EVENT SIGAN ☾ décembre 4035

Il serait pas venu si leur manager leur avait pas clairement et directement demandé. Ils étaient un peu près à 50/50 lorsqu’ils en ont parlé la première fois. Un groupe entier, filles et garçons, à vouloir aller à la manifestation. Sur les réseaux sociaux, on leur demande leur avis, en tant qu’androïdes, et qu’idols. En tant que personnalités sous les projecteurs. Baby Blue faisait partie de ceux à pas vouloir s’en mêler. Trop de pression. Trop de regards. Baby Blue aime les regards. Mais pas ceux qui observent leurs faits et gestes comme temps comptant. Il se sent concerné, évidemment. Mais il préfèrerait laisser les personnes responsables s’occuper de ça. Plutôt que de faire partie de ceux qui en font une affaire d’état. Ce que, physiquement, c’est, probablement. Juste. Juste, il avait pas envie d’être là.
Et il l’est.
Beau Blue est avec lui, et ils sont tous les deux à la traîne, derrière. Comme les cinq autres qu’avaient pas vraiment envie de venir marcher. Baby Blue en profite pour regarder autour de lui. Évidemment, certains les regardent. Les plus jeunes, surtout. Ceux qui sont dans la tranche d’âge de les idolâtrer. Il traîne tellement que les gardes du corps passent devant lui. Et il aperçoit Seth, au loin, à qui il fait de grands gestes. Voit pas des cheveux blonds, trainer pas loin de lui.

Jack a pris une pancarte numérique où le hashtag BlueLivesMatter est écrit en lettre bleue. Lorsqu’Ashley lui a parlé de la manifestation, Jack a sauté sur l’occasion. Evidemment qu’il serait là pour défendre leurs droits. Il ne comprend pas le gouvernement de Sigan et ne le comprendra jamais probablement. Pourquoi créer des androïdes si c’est pour autant les mépriser ? Ce n’est pas logique à ses yeux et ne le sera jamais. Main dans une poche, l’autre maintient la pancarte et il regarde son téléphone en même temps pour vérifier si Ashley n’est pas en train de le chercher.
Elle lui envoie un message quelques minutes plus tard. Il brandit sa pancarte pour qu’elle puisse le repérer. La jeune femme le rejoint un peu après, essoufflée. « T’as couru ? » Demande-t-il un sourire aux lèvres.
Dans la foule, il y a une grosse tension comme si, à tout moment, ça pouvait dégénérer. Jack n’est pas rassuré aussi il compte bien rester proche d’Ashley au cas où il y a un mouvement un peu dangereux. Il sera là pour la protéger.

ce qu'il se passe pour Jack:

Ils ont préféré mettre Schtauffen en première ligne.
L’uniforme renforcé est pourtant contre sa peau synthétique, lui qui pourrait s’en affranchir. Sentinelle, il veille comme ses autres collègues, placés près du siège du Conseil. Des collègues qui, avec les récents événements, ne sont pas tous sereins à l’idée de l’avoir à leur côté. D’être là, tout simplement, au beau milieu d’un conflit idéologique qui n’aspire qu’à s’infecter.
Les conflits, Siegfried sait comment les régler. On le lui a apprit, son IA l’a imprimé.
Mais aujourd’hui, avec cet uniforme-ci, il n’a pas le droit. Pas le droit d’aller jusque là.

D’autant que s’il avait eu le choix, il n’y serait pas allé.
Ou peut-être que si, à se faufiler dans cette masse grouillante pour marquer son engagement certain envers sa - leur - condition. Cela fait bien des mois maintenant qu’il avait prit conscience, qu’il avait réagi. Plus le temps avançait, plus ses rouages internes s’érodaient à l’idée que les androïdes soient réduis à l’état de simples machines non-sentientes…
…aussi longtemps après la révolution qui leur a reconnu ce statut.
Droits factices ?
Droits factices.
Il tente de ne pas nourrir la rancœur qui pique pourtant ses circuits. Tout ce qu’il voit, des chimères.
Il y a quelque chose qui ne va pas. Et ça, le soldat-flic y était particulièrement sensible.

