(jaby) great; i said, feeling terrible.

Il sait, Jacò. Il sait ce qu'il est capable de faire. Malgré ce que les gens ont dit, malgré ses maux, ses fautes, il est conscient du talent qu'il possède. Ce sont les autres. Les autres, sans cesse, qui lui ont dit trop souvent, trop vivement, qu'il ne pouvait y arriver. Et sa mère, toujours, qui lui disait le contraire. Il les déteste, souvent, mais la plupart du temps, Jacò les croit. Alors, il est émerveillé. À chaque instant que ses iris se posent sur les merveilles qu'il est capable d'acccomplir dans un monde si en accord avec sa manipulation, Jacò ressent un élan de joie puissant, à l'intérieur de lui, et une envie de refaire le monde. Il sait, évidemment, que le sentiment est plus que futile. Il sait qu'il rêve trop grand pour sa vie trop petite, qu'il n'est pas assez puissant, pas assez ci ou cela, mais le sentiment reste là, immense, pendant de longues minutes, avant qu'une chose ne survienne pour le faire descendre plus bas que terre. Il est heureux. Il est fort. Et il se sent bien. Il se sent capable de faire n'importe quoi. Il a envie de défier le monde entier et ses injustices. Il a envie d'aller bouleverser le monde, de leur parler de ce timer qu'il a créer, qui ne les tue pas. Il a envie de donner cette liberté aux androides et de leur permettre de voir qui ils sont, comme Mew le voit, comme Loni le voit et Cloe également.
C'est un sentiment puissant. C'est un sentiment dangereux. Mais Jacò ne prête pas attention au danger. Il ne l'a jamais fait, un peu aveugle sur de nombreuses choses, et se contente de se redresser alors, tandis que l'androide inspecte sa main parfaite, pour danser au milieu de la salle face à la victoire étrange qu'il ressent. Il est heureux. Il est fier de lui. Et peut-être que l'artiste en fait trop, à danser seul de la sorte de manière presque exasgérée, mais il n'y prête pas attention. Il s'embrasserait, s'il pouvait. Il a envie d'appeler Mew, de lui envoyer une photo, de lui dire ce qu'il a pu faire même si, en vérité, son plus grand accomplissement reste la ressurection de son amoureux. Sa reconnaissance. Bien que, souvent, l'artiste aime croire que ça, ça vient de la force de Mew. Car Mew est puissant. Mew est plus fort que n'importe qui il peut bien connaître, dans sa vie.
Il rit et danse et passe ses doigts dans ses cheveux, quand Baby Blue tourne ses yeux vers lui. C’est impossible. Un nouveau rire traverse ses lèvres, plus forts, et Jacò lui adresse un clin d'oeil. Il a le coeur gonflé de fierté comme une mongolfière. j'suis l'roi de l'impossible baby. D'un mouvement synchro, il fait mine de retirer une poussière imaginaire sur chacune de ses épaules, humble à souhait, toujours sur son nuage. C’est ça, qu’on appelle de la magie ? Ça lui arrache un nouveau rire aussi fort et vrai que les précédent. Jacò a les yeux qui brillent, depuis quelques secondes, et il les tourne vers l'Idol qui se lève, pour le suivre des yeux. Il les pose sur l'ancienne plaie qu'il gratte, souriant un peu plus à voir que, malgré les efforts de l'androide, la peau reste parfaite. Il a réussi. La matière de Sigan est différente de celle connait sur Altéa, mais il a réussi. Avec les années, avec les petits tests qu'il fait, parfois, à l'occasion, et de cette envie folle d'apprendre depuis des années. Il a réussi. Outre qu'avec ses doigts et son talent en mécanique, il peut les aider avec ce don que beaucoup ont jugé lourdement, trop pour en faire un Warden. Mais Jacò s'en fiche, de cela. Il n'a pas envie, après tout, d'être un Warden. Il n'a jamais voulu de cela. Et c'était un peu hypocrite de sa part, surement, de pousser sa jumelle à le devenir. Mais c'était pour maman. Et qui dit non à maman? C’est. Comment tu fais ça ? Ou encore, au regard émerveillé d'un androide au visage d'ange. Le sourire de l'artiste croît sur ses lippes et il secoue sa tête, une seconde, un rire entre les lèvres. Le coeur est encore empli de sa fierté. ah. qu'il dit, farceur, à hausser des épaules. j'suis magicien mon gars. les magiciens révèlent jamais leur secret. même pour de beaux yeux comme les tiens. Il accompagne les mots d'un clin d'oeil et d'un nouveau rire, les doigts encore dans sa crinière. Elle doit ressembler à n'importe quoi, maintenant. maintenant la porte. qu'il finit par dire, en inspirant, pour se calmer. Jacò contourne l'autre et s'en approche, s'agenouille devant. j'vais l'ouvrir et tu pourras aller à l'émission. et moi Il laisse sa main devant la serrure, pas appuyée, à quelque centimètre. Il sent, entre ses doigts, sa maitrise qui travaille délicatement. moi, j'fous l'camp. tu pourras leur dire que j'ai la chiasse, c'que tu veux. ou mieux. dis leur que j'vais rejoindre mon copain et que j'les encule. c'serait parfait. Un clic. Il a les yeux qui brillent et un sourire en coin, sur les lèvres, quand il se tourne vers Baby Blue. c'est ouvert.

