(graduellement teinté de gris) Eridan

I. [unsteady] Eridan il n’avait jamais été l’un ou l’autre; Eri, ça avait toujours été les deux à la fois. Il ne peut choisir encore la colère et la tranquillité, ni même entre haïr et adorer.

Eri, il a les sourires soleils et les yeux tempêtes. ses poings détiennent la véhémence de tout un être. pourtant, son toucher est délicat, son étreinte peut être si douce; si tendre que l'on oublierait la vulgarité de ses propos et la haine de ses mots. Sa voix chancelle, frôle la lisière entre la douceur et la colère, il prononce les paroles couteaux d'un timbre si calme et paisible que l'on pourrait s'y attacher. Que l’on pourrait croire qu’il ne les avait jamais prononcés.

Il pourrait être le beau temps, le soleil et l'éclairci. Délicat sous la masse de sarcasme qui l'habite, chaleureux; à l'étreinte réconfortante, aux regard paisibles et à la voix soyeuse envers ceux qui lui sont proches — proches qui se font rares mais précieux. A ceux qui ont su dompter la bête et lui redonner goût à la vie.


II. [transient] Il a les sourires facile, l’artificiel à fleur de peau. Eridan, il mime le plaisir aussi bien que l’amour : celui qu’il porte aux autres, celui qu’il porte à lui-même; il se vante toujours de sa belle apparence, de sa popularité auprès des filles alors qu’il n’est qu’un lustre de cristal à l’accroche incertaine.

Il vaille entre l’agonie et le plaisir, l'inertie et la vie. Eri, il n’est qu’un passager d’une vie trop mouvementée pour lui, Eri il est devenu malade à force de lutter contre sa putain de vie. Eri, Eri, Eri, il a eu la vie de prince et les caprices d’un roi. Mais Eri, Eri, Eri, l’argent ne guérit pas les fractures de l’âme. Eri, il a trouvé le silence de ses démons dans ses veines exposées au poison et aux lames perfides.

III. [her] Eri, il est sans dieu, ni foi, ni loi. Lorsqu’il avait entendu avoir une soulmate, celui-ci s’était déterminé à ne jamais la rencontrer; persuadé qu’il pourrait être heureux par ses propres choix sans dépendre d’une vie qu’on lui imposait. Eri, il avait aimé la jolie voisine aux cheveux-soleils et aux yeux couleur du ciel. Il était fou, fou amoureux, jusqu'à ce que Lua la voleuse prononce la sentence qui avait longtemps brûlé les tissus de son poignet.

Et il s’est mis naturellement à la détester, aussi bien pour son comportement que pour tout ce qu’elle lui avait infligé sans le réaliser; sa rupture douloureuse, et surtout, son incapacité désormais à voir les couleurs, à voir ce qui rendait sa vie un peu plus heureuse, un peu moins douloureuse.

IV. [meaningless] Une lumière à sa rédemption fût autrefois la peinture et la photographie. Lui s’était découvert par tout hasard lors d’un vernissage une vibe artistique face aux couleurs irisées et aux émotions qui se déclinaient sous chaque traits et chaque détails que l’artiste inscrivait dans ses tableaux renommés. Il a rapidement pris des cours de peinture, cherché le maximum d’information sur la toile avant d’acheter son propre appareil photo et parcourir les rues de Sigan pour y capturer ses paysages mystiques.

néanmoins, depuis qu’elle l’avait rencontré, la flamme de sa passion s’était réduite à un insignifiant brasier, oublié, désué désormais qu’il ne percevait plus que le gris anthracite de l’ennui rendant tout ce qu’il percevait fade and meaningless.