L’œil phosphorescent de l’androïde balaie la foule, s’arrête sur une silhouette qu’il reconnaît sans grande difficulté malgré la distance (Bobby). Il n’était pas sensé errer dans les rues, pas à cette heure-là, pas ici. Il le lui a dit. Il se rappelle qu'il le lui a promit. Là où les contrôles d’identité sont légion, Schtauffen se maudit, pour la première fois de son existence, qu’il soit ici.

petit résumé:

« Bordel Garcia, qu’est-ce que tu comprends pas dans “évite la manif” ? » Tu te masses les sourcils. En ramenant ta main, elle heurte malencontreusement l’arrière-train d’une manifestante, androïde, qui plus est, à l’IA de laquelle on semble avoir inculqué le principe de l’agression. « Nan mais ça va pas ?! » Avant que l’incident ne fasse plus de bruit que la claque sur ta joue, tu te recules à l’abri dans la foule, les mains fourrées sous tes aisselles tièdes. La dignité dans les chaussettes dépareillées, tu cherches un moyen de t’extirper, malgré les guirlandes de policiers qui vous encerclaient.
« A tous les coups, Jensen a réussi à échapper à c’genre de corvées… par contre… » Tu lèves le nez, cherchant ta charmante conserve sur pattes. Il n’est pas compliqué à repérer et tu brasses les indignés jusqu’à l’atteindre. Tu profites d’un mouvement de foule pour te lover contre lui. « Salut bébé, j’t’aurais pas imaginé d’ce côté-là d’la manif… y’a moy’ de monnayer mon droit d’passage contre quelque gâterie ?? » Tu hausses les sourcils avec force sous-entendus. « C’est qu’j’ai pas fini les courses d’Noël, t’vois~ »

L’homme minaude, lové contre son kevlar renforcé.
Schtauffen se fait violence pour ne pas le regarder. Il sait à quel point il peut être faible lorsqu’il le fait.
« Bobby. Je suis occupé. »
Les collègues qui l’encadrent semblent déjà avoir un œil sur le spectacle. Il veut passer ? Un prétexte. Il y a une autre brèche humaine là-bas, au nord-est.
Ici ? Il n’a rien à y faire. « Il n’y a rien pour toi derrière moi. » Siegfried ne percute pas le sous-entendu qu’il fait malgré lui, n’ayant songé qu’à l’entrée du siège et des représentants qui allaient en sortir d’ici 24mn49s.
« Et encore moins des cadeaux de Noël. » qu’il murmure audiblement. Au moins jusqu’à ce que son compagnon ne réagisse, ce qui lui fait baisser les yeux brièvement — 0.2s de trop. Parce qu’il doit se confronter à une autre envie : celle, furieuse, de l’embrasser.

Leurs projections, elles, ne font pas autant de chichis.
Celle de Schtauffen a ramené le malotru dos contre lui, son bras parallèle à l’axe de ses épaules, passé sous son menton. À profiter de l’illusion que l’androïde du couple ait répondu à ses avances.
Parce dans les faits, Bobby n’a l’air que d’un koala caressant l’écorce de son eucalyptus.

Ses yeux clairs le fuient d’instinct, ne pouvant se défaire bien longtemps du protocole. Ballotté d’un côté et de l’autre, prêt au pire, prêt à mourir.
« Tu devrais rentrer. Tu feras les courses plus tard. » Puisque tout lui indique que le danger rôde, là, quelque part. La foule est tendue, les cœurs battent à tout rompre malgré le calme apparent.
Sur tous les visages, c’est l’inquiétude. Sur d’autres, elle est feintée.
Le prélude avant la révélation.

résumé inutile, comme le pepperoni dans une pizza:

La douce tignasse blonde est enfouie sous une capuche. Loni ne devrait pas être dehors. Pas après ce qui s'est passé, dans les dernières semaines. Elle se doute que le CPIM la cherche, depuis qu'elle s'est enfuie. Depuis qu'elle a apprise posséder le visage d'un Corbeau disparu il y a des années. Elle ne comprend pas, cette histoire de corbeaux. Elle ne comprend pas qui est cette Mina Ross. Mais elle comprend ce que représente les manifestations. Et depuis des jours, elle les regarde à la télévision, enfouie dans la tanière de Jacò, et meurt d'envie de s'y rendre. Alors, elle s'est habillée des pieds à la tête - une première - a caché en visage et s'est glissée hors de l'appartement pour arpenter les rues avec les siens, pour les défendre.
La chevelure est longue ; quelques mèches s'évadent de leur cachette tandis que les yeux bleus, eux, se posent sur Baby Blue, accompagnés par des gardes du corps. Loni le dévisage, dans la foule, et aperçoit Jack aussi, plus loin. Elle sait qu'elle ne devrait pas s'approcher. Elle sait qu'elle devrait faire attention. Pourtant, Loni n'en a rien à faire, des règles. Alors, elle se glisse dans la foule, et avance d'un pas décidé. Si certains gardes du corps essaient de la stopper, la force de la blonde est puissante, et elle parvient à s'emparer du bras de l'idol.

en gros:

Heureusement que tu avais enfilé ta panoplie du parfait petit siganais ; tiré à quatre épingles, à une paire de chaussettes près, tu transpirais le paroissien allant à l’office religieux tous les dimanches pour expier les orgies de la veille. Autrement, les collègues moins regardant de Sid auraient tôt fait de te faire déguerpir. Tu leur avais déjà fait ce tour, lorsque tu t’amusais à venir apporter leur panier-repas à Zenia et Jensen, sans crier gare.
Tu vas pour lui procurer la mutine réponse que derrière lui il pouvait y avoir éventuellement toi, mais sa projection du cluster te cloue le bec. Il a toujours su mieux que vous tous à gérer sur les deux plans astraux, si bien que tu restes quelques secondes à bâiller aux corneilles alors que vos doubles transcendantaux se bécotent.
Et ça te donne toujours plus d’idées pour le faire flancher.
« Franchement, chéri, tu comptes vraiment passer les fêtes de Noël dehors ? » Ennuyé, tu tritures le velcro qui lui ceint si bien le poitrail. « Ça t’dirait pas plutôt, on rentre, on s’mate un film, moi avec une main dans tes tifs, ou dans ton froc, ou les deux parce que j’ai deux mains ? » Tes doigts tapotent sa cuirasse. « M'oblige pas à aller faire du gringue à tes collègues humains, je suis certains qu'ils sont plus corruptibles que toi... » Et les dieux seuls savaient si tu envisageais de leur demander de te laisser passer ou pis encore, de les inviter à passer Noël en ta compagnie...

Seth lui répond, peut-être, très vaguement. Mais il a de toute façon rien le temps de voir que quelqu’un le tire vers l’arrière. Et il s’inquiète, un instant que ce soit une fan, ou pire, ce type, là, qui l’a embrassé la dernière fois. Mais il se retrouve face à  une fille, blonde, au visage doux, et vraiment jolie. Elle aurait pu faire partie du groupe de filles, probablement, tellement elle est jolie. Enfin, peut-être pas. Baby Blue sait pas pourquoi il a immédiatement pensé que c’était un androïde. Après tout, la capuche qu’elle porte l’empêche de voir autre chose que son visage, et il voit pas sa tempe. Peut-être que c’est juste une fille. Peut-être, oui, que c’est une fan. Et pourtant, y’a un truc, qui lui dit que c’est pas le cas. Mais il sait pas quoi. Il est certain de jamais avoir vu ce visage avant pourtant. Pas comme le gars, il avait l’impression de déjà l’avoir vu, juste, sans réussir à se rappeler d’où. Elle, non. Elle, c’est un ressenti. Alors il lui sourit, parce que Baby Blue sait sourire. C’est sa programmation de base, d’être gentil. “Vous voulez un autographe ?” Parce que c’est forcément ça, non ? Une fan. Il regrette un peu de pas avoir marché plus vite. Les gardes du corps auraient pu empêcher ça. Il est déjà pas vraiment à l’aise d’être ici. Et il voit bien que le fait qu’il soit loin des autres attire le regard de quelques autres filles, et garçons, qui pourraient potentiellement être aussi intéressées par un autographe. Ou plus. Et ça, c’est pas un truc qui le rassure de ouf.

en gros:

Nikita est venu principalement parce qu’il avait rien d’autre à faire. Après tout, la vie d’héritier est pas extrêmement intéressante, et ses journées, en ce moment, il les passe principalement à essayer de donner une bonne éducation à Opal. La gamine est mignonne comme tout, et il est heureux que son fils lui fasse assez confiance pour la lui confier, mais. Mais il a un peu l’impression d’être une garderie quand même. Alors aujourd’hui, il l’a laissé à Lidiya. Qui l’aime. Raisonnablement. En général elle lui donne des jouets et regarde la télé pendant toute la journée, lorsqu’il lui demande de la garder. Grand bien lui fasse. Nikita sourit en coin lorsqu’il voit le groupe d’androïdes formés par l’émission préféré de Lidiya juste face à lui. Oh, elle qu’a pas voulu venir, elle va le regretter d’une force lorsqu’il va lui dire qu’ils étaient là.
Bref, Nikita s’ennuie, et il manifeste du côté des anti androïdes. Parce qu’il a pas envie de voler du temps aux honnêtes gens qui manifestent avec les androïdes. Et qu’il est là principalement pour ça, voler du temps. Il essaye de rester raisonnable, et évidemment ne prend jamais assez pour que quelqu’un tombe en plein milieu de la manifestation. Mais assez pour que les connards intolérants rentrent chez eux ce soir avec plus que deux jours au compteurs. Sur cent ans lorsqu’ils sont partis dans la matinée. Il est dans son rôle, Nikita, mais n’en fait pas trop. Assez pour pas éveiller les soupçons. Assez pour pas se faire repérer par les forces de l’ordre. Juste assez pour faire son plein de temps, sur un compteur qu’est déjà plein à craquer. Et après, il pourra aller tranquille à Casma, pour le distribuer.

en gros: