i could if i wanted to + grim

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En temps normal, c’est avec ton équipe que tu t’entraines. Tu ne le fais jamais vraiment seul parce que le Small Science n’est pas un sport en solitaire. Bien sur, il y a certaines chose que tu peux faire par toi-même, te garder en forme par exemple. Il faut dire qu’en général, ton exercice tu le fais aussi en poursuivant Noot dans ses nombreuses escapades. Ce n’est sans doute pas la façon la plus efficace, mais ça fait assurément le travail avec le temps. Sauf que depuis quelques temps, tu sens que ce n’est pas suffisant. Comme si tu n’arrivais plus à produire des flammes et encore moins les contrôler parfaitement. Tu en connais la cause au fond, elle est toujours là dans ton esprit. Tu sais que tu te sers beaucoup trop du flash. Tu sais aussi que c’est une bien mauvaise idée, il n’y a aucun doute là-dessus, mais tu es bien incapable de t’arrêter. Tu es maintenant esclave de ce besoin qui a été créé en toi. Chaque jour te rapproche d’une dépendance encore plus complète. La peur de te faire prendre ne change rien quand bien même tu es conscient des soupçons qui pèsent sur toi, de ce que Yohan doit déjà savoir.

Sauf que voilà, esclave ou non, prisonnier de ton addiction, tu dois mieux faire. La pause estivale t’es profitable en ce sens. C’est le temps idéal pour essayer de te secouer un peu, de retrouver une voie décente vers la réussite. Tu veux t’entrainer, vraiment réussir à le faire. Un beau projet, mais surtout quelque chose que tu dois faire par toi même. Loin de ton équipe et loin de toute tentation. Tu as donc laissé ton mince stock de flash dans une boite dans ton appartement et tu as invité Noot à s’installer dans ton cou à nouveau. S’il n’est pas nécessaire qu’elle t’accompagne, tu n’as pas non plus envie d’affronter le monde en solitaire. Alors la petite boule de poil se glisse autour de ton cou, comme un foulard de réconfort face à une solitude qui n’est qu’exacerbé par le manque que tu ressens. Faute de la compagnie de tes coéquipiers tu dois affronter tes démons et la voix qui te susurre que tu n’es pas assez bon pour ça rend le tout plus ardu.

Tu te perds en chemin. La salle habituelle ne pouvant être utilisée, il te faut trouver un autre endroit. Un gym régulier aurait pu faire le travail, mais tu penses qu’autre chose serait souhaitable. Tu erres donc, longtemps, sans vraiment faire attention. Puis, tu te trouves ailleurs, sans vraiment t’en rendre compte au départ. Toi qui n’a jamais cherché à visiter autre chose que ton Altea, tu te trouves servi. Des roches, une profonde cavité dans laquelle tu manquerais presque de tomber faute d’attention. Tu ne sais pas où tu te trouves, tout de cet endroit te parait bizarre. « Tu sais pas on est où par hasard ? » Question posée à Noot, autant dire qu’elle est posée au vide. Tu hausses les épaules, continuant ton chemin pour découvrir une pancarte bien abimée. Une carrière. Vas savoir où elle se trouve réellement. Faute d’obtenir une réponse par toi-même, tu descends les niveaux pour te retrouver au plus profond. Bon. C’est peut-être le destin qui t’a amené là. C’est peut-être un rêve étrange. Quoi qu’il en soit, c’est exactement ce dont tu as besoin. Tu sors donc un briquet de ta poche histoire de te donner la première flamme, celle que tu peux contrôler…. En théorie. Tu sens que tes gestes sont vains, faibles. Et la flamme. Eh bien elle s’éteint presque dans tes mains. T’as l’air d’un con sans même le vouloir. « C’est pourri comme endroit. » Que tu t’exclames, comme si le lieu était vraiment à blâmer pour tes lacunes.

S’entraîner, c’est c’qui l’empêche de perdre pied. De s’enfoncer dans des pensées trop sombres, de couler dans une marée noire de sentiments obscurs, de haine qu’il ne veut pas ressentir. Il sait qu’il ne se maîtrise plus assez sur le terrain, les explosions de violence qui étaient soigneusement mesurées, calculées jusqu’alors, ont pris une toute autre tournure. Une tournure mauvaise pour son jeu, et pour son équipe. Tout ça parce qu’il est privé de son catalyseur. Tant qu’il avait Arlo sur qui compter, son calme et son sang-froid étaient assurés. Mais il a été trahi par l’amour de sa vie et sa colère a besoin de se répandre, il a besoin de détruire, de se défouler. Sa famille l’encourage, évidemment, Blade le premier, à lui proposer d’aller éclater quelques gueules dans les bas-quartiers. Il sait très bien que Grim bout sous la surface, que sous sa peau sillonne un sang brûlant, dévorant, avide de massacre. Ce qui le retient, c’est le sourire satisfait que cela tracera sur le visage du patriarche si jamais il cède à ses pulsions. Alors il n’a que le terrain d’exy pour exister, évacuer la tension qui lui noue les épaules et le cœur, et ses entraînements intensifs pour tenter d’atténuer sa rage face aux joueurs adverses, pour ne plus commettre de fautes en plein match. Son équipe lui en veut probablement, sans rien oser lui dire, pas encore, le coach leur a certainement demandé de se tenir à carreaux le temps que Grim revienne à son état normal. Mieux vaut ne pas contrarier un Mercury, il pourrait tout anéantir d’un claquement de doigts, pas vrai ? Un rictus blasé, dépité, se dessine sur ses lèvres tandis qu’il se rapproche de Sherwood Pit en trottinant. Il aime le côté brut de l’endroit, le fait qu’il soit peu fréquenté et les aspérités naturelles qui fournissent des cibles et des obstacles parfaits pour un entraînement sportif, visant à améliorer l’endurance et la précision.

Il a demandé à son garde du corps de le déposer un peu avant la carrière, pour pouvoir courir jusque-là en guise d’échauffement, sa crosse dans une main et une balle dans l’autre. Aussi, et plus sûrement, parce que Blade a la sérieuse tendance à lui taper sur les nerfs ces derniers temps. Il sait très bien qu’il finira par quitter la bagnole et par rôder dans le coin, ne serait-ce que pour faire son job correctement, mais, en attendant, il est tranquille. Il descend dans la cavité principale, ne fait pas vraiment attention à la silhouette qui se tient, debout, en contrebas. Il commence simplement par jongler avec la balle et sa crosse, se faisant des passes à lui-même en essayant de se concentrer au maximum. Pourtant, il est tendu, pourtant, des pensées parasites s’insinuent dans son esprit. Il a envie de revoir Arlo, il a envie de pouvoir parler ouvertement à son équipe de ce qu’il traverse, il a envie d’être un bon capitaine, et il ne peut pas l’être actuellement. Il n’arrive pas à l’être. Il perd la balle, qui file à toute vitesse au milieu des cailloux, au moment où il entend la silhouette de tout à l’heure se plaindre de l’endroit. Il s’avance prudemment, plutôt parce que la balle est partie dans la direction du jeune homme et qu’il n’a donc pas le choix s’il veut la récupérer, que parce qu’il veut entamer une quelconque conversation. Il le sonde un instant, lui et l’étrange créature autour de son cou. Ainsi que la minuscule flamme qui danse au creux de ses paumes. Il penche la tête sur le côté, surpris, l’air interrogateur. « Comment vous faites ça ? » Enfant curieux, même son éducation ne l’a pas débarrassé de ce défaut embarrassant pour les Mercury. La curiosité incite à poser des questions aux autres, à s’intéresser à eux, ce qui n’a pas sa place dans une famille où le seul objectif est de déshumaniser les autres afin de les classer comme utiles et inutiles, à éliminer. Sa curiosité est d’autant plus grande qu’Arlo a un don similaire, même s’il a trait aux plantes et non au feu, et il se rappelle parfaitement de l’histoire de son père issu d’une planète baptisée Altéa. En y songeant, il fronce légèrement les sourcils, son visage se teintant d’une mélancolie toute particulière. Il n’y a jamais beaucoup réfléchi auparavant, se contentant de croire Arlo sans chercher à en savoir plus. Mais c’est bizarre, s’il vient réellement de rencontrer un Altéan, assez bizarre pour lui faire dire que c’est un signe, s’il voulait bien croire au destin.

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Ton contrôle se fait de moins en moins bon, c’est l’évidence même. Tu dépends beaucoup sur le flash, de plus en plus dirons nous et ce malgré le fait que Yohan est au courant de ton petit secret à présent. Tu ne peux pas dépendre d’un boost pour performer, après tout, si ça se trouve c’est à cause de toi que vous avez perdu le championnat. C’est pour cela que t’entrainer en solitaire est encore plus important. Il faut que tu parviennes à retrouver tes capacités sans cette drogue. De cette façon tu pourrais faire patte blanche et mériter ta place dans l’équipe. C’est un bon plan sur papier. C’est à se demander comme tu peux être celui qui l’a imaginé, même si les chances que ta seule volonté de t’entrainer en solitaire soit suffisante pour endiguer une addiction sont assez minces. Tu n’y penses pas, tu essaies même d’ignorer les signaux que ton corps en manque t’envoie.

À la place, tu t’entêtes, tu fonces et tente de contrôler ce don que tu as. Sans grand succès alors que la flamme s’éteint après quelques instants. Trop concentré sur le feu, tu n’as même pas relevé la présence d’un autre type dans la carrière, pas plus que l’existence de la balle qui a roulé à tes pieds. Tu t’en fiches bien de toute ça, seules deux choses importent : la flamme et la sensation manque qui ne veut pas te quitter. Si la première t’intéresse vraiment, la seconde est impossible à chasser de ton esprit.
C’est sans compter l’intervention d’un inconnu, une voix qui te tire loin de tout ça alors que tu serres le briquet dans ta main. Tu te tournes dans la direction de la source et observe en silence le jeune homme qui se tient. Sa question te parait bizarre, tellement habitué à côtoyer ceux de ton monde, des gens qui savent instinctivement comment ça fonctionne. Bon, il y a Jesse, elle peut pas faire comme toi, ou comme n’importe qui d’Altéa d’ailleurs. « Je contrôle la flamme ? » Tu ne sais pas trop quoi lui répondre en fait. « Parfois. » Précision importante en fait, considérant le peu de réussite que tu as à ton actif. Non pas que tu as envie de détailler tes difficultés de contrôle ou les raisons qui les causent. Quoi que… peut-être qu’en parler à un inconnu ce ne serait pas plus mal, ça te permettrait au moins de te changer les idées à quelque part.

Sauf que bon, il ne t’a rien demander en ce sens et il vaut mieux répondre à la question posée, un peu mieux. « Je sais pas trop comment en fait. Tout le monde peut réussir avec un élément ou son corps. Moi c’est le feu, toi c’est peut-être autre chose. » Ou rien, logiquement puisqu’il ne vient sans doute pas d’Altéa. Tu le sais au fond, mais tu n’y penses pas plus que ça parce que ce n’est pas ce que tu connais. Enfin tu fais une nouvelle pause, réfléchissant à ce que tu peux bien trouver comme explication à lui donner. Difficile à trouver lorsque tu ne sais pas ce qu’il connait et ce qu’il ignore. Alors tu optes pour autre chose complètement, activant à nouveau le briquet pour faire naitre une nouvelle flamme dans tes mains. Cette fois - sans doute grâce à la petite pression de performer devant l’inconnu - tu y parviens mieux, faisant danser le feu autour de tes doigts alors qu’il grandit un peu plus sous ton contrôle. Ça te demande de la concentration, trop pour ce que tu peux donner à ce moment précis et finalement les tremblements de tes mains finissent par ravoir raison de ton don et la flamme s’éteint dans tes mains. « Un peu comme ça. » En mieux normalement, mais tu gardes cette précision pour toi. « En fait tu connais pas ça ? » Parce que tu es parti sur tes explications pourries, mais à bien regarder, il semblerait qu’il transporte un bâton bizarre qui ne te dit rien. Alors ouais, peut-être qu’il vient vraiment d’ailleurs.  

Il n’est pas tout à fait sûr de comprendre ce qu’un garçon d’un autre univers ferait dans un endroit pareil. Arriver à Néphède pour finir à Sherwood Pit, ça lui paraît insensé. Même si, au fond, fuir les villes irrespirables des environs n’est peut-être pas si étrange que cela. Il repense à la famille d’Arlo et leur campement dans la forêt rousse, se demande s’il ne viendrait pas de là, lui aussi. Mais Arlo ne lui a jamais parlé d’un autre garçon doté d’un pouvoir similaire et puis le portail sur Altéa s’était refermé il y a déjà bien des années, lui avait-il dit. Grim acquiesce à la question du jeune homme, pour l’inciter à continuer, silencieux mais engageant. Il tique sur les mots, se mord légèrement la langue pour ne pas l’interrompre et l’assaillir des multiples interrogations qui lui viennent à l’esprit. Au final, Arlo n’en a jamais su beaucoup sur son père et son propre don, et les questions de Grim devenaient ses questions à lui, restant en suspens, dans l’espoir de connaître une réponse un jour. L’inconnu, lui, semble bien plus au courant. Bien que la première chose qu’il lui annonce soit qu’il ne sait pas trop comment, en fait. Grim fronce un peu les sourcils, puis songe que si c’est parfaitement normal quelque part, que tout le monde en est capable là d’où il vient comme il le dit, cela doit être difficile de mettre des mots là-dessus pour l’expliquer à un non-initié. Ça n’a pas l’air d’être aussi simple que les règles d’un jeu, plutôt de toucher à l’existence même de ces personnes, aussi mystérieux que le hasard de la génétique et des atomes. Plantant sa crosse dans le sol pour s’appuyer dessus, il observe avec des yeux d’enfant, concentré sur ce spectacle, presque hypnotisé, la petite flamme grandir entre les paumes de son interlocuteur. Lorsqu’elle s’éteint, il relève ses prunelles perçantes vers l’individu, un sourire pensif sur les lèvres. « Non, ça n’existe pas chez moi. » Il laisse passer un temps, plisse le front, recommence : « Enfin si, mon cop – », il se tait, son sourire s’efface, une moue le remplace, à peine une seconde. « Mon ex, il arrivait à faire pousser les plantes. Tu dis que ça peut être différents éléments, alors peut-être que c’est ça, pour lui. Mais c’est la seule personne que je connais qui en est capable. » Il soupire. Il n’aime vraiment pas parler d’Arlo, encore moins lorsqu’il se souvient brusquement qu’il doit l’appeler son ex, à présent, ça ravive les blessures de la rupture, le ramène un mois en arrière quand le scandale a éclaté. Surtout, ça ravive le manque, le creux insatiable dans sa poitrine. Il se rappelle des cactus et des plantes d’Arlo, de la joie sur ses traits à chaque fois qu’il faisait sortir quelque chose de terre. Ils avaient clairement les plus belles fleurs de la capitale pourtant si peu verte. Ses pupilles retombent sur la balle qui gît toujours à leurs pieds. Il la ramasse de sa main métallique, la jette négligemment dans l’air, pas très haut, plusieurs fois d’affilée, juste pour le plaisir de la rattraper. « Qu’est-ce que tu fais dans le coin ? On est loin de chez toi, non ? » S’il vient d’un autre univers, ça doit faire une trotte, en effet. Mais il n’est pas certain que ce soit le cas. Après tout, il y a peut-être des communautés possédant des dons dissimulées sur la planète. Il a trop rarement quitté Néodam pour prétendre tout connaître du monde.

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Expliquer tes capacités à quelqu’un c’est tout de suite plus compliqué que tu ne l’aurais cru. Ça te parait évident, un peu comme le fait que tu puisses respirer en ouvrant la bouche ou encore comment tu marches. Ce n’est peut-être pas instinctif d’entrée de jeu, mais maintenant, c’est bien tout ce que tu connais. Tes explications ne doivent donc pas briller par leur clarté, c’est pour cette raison que tu optes pour un exemple. Comme si te voir faire danser les flammes dans ta paume un nouvelle fois suffirait à lui faire comprendre ce dont tu veux parler. Tu l’observes en faisant ton petit jeu avec cet élément qui t’est un peu trop familier, remarquant l’instrument qu’il plante dans le sol. À croire qu’il est venu pour une raison totalement différente parce que la chose ne te dit rien. Tu pourras toujours lui demander. Pour l’heure, tu es bien plus curieux à l’idée qu’il ne connaisse pas du tout ce dont tu parles. Il te le confirme. Ça n’existe pas chez lui… C’est qu’il vient pas de ton coin ou même de ton monde on dirait. Un peu comme Jesse peut-être ?

Puis il te parle de son copain ou son ex. Ça t’importe pas vraiment ça non, mais le fait que quelqu’un dans son entourage ait un pouvoir qui se rapproche du tien - dans un sens fondamental plus que superficiel - ça te trouble un peu. Quelqu’un d’Altea ? L’option la plus évidente tu supposes, même si rien de tout ça ne te vient instinctivement. Tu sais qu’il y a plus d’un monde, tu as appris dans les dernières années, mais ça ne veut pas s’implanter dans ton esprit, pas complètement. Peut-être as-tu trop de tracas… Bref, tu ne captes pas le malaise de ton interlocuteur, cette moue qui vient tirer son visage lorsqu’il change le terme copain pour parler d’un ex. Non toi tu te concentres plutôt sur ce qu’il dit après : pousser les plantes. « Ah mais ouais totalement ! Il doit contrôler la terre. » Parce que même si t’es pas un fin connaisseur, pas suffisamment pour expliquer, tu sais reconnaitre les dons des autres. C’est une obligation pour ton travail. Il faut connaitre les possibilité qui viennent avec chaque discipline de la Small Science. « Enfin c’est bizarre qu’il soit le seul, tout le monde sur Altéa peut le faire. » Tout le monde qui vient de ce monde en tout cas, tu ne connais pas les critères génétiques de la chose. Tu t’en fiches un peu à vrai dire.

Une nouvelle question est alors posée, mais tu ne l’écoutes qu’à moitié. T’es trop occupé à regarder la main métallique du type. Tu l’observes avec des grands yeux, émerveillé par ce que tu vois. « Euh, je sais pas trop. » Tu sais pas ce que tu fais ici spécifiquement, tu ne sais pas si c’est loin de chez toi. Tu t’y connais pas trop à vrai dire. « Je cherchais un coin pour m’entrainer sans mon équipe. » Alors que tu parles d’entraînement, ta main vient machinalement se poser sur ta poche, à la recherche de la substance dont tu dépends pour avoir ton énergie en temps normal. Tu tires une moue, le manque se faisant sentir bien malgré toi. Tu essaies donc de te concentrer sur autre chose, sur lui. Sans prévenir, tu t’approches pour fixer sa main. « Mais toi t’es pas d’ici non plus, c’est quoi ça ? » Ici étant Altéa, ici étant ce lieu inconnu dans lequel vous vous trouvez. Tu t’en fiches un peu à vrai dire. Tu tends la main pour l’approcher de celle en métal. C’est beaucoup trop cool. Puis qu’il vienne pas du même monde que toi ça expliquerait beaucoup de chose alors autant demander.  

Altéa. Le jeune homme confirme son hypothèse avec tant de naturel qu’il lui paraît impossible qu’il mente ou qu’il tente de le manipuler. Il n’a pas prononcé le nom de cette planète en parlant d’Arlo, et à moins qu’il lise les esprits, il n’a pas pu l’inventer tout seul. Grim sourit doucement, après tout, s’il parvient à faire danser une flamme entre ses mains, pourquoi ne pourrait-il pas être télépathe ? Mais il n’a jamais été du genre suspicieux, Grim, au grand regret de son garde du corps. Arlo contrôlerait donc la terre. Logique. Bien qu’il ne sache pas trop ce qu’il peut bien faire de cette information maintenant qu’ils ne sont plus ensemble. Malgré la mélancolie qui menace de l’envahir, il fait bonne figure, décide de se focaliser sur autre chose, les points d’interrogation qui s’accumulent dans ses pensées, notamment. Ce qu’il ne parvient pas à comprendre, c’est que son interlocuteur se croie de toute évidence sur Altéa, alors qu’ils sont sur Néphède. Il ne se souvient pas avoir traversé un portail ou fait un voyage dans un vaisseau inter-dimensionnel pour arriver jusqu’à Sherwood Pit. Lance ne l’aurait pas laissé faire, de toute façon. Il fronce légèrement les sourcils, en pleine réflexion, devant ce mystère qui n’éveillera sans doute aucun intérêt chez son quasi frère. Bleh. Il lui racontera pas. Il râle à chaque fois qu’il cause à des inconnus, alors il préfère lui cacher cette discussion. Recentrant son attention sur le garçon, il remarque qu’il fixe sa main métallique avec un peu d’insistance. Comme s’il n’en avait jamais vu. Il hausse un sourcil, puis se remet à sourire, serein, trouvant amusant que lui aussi soit venu s’entraîner loin de son équipe. Même s’il ne comprend pas trop quel sport il pratique, vu qu’il ne semble pas avoir d’autre accessoire qu’un briquet. Peut-être qu’ils n’ont pas le même concept de sport, sur Altéa. Il se demande un instant s’il n’a pas quelque chose dans sa poche qui pourrait lui servir, à la manière dont il pose sa main dessus, mais il paraît soudain contrarié et Grim se retient de le questionner inutilement. Il n’a pas spécialement envie de se faire un ennemi aujourd’hui, surtout s’il est capable de le brûler vif.

Il a l’air d’avoir oublié sa contrariété passagère lorsqu’il se rapproche, les yeux rivés sur sa prothèse, lui affirmant qu’il n’est pas d’ici et lui demandant ce que c’est. Grim se sent un peu paumé, lui qui connaît Sherwood Pit par cœur à force d’y avoir fait ricocher sa balle d’exy dans tous les coins, il ne s’imaginait pas qu’un jour on puisse lui dire qu’il n’était pas d’ici. Ce n’est même pas si loin que ça de la vie mouvementée de la capitale. Bien plus tranquille, mais pas si loin. Il jette la balle dans sa main saine, puis relève sa manche pour dévoiler l’étendue des dégâts – ou de cette chose étrange et merveilleuse, à en juger par le regard du gars – qu’est son bras métallique. Il grimace, à peine, parce qu’il a l’habitude, mais à chaque fois qu’il se souvient que ce bras factice lui fait mal, eh bien, il a mal, un pincement désagréable, la brûlure du frottement là où commence son épaule. « J’ai perdu mon bras quand j’étais petit. C’est juste une prothèse. Si celle-là t’impressionne, tu devrais voir c’qu’ils font dans le haut-de-gamme, on dirait qu’elles sont faites de chair et d’os. » Le haut-de-gamme auquel il n’a jamais eu droit, auquel il ne s’est pas donné le droit lorsqu’il a eu son propre argent. Il préfère se rappeler qu’il ne veut jamais appartenir aux Mercury en ressentant la douleur tous les jours. Une prothèse dernier cri adoucirait son existence, mais aussi son ressentiment envers son père, et il ne veut pas. « Mais c’est bizarre, j’viens souvent ici pour m’entraîner. C’est pas loin de Néodam. Euh, sur Néphède. » Il se sent obligé de préciser, le nez qui se plisse à force d’essayer de comprendre ce qui se passe. Comment lui ou l’autre garçon a réussi à débarquer sur la planète de l’autre ? Ou comment un même endroit peut-il être sur Néphède et Altéa ? « Tu fais quoi comme sport, sur Altéa ? » Il sourit. Parce que ça l’intrigue quand même, tout ça.

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Fort heureusement pour toutes les personnes impliquées, ton attention passe rapidement de ta poche vide au bras de l’inconnu. Ça t’évite de vraiment t’arrêter sur la sensation de manque qui ne te quitte jamais. C’est plus simple comme ça, au moins tu n’as pas l’air d’un junkie à la recherche de sa dose. Ce que tu es, ne l’oublions pas, mais au moins, une fois distrait, toi tu n’y penses pas. Tu te concentres pleinement sur ce que tu peux voir du bras métallique, impressionné par le look que ça donne à ce type. Ce n’est pas quelque chose que l’on voit à Altéa ou du moins tu es plutôt certain de ne jamais en avoir observé avant ce jour. Mais le type ça ne le perturbe pas plus que ça puisqu’il relève sa manche pour te montrer l’étendue de l’oeuvre. Et tes yeux brillent devant cette chose étrange mais un bon étrange. Certes, tu doutes qu’avec ça il pourrait manipuler quoi que ce soit, mais c’est un autre genre de capacité. Peut-être qu’avec ça tu ne serais plus aussi dépendant au flash… Voilà une hypothèse idiote, mais qui ne manque pas de te traverser l’esprit pour autant. Tu ne remarques pas la grimace de ton interlocuteur, trop concentré sur la prothèse. Tu ne décroches ton regard que lorsqu’il commence à expliquer la provenance, quelque chose de tout de suite moins plaisant. Évidemment tu n’as pu que te douter qu’il ait perdu son bras à un moment où un autre, mais ça t’empêche pas de grimacer lorsqu’il évoque la chose. « Non je trouve que celle-là est géniale. » Quel est l’intérêt d’une prothèse qui ressemble parfaitement à un membre ? C’est trop simple, ça perd de sa couleur. D’un point de vue purement esthétique, tu préfères quelque chose qui te permet de te démarquer des autres. « Ça te fait mal ? » Ça doit, sans doute qu’on ne peut pas perdre son bras et le remplacer sans douleur. Tu approches ta main pour te retenir au dernier moment. Peut-être qu’il vaut mieux regarder avec les yeux plutôt que toucher sans demander la permission.

Surtout qu’une autre question devient plus importante lorsqu’il évoque votre emplacement. Néodam ? Néphède ? Ça te dit rien. Ça peut pas être une région d’Altéa, sinon l’inconnu aurait un pouvoir et pas de prothèse. « Néphède ? Connais pas. » Peut-être que c’est une région de Sigan ? Peut-être que tu pourrais demander à Jesse dans l’espoir qu’elle ait une réponse intelligible à t’offrir sur cette situation bizarre. « Je croyais qu’on était encore à Altéa. » Que tu aies tord ne t’étonnerait pas plus que ça, après tout, tu n’as jamais mis les pieds dans cette carrière et tu ne sais certainement pas comme tu y es arrivé. Alors ouais au fond ce n’est peut-être pas Altéa, c’est peut-être Néphède ou Néodam peu importe ce que ça veut dire. Tu hoches donc la tête, comme si cela suffisait à te convaincre qu’il a raison. Bon, ça soulève quand même le problème de comment tu vas bien pouvoir rentrer, mais évidemment, tu ne penses même pas à ça.
Encore moins considérant qu’il te pose une question à laquelle tu est bien trop content de répondre. Ce que tu fais comme sport, certes, c’est un pente glissante puisque ça pourrait très bien te faire penser un peu trop au flash et réveiller le monstre qui sommeil en toi, mais tu ne penses pas non plus à ça. Tu esquisses un gros sourire et tu commences à expliquer : « Alors c’est un tournoi de Small Science, nos pouvoirs. Ça se fait en équipe de sept, une personne par spécialité. T’as le feu, la terre, l’eau, l’air, les matériaux, la métamorphose et le corps. » Tu récites la chose avec une assurance digne d’un gamin qui vient d’apprendre la chose la journée même. Il faut dire que c’est une grande part de ta vie. « C’est super cool, ça se fait en trois manches avec des petites particularités pour chaque manche. La meilleure équipe l’emporte, souvent la notre. » Ce dernier point n’est pas tout à fait véridique considérant que vous êtes, au mieux, troisième au classement. C’est un détail qu’il n’a pas besoin de savoir, de toute façon ton esprit est déjà parti un peu plus loin alors que tu désignes son bâton. « J’imagine que c’est pas ça ici. » Mais que d’observation ! Un véritable Sherlock en herbe.

Il a pas l’habitude, Grim, qu’on regarde son bras avec tant d’émerveillement. Ça lui ferait presque froncer les sourcils, de voir quelqu’un presque fasciné par sa prothèse en vieille ferraille. C’est plus de l’effroi, qu’il y a dans les yeux des autres, souvent, du dégoût en apercevant la chair abîmée à la jonction, aussi. Pas de l’enthousiasme, ni de la curiosité. De l’incompréhension, oui, quand les salaires des joueurs d’exy s’envolent et que les affaires des Mercury sont florissantes. Pourquoi garder un truc aussi vétuste, douloureux pour son propriétaire ? Personne peut comprendre, même pas Lance. Pour Grim, ce bras a une valeur sentimentale, mais pas au sens positif du terme. Ce sont ses sentiments délabrés, bousillés, la haine qu’il éprouve pour son géniteur. Cette haine qui le fait avancer, qui l’empêche d’oublier qui il est, qui il ne veut jamais être. Ça fait bizarre que quelqu’un la trouve géniale, cette prothèse, cette relique de son enfance odieuse, dans le sang et les larmes, les coups et les cris. Il acquiesce en silence. Ça fait mal, oui, même si la douleur physique n’est rien comparée aux souvenirs atroces qu’elle évoque, un rappel permanent de l’enfer qu’est sa vie. « Surtout à l’épaule, en fait, là où elle est accrochée. Mais j’suis habitué. » Habitué à pire, ouais, avec tout c’qu’il a vu et vécu à même pas douze ans, elle représente rien du tout, cette souffrance, sur c’qu’il arrive à supporter. Il est bien content que le garçon décide de ne pas poser sa main dessus, cela dit, parce que c’est pas quelque chose qu’il aime particulièrement, de voir qu’on le touche sans qu’il puisse rien ressentir. Ça lui rappelle tout ce qu’il a perdu.

Il est encore plus heureux de pouvoir changer de sujet, sa curiosité piquée au vif lorsqu’il lui répond qu’il ne connait pas Néphède. Il adore les énigmes, et celle-là semble compliquée à résoudre. Cela ne fait que le réjouir, d’en apprendre plus sur un monde inconnu, un monde dans lequel il pourra peut-être trouver refuge, un jour, et aucune puce implantée dans sa moelle épinière ne permettra de le suivre à la trace jusque là-bas. Son interlocuteur a l’air ravi de pouvoir expliquer en quoi consiste son sport, et le visage de Grim s’illumine à mesure qu’il en parle. C’est à son tour d’être émerveillé. Il sait pas trop si ce qu’il imagine est pertinent ou si son cerveau en fait beaucoup trop, mais il rêverait de voir ça en vrai. Par contre, c’est pas le top, s’il ignore ce qu’est l’exy, ça veut sûrement dire que ça n’existe pas sur Altéa, et qu’il ne pourra pas y jouer s’il s’y enfuit. Bah, peut-être qu’il lancera la mode. Ce qu’il apprécie, surtout, c’est que le jeune homme est tout aussi passionné par son sport que lui, il peut le sentir rien qu’à sa manière d’en causer, au sourire qui ne quitte pas ses lèvres. « Faut vraiment qu’je voie ça un jour, ça a l’air trop cool. » Il visualise très bien la tête de Lance s’il lui raconte ça. Il lui racontera pas, ça vaut mieux. « Non, ici, c’est l’exy qui a la cote. » Son sourire s’agrandit alors qu’il fait tourner sa crosse pour récupérer la balle avec, lui montrant quelques tricks. De l’agilité et d’la brutalité, c’est c’qu’il faut pour être un bon joueur d’exy. « C’est assez simpliste, faut juste marquer dans le but adverse avec la balle, en faisant des passes à son équipe avec la crosse. Tous les coups sont permis, donc on a des casques et des protections. Pour pas s’faire mal. » S’il voulait dire la vérité, il dirait plutôt pour ne pas s’faire trop mal, parce qu’on sort jamais d’un match d’exy indemne. « J’m’appelle Grim, au fait, et toi ? » Lance le tuerait s’il savait qu’il balance son nom comme ça au premier venu. Mais tant qu’il le laisse tranquille, autant en profiter.

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Le bras t’impressionne, peut-être même trop pour ce que c’est. Il faut dire que c’est nouveau pour toi, ça n’existe pas à Altéa, du moins pas à ta connaissance. Alors c’est impressionnant, c’est inhabituel et surtout ça ressort. Toi qui rêve depuis toujours de briller tu te dis que tu l’aurais peut-être fait plus facilement avec un tel trait distinctif. Bon t’es un peu refroidi par l’idée de la douleur. Assez douillet malgré tout ce que tu as pu subir avec le temps, tu n’as nullement envie de devoir supporter une telle chose. Tu ne comprends pas comment quelqu’un peut s’y habituer, pas vraiment. Tu retiens donc une grimace, cherchant à bien paraitre devant cet inconnu qui représente quelque chose de spécial, de cool à tes yeux. Puis, au fond, tu te dis que c’est peut-être comme cette impression de démangeaison qui ne te quitte jamais lorsque tu ne prends pas de flash pendant une longue durée. Enfin, ça importe peu. Tu te permets quand même ton grain de sel : « Quelqu’un qui peut manipuler les corps pourrait surement t’aider avec la douleur. » Tu sais ce qu’Aedhan peut faire ou même Elizabeth dans une moindre mesure. Tu n’as pas de doute sur leurs capacités à aider avec la douleur, peut-être même l’enlever complètement. Tu n’en sais rien, mais tu te dis que ça ne coute rien de lui souligner.

Et puis au final, tu te dis que Néphède est bien bizarre s’ils n’ont même pas accès à ce genre de chose. Y’a aussi la prothèse qui t’aide à atteindre cette conclusion et le fait que le Small science tournament n’existe pas là-bas. Tu te demandes bien ce que tu pourrais faire là-bas. Tu ne t’attardes pourtant pas à la question, préférant de loin te lancer sur une explication sommaire de ce qu’est ton sport. Tu te retiens de t’étendre davantage, conscient que ce n’est pas la discipline la plus simple à capter sans la voir sur le terrain. T’essaies au moins de transmettre ta passion pour la chose, ce qui semble fonctionner vu la réaction du type. Satisfait du résultat, tu hoches la tête avec un enthousiasme certain. « Suffit de venir sur Altéa, je te trouverai des billets de choix. » Tu y as accès normalement, t’as juste personne à inviter. T’as des amis bien sur, mais les plus proches sont dans l’équipe avec toi et les autres aiment pas forcément s’y mêler. Du coup, même un inconnu serait le bienvenu, surtout un passionné comme toi.
Mais la proposition te quitte l’esprit aussi rapidement qu’elle est venue alors que ton attention passe sur le bâton et l’explication qu’il en fait. L’exy, le nom est cool, c’est déjà bien prometteur. Tu l’observes avec de grands yeux ébahis alors qu’il fait quelques trucs et hoches la tête lorsqu’il poursuit avec des explications. Ça a l’air simple comme sport, du moins le principe parait plus simple que celui de vos tournois. Marquer des buts, c’est clair et précis, même si tu doutes que ce soit si facile. Il te sort de ta réflexion sur le sujet avec une soudaine présentation. « Evan, enchanté ! » Tu es content de pouvoir mettre un nom sur la tête si bien que tu lui tends la main avec plaisir - en faisant attention de tendre la bonne pour ne pas toucher la prothèse. « Tu penses que tu peux me montrer comment on fait ? » Tu veux essayer de comprendre. Tu lui rendrais bien la pareille avec le Small science, sauf que ça se pratique pas vraiment quand on a pas le pouvoir. « Enfin, quelques tours avec la crosse, j’sais pas. » Tu te demandes ce qui est possible, ce qu’il peut t’apprendre comme ça. T’es curieux, au moins, en te concentrant là-dessus, tu ne penses pas à prendre un shoot. Et c’est pas mal considérant que tu y penses tout le temps.  