Baby Blue n’a jamais vu de choses aussi étonnantes, aussi surprenantes. S’il en avait un, son coeur aurait probablement arrêté de battre pendant quelques instants. Ses prunelles sont fixées sur sa main miraculée. C’est incroyable. La blessure n’est qu’un souvenir dans ses circuits, et plus une réalité. Il sent le manque léger, à quelques secondes de devenir problématique, de sang. Il sent qu’il en a perdu. D’ailleurs, la flaque de liquide bleu à ses pieds n’en est qu’une preuve de plus. Mais sa main, elle, là où était la blessure, est comme neuve. Comme si la peau n’avait jamais été déchirée. Et Baby Blue trouve ça fascinant. Il veut savoir comment a fait Jacò. De cette façon, lui aussi, pourra aider. C’est, après tout, un des premiers requis des Perfect Boyfriend, même ceux faisant partis du groupe d’Idol. D’aider. Et il pourrait tellement aider avec une capacité comme celle-ci. Si seulement le chanteur pouvait le lui expliquer. Mais Baby Blue sait, même en lui posant la question, que quoiqu’il ait fait, c’est trop complexe pour lui expliquer. Peut-être même impossible. Si c’était un simple tour de passe passe, Baby Blue l’aurait déjà vu, en ses six ans de vie. Puis, le fait que Jacò lui ait dit de garder ça secret. Peut-être que c’est aussi quelque chose de dangereux. Baby Blue l’écoute répondre, un peu avec une prétention qu’il ne pense peut-être, probablement pas. C’est censé être drôle, sûrement. Détendre l’atmosphère. Baby Blue n’arrive pas à se détendre, ni à rire. C’est trop étrange. Et même si Baby Blue est vraiment pas l’androïde le plus chiant du monde, quand il se pose une question, réellement, il aime avoir une vraie réponse. Pas juste une évasive. Même si, parfois, il s’en contente. Là, c’est trop. Juste trop trop. Pour qu’il se contente de quelque chose d’approximatif.
Pourtant il sait, il comprend, que le chanteur lui dira rien. Et Baby Blue fronce les sourcils, doucement, de contrariété. Il aimerait que Jacò accepte de lui révéler ses secrets. Et ce, même s’il se trouve qu’il ne pourrait pas le faire, lui. C’est juste que. Baby Blue ne peut s’empêcher au nombre de vie qu’il pourrait sauver s’il savait faire quelque chose comme ça. Ou combien de temps gagneraient les médecins dans les hôpitaux, si ce secret se répandait. Et Baby Blue arrive pas à pas se dire que c’est un peu égoïste de la part de Jacò, de vouloir garder ça pour lui. Il lui a sauvé la vie aujourd’hui. Mais combien de gens meurent, tous les jours, alors qu’ils pourraient être sauvé par une pratique comme celle-ci. Même si… Après tout. C’est pas son problème, à Baby Blue. Son problème, c’est le contentement de Seth, et celui des fans. Une partie de lui aimerait insister sur ça. L’autre se dit qu’il a d’autres trucs à faire aujourd’hui, et les autres jours de la semaine, aussi. Après tout, Baby Blue est occupé, avec son groupe. Ils font toujours quelque chose. Ils ont un programme plus que chargé. Bien trop, selon toutes les règles qui pourraient régir le travail d’un humain.
Heureusement,
aucun d’eux ne l’est. Humain.

Lorsqu’il entend Jacò parler de la porte, et de l’émission, Baby Blue hoche la tête. Même si ses instincts lui disent que c’est une idée pourrie pour lui, que de s’enfuir, qu’il devrait plutôt essayer de prendre le problème - que Baby Blue ne considère pas comme tel - de front. Mais il dit rien. Après tout, c’est pas ses affaires. Lui, du moment qu’il fait l’émission, il s’en fout bien, du reste. Il lâche même un petit sourire lorsqu’il lui demande de leur dire qu’il a été voir son copain et qu’il les encule. Baby Blue ne leur dira évidemment pas ça. Ou, en tout cas, pas tout. Peut-être qu’il leur dira qu’il a été voir son mec. Mais pas devant la caméra. Il pense, peut-être, comprendre l’importance que l’imaginaire des fans peut avoir sur leur ventes. Pas qu’au groupe de Baby Blue, mais aussi de Jacò. Alors il sort, lorsque Jacò lui dit que c’est ouvert. Il se tient quelques secondes face au chanteur, et, tout sourire, pose sa main sur son bras. “Merci. Pour tout.” Et il se recule de quelques pas et va rejoindre son manager au bout du couloir, qui lui demande où est Jacò. Et lorsque Baby Blue lui explique qu’il est parti, dû à une urgence, son manager n’en demande pas plus.
Par contre, il en parle à la rédaction, aux producteurs, qui semblent mal à l’aise. Pendant quelques minutes, c’est la folie. Puis un autre manager arrive, avec le reste de son groupe. Finalement, l’émission sera avec tout le monde, et sur le groupe. Pas sur un imaginaire qui rend Jacò rageux.
Et malaxant la paume de sa main anciennement blessée, Baby Blue pense que, après tout, c’est pas plus mal.