peur de Janita. Et finalement, la petite Lava avait pas l’air si malheureuse que ça. Eux, ils ont eu l’impression d’avoir un enfant, pendant toutes ces années. Ils ont voulu l’arrêter, quand elle est partie. Mais ils ont pas pu. Ils avaient pas le droit. Alors elle est partie. Et depuis, ils veulent pas avoir de ses nouvelles. Parce qu’ils savent très bien où elle est, et ce qu’elle fait. Et qu’ils s’en sentent responsables. Ils voudraient faire quelque chose. Mais ils ont toujours peur de Janita.

D O R I A N

Quand on lui a parlé d’une jeune fille de quinze ans encore vierge, Dorian y a pas vraiment cru. Puis si c’était le cas, qu’est-ce qu’elle viendrait faire dans un réseau de prostitution. Il a sincèrement pensé qu’on se foutait de sa gueule. Et ça lui a sincèrement pas plu. Pourtant, il a attendu. Parce que si c’était vraiment vrai, alors ça serait une aubaine pour sa maison. Lui qu’est toujours un pas, voir un kilomètre derrière Diana et ses filles parfaites. Il a la clope au bec, et le regard fixé sur le bout de la ruelle. Et voit Theo arriver. Avec une gamine d’une quinzaine d’année. Blonde platine, les yeux bridés, probablement d’origine asiat. Il la présente. Lava Kang. Il appuie sur le fait qu’elle doit garder ce prénom, et ce nom, à tout prix. Il confirme qu’elle est vierge. Et ce qui le fascine le plus, dans tout ça Dorian, c’est qu’elle regarde Theo avec des yeux de chien, comme s’il était son maître et qu’elle l’adorait. C’est assez pitoyable. Mais Dorian est heureux. Parce qu’elle est exactement comme on lui avait dit. Le soir même, elle est sur scène, et elle danse. Les hommes sont heureux. Et Dorian l’emmène voir, en fin de soirée, celui qui a payé le plus cher. Elle perdra sa virginité avec lui. Dorian a fait une bonne affaire. Il est content.

D I A N A

Elle la regarde danser, son tatouage dans la nuque, bien en évidence, et sa petite tenue qui en montre presque trop. Son verre à la main, elle boit pas, regarde, observe. Une place s’est libérée dans la chambre de Nova. Elle est ici pour recruter. Et Dorian le sait, il la regarde de derrière le bar depuis une demi-heure, le visage renfrogné. Diana a entendu parler de cette fille, Lava. Elle sait qu’elle était vierge en arrivant. Elle sait qu’elle l’est plus, et qu’elle s’est faite déflorée de la pire façon qui soit. Elle sait que c’est Theo qui l’a ramené. Elle sait qu’il y a un truc plus sombre que juste ça, dans cette histoire, mais est pas intéressée pour en savoir plus. Pour le moment. Elle bouge bien, a des formes plus qu’agréables à regarder. Et de ce qu’elle a entendu, elle est douée. C’est pas une surprise, son expérience sexuelle se résume à des passes. Elle sait qu’il se passe un truc avec Theo, mais elle sait aussi qu’il la touche pas. Tous les hommes qui l’ont touché ne serait-ce qu’une fois l’ont fait contre de l’argent dont elle n’a probablement même pas demandé à voir la couleur. Et ça, Diana, ça lui plait que moyennement. Elle regarde Dorian, un air mesquin et décidée dans le regard. Il entre dans son bureau en claquant la porte. Il a comprit. Son petit diamant qui lui rapportait le plus va repartir avec elle, ce soir.

H E C T O R

Il la regarde sortir de la chambre, et il repose la tête sur l’oreiller doux et moelleux. Il est comblé. Elle a su le satisfaire parfaitement. Et elle a dix-neuf ans. Ce qu’est un atout qu’il peut pas lui enlever. Il regarde ses cheveux blonds disparaître derrière la porte. Il a payé une fortune pour l’avoir ces quelques heures. Mais elle les vaut. Elle fait exactement ce qu’on lui demande, et n’est pas gênée. Il a un sourire béat en se souvenant de sa façon de marcher vers lui et de grimper sur ses genoux comme si elle savait exactement ce qu’il attendait d’elle. C’était excitant. Il cherche pas à savoir ce qu’est sa vie, et ce qu’elle a fait jusqu’ici pour en arriver là, vraiment pas. Mais quoique ce soit, elle a un don pour séparer son job de sa vie personnelle. Hector aurait presque pu croire que c’était ça, sa vie. D’agir comme ça, de demande de cette voix ce qu’il voulait qu’elle fasse. Il se relève du lit, s’habille. Il sait qu’il reviendra. Il sait qu’il redemandera Lava. Et il sait qu’il acceptera d’y mettre exactement le même prix, et même plus.

T H E O

La famille, c’est toujours le plus important. Bien sûr que c’est toujours le plus important. Mais depuis plusieurs années maintenant, Theo voit plus la vieille tante mégère comme sa famille. Depuis plusieurs années, sa famille, c’est les nulls. Non. Même pire que ça, sa famille, c’est Lava. Il a dû continuer à jouer l’amoureux transi pendant toutes ces années. Jusqu’à un point où il a commencé à y croire. Et c’est pour ça qu’il refuse de la toucher. S’il s’était pas attaché à elle, il aurait déjà profité plusieurs fois de la situation, Theo a jamais été un saint. Mais pas là. Pas Lava. Et pas comme ça. Pas alors qu’elle est clairement pas bien dans son esprit. Qu’elle sait pas ce qu’elle veut. Theo est pas son prince charmant. Theo est juste le seul prince qu’elle ait jamais eu. Qu’on l’ait jamais autorisé à avoir. Putain, il se sent con, quand il la voit danser devant tous ses pervers. Il se sent jaloux. Ce soir, elle est autorisée à le voir. Et Theo va faire comme d’habitude. Il va lui sourire, lui caresser les cheveux, et lui dire qu’elle fait bien. Que c’est une bonne fille. Il se dégoute. Elle va arriver dans deux heures. Et Theo a envie de boire. Besoin de boire. Lava, c’est une gamine. Une gamine qu’a un corps à damner les archanges. Et il a besoin de boire. Pour oublier que maintenant qu’elle pense que c’est ça, sa vie, de coucher avec des mecs qui payent pour elle, maintenant seulement. Il l’aime.

( lorsque mes yeux s’ouvrent, je reconnais pas ma chambre. les draps qui couvrent mon corps sont pas les miens. je m’endors jamais après une passe. c’est une règle. je suis pas chez un client. l’odeur autour de moi est familière. c’est celle de theo. partout theo. les draps, l’ambiance, l’air. je suis seule dans le lit. seule et nue. un sourire se forme sur mon visage. et la soirée de la veille me revient en mémoire. il a bu, hier. beaucoup. il m’a touché. il m’a fait sienne. enfin. mais il est pas là. il est pas couché, endormi. j’aurai voulu qu’il le soit. j’entends une porte, je lève les yeux. il sort de la douche. il est beau. il a pas de t-shirt. il me voit et baisse les yeux. je souris quand même. j’aime pas qu’il baisse les yeux. je pose un pied à terre, m’étire. ma cheville démange. ce tatouage était pas là hier. il est agréable, fait pas mal. mais est pas beau. j’aime pas trop ça, les chaînes. )