Il fait semblant de comprendre ce que le garçon lui dit, lorsqu’il parle de quelqu’un qui peut manipuler les corps, acquiesce comme s’il savait parfaitement de quoi il retourne, plus pour détourner le sujet que parce que ça ne l’intéresse pas. Ça l’intéresse, au fond, il trouve ça merveilleux, que des gens soient capables de telles choses, quelque part dans l’univers, ou dans un autre univers. Simplement, il n’a pas envie d’expliquer qu’il ne veut pas faire disparaître cette douleur, que personne ne peut l’aider avec la douleur plus profonde, plus ancrée dans les limbes de son esprit, et que la douleur physique de son bras absent ne représente rien du tout, à côté d’elle. Elle est même indispensable à sa santé mentale, lui rappelle qui il est, en permanence, et surtout ce qu’il ne veut pas être. Wotan. Ce père qui trouve amusant de condamner un enfant de huit ans à éprouver chaque jour le manque d’un de ses membres dans la souffrance, comme si avoir un bras en moins n’était pas un drame suffisant pour un gamin de son âge. S’il n’avait pas voulu supporter cette douleur, il se serait débarrassé de cette prothèse depuis longtemps déjà. Après tout, depuis ses dix-huit ans, il a tout l’argent qu’il souhaite à sa disposition immédiate, il aurait pu aisément s’acheter un bras bionique dernier cri, comme on en voyait dans les publicités géantes défilant sur les buildings de la capitale. Il avait même eu une offre d’une entreprise de fabrication de prothèses de lui en faire une sur mesure et absolument gratuite s’il acceptait de devenir l’ambassadeur de la marque, un joueur d’exy reconnu ne pouvant qu’accroître leur renommée. Mais Grim s’est toujours obstiné à garder son bras métallique, agrandi au fil de sa croissance, réparé de temps à autre, suscitant l’incompréhension totale de son entourage et des commentateurs de sport.

Il sourit, quand l’autre lui annonce qu’il lui trouvera des billets de choix. Autant parce qu’il trouve ça charmant que parce que l’idée lui paraît folle. Suffit de venir sur Altéa. Il n’a pas l’impression que ce soit si facile que ça. Pour lui, Altéa n’a toujours été qu’un mythe, dont Arlo lui a vaguement parlé, quelquefois, et qui avait l’air tout aussi flou pour son copain que pour lui. S’il suffisait d’y aller, de tout bêtement décider d’y aller, ça se saurait, et tout ça n’aurait pas l’apparence d’une utopie plaisante, mais, comme toute utopie, gravement irréaliste. « Merci, c’est sympa. » Ce n’est pas parce qu’il n’a aucune idée de comment débarquer sur Altéa qu’il va se montrer impoli et irrespectueux. C’est toujours cool, de se faire inviter à un match de sport, surtout pour un sport qui lui semble aussi passionnant que ce tournoi de Small Science. Il est seulement un peu déçu de ne pas pouvoir y jouer, n’étant pas doté d’un de ces incroyables dons. A aucun moment, il ne doute de la véracité des propos du jeune homme, Evan, puisqu’il s’appelle ainsi. Grim a toujours été beaucoup trop ouvert, enclin à admirer et croire tout et n’importe quoi sans faire preuve du minimum syndical d’esprit critique, au grand dam de son garde du corps. Il se dit toujours pourquoi pas, a les yeux qui pétillent à la moindre occasion. C’est peut-être ça, qui le distingue le plus des autres Mercury, sa curiosité jamais tarie, son envie d’apprendre, de découvrir, très loin de vouloir se contenter de l’ordre établi. Son sourire s’élargit, lorsqu’Evan lui demande s’il peut lui montrer des tours, et il lui tend la crosse sans détour, rattrapant la balle de sa main mécanique. « J’ai pas d’autre crosse pour qu’on s’fasse des passes, mais on peut déjà voir si t’arrives à réceptionner la balle. » Il observe sa position, songeur, commence à expliquer, en faisant des gestes et en indiquant les repères sur sa crosse d’entraînement : « Faut qu’tu la tiennes là, comme ça, ta main dominante au plus près du bout d’la crosse, pour la précision. » Il hoche la tête quand ça lui paraît pas mal, puis s’éloigne d’une bonne dizaine de mètres. « T’es prêt ? » Dès qu’il a la confirmation que oui, il lance la balle sur lui avec adresse, la concentration remplaçant le bonheur idiot sur son visage.